Communiqué de la ZAD du Carnet faisant suite aux courriers des élus demandant son expulsion

Nous déplorons le climat de tension actuel qui gronde contre notre occupation et appelons à l’apaisement. Nous sommes ici pour défendre l’île du Carnet contre un projet absurde et destructeur.

Comme le rappellent les élus des communes avoisinantes, le site du Carnet fait partie des premiers sites livrés clefs en main par Macron aux industriels en janvier 2020. Ces mesures du gouvernement qui visent à faciliter l’implantation des industriels, se font au détriment de l’environnement à coups de dérogations préfectorales : d’abord on court-circuite les législations en vigueur, on détruit au plus vite, on bétonne, et puis on réfléchit.

Alors que le territoire regorge de friches industrielles, au Carnet, on compte draguer la Loire, rejeter des quantités hors normes d’arsenic, détruire 116 espèces protégées, acheminer 500 000 m3 de remblais, bétonner 51 hectares de zones humides, pour aménager un parc dit « éco-technologique » régulièrement inondé dès 2030 (1).

Pourtant, à ce jour aucun investisseur ne s’est manifesté pour s’implanter au Carnet.

Alors que nous faisons face à la sixième extinction de masse du vivant (2) ainsi qu’au dérèglement climatique, l’obsession des industriels et de certains élus pour l’artificialisation des zones naturelles est absolument anachronique. Nous ne pouvons plus nous permettre d’artificialiser de nouveaux espaces.

Doit-on rappeler que ces élus qui s’insurgent de la présence d’une Zone à Défendre sur leur territoire, n’ont eu aucun scrupule à imposer un projet d’aménagement sur l’île du Carnet sans consulter, ni même informer leurs populations locales ? Les riverain.es sont pourtant les premier.es impacté.es par les conséquences du projet : afflux de 550 poids
lourds par jour autour de la zone industrielle, pollution accrue dans un estuaire déjà moribond, sans parler du peu d’emplois créés, emplois surqualifiés ou détachés.

C’est bien la mobilisation portée par de nombreux collectifs, associations, riverain.es, depuis plus d’un an maintenant, qui aura permis l’ouverture d’un débat public. L’occupation aura quant à elle, entamé un rapport de force suffisant pour questionner le projet du Grand Port Maritime : aujourd’hui, l’île du Carnet bénéficie d’un répit d’un an, par l’instauration d’un moratoire pour effectuer des relevés faunistiques et floristiques, suite à l’avis défavorable du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel.

En revanche, ce délai d’un an est loin d’être assuré, car le Grand Port conserve toutes les autorisations nécessaires pour réaliser ses travaux d’aménagement. Par conséquent, tant que le projet ne sera pas abandonné complètement, la résistance sera nécessaire. Quoiqu’en pensent les élus, les habitant.es de la ZAD, dans toute leur diversité et leur pluralité, continueront d’occuper les lieux. Nous continuerons de nous battre pour préserver l’île du Carnet, et continuerons d’alerter sur les conséquences de l’industrialisation de l’estuaire de la Loire.

Cependant, nous comprenons que les riverain.es regardent l’arrivée de tant de nouveaux voisins et nouvelles voisines d’un œil sceptique. Nous invitons toutes les personnes se questionnant sur l’intérêt de la présence d’une ZAD, à venir en discuter avec nous, sur place ou lors des marchés et autres évènements que nous organisons, pour avancer vers une cohabitation paisible entre la ZAD et les riverain.es.

La lutte continue,
Nous sommes la Loire qui se défend !


(1) https://stopcarnet.fr/le-projet-du-grand-port/les-risques-de-submersion/
(2) https://www.nationalgeographic.fr/environnement/la-sixieme-extinction-massive-deja-commence

Connaître ses limites et s’entraider pour éviter le burn out

Ce texte revient brièvement sur quelques événéments qui se sont produits sur la Zad du Carnet et parle de burn out militant. Le même schéma se répète souvent : tu te retrouves seul·e à pouvoir faire quelque chose de vital mais tu n’en peux déjà plus physiquement et mentalement. Alors tu pousses tes limites et tu continues quitte à ne pas en ressortir indemne…

Le déchirement entre sentiment de devoir et incapacité physique ou mentale de continuer

Nous ne sommes pas nombreux·ses à nous investir dans le militantisme politique. Pourtant, il y a tant à faire pour détruire le vieux monde d’une part et pour construire des rapports plus sains entre humain·es et non-humain·es d’autre part.

Quelques fois, on se retrouve à être le ou la seul·e à pouvoir faire quelque chose de méga important alors qu’on est à bout de force. Beaucoup d’entre nous font alors le choix de dépasser leurs limites de ce qu’on est capable encaisser. Selon les cas, nous en ressortons avec une petite cicatrice ou en burn out militant dont il faudra plusieurs années pour en sortir…

Les situations sont tellement variées et uniques qu’il est impossible de donner des conseils pratiques dans ce genre de cas. Essayons juste de faire attention à nous-mêmes et aux autres. Construisons des groupes qui se rendent compte des dangers à vouloir trop en faire, des dangers qu’il y a de toustes se cramer de manière isolée à force de se mettre la pression. Soyons attentif·ves à l’état physique et mental de nos ami·es et encourageons les à prendre une pause en les relayant quand cela est possible.

Les crises psychologiques sur zone : un exemple pratique

Evidemment, quand une personne va mal sur la Zad, on fait de notre mieux pour l’aider, pour mettre en place un réseau de soutien quitte à ce que plusieurs personnes investissent toute leur énergie dans le soutien de la personne en détresse. Mais quand la crise est grave, souvent toute cette énergie ne suffit pas et on se retrouve dans l’impasse.

En effet, on ne peut que constater que nous ne sommes majoritairement pas formé·es à ce que la médecine appelle « maladies mentales ». Et même si nous l’étions, les conditions de vie précaires sur une Zad ne correspondent pas à ce dont ont besoin beaucoup de personnes qui ne vont pas bien. De plus, nous sommes sur une Zone à Défendre, pas dans un lieu de soin antiautoritaire et autogéré¹ : il y a tellement d’autres choses à faire ici qui nous accaparent notre énergie.

Alors celles et ceux qui choisissent de soutenir la personne dont l’état ne s’améliore pas peuvent se cramer à les aider tant le soutien à une personne malade peut être énergivore. Le risque est que pour tenter d’aider une personne, trois personnes brûlent toute leur énergie et fassent une crise à leur tour.

Le projet Icarus est un réseau de soutien et de partage par et pour les personnes dont les manières d’expérimenter le monde sont souvent diagnostiquées comme des maladies mentales.

Mais aucun choix ne semble être bon : d’une part envoyer une personne malade vers des lieux qui ne nous conviennent pas politiquement (un hôpital psychiatrique par exemple) ou alors d’autre part laisser la situation s’aggraver sur zone en espérant que tout va s’améliorer. Face à ce dilemme, on attend parfois trop tard ce qu’on regrette à posteriori… Mais comment pourrait-on déterminer les situations gérables sur zone où l’on peut s’entre-aider des situations trop graves où l’on va collectivement dans le mur à vouloir aider de la mauvaise manière ?

Il est souvent plus fatiguant de transmettre le relais que de faire soi-même

On se rend compte souvent trop tard qu’on n’en peut plus. À ce moment là, il est clairement trop tard pour passer le flambeau de ce qu’on était en train de faire. Selon ce qu’on faisait, il peut être risqué de tout lâcher sans suivi (par exemple si on aidait quelqu’un en crise psychologique). Alors certain·es choisissent de continuer même si iels en peuvent plus.

Se rendre compte bien à l’avance que ce qu’on fait est au-dessus de nos forces permet de nous préparer à se faire relayer et de faciliter ce passage de flambeau. Plus on s’y prendra tôt, plus il y aura de temps pour échanger les informations nécessaires. Pour transmettre le relais, il faut (et c’est plus compliqué qu’il n’y parait) :

  • trouver quelqu’un·e de disponible qui souhaite vous relayer,
  • transmettre les informations nécessaires,
  • transmettre ce qu’on voudrait faire pour la suite.

Cela peut être d’autant plus compliqué de se motiver à faire ces 3 étapes si on craint que sans soi les choses seront mal faites.

Quelques pistes de réflexions : vers des groupes plus résilients

La suite est une traduction d’un morceau d’un tract du projet Ulex (pages 15-16) pour un activisme plus soutenable. On ne peut penser un burn out d’une personne dans un groupe ou collectif comme un problème individuel : il s’agit d’un problème du collectif en entier d’où l’idée de construire des groupes que le texte qui suit appelle « résilients » pour prévenir les burn out.

La résilience est la la capacité d’un système à se remettre d’un choc ou à se rétablir après des difficultés. Il s’agit d’une qualité qui englobe la robustesse sans rigidité ainsi que la capacité à s’adapter et à apprendre. On pense que la résilience des écosystèmes et des systèmes sociaux est souvent liée au nombre et à l’éloignement des connexions au sein du système. La diversité et la connectivité sont des bons indicateurs de résilience.

La notion de résilience peut être utile pour parler de la soutenabilité de nos organisations et de nous-mêmes. Il y a des moments quand on doit donner tout ce qu’on a, des moments où on est surchargé·es et stressé·es. Que doit-on mettre en place pour se remettre et pour nous régénérer ?

De même que le burnout est multifactoriel, la résilience est favorisée par un large éventail de conditions interconnectées :

La résilience émotionnelle et psychologique
Il s’agit de notre capacité d’avoir des émotions fortes, de supporter la déception sans tomber dans le découragement, d’éviter l’apathie et le cynisme et de garder des racines fortes et profondes de motivation.

Soutien du groupe
Dans les études sur la résilience émotionnelle, il est devenu de plus en plus clair que la connexion que l’on a avec les autres est aussi importante que les situations psychologiques que l’on vit pour ne pas subir. De bon·nes ami·es qui écoutent, sont empathiques, nous laissent nous décharger de nos émotions et nous aident à analyser nos expériences constituent un réseau de soutien inestimable. Il est indispensable d’avoir autour de nous des personnes qui vont nous faire des retours quand nous sommes surchargé·es et qui vont agir pour nous aider émotionnellement et pratiquement quand nous en avons besoin. Créer ces réseaux de soutien constitue une étape importante pour avoir plus de résilience dans nos vies. Apprendre à accepter ce soutien est tout aussi important.

Résilience comportementale
Le changement de la société est un marathon et non un sprint. Il y aura des moments de sprints. Mais nous devons les choisir avec sagesse. Plutôt que d’être à fond dans des missions vitales en continu, nous avons besoin d’approches qui nous aident à garder des réserves et à reconnaître l’importance du rythme. Plutôt que nous lancer sans cesse en avant vers un futur incertain, nous devrions apprendre à être présent·es à chaque étape du changement social, à être capable de choisir notre direction plutôt que de se faire balader en aveugle par une dynamique imprévue. Et quand nous devons nous donner à fond, nous devons être capable de compenser cela avec un temps pour le repos et la récupération avant un nouveau sprint. Nous devons apprendre à trouver un équilibre entre donner de notre temps et de l’énergie et prendre du temps pour se ressourcer.

Résilience organisationnelle
Le manque d’organisations résilientes nous met une pression énorme. Des aspects importants d’une organisation résiliente sont les suivantes : apprendre à s’agrandir à un taux adapté (en termes d’objectifs et de nombres) ; apprendre à êre raisonnables dans nos choix d’actions et de luttes afin de trouver des défis qui nous permettent de gagner en puissance et d’apprendre plutôt que de nous mettre à terre ; créer des doublons afin de permettre aux gens de prendre du repos ; créer des cultures qui encouragent à prendre soin de soi et des autres ; augmenter la capacité de résoudre les conflits, de lutter contre les dominations et de rendre chacun·es plus puissant·es (empowerment).

Des connexions plus profondes
Les écosystèmes résilients sont souvent formés de connexions multiples. La connectivité et la diversité d’un écosystème constituent des indicateurs de résilience. Agir sur les trois différentes dimensions de notre connexion au monde – c’est-à-dire la connexion à nous-mêmes, aux autres et à la nature – peut être utile pour augmenter notre résilience. Être en connexion profonde avec soi-même, ses motivations principales en gardant notre vision fraîche et nos valeurs vivantes peut être important. Partager des objectifs et incarner des valeurs dans nos relations avec les autres nous permet de conserver notre inspiration et notre bien-être. Nous connecter à la nature – c’est-à-dire avec les non-humain·es – peut nous aider à trouver du ressourcement et des perspectives, de connecter ce que l’on fait avec quelque chose de bien plus grand que nous-mêmes et nos petits soucis.

Quelques ressources pour creuser

¹ Et des lieux de ce style manquent cruellement dans le milieu militant.

Illustration « Mad Anarchy » par Trace Fleeman Garcia

Au Carnet, nous nous mobilisons aussi contre le mensonge de la transition écologique !

  • À la ZAD du Carnet, nous avons choisi d’occuper un territoire menacé de disparaître sous le béton. Ce sont 110 ha sur près de 400, soit environ un quart de l’île que nous défendons, qui sont voués à abriter ce que les grands bousilleurs osent appeler un parc éco-technologique. Nous inscrivons notre lutte dans celle contre le capitalisme vert, car nous ne croyons pas à une transition qui refuse de remettre en cause les dominations qui structurent nos sociétés. Ici, nous essayons de construire une forme d’autonomie et pour nous, construire l’autonomie passe par la réappropriation de notre façon de penser le monde que nous habitons, loin de l’écologie productiviste qu’on nous impose.

Une première écologie à dénoncer, celle des pouvoirs publics et des industriels

Ça n’échappe plus à grand monde, nous sommes collectivement en train de saccager notre planète. Que nous proposent exactement les pouvoirs en place pour y remédier ? Premièrement, culpabiliser celles et ceux qui consomment soi-disant mal, surtout quand ils et elles sont pauvres1. Deuxièmement, trouver une solution technique à nos ennuis, sans questionner notre foi aveugle dans le progrès et dans l’industrie. C’est ce qu’on peut appeler capitalisme vert. Sur le site du Carnet, nous sommes directement concerné·e·s. Le port de Nantes-Saint-Nazaire prévoit d’installer un parc éco-technologique, c’est-à-dire un parc industriel mettant en avant les énergies renouvelables. Le terme est volontairement flou et derrière le mot renouvelable, ce qui se cache, c’est la recherche de nouvelles formes d’énergie à exploiter pour continuer la croissance des besoins. En gardant toujours la main mise sur la production et la distribution, parce que le contrôle, contrairement au reste du monde, n’est pas en train de s’écrouler.

Pourquoi parler de capitalisme vert ou d’écologie industrielle ? Parce qu’il n’y a pas de volonté de remettre en cause ni le modèle productiviste de notre société, ni les inégalités structurelles qui en découlent. D’ailleurs, la communication du port est assez claire et leur projet au Carnet s’inscrit dans la complémentarité de ce qui se passe ailleurs sur l’estuaire de la Loire, qui devient peu à peu une poubelle gigantesque de métal et de béton. Sans énumérer tous les désastres envrionnementaux en jeu, car ce n’est pas notre but ici et car d’autres l’ont déjà fait2, rappelons seulement deux choses : le port de Nantes-Saint-Nazaire est colonialiste (importations massives de ressources africaines et sud-américaines par exemple, héritées d’un passé esclavagiste) et il est à la pointe de l’extractivisme (importations de gaz de schiste3, etc…). Ce n’est pas en juxtaposant un parc éco-technologique ou en développant l’éolien maritime au large de Saint-Nazaire4 que l’on agira contre ces défaillances écocidaires de notre monde.

Pire encore, au-delà de cette logique de la vitrine verte, la défense de l’environnement est devenu un nouveau marché. Il est peut-être superflu de le rappeler, mais le capitalisme est un système capable de s’alimenter de tout ce qui le contredit. L’écologie y compris. Typiquement, plutôt que d’arrêter les industries fossiles les plus polluantes, on préfère leur imposer d’investir dans les énergies renouvelables, en faisant des bénéfices au passage, avec une logique néo-libérale assez simpliste : le nouveau marché créé est supposé concurrencer le premier et ainsi compenser la pollution. Ce mécanisme est déjà dénoncé depuis longtemps5, mais ce qui est particulièrement visible au Carnet, c’est le rôle qu’y tiennent les pouvoirs publics. Le projet étant volontairement opaque, il n’y a pas encore d’investisseur privé déclaré. Les acteurs qui promeuvent la destruction du terrain que nous occupons, c’est bien la métropole de Nantes-Saint-Nazaire, à travers son port, et c’est bien l’État, qui a fait du Carnet un des nouveaux sites «clés en mains»6 c’est-à-dire qu’on choisit de faciliter les gros industriels en prenant en charge, par le biais des collectivités territoriales, toutes les contraintes environnementales préalables à leur carnage. En fait, cela fait bien longtemps que nous sommes conscient·e·s que le pouvoir politique est le complice du pouvoir économique. Nous choisissons donc au Carnet de dire «dégagez» aussi bien à ces entreprises qui spéculent sur la destruction du vivant qu’à l’État qui les aide dans cette démarche.

Voilà la transition qu’ils nous vendent. Elle est faite de nouvelles accumulations et de nouvelles dominations, avec des liens entre le public et le privé toujours plus insidieux. Pour nous c’est évident, il n’y a de transition que vers un monde qui s’est accomodé de nos critiques environnementales.

L’écologie d’opposition n’est pas plus crédible

Face à cela, certain·e·s sont tenté·e·s par une transition plus contraignante, avec des normes plus sévères. Obliger les pollueurs à cesser leurs activités, mais sans bouleverser le reste. C’est le cas de celles et ceux qui cherchent à négocier avec le pouvoir, qu’ils et elles agissent au nom d’un parti politique, d’une association, à titre individuel ou bien en collectif. Nous ne croyons pas plus à cette écologie-là. Premièrement parce que cette stratégie nous paraît inefficace et dangereuse. Donnons un exemple qui nous concerne directement. Au Carnet, il est question de zones compensatoires, c’est-à-dire d’autoriser la destruction d’une zone humide, tant qu’on en reconstruit une autre, artificiellement, ailleurs. C’est en cherchant à discuter d’un point de vue technique sur ces mesures compensatoires que certaines associations ont légitimé le projet des industriels7. Il ne s’agit pas ici de faire leur procès, ni de savoir si ces associations sont de bonne foi ou pas, nous nous en fichons complètement. Il s’agit de constater qu’avant l’installation de la ZAD, elles accompagnaient la construction du parc éco-technologique. Et nous ne disons pas cela pour comparer nos méthodes de lutte, mais bien pour pointer du doigt les contradictions auxquelles mène systématiquement la volonté de négocier avec un pouvoir qui se veut hégémonique.

Deuxièmement et surtout, parce que nous pensons que le désastre environnemental est intrinsèquement lié à l’organisation politique de nos sociétés. Nous ne légitimerons pas d’autres exploitations au nom de l’écologie. Nous ne négocierons pas avec les acteurs de la transition pour en proposer une autre, plus enviable, tandis que ce sont les mêmes acteurs qui pillent d’autres pays. Nous ne perdons pas de vue que le développement des énergies renouvelables va de pair avec le colonialisme : la construction d’éoliennes industrielles nécessite l’extraction intensive de matériaux, pour la plupart dans des mines en Asie, dans des conditions souvent épouvantables8 et nous avons bon dos d’acclamer des énergies qui se prétendent propres alors que d’autres que nous se tuent littéralement au travail pour les produire. Mentionnons aussi que nous volons et détruisons des terres qui ne nous appartiennent pas. Un exemple frappant est celui de l’isthme de Tehuantepec au Mexique, véritable couloir de vent et qui est au centre des attentions de tous les industriels de l’énergie9. L’entreprise EDF dont nous occupons un terrain est en train d’accaparer des terres là-bas, en réprimant les populations. Comment alors négocier quoi que ce soit avec elle ici.

Une autre chose qui est en jeu et contre laquelle nous tentons de lutter, c’est l’apparition de nouvelles formes de contrôle social. En parallèle de la création de parcs éoliens partout où c’est possible, ce qui se prépare, c’est l’avènement d’un capitalisme de la surveillance et il s’agit à nouveau des mêmes acteurs10. Nous en voyons déjà les prémices, avec l’avènement des villes connectées, promues par les énergéticiens. Nous ne voulons pas d’un monde dystopique, où sous couvert de rendements, nos moindres faits et gestes sont surveillés. Nous refusons la continuité qui existe de fait entre l’aménagement des territoires et l’aménagement des comportements. C’est partant de ce principe que nous choisissons de saboter l’aménagement des territoires.

Nous affirmons qu’une transition écologique qui ne dénonce pas toutes les logiques de dominations n’est bonne qu’à être jetée à la poubelle, sans même être recyclée.

S’approprier les questions de l’énergie dans une perspective d’autonomisation

Y a-t-il en fait une transition souhaitable ? Ce mot nous paraît mal défini. Nous ne croyons pas à la possibilité d’aménager le pouvoir, nous n’envisageons pas d’adoucir les atrocités du monde capitaliste. Nous essayons, tant bien que mal, de nous inscrire en rupture avec celui-ci. Au-delà de protéger des terres agricoles d’une bétonisation massive, ce sont les mondes que nous construisons que nous défendons derrière nos barricades. Nous ne prétendons pas que c’est une tâche facile et nous sommes conscient·e·s de nos limites et fort·e·s de nos erreurs passées. Nous ne prétendons pas non plus qu’à la ZAD du Carnet, nous sommes libéré·e·s des oppressions systémiques. Au contraire, c’est parce que nous ne savons que trop bien que ces oppressions existent, y compris au sein de nos luttes, que nous essayons de nous organiser contre. Enfin, nous sommes des squatteur·euse·s et si on nous expulse et qu’on nous empêche de revenir, malgré toute notre peine, nous continuerons à construire l’autonomie ailleurs. Nous disons cela ici parce que la seule transition qui nous paraît possible, c’est celle à travers laquelle nous essayons de reprendre la main sur nos vies, en brisant les hiérarchies. Cette transition n’est pas seulement écologique.

En fait, il y a même parfois une contradiction entre ce que nous essayons de faire et le discours écologique scientifique, lorsque celui-ci nous impose des formes de luttes, au nom d’une légitimité à obtenir. Par exemple, comme l’ont souligné des copaines à la ZAD du Testet en 2014, la création d’un vocabulaire technique et universitaire a tendance à déposséder tout un·e chacun·e de la possibilité de s’exprimer sur le monde qu’il ou elle habite11. Nous n’avons pas besoin de savoir ce qu’est une zone humide pour avoir envie d’y vivre et de la protéger. Il n’est pas question ici de rejeter l’écologie scientifique en tant que telle, mais bien de l’intégrer à nos combats dans une visée émancipatrice plutôt que surplombante.

Enfin, puisqu’il est question d’énergie dans notre critique, nous nous rendons compte de notre faiblesse dans notre volonté d’émancipation : nous sommes loin de l’autonomie énergétique. Nous en sommes si loin qu’elle est même difficile à imaginer. Nous souhaitons donc nous rapprocher de celles et ceux qui se sont emparé·e·s de cette question, tant d’un point de vue pratique que théorique. Il ne s’agit pas seulement de pirater les réseaux d’EDF mais bel et bien d’apprendre à se passer du monopole de l’État et des capitalistes dans notre alimentation électrique, comme dans notre vie de tous les jours.

Après avoir dit tout ça, nous ne voulons pas nous-mêmes imposer notre vision d’un monde vivable, qui serait à élaborer collectivement. Nous invitons toutes celles et ceux qui le veulent à venir nous voir et à papoter avec nous à propos de toutes ces choses. Ce sera aussi l’occasion de se rendre compte directement de ce que nous défendons : un Carnet libre et sauvage à l’abri des éco-pollueurs.

Illustration : Image tirée de l’Amazazine n°1, le fanzine de l’Amassada. En italien, voi non potete fermare il vento signifie tu ne peux pas arrêter le vent.

Notes de bas de page

1 Par exemple, le gouvernement a préféré essayer de mettre en place une taxe carbone pour agir sur la pollution routière, au détriment d’autres méthodes visant directement les industriels, par exemple en empêchant l’obsolescence programmée des voitures, ou l’invasion de gadgets électroniques qui les rendent toujours plus difficiles à réparer. Heureusement les gilets jaunes ne se sont pas laissé faire, affirmant qu’il n’existe pas de consommation éthique, mais bien des injonctions moralisatrices.

2 https://stopcarnet.fr/le-projet-du-grand-port/le-site-du-carnet/.

3 https://multinationales.org/Le-gaz-de-schiste-americain-arrive-discretement-en-France.

4 Le R&D du grand port de Nantes-Saint-Nazaire est en train de tout miser sur l’éolien maritime, voir par exemple ici https://www.emr-paysdelaloire.fr/forces/des-infrastructures-dediees/ la description sommaire de leur projet. Sur le terrain que nous occupons, il y a une éolienne prototype pour ce projet. Nous l’avons réquisitionnée et l’occupons désormais, ce qui nous paraît symboliquement très important.

5 On conseille par exemple le visionnage du documentaire Pas res nos arresta de nos copaines de l’Amassada, disponible ici https://vimeo.com/207707152.

6 https://www.terrestres.org/2020/01/27/loose-france-parce-que-cest-notre-projet/.

7 Voir la lettre ouverte du collectif Stop-Carnet : https://stopcarnet.fr/le-projet-du-grand-port/la-loire-en-danger-le-carnet-un-site-naturel-a-proteger/lettre-ouverte-aux-assos-environnementales-accompagnant-le-carnage-prevu-au-carnet/.

8 Voir le plaidoyer contre les éoliennes industrielles par l’Amassada, disponible ici https://douze.noblogs.org/files/2019/09/plaidoyerA5.pdf. Notons que cette brochure ne parle que d’un type d’éoliennes, celles qui nécessitent l’extraction de terres rares. Cependant, ajoutons que les autres types d’éoliennes industrielles, même sans terres rares, sont aussi très coûteuses en matières minérales extraites, voir notamment l’article de reporterre https://reporterre.net/Quel-est-l-impact-des-eoliennes-sur-l-environnement-Le-vrai-le-faux.

9 Voir les articles universitaires d’Alexander Dunlap, disponibles ici https://douze.noblogs.org/boite-a-outils-pour-la-com/ sur l’isthme de Tehuantepec et sur le colonialisme énergétique au Mexique.

10 La lutte à Saint-Victor-et-Melvieu en Aveyron a permis de mettre en lumière cette mise en place d’un réseau de surveillance et d’un maillage énergétique des populations, voir le livre Être forêt de Jean-Baptiste Vidalou, ou la brochure trancher le filet réseau, disponible ici https://douze.noblogs.org/files/2019/09/Trancher-le-filet.pdf.

11 Voir notamment l’article les zones humides on n’en a rien à foutre, dans le premier numéro du journal Sivens sans aucune retenue, disponible ici https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/sivens-sans-retenue/.

Des photos de la tour champignon

Une nouvelle construction s’est installée sur la Zad. Merci à toustes celleux qui se sont investi·es dans ce chantier et voici des photos pour le plaisir des yeux.

La charpente est finie et quasiment sans aucune visserie ! Au programme de la suite du chantier : toit, bardage, isolation, contre-bardage et construction d’un premier étage. N’importe qui peut participer.

Crédits : Compte instagram le_pantale, CC-BY-SA 3.0

Le toit et futur plancher du premier étage
Centre du plancher
Vue générale
Un pilier
Le plancher

Quiz juridique de la Zad du Carnet

Pour améliorer la défense collective et individuelle, il est très important de bien connaître ses droits. Ce quiz permet de vous familiariser avec certaines informations importantes en cas de garde à vue ou de contrôle routier. Pour répondre à ces questions, n’hésitez pas à développer votre pensée car la réponse est souvent plus complexe qu’un simple oui ou un simple non.

Le quiz est pensé pour des personnes ayant déjà lu quelques ressources sur la garde à vue comme le manuel de survie en garde à vue. On vous invite à le lire avant d’essayer de répondre aux questions pour vous familiariser avec les notions de garde à vue, de comparution immédiate et de garanties de représentations.

Liste de questions

Q1 : Quels sont les éléments à donner quand des forces de l’ordre te demandent ton identité ?

Q2 : En garde à vue, qui décide de la prolongation de la garde à vue de 24h à 48h ?

Q3 : Sur la base de quels éléments cette prolongation est-elle décidée ?

Q4 : Qui décide si une personne en garde à vue va passer en comparution immédiate ou non ?

Q5 : Pourquoi refuser la comparution immédiate ?

Q6 : En cas de refus de comparution immédiate, qui décide de la mise en détention provisoire ou d’un contrôle judiciaire en attendant le procès ?

Q7 : Quand est-on certain.e que l’on va passer en comparution immédiate ? Peut-on le savoir avant de manière sûre ?

Q8 : A quel moment peut-on désigner un autre avocat que l’avocat commis d’office pour nous représenter à la comparution immédiate ?

Q9 : Les policiers peuvent-ils te prendre en photo sans ton accord ?

Q10 : A-t-on le droit de refuser une perquisition ?

Q11 : La personne dont l’habitation est perquisitionnée est-elle obligée d’être présente pour que la perquisition ait lieu ?

Q12 : Combien de temps ont les forces de l’ordre pour montrer la réquisition de fouille d’un véhicule ?

Q13 : Les forces de l’ordre ont-elles le droit de fouiller un véhicule sans une réquisition de fouille de véhicules ?

Q14 : Lors d’un contrôle d’identité ou d’une garde à vue, les policiers ont-ils le droit de prendre en photo des personnes sans leur accord ?

Q15 : Que risques-tu si tu refuses de donner tes empreintes et de te laisser prendre en photo lors d’un contrôle d’identité ou d’une garde à vue ?

Q16 : Est-on obligé de donner son code pin de téléphone si des policiers nous le demandent ? Quels sont les risques si l’on refuse ?

Q17 : A quoi servent les garanties de représentation et quand sont-elles utiles ?

Q18 : Donner quatre exemples de garanties de représentation.

Q19 : Si ton portable est avec toi et que tu es interpellé.e, à quelles informations auront accès les forces de l’ordre ? Y a-t-il des choses dangereuses dedans ?

Q20 : Si les forces de l’ordre vous demandent votre ADN et que vous refusez, que risquez vous ?

Q21 : Quels sont les risques juridiques d’établir une fausse déclaration d’hébergement ou d’en utiliser une ?

Q22 : Quels sont les avantages à ne rien déclarer en garde à vue lors des procès-verbaux d’audition ?

Q23 : Que risque-t-on en cas de refus de décliner son identité quand les forces de l’ordre nous le demandent ?

Q24 : Que risque-t-on si l’on donne une identité imaginaire ou si on usurpe l’identité d’une personne existante ?

Q25 : Est-ce un délit de ne pas avoir de pièces d’identité sur soi ?

Q26 : Comment les flics procèdent-ils pour vérifier si une identité est imaginaire ?

Q27 : Peut-on refuser dans toutes les situations la signalétique, c’est-à-dire les photos et les empreintes ?

Quelques éléments de réponses

Ces réponses sont loin d’être parfaites, on vous conseille de vous renseigner par vous-mêmes en consultant des brochures d’auto-défense juridiques ou des livres à ce sujet. Quelques références nous semblent importantes pour bien comprendre la répression politique d’une part et l’autodéfense juridique d’autre part :

Q1 : Quels sont les éléments à donner quand des forces de l’ordre te demandent ton identité ?

On a l’obligation de donner si on nous le demande : nom et prénom, date et lieu de naissance. Une identité consiste en 4 éléments : nom, prénom, date et lieu de naissance. Ces éléments doivent par exemple figurer sur une attestation d’hébergement.

Q2 : En garde à vue, qui décide de la prolongation de la garde à vue de 24h à 48h ?

C’est le procureur qui décide de la prolongation de la garde à vue. Un flic vous annoncant que vous allez être prolongé ment probablement pour vous mettre la pression : il ne peut pas connaître l’avis du procureur avant que celui-ci le prenne.

Q3 : Sur la base de quels éléments cette prolongation est-elle décidée ?

Le procureur est souvent dans un bureau loin des cellules de garde à vue. Il a accès aux éléments du dossier c’est-à-dire au procès-verbal d’interpellation, aux pièces que les flics ont déjà pu collecter pour appuyer les charges retenues contre vous (témoignages, photos, vidéos), aux procès-verbaux des auditions que vous avez effectuées en garde à vue ainsi qu’aux remarques des flics sur votre comportement en garde à vue.

Q4 : Qui décide si une personne en garde à vue va passer en comparution immédiate ou non ?

C’est encore une fois le procureur qui décide de cela.

Q5 : Pourquoi refuser la comparution immédiate ?

On refuse la comparution immédiate pour avoir le temps de préparer sa défense. Lors de la sortie de la garde à vue, les seules pièces du dossier sont souvent celles des flics qui sont à charge. Le fait de ne pas avoir eu le temps de préparer sa défense fait que les peines décidées en comparution immédiates sont souvent très lourdes. La procédure de comparution immédiate est considérée par beaucoup de personnes comme une forme de justice expéditive qui ne respecte pas les droits de la défense.

Q6 : En cas de refus de comparution immédiate, qui décide de la mise en détention provisoire ou d’un contrôle judiciaire en attendant le procès ?

C’est le juge qui décide de cela. Ce n’est ni le procureur ni les flics.

Q7 : Quand est-on certain.e que l’on va passer en comparution immédiate ? Peut-on le savoir avant de manière sûre ?

On sait qu’on va passer en comparution immédiate quand le procureur nous le dit directement ou quand on est amené aux geôles du tribunal. Ce sont les seuls moyens d’en être certain.e, les flics mentent souvent en garde à vue à ce sujet pour mettre la pression.

Q8 : A quel moment peut-on désigner un autre avocat que l’avocat commis d’office pour nous représenter à la comparution immédiate ?

Quand le procureur nous notifie que l’on va passer en comparution immédiate, on peut désigner un autre avocat en donnant son nom et son barreau. Si cet avocat est présent et qu’il accepte, ce sera lui qui vous défendra lors de votre comparution immédiate.

Q9 : Les policiers peuvent-ils te prendre en photo sans ton accord ?

Non les flics ne peuvent pas te contraindre à être pris en phot. Ils le font souvent ou le tentent souvent sans votre accord ou discrètement. Il est important de refuser systématiquement si l’on ne souhaite pas que les flics vous prennent en photo.

Q10 : A-t-on le droit de refuser une perquisition ?

Cela dépend des perquisitions mais souvent on ne peut pas refuser (en cas de flagrant délit ou d’instruction). En cas d’enquête préliminaire, on peut refuser la perquisition et les flics demandent de faire signer un papier les autorisant à perquisitionner.

Q11 : La personne dont l’habitation est perquisitionnée est-elle obligée d’être présente pour que la perquisition ait lieu ?

Non. Si l’habitant.e n’est pas là, deux témoins sur place peuvent être désigné.es par l’officier de police judiciaire pour l’accompagner. Ces témoins ne sont pas obligés de répondre aux questions.

Q12 : Combien de temps ont les forces de l’ordre pour montrer la réquisition de fouille d’un véhicule ?

Les forces de l’ordre disposent d’un délai de 30 minutes pour montrer le papier de réquisition de fouille. Ce délai passé, on est en droit de repartir sans que la fouille n’ait été effectuée.

Q13 : Les forces de l’ordre ont-elles le droit de fouiller un véhicule sans une réquisition de fouille de véhicules ?

Oui en cas de flagrant délit ou si l’on accepte la fouille. Il est donc important de demander à voir ce papier.

Q14 : Lors d’un contrôle d’identité ou d’une garde à vue, les policiers ont-ils le droit de prendre en photo des personnes sans leur accord ?

Non, tu ne peux pas être contraint à donner tes empreintes ou à te laisser être pris en photo. Les flics essaient souvent de le faire sans ton consentement ou sans te prévenir que tu peux refuser. Il est important de signaler oralement et clairement son refus quand on constate que les flics essaient de vous prendre en photo.

Q15 : Que risques-tu si tu refuses de donner tes empreintes et de te laisser prendre en photo lors d’un contrôle d’identité ou d’une garde à vue ?

Si tu refuses, les flics ne peuvent pas te contraindre mais tu commets alors un délit punissable au maximum de 3 mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amendes.

Q16 : Est-on obligé de donner son code pin de téléphone si des policiers nous le demandent ? Quels sont les risques si l’on refuse ?

Non, on pourra consulter un article publié sur le réseau Mutu à ce sujet, il suffit de garder le silence face à cette question. On est par contre obligé de le faire si une autorité judiciaire le demande par exemple un juge.

Q17 : A quoi servent les garanties de représentation et quand sont-elles utiles ?

Elles servent à éviter des contrôles judiciaires trop stricts et de la détention provisoire quand on refuse la comparution immédiate.

Q18 : Donner quatre exemples de garanties de représentation.

Photocopie d’une pièce d’identité (la plus importante des garanties), attestation d’hébergement ou preuve de domicile (quittance de loyer, facture EDF, etc.) , fiche de paye, contrat de travail, promesse d’embauche, attestation CAF, RSA ou pôle emploi, inscription à une formation, preuve d’une activité culturelle ou associative, témoignage de moralité, etc.

Faites attention à l’attestation d’hébergement. Pour être sûr.e qu’elle soit acceptée, il faut 4 documents : les photocopies des pièces d’identité de la personne qui est herbergée, de celle qui héberge, la feuille signée attestant l’hébergement et une preuve de domicile de la personne qui héberge (facture d’électricité, d’eau, quittance de loyer, etc.).

Q19 : Si ton portable est avec toi et que tu es interpellé.e, à quelles informations auront accès les forces de l’ordre ? Y a-t-il des choses dangereuses dedans ?

Les flics ont les moyens techniques de prendre tout le contenu d’un téléphone. Cela inclue tout les historiques de vos applications (Signal, application de navigation GPS, etc.), vos SMS, vos photos avec heure et lieu de prise de photos, etc.

Q20 : Si les forces de l’ordre vous demandent votre ADN et que vous refusez, que risquez vous ?

La peine maximale est de un an de prison et 15000 euros d’amende. Dans les faits, il y a la moitié du temps acquittement si l’on décide de se battre en justice à ce sujet. La France a été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour atteinte à la vie privée via le fichage ADN en 2017.

Q21 : Quels sont les risques juridiques d’établir une fausse déclaration d’hébergement ou d’en utiliser une ?

Faire une fausse attestation d’hébergement n’est pas considéré comme un « faux et usage de faux » qui serait puni au maximum de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende. Il s’agit seulement d’une fausse attestation qui est punie au maximum par un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende pour la personne qui fabrique la fausse attestation ainsi que la personne qui l’utilise.

Q23 : Que risque-t-on en cas de refus de décliner son identité quand les forces de l’ordre nous le demandent ?

Refuser de décliner son identité ne constitue pas un délit mais les forces de l’ordre vous amèneront probablement en vérification d’identité (durée maximale de 4h) et demanderont probablement alors de donner vos empreintes et de vous laisser prendre en photo. Refuser la signalétique est un délit puni d’une peine maximale de 3 mois d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende.

Q22 : Quels sont les avantages à ne rien déclarer en garde à vue lors des procès-verbaux d’audition ?

Lors d’une audition de garde à vue, on n’a pas accès aux pièces du dossier par les flics. On va peut-être s’auto-incriminer si l’on parle ou incriminer d’autres personnes. On ne peut pas revenir sur ce qui a été déclaré en garde à vue lors d’un procès ultérieur. Les aveux constituent une pièce majeure d’une procédure judiciaire.

En garde à vue, on n’est pas en état psychologique de préparer une défense judiciaire, il vaut mieux attendre d’avoir rencontré un avocat à tête reposée en ayant consulté le dossier contre soi pour effectuer des déclarations devant un juge. Le droit au silence et à ne pas s’auto-incriminer est fondamental dans la législation francaise : un juge ne vous reprochera pas de n’avoir rien déclaré en garde à vue. Vous pourrez lors de votre procès choisir de répondre aux questions et cela aura peu d’incidence sur votre défense.

Mais attention, ne rien déclarer, c’est répondre à toutes les questions « je n’ai rien à déclarer » ou tout simplement ne rien dire et rester silencieux.se. Répondre « non » à une question c’est déjà déclarer quelque chose. Un exemple : à la question « connaissez vous la personne sur cette photo? », si vous dites « non », vous déclarez que vous ne la connaissez pas (et les flics pourront prouver ensuite que vous mentez si vous la connaissez), alors que dire « je n’ai rien à déclarer » vous laisse la possibilité de temporiser, c’est-à-dire de choisir plus tard quelle réponse vous souhaitez donner à cette question.

Q24 : Que risque-t-on si l’on donne une identité imaginaire ou si on usurpe l’identité d’une personne existante ?

Utiliser une identité imaginaire est un délit punissable d’une peine maximale de 7 500 euros d’amende. Usurper une identité d’une personne existante est un délit punissable de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.

Q25 : Est-ce un délit de ne pas avoir de pièces d’identité sur soi ?

Non, cela ne constitue pas un délit. On peut cependant être amené en procédure de vérification d’identité (durée maximale 4h). Les flics peuvent alors vous demander vos empreintes digitales et d’être pris.e en photo et refuser constitue un délit punissable au maximum de 3 mois d’emprisonnement et 3750 euros d’amende.

Q26 : Comment les flics procèdent-ils pour vérifier si une identité est imaginaire ?

Les flics ont accès aux fichiers des permis de conduire et aux fichiers de police qui se sont constitués lors de procédures policières avant (vérification d’identité, garde à vue, etc.). Ils peuvent essayer de faire de la reconnaissance faciale s’ils ont votre photo dans leurs fichiers ou de recouper les fichiers d’empreinte digitale s’ils ont vos empreintes et que vous acceptez de vous faire prendre en photo ou de donner vos empreintes. Ils peuvent aussi appeler votre mairie de naissance pour vérifier si votre acte de naissance existe. Nous ne connaissons pas l’intégralité des techniques des flics pour vérifier si une identité est imaginaire ou pas et sommes intéressé.es si vous avez des informations à ce sujet. Pour les personnes intéressées, on pourra consulter la brochure La folle envie de tout contrôler par la Caisse de Solidarité de Lyon.

Q27 : Peut-on refuser dans toutes les situations la signalétique, c’est-à-dire les photos et les empreintes ?

Non, les flics peuvent te contraindre à donner tes empreintes et tes photos lorsque tu es mis en détention (qu’elle soit provisoire suite à une comparution immédiate ou une peine de prison ferme).

Pour toutes remarques ou questions concernant ce questionnaire, n’hésitez pas à nous contacter à legal_carnet[at]riseup.net.

Illustration : Photo trouvée dans l’état des lieux de la répression à Bure.

Format pdf des questions et des réponses :

La répression s’intensifie à la Zad du Carnet

Depuis le 20 novembre, jour où les gendarmes avaient voulu rentrer sur la Zad en nombre pour « se balader » (lire l’article en question), la pression policière se reforce aux alentours de la Zad du Carnet.

Les contrôles routiers, d’identité et d’attestations sont plus fréquents. D’autre part, les gendarmes passent régulièrement à la barricade principale à plusieurs véhicules (3 fourgonnettes souvent). Nous détaillerons plus tard des faits précis.

N’hésitez pas à venir sur place nous apporter du soutien.

Illustration trouvée sur le site bureburebure.info.

Pistes pour la gestion de conflits à échelle collective

Ce texte raconte un bout de ma vie sur la zone quand j’ai participé à la gestion d’un conflit sur la Zad du Carnet. J’essaye d’y présenter ce que je savais, ce que j’ai fait et comment je l’ai vécu puis d’en tirer des leçons pour l’avenir en analysant mes erreurs et en les assumant publiquement. Ce texte parle de la même histoire que l’article Zad de merde publié sur Indymedia Nantes.

Les conflits existent partout, sur la Zad ou ailleurs car nous sommes toustes construit·es socialement et que la déconstruction face aux oppressions systémiques (sexisme, classisme, transphobie, racisme, etc.) n’est pas facile et accessible à toutes. Dans un collectif comme celui de la Zad, la gestion de ces conflits est importante politiquement afin d’apprendre à construire ensemble une autre façon de vivre. Il s’agit d’un apprentissage jamais terminé.

Dans une histoire comme celle que je vais raconter, chaque personne impliquée a une pièce d’un puzzle. Ce que j’écris là n’est que ma pièce de ce puzzle. Je ne prétends pas qu’il s’agit de la vérité ni des faits objectifs, mais ma vision subjective d’une situation complexe dans une démarche aussi sincère et honnête qu’il m’a été possible de faire. Il me semble important de préciser dès le début de ce texte que je suis un mec cisgenre hétéro, que T est une personne trans et U un mec cisgenre.

Chronologie simplifiée utile pour la lecture du texte

Une chronologie plus détaillée se trouve à la fin.
9 octobre – 7 novembre : diverses altercations entre U et T et tentatives de médiation interpersonnelles par d’autres personnes
Samedi 7 novembre : Soirée où je commence à m’investir et début de mon histoire
7 novembre-16 novembre : Diverses tentatives personnelles pour aider sur le conflit entre U et T
16 novembre-9 décembre : Désinvestissement personnel du conflit et fin

La découverte du conflit entre U et T : soirée du 7 novembre

De mon côté, tout commence lors d’une soirée alcoolisée où 2 personnes en viennent de nombreuses fois quasiment aux mains sur la piste de danse. Je décide alors d’intervenir pour aider une amie, T, à se débarrasser d’un gars relou U. Elle me fait alors part de sa colère et de sa décision ferme de faire expulser U de la Zad du Carnet. J’apprends à ce moment quelques détails de l’histoire entre U et T qui me semblent graves et je lui promets de m’occuper de l’expulsion de U.

Les faits que me communique T et ses demandes (9 novembre)

Le surlendemain, sobre et reposé, nous discutons avec une troisième personne de cette histoire. Nous nous lançons alors dans ce que nous appellerons une procédure de médiation, mot probablement mal choisi. Les faits qui me sont communiqués à ce moment-là sont :

  • Une première altercation la soirée du 7 octobre où U, bourré, s’acharne sans raisons sur T, l’insulte et l’intimide physiquement.
  • Suite à cela, T fait savoir à U qu’elle ne souhaite pas en faire une grosse affaire mais qu’elle ne veut plus aucun contact entre elle et U via une troisième personne de confiance.
  • Ensuite à au moins 4 reprises, cette demande ne sera pas respectée :
    • une fois où U s’assoit à la table de T et insiste plusieurs fois pour qu’iels « s’expliquent » ensemble.
    • une fois où U s’assoit à côté de T en AG et lui demande par 3 fois de discuter après des refus.
    • une fois où U. bourré s’allonge au fond du canapé où T est assise en soirée. T se lève et part de la soirée.
    • l’altercation à la soirée où U se fait expulser de la soirée 3 fois parce qu’il danse près de T de manière relou (contacts physiques, etc.).
  • ce que je considérais alors comme un détail sur lequel je ne suis revenu que bien plus tard, T me parle de regards insistants de la part de U dès qu’iels sont au même endroit.
  • à chacune de ces occasions, T demande à une nouvelle personne de confiance de parler à U pour réexprimer sa demande ferme que U ne l’approche pas

Aujourd’hui, je qualifie ces faits de harcèlement à caractère transphobe avec multiples intimidations physiques dont des contacts physiques non consentis. A l’époque où ces faits me sont communiqués, je parle de dépassements de limites posées clairement à multiples reprises mais je considère les faits pris séparément comme légers pour la plupart, à part pour l’histoire du canapé. Le détail des regards me semble extrêmement significatif aujourd’hui pour appuyer l’existence du harcèlement.

Pour T, l’affaire est close : de nombreuses médiations ont eu lieu et n’ont rien donné. La répétition montre qu’une prochaine médiation sera tout aussi inefficace et il n’y a pas d’autres sorties possibles que l’expulsion de U. Elle ne veut plus entendre parler de cette histoire et demande juste l’expulsion.

Rencontre avec l’ancienne équipe de médiation (10 novembre)

Suite à cela, nous décidons avec l’autre médiatrice de rencontrer l’ancienne équipe de médiation, c’est-à-dire tout les gens qui ont déjà une fois parlé à U de la part de T, c’est-à-dire 5 personnes pour leur demander leurs versions et leurs avis.

Il est important de préciser que moi, T et quasiment toute l’ancienne équipe de médiation font partie d’un groupe affinitaire assez proche à ce moment.

Ce groupe, sans T, est majoritairement opposé aux expulsions sur une Zad pour des raisons politiques. Nous souhaitons développer notre autonomie y compris dans la gestion de crises et renvoyer quelqu’un de la zone peut être considéré comme un aveu d’échec de notre volonté d’autonomie et comme un acte violent. D’autre part, il nous semble dangereux de n’accepter sur zone que des personnes ayant déjà réfléchi aux questions d’oppressions systémiques sans laisser le temps dont iels ont besoin pour se rendre compte des oppressions qu’iels font subir. Il me semble aujourd’hui que cet idéal politique où l’on arrive à gérer en autonomie les problèmes sur Zad est inatteignable en pratique mais intéressant à avoir comme ligne d’horizon.

Quand je rencontre les membres de cet ancien groupe de médiation, iels me disent :

  • qu’il n’y a encore eu aucune démarche collective mais seulement des initiatives interpersonnelles sur cette histoire,
  • qu’il est donc trop tôt pour valider une expulsion de leur point de vue,
  • que leurs interventions n’étaient probablement pas à la hauteur de l’enjeu et n’ont pas été faites suffisamment sérieuement. On me parle même d’une fois où un médiateur oublie de parler à U de la demande de T.

Il est important de noter à ce moment que dans toutes nos têtes, nous pensions à une expulsion récente de la Zad qui avait créé un trauma collectif et que cela serait dangereux de répéter ce trauma.

Iels me proposent alors de lancer une démarche collective à propos de U pour lui faire rentrer dans la tête que, là, la situation est extrêmement grave et lui proposer une dernière chance de changer, de respecter les demandes de T, d’arrêter de boire. Il est clair dans l’esprit de tout le monde que d’autres personnes sur la Zad pourraient décider d’une expulsion et l’effectuer.

Un ancien membre de la médiation affirme même à T, sur une initiative personnelle, qu’il s’opposerait à une expulsion non décidée collectivement alors que le but de leur discussion était qu’il présente ses excuses pour ne pas avoir pris assez au sérieux la situation.

Première réunion d’écoute de U (11 novembre)

Nous mettons en place cette médiation de la dernière chance pour U en deux temps : mercredi et jeudi (voir le récapitulatif des dates). Le mercredi nous nous réunissons à 9 avec U et nous exposons les faits et écoutons U de manière calme et posée pour lui laisser le temps de s’exprimer. Il nous dit à ce moment que :

  • cette histoire le travaillait depuis la 1ère fois et qu’il n’arrivait pas à passer à autre chose d’où les demandes répétées de contact,
  • qu’il avait depuis plusieurs années un problème avec l’alcool sur lequel il essaye de travailler,
  • qu’il ne se reconnaissait pas dans les faits commis et acceptait leur gravité et reconnaissait ses erreurs,
  • qu’il était dans une phase de transition dans sa vie et que la vie sur Zad lui faisait beaucoup de bien.

Deuxième réunion avec U : décision de U de s’exiler pendant une semaine (12 novembre)

Lors de la deuxième réunion, à 8 sans la nouvelle médiatrice qui n’est pas venue car le lieu de la réunion a été changé au dernier moment, nous avons décidé d’être beaucoup plus incisifs. J’ai appris récemment que la réunion avait changé de lieu car U ne s’était pas réveillé ce matin-là et que nous avons du aller à sa tente pour le réveiller et le trouver…

Nous lui expliquons que les faits sont extrêmement graves, que l’excuse de l’alcool est très loin d’être suffisante vu le nombre de fois où il s’est approché sobre de T, que l’expulsion est toujours possible et que l’évolution de la situation est urgente s’il veut s’en sortir sans expulsion. Il accepte ce qu’on lui dit et fait profil bas lors de cette réunion en restant dans un registre d’auto-culpabilisation. Il accepte d’aller pendant au moins une semaine s’isoler dans un lieu excentré de la Zad pour lire des brochures, réfléchir à ce qu’il a fait et écrire une lettre d’excuses à T qu’il nous confierait pour qu’on vérifie la sincérité de sa démarche.

Des personnes présentes à la réunion se proposent pour parler avec U de problèmes liés à l’alcool, de l’aider à écrire la lettre et de discuter avec lui pendant cette semaine. Il ne demandera pas d’aide à ces personnes sur ces questions.

J’apprendrai beaucoup plus tard que tout de suite à cette réunion, où j’ai porté le message le plus dur, il parle avec quelqu’une d’autre de présente et lui dit que j’ai légèrement abusé alors qu’il n’a jamais exprimé cela lors de la réunion. Ce n’est que le début de sa malhonnêteté et de son foutage de gueule.

12-13 novembre : discussion avec T et lettre à T

Le lendemain soir, nous discutons bien bourré·es avec T à deux. Le hasard fait que nous parlons de la médiation que j’ai entreprise avec U pendant bien deux heures. T me défonce alors en parlant de « médiation de merde » et qu’elle ne s’organisera plus jamais avec moi sur des questions féministes et que notre groupe affinitaire l’a trahie. Elle me dit qu’elle organisera l’expulsion de U en passant via un groupe en mixité choisie (sans mecs cis) J’essaye d’expliquer mes choix dans cette histoire, ce que je fais mal car j’avais de toute façon commis déjà beaucoup d’erreurs à ce stade.

Le lendemain matin, j’écris une lettre à T que je lui confie vers midi. Elle me dira plus tard qu’elle ne l’a pas lue et qu’elle ne la lira pas. Cette lettre avait été rédigée dans une démarche similaire à celle de ce texte.

13/11-07/12 : désinvestissement personnel du conflit entre U et T et non respect par U de ses promesses

Je prends ensuite une pause de deux jours car cette histoire m’a épuisé émotionnellement et que je n’en peux plus.

Je reviens le lundi 16 novembre en essayant de recapter des médiateur·ices pour faire le point. La personne extérieure avec qui j’avais commencé la médiation de la dernière chance me dit alors que T a décidé de régler ça en mixité choisie. Je suis alors bien content de me décharger mentalement de cette histoire et je me désinvestis totalement à partir de ce moment.

Je croise U plus tard qui me demande s’il peut retourner sur zone. Intérieurement, je m’énerve face à cette demande que je considère comme irrespectueuse car la semaine n’est même pas écoulée et je lui dis de faire ce qu’il voulait, qu’il prend ses propres décisions et que je ne veux plus trop entendre parler de cette histoire.

Un jour après, soit 3-4 jours après la promesse de U de s’exiler, je le vois sur zone s’amuser avec ses potes. Je ne pète pas un plomb sur le moment mais je bouillonne et je vais à un autre lieu de vie pour exprimer ma colère et prendre une décision collective de l’engueuler. La personne que je croise à ce moment, un ancien médiateur, me dit alors avoir vécu les mêmes émotions et qu’il a décidé avec un autre de laisser U tranquille, qu’on n’est pas des flics et que l’expulsion est maintenant inévitable et qu’on va le laisser assumer ses merdes. Je me range à ses arguments et ne fais rien.

Suite à cela, toute l’ancienne équipe de médiation se désintéresse de cette histoire et laisse pourrir la situation. Cela arrange le groupe de faire la politique de l’autruche pour plusieurs raisons : d’une part l’opposition politique aux expulsions fait que nous préférons ne pas l’organiser et laisser d’autres le faire, d’autre part nous avons besoin de repos.

Personnellement, j’ai du mal à ne plus penser à cette histoire et je communique à plusieurs personnes mon opinion sur le fait que cela reste une bombe à retardement qui va nous exploser à la gueule. L’histoire traîne sans actions que je vois et je me dis même que j’ai du me tromper vu que rien ne bouge.

Le texte de T sur Indymedia Nantes le 7 décembre et l’expulsion de U

Puis tout explose avec un texte de T publié sur Indymedia Nantes. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que je comprends un peu mieux mes erreurs et mes merdes ainsi que les erreurs de l’ancienne équipe de médiation. Je traverse alors des phases de tristesse et de colère envers mon groupe affinitaire qui m’a souvent mis des bâtons dans les roues pour prendre au sérieux la situation.

Au final, U est expulsé lors d’une réunion extraordinaire. Je n’arrive pas à aller à cette réunion, j’hésite longtemps à lui dire toute ma haine et ma colère pour son foutage de gueule, son harcèlement de T, et son irrespect de l’énergie collective mise pour le soutenir. Je pense à le faire soit de manière interpersonnelle soit pendant la réunion extraordinaire et finalement, je n’arrive pas à trouver l’énergie.

Erreurs et améliorations possibles pour de futures gestions de conflits

Personnellement, je considère que les regrets et l’auto-culpabilisation ne sont pas des réactions saines et n’amènent rien de positif. Difficile pourtant de les éviter. Je vais essayer maintenant d’analyser où je pense avoir commis des erreurs et comment je vois des améliorations possibles collectives et personnelles.

Liste de quelques erreurs commises personnellement ou collectivement

  1. Ne pas avoir lancé de démarches collectives plus tôt et sous-estimé la gravité des faits.
  2. N’avoir compris que trop tard la gravité des faits de harcèlement et n’avoir parlé que de dépassements de limites.
  3. Ne pas avoir bien inclus de personnes hors du groupe affinitaire lors de la médiation de la dernière chance.
  4. Avoir lâché totalement l’affaire en cours de route sans organiser de relais. Cela a laissé la situation pourrir et forcer T à prendre encore une fois de son énergie pour écrire son texte afin qu’on prenne collectivement en charge la situation grave qu’elle vivait et qui la déprimait énormément.
  5. Ne pas avoir annoncé publiquement l’existence de cette histoire et des initiatives qui ont été prises et par qui.
  6. Avoir promis à T une expulsion en laquelle je n’étais pas complètement convaincu et avoir trahi ma parole.
  7. Avoir accepté trop facilement de me décharger de cette affaire en me reposant complètement sur l’énergie de la victime pour relancer une procédure d’expulsion alors qu’elle était déjà épuisée mentalement par la situation et qu’elle n’était probablement plus en capacité de le faire.

Est-ce que c’était une erreur de ne pas organiser l’expulsion directement après l’avoir promis ? Pour moi, l’erreur principale à ce moment est de ne pas comprendre suffisamment la réalité du harcèlement et la violence que T subit. Je n’arrive pas alors à convaincre les personnes qui me disent qu’on ne peut pas expulser U pour juste s’être assis plusieurs fois à côté de T. Intérieurement, je ne suis pas convaincu du bien-fondé de l’expulsion même si je pense politiquement qu’elle est nécessaire. Cette non-conviction intérieure m’aura empêché personnellement d’agir suffisamment efficacement sur cette histoire et aura fait que je vais la laisser pourrir et que je me laisse convaincre facilement par d’autres personnes de moins agir.

Améliorations possibles pour l’avenir :

  1. Annoncer publiquement l’existence d’une médiation entre personnes et qui s’en charge permet d’une part de préparer le terrain en cas de complications (éviter l’effet de surprise de découvrir d’un coup un truc énorme) et d’éviter plein d’initiatives personnelles qui ne se coordonnent pas entre elles.
  2.  Surveiller son état physique et mental pour arrêter à temps c’est-à-dire avec suffisamment d’énergie pour trouver du relais et l’organiser proprement.
  3. Discuter longtemps des faits et réfléchir collectivement avec des regards extérieurs, en dehors d’un groupe affinitaire, pour bien saisir les enjeux de la situation. Dans le groupe affinitaire où j’étais, nous avons minimisé la violence subie par T.
  4. Mieux soutenir la victime. T ne voulait plus entendre, avec raison, parler de cette histoire et elle s’est retrouvée sans soutien en dehors de petits groupes affinitaires en qui elle s’était confiée.
  5. Mettre en place un groupe de soutien uniquement pour les personnes se trouvant au milieu de conflits interpersonnels. Cette position est particulièrement éprouvante car l’on doit écouter les deux versions et se retrouver déchiré.es entre des intérêts contraires tout en prenant des décisions difficiles pour trouver comment avancer. Ce groupe de soutien pourrait aussi servir de relais en cas de crise.
  6. Mieux apprendre l’histoire personnelle de l’agresseur pour réfléchir à des propositions adaptées à son parcours de vie. Finalement, je n’ai jamais su qui était U et son parcours et peut-être que nos tentatives de le raisonner et de le faire arrêter son harcèlement ont échoué à cause de ça.

Toutes mes excuses à toi, T. pour avoir merdé dans cette histoire. Je suis sincèrement désolé de n’avoir compris que beaucoup trop tard la violence de ton harcèlement et que nos erreurs collectives et individuelles t’aient autant fait souffrir.

Un zadiste

Illustration extraite de la brochure À la conquête d’Hétéroland.

PS : Je tiens à écrire un petit texte sur la raison pour laquelle je n’utilise pas les mêmes mots que T, c’est-à-dire agression sexuelle et1 transphobe, pour décrire la situation. C’est une discussion qui est revenue souvent sur zone lors de décisions d’expulsions où des personnes choisissaient de protéger la victime en ne parlant pas des faits mais en utilisant uniquement les mots de la victime pour décrire la situation.

Je considère que le pouvoir de nommer les choses avec ses propres mots est extrêmement puissant et qu’on ne peut pas le retirer aux gens sans les dominer intellectuellement. En utilisant des mots différents que T., je ne nie pas qu’elle ressente avoir subi cela, j’utilise juste mes mots pour mieux appréhender l’histoire et réfléchir. Si j’utilisais ses mots sans connaître les faits, je ne pourrais pas réfléchir réellement à l’histoire car l’on m’aura coupé dans la phase initiale d’une réflexion, c’est-à-dire le fait de nommer moi-même ce qu’on me dit. Pour moi, demander un avis à quelqu’un en lui demandant de reprendre les mêmes mots que la victime et sans lui donner les faits, c’est demander une parodie d’avis et lui faire perdre du temps pour approuver quelque chose de décidé d’avance par le choix des mots que l’on a posé.

1: une erreur factuelle importante était dans la première version de ce texte. T n’a jamais parlé d’agression sexuelle pour désigner ce qu’elle a subi.

PPS : Chronologie personnelle détaillée de l’histoire entre U et T

9 octobre : Première altercation entre U et T
9 octobre – 7 novembre : diverses altercations entre U et T et tentatives de médiation interpersonnelles
Samedi 7 novembre : Soirée où je commence à m’investir dans l’histoire
Lundi 9 novembre : Discussion avec T
Mardi 10 novembre : Discussions avec les ancien.nes médiateur.ices
Mercredi 11 novembre : Première réunion d’écoute avec U
Jeudi 12 novembre : Deuxième réunion avec U
Jeudi 12 novembre nuit : Discussion bourré avec T
Vendredi 13 novembre matin : Ecriture de la lettre à T remise le même jour à midi
Samedi 14-Dimanche 15 novembre : Pause repos de mon côté
Lundi 16 novembre : Dernière tentative d’investissement sur cette histoire
16 novembre – 2 décembre : Désinvestissement de cette question
2 décembre : Texte de T sur Indymedia Nantes
6 décembre : réunion extraordinaire qui décide de l’expulsion avec suivi de U
9 décembre : Départ de U

Personne recherchée

L’anonymat nous protège toustes (relativement)

L’anonymat, pourquoi est-ce si important pour moi, et pour les autres ? Face à l’offensive généralisée du gouvernement contre l’opposition politique et les récents décrets généralisant la surveillance des militant·es, il est plus que jamais nécessaire de rappeler quelques fondamentaux en matière de sécurité.

L’idée de ce texte nous est venue suite à plusieurs événements qui ont révélé une certaine méconnaissance de la culture de sécurité. Il y a quelques mois avait lieu un événement public sur la ZAD du Carnet, au cours duquel de nombreuses personnes extérieures étaient venues aider pour les chantiers, ou simplement pour visiter les lieux. C’est à la fin du weekend qu’une copaine découvrit avec stupeur qu’une personne, non étrangère à la ZAD et ses codes, paradait sur les réseaux sociaux en affichant clairement son visage, son nom et le lieu dans lequel elle se trouvait. Contactée par la suite, elle justifia son geste par le fait qu’elle ne mettait personne d’autre en danger qu’elle. Il y a quelques semaines, une camarade nous fit part de son désir de laisser tomber son identité fictive au profit de son identit
é réelle. La semaine dernière on découvrait les papiers d’une copaine, en évidence dans un lieu collectif très fréquenté de la ZAD. L’intéressée avait disparue et n’était pas joignable. Les anecdotes de ce genre ne manquent pas. On ne le répétera jamais assez : l’anonymat, c’est important. Pour soi, et pour les autres. Tentons ici d’expliquer pourquoi.

Tout d’abord, coupons court au discours qui persécute l’anonymat et encourage à clamer haut et bien fort son identité. Ce discours est habituellement tenu par les chef·fes, politicien·nes et personnalités médiatiques. En bref, les personnes de pouvoir qui ne connaissent que de très loin la répression et les risques qu’encourent les opposantes politiques. Parler et agir publiquement, sans couverture, est un privilège. On peut très bien appartenir à la classe dominante et faire jouer ce privilège en faveur de la lutte, mais ayons conscience que beaucoup n’ont pas cette chance. Les mouvements de désobéissance civile le savent bien et usent de ce privilège à des fins stratégiques. Il n’y a aucune vision stratégique dans le fait de laisser traîner ces affaires ou de faire le kéké sur Instagram.

Pour la grande majorité des opposant·es politiques, agir sans couverture est un danger. Dans cet excellent article la Quadrature du Net revient sur les trois derniers décrets en matière de « sécurité publique » et leurs implications pour les militant·es. Pour résumer grossièrement, le fichage des opposant·es politique est étendu et automatisé. Un·e militant·e aura droit à sa fiche si on peut prouver des liens avec des « groupements », comme les ZAD ou les manifestations, quand bien même iel n’aurait rien fait d’illégal. Ce fichage pourra être automatiquement complété par les informations trouvées sur les réseaux sociaux ou des prises de vue aérienne par drone. Dorénavant, un simple passeport qui traîne et vous voilà aussitôt dans les fichiers de renseignement de la gendarmerie. En effet, nous avons de fortes chances de penser que des indicateurs nous côtoient quotidiennement pour informer les services de renseignements.

Vous n’avez rien à cacher ? Pour vous convaincre du contraire, n’hésitez pas à visionner l’excellent TED talk de Glenn Greenwald sur l’importance de la vie privée. Sachez que même si vous êtes irréprochable aux yeux de l’État aujourd’hui, cela pourrait vous retomber dessus à l’avenir. On retiendra le célèbre adage : « être contre la vie privée sous prétexte qu’on n’a rien à cacher a autant de sens qu’être contre la liberté d’expression sous prétexte qu’on a rien à dire ». En outre, sachez que votre posture morale ne vous protégera pas. L’État vous traquera, non pas parce que vous êtes une mauvaise personne, mais parce que vous menacez ses intérêts.

Enfin, se moquer éperdument de l’anonymat est une démarche égoïste qui fait peser un risque non négligeable sur le collectif. En révélant publiquement votre identité, vous vous transformez en cible pour d’éventuels indics. En effet, le dernier décret relatif à la prévention des atteintes à la sécurité publique autorise le fichage de personnes appartenant à l’entourage de la personne ciblée. Se faisant vous vous mettez en danger, mais vous mettez également en danger votre entourage (famille, copaines militantes, etc.). L’anonymat est garant d’une sécurité relative, qui permet de se faire confiance mutuellement et de ne pas tomber dans un climat de paranoïa généralisée.

En résumé, range tes papiers, garde-les sur toi ou trouve-toi une planque, utilise un blase et n’agit publiquement à visage découvert que dans le cadre d’une stratégie collective.

Personne n’est parfait, et commet des erreurs. La sécurité et l’anonymat ne sont jamais acquis, et jamais atteints. C’est un effort, un horizon. L’anonymat ne suffit pas mais il est nécessaire. C’est en le respectant du mieux qu’on peut que l’on minimisera les risques de surveillance et de répression. Si tu ne le fais pas pour toi (mais tu devrais, vraiment), fais-le pour les autres.

Total soutien aux 7 de Buisserate !

La criminalisation des luttes s’amplifie, de plus en plus inacceptable. Après les toulousains qui ont eu plusieurs mois de prison ferme pour du collage dans les rues de la ville, les sept de Buisserate se retrouvent avec une répression impressionnante, alors qu’ils n’ont même pas encore été jugés : assignation à résidence entre 20h et 7h, interdiction de quitter le territoire français ou de se rendre sur la commune de Saint-Martin-Le-Vinoux, obligation de pointer chaque semaine au commissariat et de trouver un emploi ou une formation, et interdiction d’entrer en contact les uns et unes avec les autres.

Soutien total aux amis ! Force et courage ! Ils ne nous arrêterons pas !


Tribune de soutien aux 7 mis.es en examen des jardins de la Buisserate

Dans la nuit du 4 septembre dernier, 6 personnes ont été interpellées en périphérie de Grenoble à Saint-Martin-le-Vinoux sur les jardins ouvriers de la Buisserate, qui étaient menacés par un projet immobilier. Après 60h de garde-à-vue, 5 perquisitions et des prises d’ADN parfois forcées, elles ont été mises en examen pour association de malfaiteurs, groupement en vue de commettre des dégradations, et intrusion sur un terrain privé en vue d’y habiter. Depuis, elles subissent un contrôle judiciaire extrêmement strict : assignation à résidence entre 20h et 7h, interdiction de quitter le territoire français ou de se rendre sur la commune de Saint-Martin-Le-Vinoux, obligation de pointer chaque semaine au commissariat et de trouver un emploi ou une formation, et interdiction d’entrer en contact les uns et unes avec les autres. Le 6 octobre, une 7ème personne a été mise en examen pour les mêmes faits et subit aujourd’hui la même répression.

Pourtant, leur seul crime commis dans cette affaire est d’avoir, et pour seulement certain-e-s d’entre eux, pénétré sur ces jardins. Ils et elles souhaitaient participer à la mobilisation autour de la défense de ce lieu en ouvrant, sur les jardins, un lieu de vie et d’échanges pour les habitant-e-s du quartier. À l’heure où l’artificialisation des sols et la destruction de la biodiversité mettent l’avenir de notre planète en péril, ce sont les personnes qui s’y opposent qui se voient criminalisées. Face aux impasses juridiques auxquelles la mobilisation a fait face, c’est toute une inventivité combative au service du Bien Commun qui est menacée par une procédure démesurée.

Nous, associations, syndicats, collectifs et organisations politiques, nous indignons de ces procédés, et souhaitons témoigner notre inquiétude sur l’avenir des mobilisations écologiques quand la justice réprime celles et ceux qui mettent leur vie en jeu pour l’avenir du monde qu’ils et elles habitent. Nous souhaitons témoigner notre soutien aux 7 personnes mises en examen, ainsi qu’à toutes les autres qui se battent pour la justice climatique.

Signataires

Alternatiba Grenoble, ATTAC France, Avenir des Terres, Citoyen pour le climat France, Citoyen
pour le climat Grenoble, Collectif anti-repression 38, Collectif Maison Besserve, Croche Pâte, Confédération Paysanne 38, Cultivons nos toits, Europe-Ecologie-les-Verts Métropole Grenoble, Droit Au Logement Grenoble, Désobéissance écolo Paris, Extinction Rebellion groupes Annecy, Grenoble, Lyon, France, Fridays For Futur Grenoble, Floraisons, France Nature Environnement Isère, France Nature Environnement France, La tambrouille, Ligue des Droits de l’Homme Grenoble, Le 38 – Centre social tchoukar, Le monde à l’envers, Les Amis de la Terre Isére, Les Jardins de la Buisserate, Partager c’est sympa, Solidaires Isére, NPA Jeunes, UCL Grenoble, Unef Isére, Vivre à Grenoble, ZAD du Carnet

Informations : https://avenirdesterres38.home.blog

Contact: collectif-soutien-6@riseup.net

En solidarité avec les militants de la forêt de Dannenröder, Zad allemande !

[en français ci-dessous]

Im internationalem Kampf vereint – stehen win solidarisch und Genossinnen im Dannenröder Forst
Wenn mit Polizeigewalt und staatlicher Repression versucht wird uns unsere Zufunkt und Freiheit zu nehmen, erstarken wir im gemeinsamen Widerstand.
Wir werden nicht stoppen ehe die Ketten des kapitalistischen Systems gebrochen, und die Fabriken ihrer zerstörischen Politik geschlossen sind!

Wir sind eurem Kamp täglich gefolgt; er hat uns motiviert und bestärkt weiter zu gehen
Dann bleibt stark!
unser Widerstand hat gerade erst begonnen

ZAD du Carnet

PS. schickt uns bier


Notre combat est international, nous sommes solidaires avec les militants de la forêt de Dannenröder ! La répression étatique et les violences policières ont frappé durement pour supprimer les libertés et réquisitionner les terres.

Nous n’arrêterons pas notre combat tant que les chaînes du capitalisme ne seront pas brisées et que les usines qui détruisent nos vies ne seront pas fermées.

La coopération est nécessaire pour agir collectivement. Nous suivons avec attention votre lutte qui est également la nôtre.

Danny, restez forts !
La solidarité n’a pas de frontières !

ZAD du Carnet

PS : envoyez-nous des mousses !


Pour en savoir plus sur le combat de la forêt de la Dannenröder

Le 10 novembre a commencé l’expulsion de la forêt de Danni, squattée depuis septembre 2019. De nombreux villages de cabanes perchées, toutes plus ingénieuses les unes que les autres, situées sur le couloir de construction du tronçon d’autoroute A49 sont attaquées et expulsées par la police. L’entreprise Deges a déjà détruit 85 hectares des forêt de Herrenwald, de Maulbache et de Dannenröder. Suite à des appels publics, environ mille personnes sont venues défendre la forêt mais suite à l’intervention quotidienne des flics, plusieurs personnes tombées de haut sont blessées, parfois gravement, beaucoup de personnes ont été arrêtées et quelques personnes sont jetées en prison, à l’isolement entre autres pour avoir refusé de donner leur identité.

En plein milieu de la crise sanitaire, l’entreprise de construction Deges n’hésite pas à procéder à la construction de ce tronçon d’autoroute qui risque de polluer des sources d’eau potable qui desservent 500 000 personnes dans la région. Dans un contexte de réchauffement climatique critique, la décision de l’Etat allemand de collaborer avec ce projet pour son profit provoquera la déforestation d’une partie de la réserve naturelle de la zone de Danni où plus de 1 000 hectares de terres sont cultivés depuis plus de 300 ans. En envoyant des centaines de flics occuper la zone, procéder à l’expulsion et à la déforestation en même temps, l’Etat se met comme toujours au service de ceux qui recherchent à tout prix à faire du biff sur nos vies.

Infos extraites de Squat.net : https://fr.squat.net/2020/12/04/foret-de-dannenroder-allemagne-appel-a-solidarite/