en marge dans les marécages

Nous sommes tous.tes des enfants du carnet. 
Je suis le bébé qui découvre un nouveau monde, 
un monde où on met des mots sur notre rage et sur nos rêves :
défendre et construire
combattre et inventer
pour mes yeux de bb c’était ça le carnet.
je vais aux ags
je joue aux mémo ri
entre les blazes et les codes
je compte sur mes doigts 
j’apprends à parler
dans les oustes et eur.euses
Le carnet me fait naître. 
Balade entre les roseaux
c’est la cour de récréation
tout m’apparaît merveilleux
étonnant
tout me fascine
des espaces en non mixité pour parler de patriarcat ?
Des brochures et atelier pour apprendre autrement et ailleurs qu’à l’université ?
Je découvre qu’une autre manière de vivre et de penser existe
et ca me donne de l’espoir
de l’energie.
Le carnet en fait c’est une micro société 
des gens qui prennent des initiatives
des gens qui inventent des maisons en forme de champignons
des gens qui pensent le soin d’une manière alternative 
des gens qui se disent que de laisser les poules en liberté c’est cool
des gens qui se nourrissent uniquement de galettes saint michel 
des gens qui crient acab
des gens qui font des pizzas de dingue
des gens qui s’emmerdent
des gens qui s’embrouillent
des gens qui font des balades en caddie
au carnet on a inventé et expérimenté des choses que je croyais unique 
que je croyais isolé
mais en fait au carnet on a fait des trucs de zadistes.
des brasero, des vigies épuisantes, des radios zads, des arpentages de textes, des ags trop longues, des départ cagoulé.e.s en team armé.e.s de bouts de guitoune qui traînent pour faire fuir les keuffs, des chorales, des wcs avec des A cerclés à la sciure avec jamais assez de sciure et qui s’écroulent quand y’a du vents, des médiations interminables de gestion de conflits, des frondes, chanté je suis fille de toto.
Je suis fille du carnet.
Je suis un enfant de zad.
Je suis un enfant d’occupation.
Le carnet a été ma porte d’entrée vers un monde de révolte, de colère.
Le carnet c’était expérimenter une vie commune sur un petit territoire
Occuper c’est proposer
Un bout de terre qui se fait menacer
et y’a des gens qui débarquent
en marge dans les marécages
et on parle, on patauge dans la gadoue
mais au moins on essaye, on existe.
On fait naître le carnet.
Le carnet c’est montrer qu’on peut vivre autrement
créer des outils pour vivre l’anarchie au quotidien
parce que nos états nations capitalistes patriarcaux coloniaux racistes n’ont aucun intérêt à nous les donner nous essayons.
imposer et vivre d’autres normes.
Maintenant on fait quoi ?
Pour que le carnet continue de vivre je crois qu’il faut continuer d’occuper et d’empêcher les états nations de privatiser et s’implanter en créant des espaces pour les enfants de demain. 
Pour que le carnet continue de vivre je crois qu’il faut continuer de chercher des moyens de faire collectif, avoir des pensées communes.
Le carnet m’a offert le goût de la découverte, le désir d’écouter l’autre avec humilité, de construire..
Pour moi aujourd’hui, rendre hommage au carnet,
rendre hommage à toutes les micros sociétés qui ont existé ,
toutes les zads et squats qui se sont fait expulser,
c’est s’inscrire dans une lutte globale pour la décolonisation des terres et des corps,
partout dans le monde, travailler à une lutte de libération internationale.
Les occupations et ré appropriations socialistes et ré affirmation d’un droit à la terre qui durent, 
le chiappas, le rojava et tant d’autres,
mais celles aussi éphémères, 
car elles s’inscrivent dans une lutte plus grande,
car elles ouvrent des portes
car elles essayent.
Des carnets partout et pour toujours !

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