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Pistes pour la gestion de conflits à échelle collective

Ce texte raconte un bout de ma vie sur la zone quand j’ai participé à la gestion d’un conflit sur la Zad du Carnet. J’essaye d’y présenter ce que je savais, ce que j’ai fait et comment je l’ai vécu puis d’en tirer des leçons pour l’avenir en analysant mes erreurs et en les assumant publiquement. Ce texte parle de la même histoire que l’article Zad de merde publié sur Indymedia Nantes.

Les conflits existent partout, sur la Zad ou ailleurs car nous sommes toustes construit·es socialement et que la déconstruction face aux oppressions systémiques (sexisme, classisme, transphobie, racisme, etc.) n’est pas facile et accessible à toutes. Dans un collectif comme celui de la Zad, la gestion de ces conflits est importante politiquement afin d’apprendre à construire ensemble une autre façon de vivre. Il s’agit d’un apprentissage jamais terminé.

Dans une histoire comme celle que je vais raconter, chaque personne impliquée a une pièce d’un puzzle. Ce que j’écris là n’est que ma pièce de ce puzzle. Je ne prétends pas qu’il s’agit de la vérité ni des faits objectifs, mais ma vision subjective d’une situation complexe dans une démarche aussi sincère et honnête qu’il m’a été possible de faire. Il me semble important de préciser dès le début de ce texte que je suis un mec cisgenre hétéro, que T est une personne trans et U un mec cisgenre.

Chronologie simplifiée utile pour la lecture du texte

Une chronologie plus détaillée se trouve à la fin.
9 octobre – 7 novembre : diverses altercations entre U et T et tentatives de médiation interpersonnelles par d’autres personnes
Samedi 7 novembre : Soirée où je commence à m’investir et début de mon histoire
7 novembre-16 novembre : Diverses tentatives personnelles pour aider sur le conflit entre U et T
16 novembre-9 décembre : Désinvestissement personnel du conflit et fin

La découverte du conflit entre U et T : soirée du 7 novembre

De mon côté, tout commence lors d’une soirée alcoolisée où 2 personnes en viennent de nombreuses fois quasiment aux mains sur la piste de danse. Je décide alors d’intervenir pour aider une amie, T, à se débarrasser d’un gars relou U. Elle me fait alors part de sa colère et de sa décision ferme de faire expulser U de la Zad du Carnet. J’apprends à ce moment quelques détails de l’histoire entre U et T qui me semblent graves et je lui promets de m’occuper de l’expulsion de U.

Les faits que me communique T et ses demandes (9 novembre)

Le surlendemain, sobre et reposé, nous discutons avec une troisième personne de cette histoire. Nous nous lançons alors dans ce que nous appellerons une procédure de médiation, mot probablement mal choisi. Les faits qui me sont communiqués à ce moment-là sont :

  • Une première altercation la soirée du 7 octobre où U, bourré, s’acharne sans raisons sur T, l’insulte et l’intimide physiquement.
  • Suite à cela, T fait savoir à U qu’elle ne souhaite pas en faire une grosse affaire mais qu’elle ne veut plus aucun contact entre elle et U via une troisième personne de confiance.
  • Ensuite à au moins 4 reprises, cette demande ne sera pas respectée :
    • une fois où U s’assoit à la table de T et insiste plusieurs fois pour qu’iels « s’expliquent » ensemble.
    • une fois où U s’assoit à côté de T en AG et lui demande par 3 fois de discuter après des refus.
    • une fois où U. bourré s’allonge au fond du canapé où T est assise en soirée. T se lève et part de la soirée.
    • l’altercation à la soirée où U se fait expulser de la soirée 3 fois parce qu’il danse près de T de manière relou (contacts physiques, etc.).
  • ce que je considérais alors comme un détail sur lequel je ne suis revenu que bien plus tard, T me parle de regards insistants de la part de U dès qu’iels sont au même endroit.
  • à chacune de ces occasions, T demande à une nouvelle personne de confiance de parler à U pour réexprimer sa demande ferme que U ne l’approche pas

Aujourd’hui, je qualifie ces faits de harcèlement à caractère transphobe avec multiples intimidations physiques dont des contacts physiques non consentis. A l’époque où ces faits me sont communiqués, je parle de dépassements de limites posées clairement à multiples reprises mais je considère les faits pris séparément comme légers pour la plupart, à part pour l’histoire du canapé. Le détail des regards me semble extrêmement significatif aujourd’hui pour appuyer l’existence du harcèlement.

Pour T, l’affaire est close : de nombreuses médiations ont eu lieu et n’ont rien donné. La répétition montre qu’une prochaine médiation sera tout aussi inefficace et il n’y a pas d’autres sorties possibles que l’expulsion de U. Elle ne veut plus entendre parler de cette histoire et demande juste l’expulsion.

Rencontre avec l’ancienne équipe de médiation (10 novembre)

Suite à cela, nous décidons avec l’autre médiatrice de rencontrer l’ancienne équipe de médiation, c’est-à-dire tout les gens qui ont déjà une fois parlé à U de la part de T, c’est-à-dire 5 personnes pour leur demander leurs versions et leurs avis.

Il est important de préciser que moi, T et quasiment toute l’ancienne équipe de médiation font partie d’un groupe affinitaire assez proche à ce moment.

Ce groupe, sans T, est majoritairement opposé aux expulsions sur une Zad pour des raisons politiques. Nous souhaitons développer notre autonomie y compris dans la gestion de crises et renvoyer quelqu’un de la zone peut être considéré comme un aveu d’échec de notre volonté d’autonomie et comme un acte violent. D’autre part, il nous semble dangereux de n’accepter sur zone que des personnes ayant déjà réfléchi aux questions d’oppressions systémiques sans laisser le temps dont iels ont besoin pour se rendre compte des oppressions qu’iels font subir. Il me semble aujourd’hui que cet idéal politique où l’on arrive à gérer en autonomie les problèmes sur Zad est inatteignable en pratique mais intéressant à avoir comme ligne d’horizon.

Quand je rencontre les membres de cet ancien groupe de médiation, iels me disent :

  • qu’il n’y a encore eu aucune démarche collective mais seulement des initiatives interpersonnelles sur cette histoire,
  • qu’il est donc trop tôt pour valider une expulsion de leur point de vue,
  • que leurs interventions n’étaient probablement pas à la hauteur de l’enjeu et n’ont pas été faites suffisamment sérieuement. On me parle même d’une fois où un médiateur oublie de parler à U de la demande de T.

Il est important de noter à ce moment que dans toutes nos têtes, nous pensions à une expulsion récente de la Zad qui avait créé un trauma collectif et que cela serait dangereux de répéter ce trauma.

Iels me proposent alors de lancer une démarche collective à propos de U pour lui faire rentrer dans la tête que, là, la situation est extrêmement grave et lui proposer une dernière chance de changer, de respecter les demandes de T, d’arrêter de boire. Il est clair dans l’esprit de tout le monde que d’autres personnes sur la Zad pourraient décider d’une expulsion et l’effectuer.

Un ancien membre de la médiation affirme même à T, sur une initiative personnelle, qu’il s’opposerait à une expulsion non décidée collectivement alors que le but de leur discussion était qu’il présente ses excuses pour ne pas avoir pris assez au sérieux la situation.

Première réunion d’écoute de U (11 novembre)

Nous mettons en place cette médiation de la dernière chance pour U en deux temps : mercredi et jeudi (voir le récapitulatif des dates). Le mercredi nous nous réunissons à 9 avec U et nous exposons les faits et écoutons U de manière calme et posée pour lui laisser le temps de s’exprimer. Il nous dit à ce moment que :

  • cette histoire le travaillait depuis la 1ère fois et qu’il n’arrivait pas à passer à autre chose d’où les demandes répétées de contact,
  • qu’il avait depuis plusieurs années un problème avec l’alcool sur lequel il essaye de travailler,
  • qu’il ne se reconnaissait pas dans les faits commis et acceptait leur gravité et reconnaissait ses erreurs,
  • qu’il était dans une phase de transition dans sa vie et que la vie sur Zad lui faisait beaucoup de bien.

Deuxième réunion avec U : décision de U de s’exiler pendant une semaine (12 novembre)

Lors de la deuxième réunion, à 8 sans la nouvelle médiatrice qui n’est pas venue car le lieu de la réunion a été changé au dernier moment, nous avons décidé d’être beaucoup plus incisifs. J’ai appris récemment que la réunion avait changé de lieu car U ne s’était pas réveillé ce matin-là et que nous avons du aller à sa tente pour le réveiller et le trouver…

Nous lui expliquons que les faits sont extrêmement graves, que l’excuse de l’alcool est très loin d’être suffisante vu le nombre de fois où il s’est approché sobre de T, que l’expulsion est toujours possible et que l’évolution de la situation est urgente s’il veut s’en sortir sans expulsion. Il accepte ce qu’on lui dit et fait profil bas lors de cette réunion en restant dans un registre d’auto-culpabilisation. Il accepte d’aller pendant au moins une semaine s’isoler dans un lieu excentré de la Zad pour lire des brochures, réfléchir à ce qu’il a fait et écrire une lettre d’excuses à T qu’il nous confierait pour qu’on vérifie la sincérité de sa démarche.

Des personnes présentes à la réunion se proposent pour parler avec U de problèmes liés à l’alcool, de l’aider à écrire la lettre et de discuter avec lui pendant cette semaine. Il ne demandera pas d’aide à ces personnes sur ces questions.

J’apprendrai beaucoup plus tard que tout de suite à cette réunion, où j’ai porté le message le plus dur, il parle avec quelqu’une d’autre de présente et lui dit que j’ai légèrement abusé alors qu’il n’a jamais exprimé cela lors de la réunion. Ce n’est que le début de sa malhonnêteté et de son foutage de gueule.

12-13 novembre : discussion avec T et lettre à T

Le lendemain soir, nous discutons bien bourré·es avec T à deux. Le hasard fait que nous parlons de la médiation que j’ai entreprise avec U pendant bien deux heures. T me défonce alors en parlant de « médiation de merde » et qu’elle ne s’organisera plus jamais avec moi sur des questions féministes et que notre groupe affinitaire l’a trahie. Elle me dit qu’elle organisera l’expulsion de U en passant via un groupe en mixité choisie (sans mecs cis) J’essaye d’expliquer mes choix dans cette histoire, ce que je fais mal car j’avais de toute façon commis déjà beaucoup d’erreurs à ce stade.

Le lendemain matin, j’écris une lettre à T que je lui confie vers midi. Elle me dira plus tard qu’elle ne l’a pas lue et qu’elle ne la lira pas. Cette lettre avait été rédigée dans une démarche similaire à celle de ce texte.

13/11-07/12 : désinvestissement personnel du conflit entre U et T et non respect par U de ses promesses

Je prends ensuite une pause de deux jours car cette histoire m’a épuisé émotionnellement et que je n’en peux plus.

Je reviens le lundi 16 novembre en essayant de recapter des médiateur·ices pour faire le point. La personne extérieure avec qui j’avais commencé la médiation de la dernière chance me dit alors que T a décidé de régler ça en mixité choisie. Je suis alors bien content de me décharger mentalement de cette histoire et je me désinvestis totalement à partir de ce moment.

Je croise U plus tard qui me demande s’il peut retourner sur zone. Intérieurement, je m’énerve face à cette demande que je considère comme irrespectueuse car la semaine n’est même pas écoulée et je lui dis de faire ce qu’il voulait, qu’il prend ses propres décisions et que je ne veux plus trop entendre parler de cette histoire.

Un jour après, soit 3-4 jours après la promesse de U de s’exiler, je le vois sur zone s’amuser avec ses potes. Je ne pète pas un plomb sur le moment mais je bouillonne et je vais à un autre lieu de vie pour exprimer ma colère et prendre une décision collective de l’engueuler. La personne que je croise à ce moment, un ancien médiateur, me dit alors avoir vécu les mêmes émotions et qu’il a décidé avec un autre de laisser U tranquille, qu’on n’est pas des flics et que l’expulsion est maintenant inévitable et qu’on va le laisser assumer ses merdes. Je me range à ses arguments et ne fais rien.

Suite à cela, toute l’ancienne équipe de médiation se désintéresse de cette histoire et laisse pourrir la situation. Cela arrange le groupe de faire la politique de l’autruche pour plusieurs raisons : d’une part l’opposition politique aux expulsions fait que nous préférons ne pas l’organiser et laisser d’autres le faire, d’autre part nous avons besoin de repos.

Personnellement, j’ai du mal à ne plus penser à cette histoire et je communique à plusieurs personnes mon opinion sur le fait que cela reste une bombe à retardement qui va nous exploser à la gueule. L’histoire traîne sans actions que je vois et je me dis même que j’ai du me tromper vu que rien ne bouge.

Le texte de T sur Indymedia Nantes le 7 décembre et l’expulsion de U

Puis tout explose avec un texte de T publié sur Indymedia Nantes. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que je comprends un peu mieux mes erreurs et mes merdes ainsi que les erreurs de l’ancienne équipe de médiation. Je traverse alors des phases de tristesse et de colère envers mon groupe affinitaire qui m’a souvent mis des bâtons dans les roues pour prendre au sérieux la situation.

Au final, U est expulsé lors d’une réunion extraordinaire. Je n’arrive pas à aller à cette réunion, j’hésite longtemps à lui dire toute ma haine et ma colère pour son foutage de gueule, son harcèlement de T, et son irrespect de l’énergie collective mise pour le soutenir. Je pense à le faire soit de manière interpersonnelle soit pendant la réunion extraordinaire et finalement, je n’arrive pas à trouver l’énergie.

Erreurs et améliorations possibles pour de futures gestions de conflits

Personnellement, je considère que les regrets et l’auto-culpabilisation ne sont pas des réactions saines et n’amènent rien de positif. Difficile pourtant de les éviter. Je vais essayer maintenant d’analyser où je pense avoir commis des erreurs et comment je vois des améliorations possibles collectives et personnelles.

Liste de quelques erreurs commises personnellement ou collectivement

  1. Ne pas avoir lancé de démarches collectives plus tôt et sous-estimé la gravité des faits.
  2. N’avoir compris que trop tard la gravité des faits de harcèlement et n’avoir parlé que de dépassements de limites.
  3. Ne pas avoir bien inclus de personnes hors du groupe affinitaire lors de la médiation de la dernière chance.
  4. Avoir lâché totalement l’affaire en cours de route sans organiser de relais. Cela a laissé la situation pourrir et forcer T à prendre encore une fois de son énergie pour écrire son texte afin qu’on prenne collectivement en charge la situation grave qu’elle vivait et qui la déprimait énormément.
  5. Ne pas avoir annoncé publiquement l’existence de cette histoire et des initiatives qui ont été prises et par qui.
  6. Avoir promis à T une expulsion en laquelle je n’étais pas complètement convaincu et avoir trahi ma parole.
  7. Avoir accepté trop facilement de me décharger de cette affaire en me reposant complètement sur l’énergie de la victime pour relancer une procédure d’expulsion alors qu’elle était déjà épuisée mentalement par la situation et qu’elle n’était probablement plus en capacité de le faire.

Est-ce que c’était une erreur de ne pas organiser l’expulsion directement après l’avoir promis ? Pour moi, l’erreur principale à ce moment est de ne pas comprendre suffisamment la réalité du harcèlement et la violence que T subit. Je n’arrive pas alors à convaincre les personnes qui me disent qu’on ne peut pas expulser U pour juste s’être assis plusieurs fois à côté de T. Intérieurement, je ne suis pas convaincu du bien-fondé de l’expulsion même si je pense politiquement qu’elle est nécessaire. Cette non-conviction intérieure m’aura empêché personnellement d’agir suffisamment efficacement sur cette histoire et aura fait que je vais la laisser pourrir et que je me laisse convaincre facilement par d’autres personnes de moins agir.

Améliorations possibles pour l’avenir :

  1. Annoncer publiquement l’existence d’une médiation entre personnes et qui s’en charge permet d’une part de préparer le terrain en cas de complications (éviter l’effet de surprise de découvrir d’un coup un truc énorme) et d’éviter plein d’initiatives personnelles qui ne se coordonnent pas entre elles.
  2.  Surveiller son état physique et mental pour arrêter à temps c’est-à-dire avec suffisamment d’énergie pour trouver du relais et l’organiser proprement.
  3. Discuter longtemps des faits et réfléchir collectivement avec des regards extérieurs, en dehors d’un groupe affinitaire, pour bien saisir les enjeux de la situation. Dans le groupe affinitaire où j’étais, nous avons minimisé la violence subie par T.
  4. Mieux soutenir la victime. T ne voulait plus entendre, avec raison, parler de cette histoire et elle s’est retrouvée sans soutien en dehors de petits groupes affinitaires en qui elle s’était confiée.
  5. Mettre en place un groupe de soutien uniquement pour les personnes se trouvant au milieu de conflits interpersonnels. Cette position est particulièrement éprouvante car l’on doit écouter les deux versions et se retrouver déchiré.es entre des intérêts contraires tout en prenant des décisions difficiles pour trouver comment avancer. Ce groupe de soutien pourrait aussi servir de relais en cas de crise.
  6. Mieux apprendre l’histoire personnelle de l’agresseur pour réfléchir à des propositions adaptées à son parcours de vie. Finalement, je n’ai jamais su qui était U et son parcours et peut-être que nos tentatives de le raisonner et de le faire arrêter son harcèlement ont échoué à cause de ça.

Toutes mes excuses à toi, T. pour avoir merdé dans cette histoire. Je suis sincèrement désolé de n’avoir compris que beaucoup trop tard la violence de ton harcèlement et que nos erreurs collectives et individuelles t’aient autant fait souffrir.

Un zadiste

Illustration extraite de la brochure À la conquête d’Hétéroland.

PS : Je tiens à écrire un petit texte sur la raison pour laquelle je n’utilise pas les mêmes mots que T, c’est-à-dire agression sexuelle et1 transphobe, pour décrire la situation. C’est une discussion qui est revenue souvent sur zone lors de décisions d’expulsions où des personnes choisissaient de protéger la victime en ne parlant pas des faits mais en utilisant uniquement les mots de la victime pour décrire la situation.

Je considère que le pouvoir de nommer les choses avec ses propres mots est extrêmement puissant et qu’on ne peut pas le retirer aux gens sans les dominer intellectuellement. En utilisant des mots différents que T., je ne nie pas qu’elle ressente avoir subi cela, j’utilise juste mes mots pour mieux appréhender l’histoire et réfléchir. Si j’utilisais ses mots sans connaître les faits, je ne pourrais pas réfléchir réellement à l’histoire car l’on m’aura coupé dans la phase initiale d’une réflexion, c’est-à-dire le fait de nommer moi-même ce qu’on me dit. Pour moi, demander un avis à quelqu’un en lui demandant de reprendre les mêmes mots que la victime et sans lui donner les faits, c’est demander une parodie d’avis et lui faire perdre du temps pour approuver quelque chose de décidé d’avance par le choix des mots que l’on a posé.

1: une erreur factuelle importante était dans la première version de ce texte. T n’a jamais parlé d’agression sexuelle pour désigner ce qu’elle a subi.

PPS : Chronologie personnelle détaillée de l’histoire entre U et T

9 octobre : Première altercation entre U et T
9 octobre – 7 novembre : diverses altercations entre U et T et tentatives de médiation interpersonnelles
Samedi 7 novembre : Soirée où je commence à m’investir dans l’histoire
Lundi 9 novembre : Discussion avec T
Mardi 10 novembre : Discussions avec les ancien.nes médiateur.ices
Mercredi 11 novembre : Première réunion d’écoute avec U
Jeudi 12 novembre : Deuxième réunion avec U
Jeudi 12 novembre nuit : Discussion bourré avec T
Vendredi 13 novembre matin : Ecriture de la lettre à T remise le même jour à midi
Samedi 14-Dimanche 15 novembre : Pause repos de mon côté
Lundi 16 novembre : Dernière tentative d’investissement sur cette histoire
16 novembre – 2 décembre : Désinvestissement de cette question
2 décembre : Texte de T sur Indymedia Nantes
6 décembre : réunion extraordinaire qui décide de l’expulsion avec suivi de U
9 décembre : Départ de U

Total soutien aux 7 de Buisserate !

La criminalisation des luttes s’amplifie, de plus en plus inacceptable. Après les toulousains qui ont eu plusieurs mois de prison ferme pour du collage dans les rues de la ville, les sept de Buisserate se retrouvent avec une répression impressionnante, alors qu’ils n’ont même pas encore été jugés : assignation à résidence entre 20h et 7h, interdiction de quitter le territoire français ou de se rendre sur la commune de Saint-Martin-Le-Vinoux, obligation de pointer chaque semaine au commissariat et de trouver un emploi ou une formation, et interdiction d’entrer en contact les uns et unes avec les autres.

Soutien total aux amis ! Force et courage ! Ils ne nous arrêterons pas !


Tribune de soutien aux 7 mis.es en examen des jardins de la Buisserate

Dans la nuit du 4 septembre dernier, 6 personnes ont été interpellées en périphérie de Grenoble à Saint-Martin-le-Vinoux sur les jardins ouvriers de la Buisserate, qui étaient menacés par un projet immobilier. Après 60h de garde-à-vue, 5 perquisitions et des prises d’ADN parfois forcées, elles ont été mises en examen pour association de malfaiteurs, groupement en vue de commettre des dégradations, et intrusion sur un terrain privé en vue d’y habiter. Depuis, elles subissent un contrôle judiciaire extrêmement strict : assignation à résidence entre 20h et 7h, interdiction de quitter le territoire français ou de se rendre sur la commune de Saint-Martin-Le-Vinoux, obligation de pointer chaque semaine au commissariat et de trouver un emploi ou une formation, et interdiction d’entrer en contact les uns et unes avec les autres. Le 6 octobre, une 7ème personne a été mise en examen pour les mêmes faits et subit aujourd’hui la même répression.

Pourtant, leur seul crime commis dans cette affaire est d’avoir, et pour seulement certain-e-s d’entre eux, pénétré sur ces jardins. Ils et elles souhaitaient participer à la mobilisation autour de la défense de ce lieu en ouvrant, sur les jardins, un lieu de vie et d’échanges pour les habitant-e-s du quartier. À l’heure où l’artificialisation des sols et la destruction de la biodiversité mettent l’avenir de notre planète en péril, ce sont les personnes qui s’y opposent qui se voient criminalisées. Face aux impasses juridiques auxquelles la mobilisation a fait face, c’est toute une inventivité combative au service du Bien Commun qui est menacée par une procédure démesurée.

Nous, associations, syndicats, collectifs et organisations politiques, nous indignons de ces procédés, et souhaitons témoigner notre inquiétude sur l’avenir des mobilisations écologiques quand la justice réprime celles et ceux qui mettent leur vie en jeu pour l’avenir du monde qu’ils et elles habitent. Nous souhaitons témoigner notre soutien aux 7 personnes mises en examen, ainsi qu’à toutes les autres qui se battent pour la justice climatique.

Signataires

Alternatiba Grenoble, ATTAC France, Avenir des Terres, Citoyen pour le climat France, Citoyen
pour le climat Grenoble, Collectif anti-repression 38, Collectif Maison Besserve, Croche Pâte, Confédération Paysanne 38, Cultivons nos toits, Europe-Ecologie-les-Verts Métropole Grenoble, Droit Au Logement Grenoble, Désobéissance écolo Paris, Extinction Rebellion groupes Annecy, Grenoble, Lyon, France, Fridays For Futur Grenoble, Floraisons, France Nature Environnement Isère, France Nature Environnement France, La tambrouille, Ligue des Droits de l’Homme Grenoble, Le 38 – Centre social tchoukar, Le monde à l’envers, Les Amis de la Terre Isére, Les Jardins de la Buisserate, Partager c’est sympa, Solidaires Isére, NPA Jeunes, UCL Grenoble, Unef Isére, Vivre à Grenoble, ZAD du Carnet

Informations : https://avenirdesterres38.home.blog

Contact: collectif-soutien-6@riseup.net

Entretiens après l’annonce du Grand Port sur la suspension du projet

Quelques zadistes ont répondu aux questions suivantes :

  • Pourquoi s’être installé ici?
  • Comment recevez vous la décision du port de suspendre le projet?
  • Quel avenir/projets pour la ZAD du Carnet ?

L’automédia de la Zad vous propose une retranscription orale de cet entretien d’une heure. Les initiales ont été choisies semi-aléatoirement.

Pourquoi s’être installé ici ?

Z: Parce que j’ai jamais connu de ZAD auparavant et j’ai toujours voulu m’investir dans ce mode de lutte. J’ai toujours voulu connaître le mode de vie communautaire où je peux faire de la politique et en même temps découvrir des activités que je n’aurai pas pu faire autrement.

A: Je suis arrivée avec de la curiosité et je suis restée avec l’envie de m’impliquer dans l’autogestion et mettre les mains dedans pour expérimenter et lutter d’une nouvelle façon. C’est-à-dire passer de la théorie à la pratique et résoudre les défis du vivre ensemble sur une zone qu’il faut défendre perpétuellement.

D: Ce qui est super chouette ici, c’est qu’on peut essayer d’expérimenter une utopie concrète : allier une lutte qui nous tient à cœur, ici la défense d’un espace naturel, et une lutte qu’on trouve légitime. On peut marier ici une tactique d’action directe d’un blocage de travaux pour protéger le vivant avec une vie et une micro société qu’on crée. C’est super fort de pouvoir faire de l’action directe etd’expérimenter d’autres formes d’organisations. D’une part on essaye de vivre en autonomie et émancipée des dominations et oppressions du monde capitaliste et d’autre part on combat ce même monde. C’est une aventure que je trouve fantastique.

D: J’avais déjà expérimenté la lutte en ligne (de façon numérique) et je trouvais ça un peu trop théorique et je voulais expérimenter d’autres moyens de lutter concrètement.

U: C’était pas mal pour passer de la théorie à la pratique. J’étais déjà passé dans des ZAD mais jamais pour y vivre. Je voulais voir ce que c’est d’y vivre et voir tout ce que ça implique, et démystifier l’image du concept de ZAD, toutes les légendes et mythes autour et vivre pleinement l’expérience de la ZAD.

C: Moi j’ai fait beaucoup de théorie avant de faire de la pratique, c’est trop chouette. J’avais lu Kropotkine, Bookchin et j’avais l’impression que c’était un moyen de lutte hyper concret. J’avais plus de maison et maintenant c’est ici ma maison. C’est vraiment cool de vivre dans un espace partiellement libéré et ça donne vraiment l’impression d’être plus en accord avec ses idées ça fait éviter trop de dissonance cognitive.

A: C’est en soutien aux camarades en lutte contre la destruction du vivant par le capitalisme. Ça permet d’expérimenter un mode de vie émancipée du salariat et de construire ici et maintenant le communisme libertaire et l’anarchie.

R: Je voulais protéger les oiseaux.

N: Moi ça fait bien 2 ans que je réfléchis à vivre sur zone, j’ai un travail et tout. Ça fait assez longtemps que je tourne dans ce milieu là, quand j’ai arrêté mon boulot je cherchais une ZAD et j’en ai trouvé une. C’est un moyen de lutte que j’ai déjà expérimenté et que j’apprécie, je vois du sens concret à ce que je fais et voilà c’est ma vie.

E : Ça fait quelques temps que je fréquentais les ZAD et ce milieu d’écologie radicale, et je ne me retrouvais plus forcément dans l’écologie citoyenniste, gentillette. Et du coup il y avait ce besoin de vivre concrètement les idées que je porte et les expérimenter du vivre ensemble, comment on gère les conflits collectivement, comment on vit sans travail, avec moins d’argent, tout ça. Au delà des idées philosophiques qu’on peut porter. c’est un beau bordel mais c’est chouette comme bordel.

Comment vous recevez la décision du port de suspendre le projet ?

T: Méfiance. C’est l’occasion pour le grand port de verdir le projet et de se dire qu’il répond aux injonction/demandes du conseil scientifique et ça lui donne l’opportunité de justifier d’autant plus le projet auprès des acteurs économiques et politiques, et de l’opinion publique.

Z: C’est aussi l’occasion de mettre en pause un projet un peu pourri, dont ils ne savent pas où il va.

A: Je ne fais pas confiance au grand port qui ne considère pas comme « travaux » le fait d’éradiquer des baccharis au bulldozer c’est-à-dire de décaper la terre de 30cm au bulldozer.

D: C’est politique aussi. Le grand port maritime est gouverné par la présidente de la région qui est LR et le vice-président du grand port qui est PS, et c’est un moyen de botter en touche.

D: Même si c’est pas une vraie victoire c’est quand même un signe que notre occupation a un effet. Ça montre que le rapport de force paie et qu’ils le prennent en compte et qu’ils sont obligés de s’adapter.

Quel avenir/projets pour la ZAD du Carnet ?

U: ZAD partout.

C: La ZAD c’est pas seulement s’opposer à un projet en particulier mais c’est aussi s’opposer à un projet de société. Que le projet soit annulé ou pas ça ne va pas interrompre notre lutte. Par exemple : la répression policière, les oppression patriarcales, racistes, le basculement totalitaire, etc.

A: La ZAD c’est une représentation physique des luttes qu’on mène de manière générale. Que la ZAD existe ou pas les luttes persistent.

Quels liens vous avez avec d’autres luttes ?

R: Cette lutte est aussi la conséquence de liens entre différentes luttes. Les gens qui ont lancé cette lutte se connaissaient d’autres luttes. On est toujours en lien avec différentes luttes, ici en Loire-Atlantique, à Nantes, mais aussi à d’autres endroits.

N: On est en lien avec d’autres collectifs de lutte, après au niveau de ce qu’on défend on a des liens avec d’autres choses. C’est important la solidarité dans la lutte parce que c’est ça qui fait qu’on va gagner. L’idée ça serait de recréer une internationale écologiste anti-capitaliste.

E: Pour moi c’est vraiment sur les liens que l’on voit la force de la forme ZAD. C’est un lieu de passage où vraiment toutes les luttes peuvent passer. Le fait que les gens sachent qu’ils peuvent venir et lutter ça crée des liens directs, inter-personnels de gens qui sont de divers endroits. Le fait qu’on ait ce lieu physique ça permet de créer ces liens. C’est presque automatique, si t’as une ZAD t’as des liens qui se créent.

T: En participant à la vie de la ZAD on participe à construire la société après le capitalisme, et par conséquent on est en lien avec tous les mouvements dans le monde qui disent non au capitalisme.

Z: les liens avec les autres luttes c’est que justement c’est un point central de convergence. On expérimente tout ici, c’est une façon de lutter pour tout. En langage des oiseaux on peut décortiquer « lieu » en lie-eux. C’est quand on est ensemble qu’on peut faire des actions qui ont de l’impact.

A: Des tentatives de modèle autonomes, d’organisation autonomes affranchis du système. Les liens sont vachement idéologiques, on va pas se leurrer, on s’organise pas avec tout le monde.

D: Le coté internationaliste, avec la Guyane, la montagne d’or. On pense quand même à un coté qui va au-delà de l’océan atlantique.

D: Peut-être on peut aussi signaler que quand on va sur notre site internet on fait souvent des articles de soutient, donc c’est plutôt visible. On a fait une banderole de soutient pour Roybon, pour la commune de Rezé, pour les lycéens, etc.

U: L’autonomie politique elle est collective, on peut pas la faire dans notre coin on doit faire ça avec d’autres luttes avec lesquelles on est d’accord. On est pas obligé d’être d’accord sur tout mais ce conflit d’idées est aussi enrichissant.

Fête du Solstice à la Zad du Carnet le 21/12

Le 21 décembre sera le jour le plus court de l’année 2020, la nuit la plus longue, particulièrement ici où nous subissons peu de pollution lumineuse.

Le sablier se retourne, c’est la fin de l’année solaire, le début d’une nouvelle révolution.

Célébrons cette nuit et l’autre du premier jour de l’hiver autour d’un feu de joie, saisissons la réalité d’un accueil humain et chaleureux sur zone, plutôt que de s’embourber dans le consumérisme artificiel des fêtes de fin d’année.

Pour une année de plus, ce sera la chaleur humaine qui nous fera tenir face au froid et à l’absurdité de l’industrie. Nous nous tenons prêt.es pour cette vigie la plus longue, la Night Watch de la Zad du Carnet.

Ces quelques jours seront certainement l’occasion pour certain.es de retrouver leurs proches. À toutes les personnes, seules, isolées ou qui ne veulent pas fêter Noël, venez partager un grand moment de convivialité sur zone !

On parle de nous au Sénat !

Hier, on a eu la belle surprise de voir que la ZAD du Carnet devient un débat national :-) !

Au Sénat, lors de la session de questions au gouvernement, la sénatrice de Loire-Atlantique Laurence Garnier, après un petit speech, a posé la question « Quand évacuerez-vous la ZAD du Carnet ? »

On remercie Laurence d’avoir posé la question, nous n’osions pas le faire nous-même…

La réponse de Jean-Baptiste Djebbari, le ministre délégué en charge du transport, est la suivante. Après un récap’ de l’historique du projet :

« Le collectif Stop Carnet mène une contestation de ce projet d’aménagement et organise des manifestations qui ont réunit entre 20 et 200 personnes »
[…l’art des chiffres pour le gouvernement… Nous étions plus de 1000 à la dernière manifestation.]

« et à ce jour, une trentaine de personnes restent sur le site du Carnet »
[on a le droit de rire ? parce qu’ils passent presque tous les jours en hélico pour nous compter et ils savent qu’on est bien plus nombreux que ça :-D]
[à noter que le ministre n’utilise pas le mot ZAD, est-ce que ce mot leur fait peur ?]

« un moratoire d’une année a été annoncé le 4 novembre dernier par le Grand Port Maritime afin de compléter les études déjà réalisées, sans lever l’occupation du site. Raison pour laquelle d’ailleurs le bailleur a déposé plainte à juste raison pour violation de domicile. Le gouvernement appelle au respect du moratoire afin que les freins et les doutes sur le projet soient levés et qu’il puisse se dérouler de façon cohérente dans le respect de l’ordre public. »

Si on comprend bien cette langue de bois – pas très claire – le gouvernement appelle au respect d’un moratoire d’un an qui aurait lieu sans lever l’occupation du site. Sacré nouvelle !
Bon, déjà, on ne croit pas la parole du gouvernement, et puis, on ne risque pas de relâcher la pression.

En attendant la suite, on fini la construction des cabanes pour l’hiver, et on prépare des actions pour qu’on ne nous oublie pas à la fin du confinement…

Voici la vidéo de la question et de la réponse :

Humiliation, violence policière, incarcération : relaxe pour Sully !

Nous relayons ce communiqué du comité de soutien à Sully, camarade incarcéré depuis le 15 octobre et dont le procès aura lieu ce mercredi 26 novembre.

La destruction du Village du Peuple ce 15 octobre était illégale

Jeudi 15 octobre est un jour noir pour le Village du Peuple. Le lieu-dit la Petite Lande à Donges est occupé depuis plus d’un an et demi par des personnes venues défendre ce lieu et la nature environnante contre un projet de zone indsutrielle.

Ce corps de ferme se compose de bâtisses du 18ème siècle, de son four à pain en passe d’être restauré, de sa vieille presse. Il est entouré d’arbres multicentenaires, de chevaux qui pâturent librement, et enfin de 60 hectares de terres humides et arables destinés à la bétonnisation par la communauté de communes de Saint-Nazaire, la CARENE.

Au petit matin, ce sont plusieurs centaines de gendarmes mobiles qui déferlent sur le lieu en hurlant, matraque au poing. Le lieu est envahi en quelques minutes de forces de l’ordre masquées et casquées. Les élus du secteur sont conviés à la destruction programmée, le sous-préfet lui-même supervise sur les lieux l’opération. La brigade canine en treillis militaire sillonne les lieux. L’hélicoptère est déployé. Les drones survolent en continu l’opération. Darmanin lui-même se fendra d’un tweet vantant l’opération en cours.

L’opération d’expulsion et de destruction mobilisera les forces de l’ordre jusqu’à une heure avancée de la journée. C’est un dispositif énorme qui est déployé pour déloger la vingtaine d’occupants écologistes. Ceux-ci se retranchent pourtant pacifiquement sur les toits et les palissades sans manifester aucune résistance. Les pelleteuses attaqueront ensuite en toute illégalité la destruction méthodique de tous les bâtiments, empêchant ainsi toute réoccupation. Le permis de destruction venait d’être déposé et restait donc contestable.

Destruction illégale, plaques immatriculation masquées, utilisation d’engins de chantier pour déloger les occupants, les irrégularités de l’opération sont nombreuses.

Le récit des violences policières sur Sully

Mais le déploiement d’une écrasante armée de forces de l’ordre ne suffit pas à satisfaire l’orgueil du pouvoir exécutif. Il faudra y ajouter l’humiliation. C’est une humiliation grave que subira notre camarade Sully, le premier à être délogé par les cordistes de la gendarmerie. La scène est filmée et deviendra virale sur les réseaux (cf https://www.facebook.com/2090939627641088/videos/703803533565008). Les faits, l’attitude indigne et dangereuse des forces de l’ordre sont inconstestables. C’est bel et bien un déchaînement de violence policière à laquelle nous assistons en direct. L’issue aurait très bien pu être fatale à notre camarade si il n’avait été assez solide pour encaisser les violences qu’il a subi.

Sully est rapidement encerclé par 5 gendarmes mobiles. Après lui avoir porté quelques coups, les forces de l’ordre lui écrasent le corps et le visage sur la palissade sur laquelle il est perché. On l’entend prévenir à plusieurs reprises : « Je ne peux pas respirer. Je ne peux pas respirer… ». Notre camarade finit par perdre connaissance. Rien, absolument rien dans son attitude ne justifiait l’emploi de telles méthodes de la part des gendarmes. Il s’agit d’une pure démonstration de force et d’orgueil de la part de ceux-ci. Mais les sévices que subira Sully ne s’arrêtront pas là ! Les gendarmes déjà en surnombre appelleront en renfort pour le déloger… une pelleteuse ! S’ensuit une scène qui fera le tour des réseaux sociaux.

Pendant de longues minutes on voit les 5 gendarmes, dont 2 sont perchés sur la pelle de la pelleteuse, tendre méthodiquement une corde à celle-ci et ligoter notre camarade au niveau du torse et des mains. Les gendarmes perchés donnent l’ordre de lever la pelle. Notre camarade, pourtant encerclé et dans une attitude totalement pacifique, se retrouve pendu dans les airs de longues minutes, telle une carcasse qu’on s’apprête à dépecer. Strangulé par la corde et à demi-conscient, on l’entend nettement gémir de douleur et il perdra à nouveau conscience. Pour finir, l’opération se solde par un échec ! Probablement conscientes du danger encouru, les forces de l’ordre ordonnent l’abaissement de la pelle, et finissent par débarquer manuellement notre camarade toujours inconscient.

Une fois au sol, il sera allongé jambes en l’air en position de sécurité par les gendarmes. Ceux-ci resteront près de lui longtemps alors qu’ilreprend lentement ses esprits. Au bout de longues minutes, on le verra réémerger et se redresser toujours encerclé par des dizaines de gendarmes.

Suite aux violences policières, l’acharnement judiciaire

Malheureusement notre camarade continuera de subir la vindicte policière, s’y ajoutera celle de l’institution judiciaire ! Sully est transféré à la gendarmerie de Saint-Nazaire où il est placé en garde à vue. Il est déféré le lendemain en comparution immédiate pour un chef d’inculpation hallucinant au vu des faits, et ne justifiant pas d’habitude de telles mesures, celui de rébellion. Rébellion d’un militant pacifique contre plus de 300 gendarmes suréquipés, le ridicule ne semble pas atteindre le pouvoir exécutif.

Au tribunal, Sully demandera un délai pour pouvoir consulter son dossier et préparer sa défense. Malgré une attestation d’hébergement et une promesse d’embauche dans la région, le tribunal choisira de le placer en détention jusqu’au procès, qui doit se tenir le 26 novembre. Plus d’un mois d’incarcération ! Le scandale judiciaire s’ajoute à la violence policière. Humiliation publique puis incarcération, voilà le sort que réserve les institutions à ceux et celles qui défendent le patrimoine commun, notre environnement.

Nous appelons à ne pas laisser faire et à dénoncer de telles méthodes dignes des systèmes totalitaires. La barbarie dont ont fait preuve les forces de l’ordre à l’égard de notre camarade doit être dénoncée et sanctionnée. Nous annonçons dès à présent qu’une plainte sera déposée pour rendre justice et dignité à notre camarade.

Une cagnotte en ligne est constituée pour l’aider face aux frais qu’entraînera pour lui cette affaire. Cotisez si vous le pouvez. Sully est d’origine populaire, il n’aura que le soutien que nous saurons lui apporter.

Surveillez la page facebook du Village du Peuple pour vous tenir informés des événements de soutien qui pourront être organisés d’ici le 26 novembre.

Soyons solidaires face à la répression et aux humiliations policières !

Soyons la vie qui se défend !

Comité de soutien à Sully

Appel à se rendre à la manifestation de soutien du 26 novembre

Jeudi 26 novembre, à 14h aura lieu le procès de notre camarade Sully.

Le rassemblement a été déclaré en préfecture par l’association NDDL Poursuivre Ensemble. Vous pouvez donc normalement venir sans craindre d’être verbalisé en imprimant et en remplissant cette attestation.

Nous appelons celles et ceux qui veulent lui manifester leur soutien à se rassembler à l’extérieur du Tribunal de Grande Instance de Saint-Nazaire ce jour-là.

Sully aura déjà fait un mois de détention ferme à l’issue de son arrestation. 1 mois pour « rébellion », face à 300 gendarmes suréquipés (sic !). Un mois ferme après avoir été pendu à une pelleteuse, à demi-conscient, devant les caméras. L’arrogance du pouvoir à dominer et humilier toutes formes de contestation, même les plus pacifiques, est incroyable !

Sully n’aura qu’un soutien : celui que nous saurons lui manifester. Le tort fait à un militant de la cause est un tort fait à tous. Si nous restons inactifs face à de tels comportements des forces de police, c’est un boulevard qui s’ouvre pour l’instauration d’un régime de terreur policière et judiciaire.

Sully doit être libéré sans délai ! Malgré les conditions difficiles actuelles, nous nous devons d’être là pour le soutenir et l’accueillir à sa sortie.

Solidarité avec tous les défenseurs du vivant !

https://expansive.info/Humilitation-violence-policiere-puis-incarceration-Relaxe-pour-Sully-2463

Tentative de traduction de gazouillis d’un phragmite des joncs du coin

Pourquoi humains toujours
Détruisez-vous les joncs et les saules de nos nids ?
Nous ne réclamons rien
Que des joncs et des saules
Et des buissons touffus
Pour nos oisillons nus.

Déjà quand l’hiver vient
Suivant les lignes de pôles
Nos becs nourriciers
Peinent…
— Mais nous chantons quand même !

Les larves et les insectes savoureux
— de même que nos propres aïeux —
Sont ores bien moins nombreux…

Et des saules et des joncs
De nos nids nouveaux
Encore
Souhaitez-vous nous priver ?

Pour nous défendre de vous
— plumes, becs, ailes, enfants —
Nous n’avons rien…
Même nos chants, nos gazouillis, nos sifflements
Ne vous souviennent plus
Que nous sommes vivants…

Vivants !
Encore…
Quand vos actes souhaitent nos morts…

Pourtant
Nous ne réclamions rien
Que des joncs et des saules
Et des buissons touffus
Pour nos oisillons nus.

Image d’un Phragmite des joncs par Gabriel Buissard CC-BY-SA 3.0 (trouvée sur Wikimedia Commons)