Dispositif policier très important à Paimboeuf (PSIG et 8 camions) et des interpellations ont été effectuées.
Cette forte répression s’inscrit dans un climat délétère et terrorisant pour toutes les luttes sociales et écologistes. Après des violences physiques et verbales sur des zadistes par une milice, c’est la violence répressive qui s’abat sur le Carnet.
Rendez-vous à la ZAD du Carnet autant que possible pour apporter soutien présentiel et moral !
Merci de bien vouloir partager auprès de vos réseaux et nous vous apporterons des compléments d’informations dès que nous le pouvons.
Les maires des communes voisines de la ZAD du Carnet ont saisi le tribunal administratif de Nantes pour demander, une fois de plus, son expulsion. Nous réaffirmons la nécessité de notre présence et appelons les riverain·es à venir sur place en discuter avec nous.
La demande d’expulsion de la ZAD du Carnet de la part des maires des communes voisines la semaine dernière a été rejetée par la préfecture, considérant certainement le manque d’arguments favorable à notre expulsion. Cependant, les maires relancent une procédure administrative en référé qui met de nouveau les occupant·es de l’île face au risque d’expulsion.
L’argument principal avancé est l’occupation de la route départementale d’accès au site, alors que l’accès était déjà bloqué depuis des années, par le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN) par des blocs de pierres puis une clôture, avant l’installation d’un portail à code. Doit-on rappeler aussi que ces élus qui s’insurgent de la présence d’une Zone à défendre sur leur territoire, n’ont eu aucun scrupule à imposer un projet d’aménagement sur l’île du Carnet sans consulter, ni même informer leurs populations depuis plus de 10 ans ? 1
L’occupation de l’entrée au site depuis fin août continue de sensibiliser aux intentions du Grand Port. Elle a d’ailleurs déjà abouti sur le report de ce projet d’aménagement reconnu publiquement comme absurde via le moratoire d’un an et la relance des analyses sur la richesse des écosystèmes de l’île.
La vie qu’on mène au Carnet est certes critiquable mais en attendant on défend cette zone pleine d’oiseaux et franchement vous avez vu la gueule de l’estuaire Nord Loire ? Concernant les « dégradations », nous interpellons l’intercommunalité sur le fait qu’aucune solution n’ait été proposée pour l’enlèvement des déchets ménagers des centaines de personnes qui vivent sur zone.
Tant que le projet ne sera pas abandonné complètement, nous continuerons de nous battre pour préserver l’île du Carnet, et continuerons d’alerter sur les conséquences de l’industrialisation de l’estuaire de la Loire. Nous invitons comme dans nos derniers communiqués toutes les personnes se questionnant sur l’intérêt de la présence d’une ZAD, à venir en discuter avec nous, sur place ou lors des marchés et autres évènements que nous organisons, pour avancer vers une cohabitation paisible entre la ZAD et les riverain·es.
Nous restons vigilant·es face à ces menaces d’expulsion et affirmons notre solidarité pour les personnes et les collectifs qui en sont victimes.
La Zad du Carnet lutte contre un projet industriel. Ce document présente un bref historique du projet et des raisons pour lesquelles nous nous opposons à celui-ci en habitant sur la Zad.
L’île du Carnet est particulièrement riche en biodiversité. Elle se situe sur un couloir de migration, abrite 116 espèces protégées, est en grande proportion composée de zones humides et possède une grande diversité d’habitats. Mais le grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire a pour projet de bétonner 110 hectares de l’île. Pour ce faire, le préfet a signé des dérogations aux lois sur l’environnement. Or ces lois sont déjà peu contraignantes et proposent des mécanismes absurdes comme la notion de compensation.
1. L’île du Carnet et le projet d’extension du Grand Port
1.1. Présentation de l’île du Carnet
L’île du Carnet est une île de l’estuaire de la Loire, séparée du continent par un bras de Loire, le bras du Migron.
Dans les années 70, EDF projetait d’y installer une centrale nucléaire. Des travaux de remblaiement pharaoniques ont eu lieu : le bras de la Loire a été comblé pour rattacher l’île au continent. Ces travaux ont duré plus de vingt ans. Suite à de fortes mobilisations populaires, le projet de centrale nucléaire a été abandonné en 1998.
Cette lutte a donné le temps à l’écosystème des 395 hectares du site de redevenir sauvage. Le site est aujourd’hui constitué d’une mosaïque d’habitats variés qui abrite des centaines d’espèces animales et végétales, dont 116 espèces protégées¹. Le reste de l’estuaire de la Loire étant déjà majoritairement artificialisé, le Carnet est également de l’un des derniers couloirs de migration des oiseaux².
EDF a revendu les terres au Grand Port Maritime de Nantes / Saint-Nazaire (GPMNSN) qui projette d’y installer un parc industriel « dédié aux éco-technologies marines ». Ce projet s’étendrait sur une surface de 110 hectares, dont 51 hectares de zones humides.
1.2. Les projets « clés en main » du gouvernement
Ce projet fait partie d’un ensemble de projets industriels dits « clés en main ».
Pour la petite histoire, fin 2019, Macron a réuni à Versailles les industriels du monde entier dans une rencontre nommée : « Choose France ». Il leur a demandé ce qu’il pouvait faire pour qu’ils viennent s’installer en France. Les industriels ont répondu qu’ils souhaitaient pouvoir construire plus facilement, sans passer par des années d’études avant d’implanter une industrie.
En janvier 2020, le gouvernement Macron a présenté les « sites clés en main ». Il s’agit de zones que l’État et les collectivités territoriales préparent en amont (recherches, études, etc.), artificialisées au frais du contribuable, pour que les entreprises puissent poser leurs valises dans un délai de 6 mois seulement. Au nombre de douze au mois de janvier 2020, les projets « clés en main » sont au nombre de 78 au mois d’août 2020.
Les termes utilisés sont clairs en ce qui concerne l’objectif : « faciliter les procédures administratives relatives à l’urbanisme, à l’archéologie préventive et à l’environnement » dans le but de « se délester des lourdeurs administratives françaises pour attirer les investisseurs » et réindustrialiser massivement la France.
Il est impossible de faire une étude d’impact réaliste sur un site alors même que l’on ne sait pas quelles entreprises vont venir s’installer. Conséquence : les études sont faites à l’aveugle, et représentent une régression claire du droit de l’environnement. Selon Chloé Gerbier, juriste au sein de l’association « Notre Affaire à Tous » qui attaque l’État en justice sur différentes affaires environnementales, les sites « clés en main » représentent une régression du droit de l’environnement au niveau de celui des années 70³.
1.3. Les dérogations préfectorales (loi sur l’eau, rejet d’arsenic et dragage de la Loire)
Pour faciliter encore les choses, un décret publié le 8 avril 2020⁴ autorise les préfets à décider eux-même si un projet peut être considéré d’intérêt national. Ce décret permet aux préfets de signer des dérogations au droit de l’environnement et de santé publique sans en référer à quiconque (ce qui pose de gros problèmes en terme de séparation des pouvoirs).
Le site du Carnet est l’un des douze premiers sites « clé en main » du gouvernement. Il a obtenu une expérimentation des droits du préfet en 2017 pour déroger aux règles environnementales. Ces dérogations concernent notamment en ce qui concerne le dragage de la Loire, les rejets d’arsenic ainsi que l’autorisation de destruction de 24 espèces protégées⁵.
Une personne, une seule signature et on déroge à toute la législation qui a été mise en place au fil des ans. Magique !
Ce décret pose un certain nombre de questions. Ainsi qu’en est-t-il pour les 89 espèces protégées non prises en compte dans la dérogation préfectorale ? Il n’en est parlé nul part. Selon Chloé Gerbier, il est courant que certaines espèces ne soient pas prises en compte, mais un tel écart, entre celles prises en compte et celles qui ne le sont pas, est assez rare.
En ce qui concerne l’arsenic, les termes de la dérogation préfectorale sont techniques et nous avons besoin d’étudier plus précisément la question.
1.4 Les conséquences du dragage de la Loire
Draguer la Loire, cela signifie racler le fond afin récupérer les sédiments : soit pour les utiliser ailleurs (par exemple pour remblayer le bras du Migron ou pour rehausser la hauteur du sol), soit pour approfondir l’estuaire afin de faciliter le passage des bateaux.
La Loire est à la base un fleuve particulièrement large et marécageux. Il a été modifié au fil des décennies, voire des siècles afin de le canaliser et de faciliter le passage des bateaux.
Les immenses pleines marécageuses qui existaient auparavant – des zones humides donc – ont différentes fonctions écologiques. Elles permettent notamment la nidification de certaines espèces de poissons ainsi la présence de nombreuses espèces végétales qui dépolluent l’eau. Elles servent également de zones-tampon afin de réguler les crues du fleuve : elles captent l’eau en surplus permettant de limiter les inondations sur le reste des bords du fleuve.
Artificialiser les sols et draguer la Loire, cela a plusieurs impacts non négligeables sur l’estuaire. Le premier d’entre eux est la montée des reflux océaniques de plus en plus en amont de l’estuaire. Lors de la sécheresse de 2019, l’eau saline de l’océan est remontée à peu de choses près jusqu’au bassin de captage de Mauves-sur-Loire, le bassin principal d’approvisionnement en eau potable du département de Loire-Atlantique⁶. On était à deux semaines de ne plus avoir d’eau potable…
2. Les manquements à la réglementation en cours
2.1. Le site devrait être réalisé sur des terres déjà artificialisées
Au niveau du droit environnemental, la législation demande à suivre la séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC). Avant l’implantation d’un site industriel, la loi impose de chercher à minimiser l’impact écologique, c’est à dire : trouver un lieu déjà bétonné avant d’en bétonner un nouveau (« éviter », dans la séquence légale). Quinze sites avaient été pressentis pour ce projet d’extension du Grand Port, notamment des sites déjà artificialisés appartenant au Grand Port.
L’étude d’impact indique que le site du Carnet était le plus impactant au niveau environnemental⁷. Pourtant, c’est celui-ci qui a été choisi. Il n’aurait pas dû l’être. Le Grand Port a justifié ce choix par l’argument suivant : les besoins en espace sont énormes et il s’agit du seul site proposant un aussi grand espace d’un seul tenant.
Or, lors de l’appel à projet européen (lancé en automne 2019 et clôturé en décembre 2019), aucune entreprise liée aux énergies renouvelables ne s’est positionnée sur le site. Cela démontre que l’intérêt d’avoir un espace aussi grand n’était pas justifié. Le projet aurait pu être fait ailleurs sur un site moins impactant au niveau biodiversité.
Pourquoi le Grand Port souhaite-t-il réaliser ce projet spécifiquement sur le site du Carnet ? Il y a une raison politique : vouloir devenir l’un des plus grands ports européen. Et, pour cela, il faut avoir une vitrine verte qui en impose. Ce projet d’énergies marines renouvelables, c’est pour le côté « greenwashing » qui doit être resplendissant. Il y a aussi un aspect stratégique. Hormis l’implantation de l’usine Framatome à Paimboeuf, le Grand Port est présent pour le moment uniquement sur la rive nord de la Loire. Le projet du Carnet permettrait de mettre un pied sur la rive sud afin de pouvoir s’étendre de l’autre côté de la Loire.
2.2. Les compensation : une mascarade
Quand un aménageur ne peut pas éviter d’artificialiser une zone, selon la séquence ERC (éviter, réduire, compenser) du droit de l’environnement, il doit compenser cette artificialisation en améliorant la qualité du sol d’un site dégradé sur une superficie trois fois plus importante. Sur le projet du Carnet, les promoteurs disent qu’ils vont compenser sur la zone de 285 hectares restants du site du Carnet. C’est une aberration à plusieurs titre. Tout d’abord, ces 285 hectares ne sont pas un site dégradé ! D’autre part, on ne fait pas de compensation juste à côté d’une zone que l’on va artificialiser, comme si l’impact de l’industrie sur l’air, l’eau, la pollution lumineuse ou sonore n’existait pas.
De plus, l’étude indique que le Grand Port va compenser sur 285 hectares, alors qu’il ne va « compenser » que sur 63 hectares, îlots dispersés au sein des 285 hectares. En réalité, ils ne compensent donc que 63 hectares.
Et qu’est-ce que la « compensation » ? Les études considèrent que certaines plantes vivant sur l’île sont des plantes invasives (le séneçon en arbre – baccharis, l’herbe de la Pampa, la paspale distique et le robinier faux-acacia) et donc qu’il faut les supprimer de la zone.
Nous avons eu un exemple parlant de comment le grand port prévoit de supprimer les espèces invasives lors des prémices de la première phase d’aménagement. En août 2020, avant l’implantation de la zad, des bulldozers ont décapé la terre sur 30 cm de profondeur sur toute la surface où se trouve ces « plantes invasives ». Les bulldozers ne détruisent pas uniquement les plantes en question, mais toute la vie : flore, faune dont de nombreux petits amphibiens. La suppression de la couche de terre arable rend la terre stérile pour longtemps. Ils créent un désert et appellent cela de la « compensation environnementale ».
C’est une aberration complète de détruire des plantes invasive au bulldozer. Cela est réalisé en général au décapeur thermique, à la débroussailleuse ou à la main. Après ce passage au bulldozer, les marées successives entraînent l’effondrement d’une partie des berges…
2.3. Les risques de submersion
Nous sommes sur des zones humides⁸ et sur un bras de Loire quasi-remblayé mais pas totalement. Les sols sont déjà gorgés d’eau tous les hivers. Afin de pouvoir implanter cette zone industrielle, il va être nécessaire d’élever le niveau du sol. 550 000 tonnes de remblais sont prévus sur les 11 hectares. 550 000 tonnes, cela équivaut au chargement de 42 000 camion de 13 tonnes…
Et pourtant, cela risque de ne pas être suffisant. L’étude d’impact a été réalisée il y a plus de 10 ans et les projections sur les risques de submersion de l’estuaire de la Loire ont bien évoluées depuis cette période. De plus, les événements exceptionnels sont de plus en plus courants. Quels sont les risques de submersion réels du site ? Quels sont les risques en fonction des entreprises implantées en bord de Loire ? En effet, les terres rares et produits chimiques sont monnaie courante dans les entreprises de technologie « verte ».
2.4. Le coût
85 millions d’euros pour le seul aménagement du site (aux frais du contribuable) pour 1200 emplois, ça fait cher par emploi créé (70 000€ par emploi créé).
3. L’historique de la lutte
3.1. Du collectif Stop Carnet à la Zad du Carnet
Fin 2019, des habitants des environs ont découvert l’existence du projet et se sont mobilisés pour informer la population locale. Un collectif s’est créé : le collectif « Stop Carnet ». Ils ont organisé des réunions d’information et des manifestations, ainsi qu’un grand week-end festif et militant pour lutter contre le projet.
Suite aux début des travaux de la première phase d’aménagement du site, une zad s’est implantée le 31 août 2020 afin de bloquer le passage des bulldozers.
L’implantation de la zad a eu un impact non négligeable en termes de rapport de force politique et social. De nombreux habitants des environs ont découvert ce projet dont ils ignoraient l’existence, l’impact médiatique a été important avec des articles dans de nombreux médias nationaux (une dépêche AFP, Le Monde, Libération, etc.), des politiques se sont opposés au projet, notamment EELV et d’autres ont commencé à pointer du doigt les irrégularités du projet comme le président du conseil départemental Philippe Grosvallet ou encore Johanna Rolland, la maire de Nantes. Ces derniers demandent des garanties concernant les entreprises qui vont s’installer sur le site.
Comme aucune entreprise liée aux énergies marines renouvelables ne s’est positionnée sur le projet, il est évident que si ce dernier voit le jour, d’autres profiteront du site. Les politiciens veulent des garanties concernant le côté « vitrine verte » de la zone industrielle. Le Grand Port, quant à lui, s’est peu ou pas exprimé concernant l’implantation de la zad.
3.2. Le positionnement des associations environnementales
Les associations environnementales qui accompagnaient le projet du Grand Port (Bretagne Vivante, France Nature Environnement et la LPO) ont aussi dû changer de stratégie. Elles ont accompagné le projet du Carnet depuis le début et n’ont pas entamé les recours qui auraient pu intervenir aux différentes phases préalables à l’aménagement (par exemple par rapport aux dérogations accordées par le préfet en 2017). La médiatisation de la contestation a remis en cause leur implication. Leur argument de défense principal est le suivant : elles disent s’être battues contre l’implantation du Port-à-Sec, sans succès, contre l’implantation de l’éolienne expérimentale, sans succès (ce sont les deux infrastructures présentes actuellement sur le site du Carnet). Elles expliquent donc qu’il vaut mieux qu’il y ait un gros projet sur lesquelles elles peuvent obtenir des améliorations en une fois, plutôt que de multiples projets sur lesquelles elles n’obtiennent rien [sic].
Leur discours actuel indique qu’elles sont évidemment contre toute nouvelle artificialisation des sols (c’est bien le minimum pour des associations environnementales), mais elles gardent une parole réservée, elles interviennent à minima. Leur positionnement contre le projet reste flou⁹.
Ces associations font toutes les trois parties du conseil de Développement du Grand Port ce qui leur permet d’obtenir des missions et donc des contrats sur les aspects environnementaux du Grand Port. Cela peut en partie expliquer leur positionnement. Elles auraient par exemple été chargées de la mise en place des compensations environnementales sur le site du Carnet pendant de nombreuses années. Quand les subventions et aides publiques se font de plus en plus rares, obtenir des contrats pérennes est une nécessité vitale pour la survie des associations. Conflit d’intérêt ?
4. Où en est le projet aujourd’hui ?
Le 4 novembre 2020, le conseil scientifique des Pays-de-la-Loire a donné un avis négatif sur le projet du Carnet notamment car les études de la faune et de la flore datent de plus de dix ans10. L’avis du conseil scientifique est consultatif et rarement pris en compte, mais cela a été l’occasion pour le Grand Port de pouvoir changer de positionnement sans perdre la face et de prendre le temps de la réflexion concernant le projet du Carnet. Il a donc décidé de décaler d’un an le projet le temps de refaire une étude complète de la faune et de la flore sur le site.
Petite anecdote amusante pour démontrer que l’existence de la zad du Carnet revêt désormais un aspect national :la sénatrice de Loire-Atlantique a posé une « question au gouvernement » au Sénat le 25 novembre en demandant : « quand allez-vous évacuer la zad du Carnet ? ». Ce dernier a répondu qu’il « appelle au respect du moratoire [du Grand Port] afin que les freins et les doutes sur le projet soient levés et qu’il puisse se dérouler de façon cohérente dans le respect de l’ordre public »
On parle de nous au Sénat, c’est pas la classe ça ?!
Nous ne défendons pas la Loire. Nous sommes la Loire qui se défend
⁶ Lors de la sécheresse 2019, l’état de catastrophe naturel a été reconnu pour de nombreuses communes.
⁷ « c’est bien le site du Carnet qui présente les enjeux environnementaux les plus importants » page 16 de l’avis de l’autorité environnementale.
⁸ L’île du Carnet est composé à 63,3 % de zones humides (page 176 de l’étude d’impact d’aménagement du site du Carnet).
⁹ On pourra consulter la lettre ouverte du collectif Stop Carnet aux associations environnementales sur leur site Internet https://stopcarnet.fr/
10 Les études écologiques ont été effectuées en 2008-2009 et des relevés naturalistes en 2012-2014 (page 3 du dossier de demande de dérogation relatif aux espèces protégées)
Ce texte a été rédigé en reprenant des présentations faites sur le projet et des documents variés. Il reste des coquilles, erreurs, problèmes de mauvaise compréhension, mais il a été écrit et relu pour que le principal soit clair et véridique. Si vous êtes intéressé·es pour approfondir le sujet et étudier des points spécifiques, envoyez un mail sur zadducarnet@riseup.net.
Boîte à outils de la Zad du Carnet. Pas de Copyright, reproduction vivement conseillée
Merci à toutes les personnes venues sur zone pour visiter, bricoler, cuisiner, dormir, s’amuser, etc… Les chantiers ont bien avancé ! Voici quelques photos !
Crédits des images : CC-BY-SA 4.0 Zad du Carnet
Si vous avez des jolies photos ou des textes de retour du week-end, n’hésitez pas à nous les partager (en indiquant si vous voulez être crédité.e pour les photos), nous les publierons peut-être :).
De nombreuses personnes au Carnet soutiennent les luttes antinucléaires et notamment la lutte contre le projet Cigéo. Nous n’oublions que le site du Carnet a été le lieu d’une victoire de la lutte antinucléaire contre la centrale du Carnet en 1998. Nous relayons le communiqué commun de Burestop 55, Cedra 52, Cacendr, Eodra, Bure Zone Libre, Habitants vigilants de Gondrecourt. Pour plus d’informations sur la lutte contre Cigéo, consultez le site bureburebure.info.
CIGEO : l’Andra doit revoir sa copie suite à un avis explosif de l’Autorité environnementale
Sûreté, choix de l’argilite de Bure, sismicité, impacts sur l’eau, schéma de transports, retour sur accidents dans le labo, risques pour les populations riveraines et l’environnement, développement économique du territoire et même géothermie, tout y passe et ce n’est pas bon du tout pour l’Andra. L’AE vient de rendre un avis explosif. L’Autorité environnementale critique ouvertement le dossier de demande d’utilité publique (DUP) déposé en août dernier par l’Andra.
Un avis très détaillé, ne laissant que très peu de zones d’ombre Les associations signataires de ce communiqué relèvent l’ampleur de ce rapport, qui aborde de manière exhaustive et sans tabou de nombreux sujets soulevés depuis des années par l’opposition au projet de stockage géologique des déchets nucléaires. Et l’ensemble laisse une impression toujours aussi inquiétante : le dossier que présente l’Andra dans le cadre de la DUP est particulièrement incomplet, tronqué et trop léger *.
L’Andra doit revoir sa copie Mauvaise prise en compte des enjeux environnementaux, sérieuses insuffisances de l’étude d’impact, minimisations des impacts de Cigéo sur le plan sanitaire, manque d’analyse des risques accidentels liés au projet, absence de démonstration de la réversibilité de l’installation en cas d’incident, remise en cause du choix du seul site de Bure sur le plan géologique, insuffisance de vision économique territoriale,… impossible de tout lister.
L’AE remet en cause l’assurance avec laquelle l’Andra communique depuis de trop nombreuses années quant à la « maturité » vantée du projet Cigéo Elle relève des sujets passés sous silence : quid de l’analyse de l’accident mortel survenu dans le laboratoire en 2016, lors du creusement d’une galerie ? Comment l’ANDRA anticipe t-elle le risque d’un accident nucléaire majeur ? Quid de la sismicité locale, Cigéo se trouvant à 2 km du fossé de Gondrecourt, faille géologique ? Elle rappelle qu’une faille dite « éteinte » peut toujours se réveiller, preuve récente à l’appui*. Elle ressort même le dossier géothermie, la ressource naturelle localisée sous Bure ayant été scandaleusement escamotée par l’Andra, et recommande de nouvelles expertises indépendantes.
Un calendrier intenable au regard du caractère hors norme de ce projet L’agence communiquait dernièrement dans l’Est républicain (09/01 2021) sur « une année charnière » pour Cigéo, avec une phase d’enquêtes publiques mi-2021 dans le cadre de la DUP et une demande de création de Cigéo fin de l’été prochain. On reconnaît bien là le trop plein d’optimisme de l’Andra, qui prêterait à sourire si l’enjeu autour de ce chantier d’enfouissement n’était aussi phénoménal. On voit mal comment ce calendrier pourrait tenir , à moins de complaisance politique inexcusable. Le dossier Andra n’est absolument pas apte à aller en enquête publique !
Les associations Burestop 55, Cedra 52, Cacendr, Eodra, Bure Zone Libre, Habitants vigilants de Gondrecourt vont étudier avec soin l’ensemble de cet avis qui ne fait que confirmer les nombreuses craintes exprimées depuis des années. Elle comptent interpeller prochainement leurs élus locaux ainsi que le Ministère de l’environnement quant à la suite à donner à une telle remise en question. Le dossier immature produit par l’Andra ne peut servir ni de socle, ni de laisser-passer à des enquêtes publiques – le terme public prend tout son sens- qui seraient alors faussées, donc incroyablement anti-démocratiques.
* Rappelons l’inconsistance du dossier du maître d’ouvrage (Andra) présenté lors du débat public de 2005, déjà fortement dénoncée par les opposants au projet Cigéo. L’AE relève ici un sérieux manque de données chiffrées, de report à des études en cours. La conception du stockage pour répondre aux questions de sûreté soulevées par l’IRSN et l’ASN, tout comme la méthodologie d’analyse des impacts sur les populations riveraines et l’environnement restent à fournir encore ou à compléter. ** AVIS AE : page 55
L’appelisme fait peur : aux nouveaux, nouvelles qui n’y comprennent rien ainsi qu’aux plus ancien.nes, quelques fois traumatisé.es, qui redoutent des prises de pouvoir. Voir les appelistes non comme des ennemi.es à abattre mais des personnes avec un ensemble de pratiques sur lesquelles nous nous opposons en principe permet de mieux identifier où l’on peut s’améliorer collectivement et comment le faire sans perpétuer des systèmes de domination.
L’appelisme, jargon militant favorisant l’entresoi ou mot fourre-tout utile ?
J’ai longtemps hésité et je continue à hésiter à utiliser le mot d’appelisme tant il a pu être obscur pour moi et peut continuer de l’être. Souvent je trouve qu’il fait partie de ce jargon militant qui favorise l’entresoi et crée un phénomène excluant pour toustes les nouveaux et nouvelles arrivant.es dans la lutte anarchiste.
Pourtant, je dois bien reconnaître que ce mot peut favoriser ma réflexion et mon expression de temps en temps. Comme tout mot fourre-tout, il a ses inconvénients et ses avantages. Rien qu’en existant, il rend visible ce qui pourrait sinon être invisible. Mais j’ai parfois l’impression que chacun.e a une définition différente de l’appelisme et que loin de favoriser la compréhension mutuelle, ce concept peut favoriser les quiproquos.
Par ce texte, je cherche à donner ma définition actuelle de l’appelisme. Cette définition a été variable dans le temps et a changé au rythme des rencontres et des récits et elle continuera de changer. Loin de vouloir être hégémonique, ma définition se veut une invitation à la discussion entre personnes qui ont une autre vision de ce qu’est l’appelisme.
L’appelisme est une insulte qui n’a rien à voir avec l’Appel
Ce n’est pas en lisant un texte de 2005, l’Appel, que l’on comprendra l’utilisation en 2020 du mot appeliste. Je n’ai d’ailleurs jamais lu l’Appel comme beaucoup de personnes qui utilisent le terme appelistes. Depuis, il y un ensemble d’histoires extrêmement complexe entre groupes anarchistes qui a eu lieu. Chacun.e a pu entendre certains bouts de ces histoires via le récit de protagonistes ou la lecture de brochures. Mais selon les versions entendues et les personnes rencontrées, on peut avoir des visions complètement différentes.
Ce texte ne se veut pas l’ambition de résumer ce qui a pu se passer à NDDL entre groupes anarchistes, cela me serait impossible¹. Je cherche plutôt l’essence théorique de l’appelisme c’est-à-dire à identifier des points communs entre ces groupes que l’on qualifie d’appelistes. Dans ma définition, on n’est jamais intrinsèquement appelistes mais on peut avoir des pratiques ou des choix que je qualifierais d’appelistes. Ces pratiques appelistes que je vais essayer de détailler dans la suite seront évidemment caricaturales. Il est peu probable qu’un groupe les cumule toutes ou du moins à des degrés très divers.
Il me semble important de dire à ce moment que je n’ai pas personnellement de passif émotionnellement chargé avec des groupes appelistes et que j’en ai peu cotoyé. Ce que je vais dire n’est au final qu’une construction théorique élaborée avec peu de contacts directs et beaucoup de on-dit. Cela pourra peut-être permettre à d’autres, avec plus de connaissances sur le sujet, de mieux comprendre comment une personne extérieure peut se représenter l’appelisme.
Voici schématiquement quelques pratiques que je qualifierais d’appelistes sur lequelles je reviendrai dans la suite :
penser plutôt en termes d’objectifs et d’efficacité sans réfléchir à ce que l’on peut sacrifier politiquement sur le chemin,
s’organiser uniquement avec des personnes avec qui l’on a des affinités,
ne pas faire suffisamment tourner les mandats ni prendre le temps long de partager nos savoirs-faire et compétences,
penser les questions d’oppressions systémiques quasi-exclusivement comme lutte globale à mener à l’extérieur et non également comme transformation des rapports personnels au sein d’un groupe affinitaire,
manipuler des réunions grâce à son aisance à l’oral,
romantiser la lutte et l’insurrection afin de faire rêver.
Derrière la notion d’appelisme, la volonté d’efficacité
Selon moi, la racine théorique de l’appelisme, c’est la volonté d’être efficace² d’un point de vue révolutionnaire. De ce point de départ peuvent découler beaucoup de choses de manière naturelles. Si l’on ne rencontre pas les bonnes personnes et si l’on ne fait pas attention à éviter les prises de pouvoir, cette volonté d’efficacité peut vite nous faire glisser sur une pente extrêmement dangereuse.
L’efficacité et la rapidité sont des notions construites socialement dans une société capitaliste et il est important de les remettre en question aussi. Accepter la lenteur pour faire les choses bien plutôt que de tomber dans le piège de l’efficacité à court terme devrait aussi faire partie des pratiques militantes.
Une organisation soudée en groupes affinitaires
On s’en rend compte facilement : on travaille beaucoup plus facilement et efficacement entre personnes qu’on connaît bien et avec qui on a l’habitude de travailler. Les groupes appelistes sont souvent très bien organisés au sein de groupes affinitaires soudés.
Le danger arrive quand on ne prend pas le temps, certes long, de discuter et de demander des retours à d’autres groupes ou personnes plus isolées et moins organisées. Au bout d’un moment, sans communications, l’incompréhension grandit et on se met à considérer les autres groupes comme des obstacles plutôt que des allié.es. La diversité des tactiques en prend un coup car souvent les groupes affinitaires se créent par unicité de tactique au sein d’un même groupe.
Organisation hiérarchique sans mandats tournants
Chacun.e arrive avec des capacités variées au sein d’un groupe. Faire tourner les mandats en dehors de ces affinités de capacités (par exemple celleux qui écrivent bien, qui dirigent bien un chantier, etc.), cela peut prendre du temps et ralentir le groupe le temps que les gens se forment et apprennent.
Pourtant, cette efficacité à court terme est problématique car loin de la société anarchiste que l’on souhaite construire. Dans cette future société, on cherche à éviter au maximum les phénomènes de spécialisations et d’expertises mais on souhaite plutôt partager les savoirs et les connaissances afin d’avoir un mode de fonctionnement le plus horizontal possible.
Peu de remise en cause des oppressions systémiques qui ont lieu en interne
Remettre en cause les oppressions systémiques qui ont lieu au sein même du groupe affinitaire peut foutre un sacré bordel et ralentir considérablement l’efficacité révolutionnaire à l’extérieur.
Ne pas prendre le temps de déconstruction des rapports de domination au sein d’un collectif, c’est laisser ces dominations systémiques se perpétuer.
Techniques appelistes en réunion et prises de pouvoir
On ne peut pas parler appelisme sans parler de prises de pouvoir. C’est la principale chose que beaucoup reprochent aux appelistes. Les réunions ou AG sont des lieux d’oppressions systémiques et sont aisément manipulables par les classes sociales qui sont à l’aise avec la prise de parole. Ne pas faire attention à cette réalité est déjà une oppression mais quelques techniques de manipulation actives sont encore plus graves.
Les techniques de manipulation en réunion que j’appelle appelistes sont les suivantes :
arriver à une réunion en ayant déjà pré-organisé une réunion à ce sujet en groupe affinitaire. Les appelistes arrivent alors en ayant les idées claires, une réflexion déjà construite et même quelques fois un texte déjà prêt. Celleux qui n’ont pas participé à la réunion préliminaire arrivent en position de faiblesse et la prise de pouvoir est évidente.
prendre la parole plusieurs fois pour énoncer la même idée quand on sent qu’on n’a pas été écouté. Cette manipulation est encore plus grave si cela est fait par plusieurs personnes d’un même groupe affinitaire voire si cela a été pensé à l’avance.
utiliser ses capacités d’énonciation pour discréditer d’autres groupes qui s’expriment moins bien.
Homogénéité sociale et maîtrise de la communication
On remarque souvent que les groupes appelistes maîtrisent bien l’écriture et la prise de parole en public. Même si cela est loin d’être systématique, il peut y avoir une certaine homogénéité d’origine sociale au sein des groupes appelistes et cela peut être expliqué par leur origine en tant que groupes affinitaires (on a souvent des affinités avec les personnes qui nous ressemblent et ont eu des parcours similaires).
Certains livres comme ceux du comité invisible donnent une vision romancée et lyrique de la lutte et de l’insurrection. La lutte ce n’est pas toujours joyeux et romantique et le cacher peut aboutir à des désillusions et être considéré comme de la manipulation.
Comment les groupes appelistes arrivent-ils à prendre le pouvoir ?
Le mouvement anarchiste manque souvent d’organisation collective et fait face à des réflexes individualistes. Quand un groupe soudé, efficace qui arrive en réunion avec une réflexion construite et qui communique efficacement à l’extérieur fait face à un mouvement désorganisé et peu préparé, la prise de pouvoir est inévitable.
Face à l’appelisme, organisons nous !
Chacun.e peut agir à un moment de manière appeliste (en ne faisant pas attention à telle prise de pouvoir par exemple). L’important n’est pas de désigner des ennemi.es, les appelistes, mais de réfléchir collectivement aux manières de faire les choses avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord et de les repérer.
Pour éviter des prises de pouvoir par des groupes se posant moins de questions sur leurs pratiques, apprenons à nous organiser différement et développons des outils d’organisations anarchistes afin de lutter à armes égales.
¹ De nombreux textes ont été écrit sur ce sujet comme par exemple Réflexions à propos de la ZAD : une autre histoire disponible sur Infokiosques.net.
² Le terme d’efficience serait légèrement plus correcte que efficacité dans ce contexte. L’efficicence, c’est l’optimisation du temps et de l’énergie déployée pour atteindre ses objectifs. On a choisi d’utiliser le terme d’efficacité pour des facilités de compréhension.
Illustration: Image extraite de la brochure Tourner autour, une critique de l’Insurrection qui vient disponible sur Infokiosques.net
En direct de la Zad du Carnet, Ne m’expulse pas de Yach Braille sur l’air de Ne me quitte pas ; Emmenez-moi en tête de cortège de Schlagnavour sur l’air de Emmenez moi ; La manif qui redémarre sur l’air de la Chenille ! Bientôt les audios ?
Ne m’expulse pas
Ne m’expulse pas, faut pas oublier Les potes embarqué.e.s, qui s’enfuient déjà, Vers la liberté, loin des gardes à vue, Loin du temps perdu. Faut pas pardonner Les bonnimenteurs qui endorment toujours La pauvre basse-cour, en lui faisant peur. Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas, Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas.
Moi je caillaisserai tes fourgons blindés, avec des pavés, lourds de mes révoltes. J’défendrai la terre, jusqu’après ma mort, J’écrirai encore des chants libertaires. Et sans se soumettre, on f’ra un endroit, Pour vivre sans loi, sans dieu et sans maître. Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas, Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas.
Ne m’expulse pas, ouvre bien tes yeux, Sous ton armure bleue, qu’est-ce que tu fous là, Armé jusqu’aux ch’veux, à leur obéir, À nous matraquer, et à tout détuire ? Reprends tes grenades, allez casse-toi, Sur ma baricade, j’ai pas peur de toi. Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas, Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas.
On a vu souvent rejaillir le feu, Avec seulement un molo ou deux. Il est paraît-il, des ZADs expulsées Qu’on r’vient occuper sans être docile. Et dans nos espoirs et dans nos combats, Le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas ? Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas, Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas.
Ne m’expulse pas, Je n’veux plus pleurer Devant ton armée et tous ses soldats. J’ai trop regardé vos méchants sourires, J’ai trop écouté vos sirènes rugir. Que tu l’veuilles ou pas, je serai ton ombre Qui te poursuivrai jusque dans ta tombe. Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas, Ne m’expulse pas, ne m’expulse pas.
Emmenez-moi
1er couplet
Dans les champs, où la fatigue et le poids nous courbent le dos. Dans les quartiers où les armes et les lois nous font nous tenir à carreau. Dans les usines et les boîtes où toujours les tyrans nous usent et nous exploitent tout en nous menaçant du chômage. Et quand nous sommes sans travail et que nous chapardons qu’on nous traite de canaille et que nous finissons dans une cage.
Dans les écoles et les hôpitaux, où nous sommes précaires. Nous sommes toustes dans le même bateau, dans la même galère !
Refrain
Emmenez-moi en tête de cortège, là où les pavés tombent comme de la neige. Il me semble que la misère demande qu’on exprime sa colère ! Emmenez-moi en tête de cortège, là où les parapluies noirs nous protègent. Il me semble que l’injustice demande d’affronter la police !
2ème couplet
Dans les bars, au fond de la salle, avec les copaines. Quand on parle de notre idéal, De nos joies de nos peines. J’imagine un monde nouveau affranchi des patrons qui se servent sur le dos des plus faibles maillons du système. Un monde où les propriétaires se feraient dégager où les soeurs et les frères pourraient donc se loger sans problème.
Puis les bars ferment et alors je me dis que tout n’est pas perdu, mais que pour vivre cette utopie, il faut sortir dans la rue !
Refrain
3ème couplet
Un beau jour sur un bateau pirate, Hissant l’pavillon noir, J’partirai dans la nuit écarlate Où tremperont nos espoirs.
Affrontant souvent des tempêtes, Écrasées par le vent, Nous relèverons la tête Face aux chefs dominant À voix haute. Toujours prêtes à nous mutiner Pour que sur le navire Nous puissions exister, Vivre libre et mourir Côte-à-côtes.
Comme faisaient les anciens équipages Qui parcouraient les mers. Nous répandrons dans notre sillage Nos idées libertaires.
Refrain
La manif’ qui redémarre (sur l’air de la chenille)
I – Un syndicat qui s’tient sage
Prend ton drapeau d’la CGT, Va à la manif déclarée. Rejoins tes frères et tes soeurs, Mais la manif’ s’ra pas à l’heure.
Derrière le camion d’la sono, On écoute du Manu Chao, Et on se dit qu’on lâche rien, Sûr qu’avec ça on ira loin !
Les médias disent qu’on est 1100. En vrai on est 5500. On nous a r’tiré tous nos droits, Mais en discutant ça ira.
Gazage devant la préfecture, Il faudrait pas trop que ça dure. Pendant qu’les casseurs lances des pierres, Nous on ira boire quelques bières.
II – Black Plouc (punk)
Une fois les syndicats partis Peuvent commencer les chamailleries, Prends ton marteau ton k-way noir, C’est la manif’ qui redémarre.
Dès la première sommation, On fait le plein de munitions : Toutes les poubelles de verre y passent, Toutes les barrières toutes les caillasses.
Il faut sortir de la matrice. Lance un bon gros feu d’artifice ! Y a des slogans dans tous les sens, Un coup ça crie, un coup ça lance.
Ils ont jeté des lacrymos Tiens ton binôme par le dos. Dégaine vite ton parapluie, Et une bonne dose de sérum-phy.
La BAC de Rennes est de sortie, J’espère que t’as des garanties. Allez vas-t’en dépêche toi, Ils t’ont déjà pointé du doigt.
III – Chat et souris (bossa)
T’es partie dans les petites rues, T’en profites pour changer de tenue. T’évites la nasse de justesse, Franchement c’est une jolie prouesse.
Mais y a la CDI qu’arrive Matraques prêtes, caméras actives. Un pote va se faire embarquer, Pas l’choix il faut y retourner.
IV – Méta Cagoule (jazz-punk)
Prends ton drakkar et ta lance, C’est la manif’ qui recommence. Gandalf arrive en soutien, Il porte un bonnet péruvien.
200 ninjas crachent du feu Pour briser la ligne de baqueux, 300 sorcières super vener’ Chassent les GMs le poing en l’air.
Mickeal nous fait un p’tit moonwalk, Et les ewoks dansent un bal folk. Ça permet de faire diversion Pour la prochaine apparition.
Hey c’est Zidane qui s’élance ! Coup d’boule dans le drapeau d’la France ! Les journalistes d’lundi matin Filment la scène en maillot d’bain.
De la Loire sortent par millier Des canards et des oreillers. Méga-bataille de polochon, Pour finir d’régler la question ! Et fêter la révolution !
La version ci-dessous est la version 2021 du guide de survie numérique. Ce guide a été mis à jour en 2024. La version la plus à jour se trouve sur infokiosques.net : https://infokiosques.net/spip.php?article1849
Quelles sont les principales menaces numériques et comment s’en protéger ? Comment fonctionne la surveillance numérique ? Que penser de Signal ? Des mails ? Des smartphones ? Comment gérer ses mots de passes ? Que faire des réseaux sociaux ? Comment utiliser son ordinateur ? Ce guide de survie tente de présenter de manière synthétique des éléments de réponses à toutes ces questions.
Ci-joint les 4 pdf du guide : en format couleur et noir&blanc et en format cahier. Pour imprimer un joli cahier pliable, il faut imprimer le pdf cahier avec les options 2 pages par feuille et recto-verso bord court.
Si vous préférez lire le texte sur le site, le voici !
Ce guide est encore sujet à modifications, n’hésitez pas à proposer des modifications, à signaler les passages pas clairs, etc. en envoyant un mail à zadducarnet[at]riseup.net.
Guide de survie en protection numérique à l’usage des militant·es
La diversité des tactiques existe aussi dans la protection numérique
Utiliser des outils numériques n’est pas quelque chose d’anodin. Ne pas laisser de traces, de potentielles preuves sur son téléphone ou ordinateur est une mission impossible. Utiliser des smartphones ou ordinateurs quand on connaît les conditions de travail des ouvriers et ouvrières de la chaîne de production de ces objets numériques est un reniement de nos valeurs anticapitalistes.
Pourtant le terrain d’Internet et du numérique est un lieu de lutte important et le déserter totalement serait une erreur. Mener de front la lutte pour se libérer de notre dépendance aux outils numériques tout en se formant à mieux les utiliser pour lutter efficacement via ces outils peut paraître incohérent. Ce n’est pourtant qu’un aspect de la diversité des tactiques. Il est important de comprendre, de tolérer et de s’entre-aider entre personnes faisant le choix d’utiliser le moins possible les outils numériques et personnes faisant d’Internet leur principal lieu de lutte. Ces deux méthodes de lutte sont complémentaires.
Ce guide est destiné aux personnes utilisant quelques fois des outils numériques (téléphones, ordinateurs, etc.) dans leur militantisme. Il expose quelques menaces et présente des contre-mesures partielles pouvant aider à protéger contre ces menaces.
Il est important de noter que la lutte pour la sécurité informatique est une question de ressources disponibles. Des attaquants puissants avec du temps devant eux pourront toujours contourner les méthodes de protection que l’on met en place. Les mesures de protection que l’on conseille dans ce guide ne sont donc jamais parfaites.
On parlera dans ce guide d’attaques pour obtenir des données numériques que l’on souhaiterait garder privées. On présentera d’abord les attaques les plus courantes, celles liées aux erreurs humaines. On parlera ensuite des attaques spécifiques aux supports physiques que l’on utilise : téléphone et ordinateur. Nous finirons par les attaques spécifiques à la navigation Web, à la messagerie instantanée et aux mails.
Il va sans dire que si vous utilisez un téléphone portable pour consulter Signal, vous pouvez subir des attaques spécifiques aux téléphones ainsi que des attaques spécifiques à la messagerie instantanée Signal.
Pour chaque attaque, nous présenterons des méthodes pour se protéger. Ces méthodes ne seront pas toujours elles mêmes fiables mais peuvent améliorer vos défenses face à un attaquant. Mettre en place une mesure de protection numérique de manière efficace, c’est comprendre en quoi elle nous protège d’une certaine attaque mais aussi de ses limites face à d’autres types d’attaques.
Avec ces mesures de protection, on souhaite complexifier le fichage, éviter la récupération de données en cas de perquisitions et éviter de fournir des preuves judiciaires. Viser l’anonymat total serait beaucoup trop ambitieux. Ce guide n’est qu’un guide de survie, il ne présente que quelques attaques potentielles et quelques contre-mesures et est loin d’être exhaustif.
Pour les personnes pressées, on pourra lire uniquement les conseils de la dernière section « En pratique, que faire ? » qui répète les principales méthodes de protection de la brochure.
1. Les attaques liées aux erreurs humaines
Les erreurs humaines sont la principale source d’attaques réussies.
1.1. Le shoulder surfing
On parle de shoulder surfing quand quelqu’un·e regarde ce qu’on écrit au-dessus de notre épaule. Cela peut être un mot de passe, le nom d’une adresse mail que l’on consulte ou un document sur lequel on travaille. On parlera aussi de shoulder surfing si une caméra arrive à voir notre écran et ce qu’on fait sur le support physique que l’on utilise.
Pour se protéger, on peut faire attention aux caméras, taper ses mots de passe de façon discrète sans avoir peur de passer pour paranoïaque ou tout simplement se mettre dans un coin de pièce quand on est sur notre ordinateur ou notre téléphone.
1.2. Le social engineering
On parle de social engineering quand des personnes nous soutirent des informations que l’on souhaiterait idéalement garder secrètes via des manipulations psychologiques. Cela peut se faire par exemple lors d’une discussion par une question anodine.
La méthode de protection face au social engineering est tout autant collective qu’individuelle. Ne pas être curieux.ses ou poser des questions indiscrètes, cela se travaille¹. Pour aider les gens à oser dire non aux questions auxquelles iels ne souhaitent pas répondre, on peut faire en sorte que cela soit tout à fait accepté dans un collectif sans qu’il y ait de conséquences négatives sur l’image que l’on donne.
1.3. La mauvaise gestion des mots de passe
Les dangers : réutilisation des mêmes mots de passe et mots de passe courts
Plus un mot de passe est utilisé, plus sa sécurité baisse. En effet, quand vous donnez un mot de passe à une application ou un site Internet, vous ne pouvez pas être certain·es que cette application ou site stocke le mot de passe de manière sécurisée. Si les personnes à qui vous avez donné ce mot de passe se font attaquer, les attaquants peuvent récupérer votre identifiant et votre mot de passe et l’essayer sur d’autres services où vous avez donné un mot de passe.
Une autre erreur concernant les mots de passe est leur longueur trop faible. L’élément clé pour déterminer la robustesse d’un mot de passe est la longueur. Si on utilise plusieurs types de caractères (majuscules, chiffres, etc.), on augmente également le temps de calcul nécessaire pour trouver le mot de passe via la force brute de calcul. On considère en ce moment qu’un mot de passe de plus de 16 caractères est un mot de passe solide².
Une méthode facile pour retenir des mots de passe est de retenir une phrase simple comme par exemple « les chevaux aiment bien les carottes roses ». Le mot de passe est alors « chevaux carottes roses » ce qui fait 22 caractères. On peut aussi souhaiter améliorer la robustesse du mot de passe en modifiant légèrement les mots du dictionnaires. Par exemple, « chev@ux carottes r0ses » est un mot de passe plus robuste que « chevaux carottes roses ».
Les gestionnaires de mots de passe permettent de se simplifier la vie
Pour éviter d’utiliser plusieurs fois le même mot de passe et avoir des mots de passe longs, on conseille d’utiliser un gestionnaire de mot de passe et d’utiliser au maximum des mots de passe à usage unique.
KeepassXC est un gestionnaire de mot de passe. Cette application peut stocker dans une base de données un grand nombre de mots de passe. Idéalement le mot de passe principal qui débloque la base de mots de passe doit être long et unique à cette base de données. Cela permet de ne pas avoir à se souvenir de tout les mots de passe à usage unique que vous utilisez, mais uniquement de celui qui permet de débloquer la base de données.
Comme illustré ci-dessus, on préférera les mots de passe mélangeant des lettres et des chiffres à des mots de passe ne comportant que des chiffres. Cette remarque est particulièrement importante pour les codes de déverrouillage de téléphones. Préférez quand cela est possible des codes de déverrouillage avec des lettres aux codes qui ne comportent que des chiffres.
Comme illustré ci-dessus, on préférera les mots de passe mélangeant des lettres et des chiffres à des mots de passe ne comportant que des chiffres. Cette remarque est particulièrement importante pour les codes de déverrouillage de téléphones. Préférez quand cela est possible des codes de déverrouillage avec des lettres aux codes qui ne comportent que des chiffres.
1.4. Les réseaux sociaux
La quantité d’informations que vous pouvez donner sur vous-mêmes sur un réseau social est considérable. Utiliser un compte sur un réseau social pour consulter des informations militantes, c’est offrir à la police et aux géants du Web (Facebook, Twitter, Instagram, etc.) des données que vous souhaiteriez probablement garder cachées et un pouvoir considérable³. Les réseaux sociaux sont conçus pour se rendre indispensables et addictifs ce qui est dangereux.
Il peut paraître compliqué de quitter d’un jour à l’autre un réseau social que l’on utilise très régulièrement pour communiquer et s’informer. C’est pourtant ce que l’on conseille. Pour faciliter la transition, vous pouvez essayer de déterminer pourquoi vous avez l’impression d’avoir besoin des réseaux sociaux.
Si vous utilisez les réseaux sociaux pour vous informer, on vous conseille d’utiliser les flux RSS⁴. Si c’est pour rester en contact avec d’autres collectifs, vous pouvez leur demander d’utiliser d’autres moyens de communications (listes mails, publier sur les réseaux Mutu ou sur un site Internet leurs contenus, etc).
Si vous utilisez les réseaux sociaux pour toucher un grand nombre de personnes dans une optique militante, on vous conseille de faire attention à poster systématiquement vos contenus sur d’autres supports pour ne pas exclure les militant·es qui font le choix de ne plus les utiliser⁵.
Si vous aimez quand même le concept des réseaux sociaux par exemple pour rester en contact avec des ami·es, le réseau Mastodon⁶ est plus respectueux de la vie privée même s’il est loin d’être exempt de certains défauts (addiction par exemple). Vous pouvez aussi choisir de ne plus poster sur les réseaux sociaux tout en gardant votre compte et en le consultant épisodiquement, vous garderez ainsi contacts avec vos ami·es. Cependant notez bien que les réseaux sociaux sont conçus pour vous attirer donc cette stratégie est complexe à mettre en place dans la pratique.
2. Attaques spécifiques aux téléphones portables
On essayera de voir les spécificités et quelques mesures de protections face aux attaques suivantes :
– récupération des données que stockent les fournisseurs d’accès téléphoniques,
– récupération des données que stockent les applications de vos téléphones (par exemple via une perquisition d’un téléphone lors d’une garde à vue),
– prise de contrôle d’un téléphone à distance (via divers bugs d’applications).
2.1. Les données accessibles via les opérateurs téléphoniques : géolocalisation et métadonnées
Tout ce que l’on dit là concerne tout les téléphones portables, qu’ils soient dits intelligents ou pas.
Toutes les 5 minutes, votre téléphone envoie un signal aux antennes proches (qui peuvent déterminer votre position via une triangulation de 3 antennes), le numéro de la carte SIM active dans le téléphone ainsi que le numéro IMEI de l’emplacement de la carte SIM. Le numéro IMEI est un numéro de série qui identifie de manière unique le téléphone.
Dès que vous passez un appel ou envoyez un SMS, les opérateurs téléphoniques stockent les métadonnées de ce coup de fil ou SMS pendant 2 ans dans la facture détaillée. Ces métadonnées consistent en : géolocalisation approximative des deux correspondant.es, date et heure de la communication ainsi que durée de l’appel.
Attaque possible : récupération des métadonnées et de la géolocalisation via une simple demande
La police peut demander aux opérateurs les informations suivantes de manière automatique et très rapide⁷ (le prix fixé au journal officiel est entre parenthèses) :
– identification d’une personne via son numéro de téléphone (4,59 euros),
– obtenir la facture détaillée d’un numéro de téléphone (15,30 euros),
– mettre sur écoute un numéro de portable (24 euros),
– liste des numéros utilisant telle borne de télécommunication (12,75 euros),
– en cas de cartes prépayées, la police peut demander où a été vendue cette carte pour 15,30 euros,
– les adresses IP auxquelles un téléphone se connecte.
Comment marche schématiquement la surveillance automatisée de masse des militant.es
La facture détaillée d’un numéro de téléphone contient de nombreuses informations analysables facilement par ordinateurs. C’est un moyen d’enquête utilisé massivement. Un exemple d’utilisation de ces données est le suivant : on attribue à chaque personne un score de dangerosité via ses déplacements dans des lieux de lutte et ses communications avec d’autres militant·es. On peut ainsi détecter de nouveaux lieux de luttes de manière totalement automatisée en remarquant que beaucoup de personnes avec un haut score de dangerosité s’y rendent. De même on peut détecter les nouveaux et nouvelles militant·es via les communications qu’iels ont avec d’ancien·nes militant·es et leur passage dans des lieux de lutte. Cet exemple est particulièrement important pour comprendre que la surveillance de masse est un enjeu collectif et non un enjeu individuel.
Face à la géolocalisation : cartes SIM prépayées et ne pas toujours prendre son téléphone avec soi
Il est possible d’utiliser des cartes SIM prépayées (Lebara, Lycamobile par exemple). On peut associer une fausse identité à ces cartes SIM et non sa vraie identité. Il n’empêche que votre carte SIM prépayée sera quand même géolocalisée toutes les 5 minutes. De plus, les autorités pourraient recouper votre fausse identité d’une carte SIM prépayée avec votre vraie identité civile un jour. Les prix des appels, des SMS ainsi que des données Internet des cartes SIM prépayées sont importants.
Notez bien que si vous mettez une carte SIM prépayée avec une fausse identité dans un téléphone que vous utilisiez auparavant, le numéro IMEI du téléphone reste le même. Cela permet d’établir un lien entre votre fausse identité et votre vraie identité. Si vous achetez un téléphone neuf avec un moyen de paiement nominatif, le numéro IMEI du téléphone sera aussi relié à votre identité. Pour compliquer la tâche des autorités de relier votre fausse identité de carte SIM prépayée avec votre vraie identité, utilisez un téléphone acheté cash où vous n’avez jamais mis de cartes SIM à votre nom.
Notez que même des solutions partielles comme les cartes SIM prépayées sous des faux noms peut considérablement compliquer le travail de la justice. Même si les services de renseignement arrivent à relier votre fausse identité à votre vraie identité, ils devront encore le prouver aux juges.
Pour éviter d’être géolocalisé, on peut choisir de ne pas prendre systématiquement son téléphone avec soi et ne le consulter qu’à un lieu quasi-fixe. Faites attention, les changements d’habitude abrupts (éteindre son téléphone juste avant une manifestation par exemple) sont facilement repérables par une analyse automatisée. Il vaut mieux si cela est possible le laisser allumer chez soi comme si on était resté à la maison.
Enlever sa carte SIM et éteindre son téléphone régulièrement et en faire une habitude est utile.
Pour laisser moins de métadonnées, utiliser les applications de communication via Internet
Pour protéger nos données de ces attaques de la police, on peut choisir de communiquer via nos téléphones exclusivement en utilisant nos connexions Internet via diverses applications comme Signal, Conversations ou Element (voir plus bas). Même en demandant à votre fournisseur d’accès internet votre relevé détaillé de la facture d’Internet, la police aura accès à moins de métadonnées. En effet, le fournisseur d’accès Internet saura juste que vous demandez à communiquer avec le serveur de Signal à telle heure et pas avec qui vous souhaitez communiquer.
Face aux écoutes, choisissez bien vos sujets de discussion par téléphone
N’hésitez pas à couper votre interlocuteur.ice si iel parle d’un sujet sensible par téléphone. Cela n’est absolument pas le bon moyen de communication pour ce genre de discussions car les SMS et appels ne sont pas chiffrés et donc visibles par l’opérateur ainsi que par la police en cas de mise sur écoute.
Il est important de noter que les écoutes sont enregistrées numériquement, stockées et peuvent resservir des années plus tard lors d’une enquête.
2.2. Données accessibles via les applications de vos téléphones
Chaque fois que vous installez une application, cette dernière stocke des données sur votre téléphone ainsi que sur des serveurs distants (le « cloud »). La police peut récupérer ces données par exemple en accédant à votre téléphone via une perquisition ou en demandant aux propriétaires ou développeurs de l’application les données qu’ils ont sur vous.
Ces données peuvent être les suivantes :
pour les applications de messagerie, l’intégralité de vos messages potentiellement même ceux supprimés,
pour les applications de type GPS, toutes les adresses que vous avez rentrées dans votre GPS ainsi que l’historique de vos trajets,
pour les applications d’achats, l’historique de vos achats, vos cartes bleues enregistrées, vos recherches,
pour les navigateurs Web, votre historique de navigation (même s’il est supprimé de votre téléphone si les serveurs de l’application le stockent),
vos photos, vidéos, etc,
vos contacts.
Mesures de protection : chiffrer votre téléphone et limiter les données des applications
Vous ne pouvez pas garantir que les autorités n’auront pas accès aux données que vos applications stockent. Lors d’une perquisition d’un téléphone, considérez que toutes les données de votre téléphone sont accessibles aux autorités facilement. Vous pouvez essayer de ralentir la police au maximum en choisissant de chiffrer votre téléphone avec un code de déverouillage long. Cette option est disponible sur de nombreux systèmes d’exploitation. Cependant sachez que le chiffrement des données ne sera utile que si le téléphone est saisi quand il est éteint. De plus des entreprises comme la société israélienne Cellebrite ont annoncé avoir trouvé des failles⁸ face au chiffrement des données de plusieurs marques de téléphones.
La stratégie de protection principale est donc tout simplement de limiter les données que stockent les applications de votre téléphone. Sur toutes les applications, vous pouvez modifier les paramètres de confidentialité. Mettez les au maximum systématiquement.
On conseille de se séparer définitivement de tout téléphone qui a passé un moment dans les mains de la police loin de votre surveillance car des mouchards peuvent y avoir été mis.
Mesure de protection : ne pas se fier aux applications financées en revendant vos données
Dans la mesure du possible, désactivez le stockage de vos données sur le cloud ce que de nombreux téléphones et nombreuses applications font automatiquement. Vos données ne devraient être stockées que en local sur votre téléphone et non sur des serveurs distants. Cela peut être compliqué à faire avec certaines applications comme celles que les GAFAM⁹ proposent.
Vous ne pourrez en effet jamais faire confiance à des applications qui se financent en revendant vos données pour ne pas conserver vos historiques de données. Choisir des logiciels dits libres10, c’est quelques fois trouver des applications faites par des personnes luttant pour la vie privée sur Internet et contre la surveillance de masse.
Ainsi pour installer des logiciels sur Android, on recommande d’utiliser F-Droid et non le Google Play Store. Comme application GPS, on préférera OpenStreetMap et Firefox ou Tor Browser comme navigateur Web.
En général, essayez de limiter au maximum votre dépendance aux GAFAM. On recommande ainsi de limiter au maximum la présence sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Instagram, etc.), de ne pas utiliser Chrome ou Gmail, etc.
2.3. Prise de contrôle à distance d’un téléphone
On quitte ici le domaine de la surveillance de masse pour la surveillance individuelle. Les services de renseignement ont eu les moyens de prendre le contrôle total des téléphones à distance et l’ont probablement encore aujourd’hui. On ne sait pas exactement si cela est facile ou pas, si cela est fréquent ou pas et cela dépend des marques des téléphones mais cela est une possibilité.
Cette attaque permet entres autres de :
– noter tout ce que vous écrivez dans votre téléphone (mots de passes, etc.)
– activer le micro à distance,
– activer la caméra à distance.
Face à cette attaque, il y a peu à faire. On peut essayer de l’empêcher en amont en installant le moins d’applications possibles et en désactivant le Bluetooth. C’est souvent via des failles de sécurité du Bluetooth ou d’une application que l’attaquant s’introduit dans votre téléphone. Cela peut aussi être en vous envoyant un SMS avec un lien comme pour le logiciel Pegasus11.
On peut aussi cacher les caméras des téléphones via des stickers pour éviter que quelqu’un ayant piraté votre téléphone puisse prendre des photos ou vidéos sans que vous le sachiez.
Ne pas utiliser de téléphones ou ne pas l’avoir avec soi ou l’utiliser le moins possible constituent les meilleurs méthodes de protection face à cette attaque.
2.4. Conclusion : le téléphone, un objet que l’on peut difficilement protéger
Comme on l’a vu avec la dernière attaque, les téléphones ne seront jamais « sécurisés ». Quoi que l’on fasse, une carte SIM active est géolocalisée toutes les 5 minutes ce qui suffit pour avoir accès à une quantité impressionnante d’informations même si cette carte SIM n’est pas reliée à votre vraie identité (cependant elle pourra l’être plus tard si la police arrive un jour à recouper vos différentes identité numériques et civiles).
Les applications comme Signal permettent d’éviter la surveillance de masse via les factures détaillées de téléphonie mais absolument pas de garantir des communications privées avec d’autres gens dans le cas d’un piratage d’un téléphone présent dans la communication.
Il vaut mieux éviter d’utiliser des téléphones et en avoir le moins souvent besoin pour des activités sensibles. Par exemple il vaut mieux éviter de lire ses mails sur son smartphone si on a un ordinateur accessible pour le faire suffisamment régulièrement.
3. Attaques spécifiques aux ordinateurs
On envisagera les attaques suivantes :
– tentative d’intrusion par virus,
– perquisition de l’ordinateur.
3.1. Les virus
Les virus peuvent s’introduire sur votre ordinateur pour des effets indésirables allant de la récupération de quelques données à la prise de contrôle totale de votre ordinateur en passant par diverses formes d’espionnage (caméra activable à distance, etc.) ou de demande de rançon pour récupérer vos données (ransomware).
Pour vous protéger des virus, on vous conseille de mettre à jour vos applications dès que l’on vous le propose. Il s’agit souvent de mises à jour de sécurité qui vous protègent contre des failles que des attaquants pourraient utiliser pour entrer sur votre ordinateur.
Faites également attention aux documents que vous ouvrez sur votre ordinateur notamment sur Windows. Il n’est pas compliqué de mettre un virus dans un fichier PDF ou Word qui infecte votre ordinateur si vous l’ouvrez avec Acrobat ou MS Office. Les applications libres sous Linux comme LibreOffice sont plus résistantes face à ce type d’attaques.
Un antivirus à jour et un pare-feu sur Windows sont plus que nécessaires pour les utilisateur·ices de Windows. Nous ne savons pas si le pare-feu Windows présent de base sur Windows est suffisant ou s’il faut le compléter avec d’autres applications de protections
Si votre ordinateur a une Webcam, on peut cacher la caméra avec un sticker afin qu’un utilisateur ayant pris le contrôle de notre ordinateur ne puisse pas prendre de photos ou vidéos.
3.2. Les perquisitions
Si votre ordinateur tombe dans les mains de la police et que vous n’avez rien préparé, ils auront accès à une quantité impressionnante de données sur vous. Cela va même jusqu’aux fichiers que vous avez supprimé si vous n’avez pas pensé à les écraser proprement via des applications spécifiques. Le mot de passe administrateur d’un mac ou d’un Windows ne vous protège absolument pas et le choisir long ne servira qu’à vous protéger d’ami·es intrusif·ves n’ayant pas le temps de se renseigner pour les contourner.
Pour ralentir l’obtention de vos données, vous pouvez choisir de chiffrer vos données. Plusieurs options s’offrent à vous : Veracrypt ou Luks12. Attention cependant, vous ne pourrez faire confiance au chiffrement de vos données via Luks ou Veracrypt que si votre ordinateur est éteint.
Toutefois si la justice vous présente une demande de vos mots de passes ou clés de chiffrement, vous êtes tenu·es de les donner et vous encourez une peine maximum de 3 ans d’emprisonnement et 270 000 euros d’amende en cas de refus. Ces demandes ne sont que rarement effectuées dans le cadre de gardes à vue mais plutôt lors d’enquêtes plus longues13 donc ne donnez pas vos codes lors des gardes à vue. Veracrypt permet via un système de chiffrement avec deux mots de passe (un vrai et un faux) de tenter de contourner ces demandes en donnant uniquement le faux mot de passe.
Ne faites plus confiance à un ordinateur ou tout autre objet informatique tombé entre les mains de la police. Ils peuvent y installer des programmes espions sans que vous le sachiez. Cela peut même se faire sans que vous le sachiez si des personnes ont accès pendant quelques minutes à votre ordinateur sans surveillance. Un système d’exploitation sur une clé USB comme Tails peut être plus facilement protégé qu’un ordinateur car facilement transportable sur vous à tout moment.
L’autre danger d’une perquisition est la perte de vos données personnelles. Pour contrer cela, pensez à faire des sauvegardes que vous stockez dans des lieux sûrs et que vous actualisez régulièrement.
4. Attaques spécifiques à la navigation Web
On parlera de l’espionnage de votre navigation Web via :
– la demande des données que possède votre fournisseur d’accès Internet
– la surveillance des communications non chiffrées,
– les trackers.
4.1. Données de votre fournisseur d’accès Internet
Quand vous naviguez sur le Web, vous demandez à votre fournisseur d’accès Internet de communiquer avec les serveurs qui gèrent les sites Web que vous visitez. Ce dernier peut donc savoir quels sites vous consultez, ce que vous y faites et stocke ces données. Les autorités peuvent demander à votre fournisseur d’accès Internet l’historique de votre utilisation d’Internet et donc de votre navigation Web en particulier.
Pour se protéger de cette attaque, on conseille d’utiliser Tor. Le principe de Tor est très simple, il essaye de faire en sorte qu’aucun serveur ne sache avec qui vous souhaitez communiquer en utilisant 3 nœuds qui n’ont accès qu’à des informations partielles14.
À défaut d’utiliser Tor, vous pouvez utiliser un VPN. Le principe est similaire sauf qu’à la place d’avoir 3 nœuds tenus par des acteurs probablement différents, vous n’avez plus qu’un acteur intermédiaire entre vous et le serveur final. Cet intermédiaire a donc accès à l’intégralité de vos demandes de communication contrairement à Tor. Cependant votre fournisseur d’accès Internet sait juste que vous souhaitez communiquer avec le serveur de votre VPN.
Pour utiliser Tor, on peut installer Tor Browser sur téléphone ou ordinateur, utiliser le système d’exploitation Tails sur ordinateur ou installer Orbot sur téléphone.
Cependant il est important de noter que la navigation Web n’est pas le seul moment où vous utilisez Internet depuis un ordinateur. En utilisant Tor Browser par exemple, vous ne protégez votre IP que pendant votre navigation mais pas le reste du temps. Le système d’exploitation Tails est pensé pour que absolument toutes les connexions à Internet passent par Tor.
Tor n’est par contre pas parfait et comporte des faiblesses15. Régulièrement, des attaques réussissent contre Tor car de nombreux acteurs puissants (NSA, Europol, FBI, etc.) cherchent à lever l’anonymat que Tor procure notamment dans la lutte contre le marché noir.
De plus, le fournisseur d’accès Internet connaît vos heures d’accès à Tor ainsi que le volume de données qui transitent par Tor. Via ces éléments, on peut tenter de retrouver ce que vous avez fait sur Tor. D’où l’importance d’utiliser Tor pas uniquement pour des activités sensibles. En faisant cela, on participe à cacher dans la masse des personnes ayant besoin de protéger leur anonymat.
4.2. Surveillance des communications non chiffrées
De nombreux sites Internet utilisent encore le protocole HTTP. Ce protocole fait que les communications entre vous et le serveur final auquel vous souhaitez accéder ne sont pas chiffrées ni pour le serveur final ni pour votre fournisseur d’accès Internet.
On conseille d’utiliser le plus souvent le protocole HTTPS qui chiffre vos données de bout-à-bout c’est-à-dire que seuls vous et le serveur auquel vous souhaitez accéder ont accès aux données que vous demandez. Un module installable sur Firefox s’appelle HTTPS everywhere, elle force votre navigateur à utiliser le protocole HTTPS quand cela est possible.
Mais sachez que HTTPS ne vous protège que lors du transport des informations entre vous et le site web que vous consultez16. Ce dernier a toujours accès à de nombreuses informations pour vous identifier.
4.3. Trackers, cookies
Les trackers sont des données que votre navigateur Web fournit aux sites que vous souhaitez consulter qui peuvent permettre de vous identifier et de vous pister. Certains cookies sont des cookies dits de pistage et sont mis par des sites malveillants pour analyser vos habitudes de visite et d’achats en lignes.
Pour vous protéger des cookies malveillants entre autres, on conseille d’installer Privacy Badger, uBlock Origin et Cookie Autodelete sur votre navigateur Firefox. Pensez aussi à mettre les paramètres de confidentialité au maximum et d’être tout le temps en navigation privée.
Mais les cookies malveillants ne sont pas la seule méthode de pistage. Quand vous communiquez avec un site Web, vous communiquez un ensemble d’informations sur votre navigateur, une empreinte17, qui peut vous identifier. Dans cette empreinte, on peut par exemple trouver la résolution de votre navigateur, la version exacte de votre navigateur, le langage de votre navigateur, l’heure de votre ordinateur, les polices d’écritures que vous avez installées, etc.
Le système d’exploitation Tails fait en sorte que cette empreinte de navigateur soit la plus standardisée possible et soit la même pour toustes les utilisateur·ices de Tails. N’hésitez pas aussi à utiliser systématiquement Tor Browser. Plus de personnes utiliseront Tor Browser, plus ce navigateur aura une empreinte générique.
5. Attaques spécifiques aux systèmes de messagerie instantanées
Les conversations qui passent via Internet sont souvent chiffrées : Signal, XMPP, Matrix, mails, etc. On va essayer de comprendre comment ça se passe précisément pour mieux visualiser les risques de ces mécanismes de chiffrements.
Quand un message va de Alice à Betty via Internet, des données transitent par un grand nombre de serveurs. Les systèmes de chiffrement font en sorte que ces serveurs intermédiaires ne puissent pas déchiffrer ces données en le contenu du message entre Alice et Betty.
Si aucun mécanisme de chiffrement n’est mis en place pour une conversation sur Internet, cela signifie que des attaques sur n’importe quel serveur intermédiaire permettent de récupérer la conversation.
5.1. Transfert des mails
La plupart des clients mails utilisent le protocole TLS qui est un système de chiffrement. Ce protocole chiffre la communication entre les serveurs mails de l’expéditeur·ice et du destinataire.
Cependant les serveurs de mails ont accès aux communications et peuvent les lire. Par exemple, si vous utilisez un compte Gmail, Google lit vos communications et récupère les données.
Un système de chiffrement dit bout-à-bout est un système qui chiffre les communications de manière à ce que seul·es le ou la destinataire et l’expéditeur·ice puisse déchiffrer. Le système TLS n’est donc pas un système de chiffrement bout-à-bout.
Pour mieux vous protéger, y compris de vos hébergeurs d’adresse mails, on vous conseille d’utiliser le protocole PGP18 qui est un mécanisme de chiffrement bout-à-bout que vous contrôlez. Vous n’aurez de plus plus à faire confiance aux acteurs intermédiaires pour bien chiffrer vos données vu que vous le ferez vous-mêmes.
Faites attention également aux usurpations d’identité. Il n’est pas si compliqué de se faire passer pour quelqu’un·e d’autre lors de l’envoi d’un mail. On ne peut donc pas être certain·e sans procéder à des vérifications que c’est bien la personne que vous pensez qui vous envoie un mail même si l’adresse mail semble correspondre.
Le système PGP vous protège de ces usurpations via un système de signature numérique.
Les métadonnées de vos communications mails (heure d’envoi, émetteur et destinataire) restent accessibles à de nombreux acteurs quels que soient le protocole.
Client mail ou webmail?
Les clients mails comme Thunderbird, l’application « Mails » d’Apple permettent de centraliser sur une même application plusieurs adresses mails. On conseille de les utiliser uniquement si le disque dur de l’ordinateur est chiffré car sinon toute personne ayant accès à votre ordinateur pourra lire vos mails. Il faudra préférer consulter ses adresses mails sur Tor Browser si le disque dur n’est pas chiffré.
Si le disque dur est chiffré, les clients mails sont bien pratiques notamment si on a plusieurs adresses mails car on compartimente les adresses selon les usages. On peut les configurer pour que la connexion aux serveurs mails passent par Tor ; cela est fait automatiquement sur Tails.
5.2. Signal, WhatsApp, Telegram, XMPP, Matrix
Signal, WhatsApp, Telegram, XMPP, Matrix utilisent un protocole de chiffrement bout-à-bout avec quelques spécificités selon les protocoles sur lesquels on ne s’attardera pas ici19. Ce principe assure que les seuls appareils ayant les clés de déchiffrement des messages sont ceux des correspondant·es. Les serveurs qui permettent la conversation (par exemple celui de Signal) ne peuvent pas déchiffrer les conversations. Cela assure que si les autorités piratent uniquement les serveurs de Signal, ils n’auront pas accès aux messages mais seulement aux métadonnées.
Ce chiffrement bout-à-bout ne protège par contre pas d’attaques visant les appareils des correspondant·es et les autorités essaient de trouver des solutions pour avoir accès aux messages via des failles20.
Signal, Telegram et WhatsApp utilisent votre numéro de téléphone portable. Cela est un risque car comme on l’a vu, les autorités peuvent récupérer votre nom via un numéro de téléphone portable si vous payez un abonnement à votre nom.
C’est pourquoi l’on préfère XMPP ou Matrix qui demandent juste un compte XMPP ou un compte Matrix pour fonctionner ce qui est plus anonymisable. À défaut, on préfèrera Signal à Telegram ou WhatsApp car Facebook contrôle WhatsApp et Telegram envisage de se financer via de la publicité.
On pourra aussi essayer d’enregistrer un compte avec un faux numéro de téléphone ; diverses techniques sont possibles.
De plus XMPP et Matrix sont des applications décentralisées ce qui peut compliquer la tâche des autorités pour récupérer des métadonnées. En effet les applications centralisées centralisent ces métadonnées sur un seul serveur. Si les autorités arrivent à pirater le serveur de Signal, ils ont donc accès aux métadonnées de toutes les conversations passant par Signal.
Dans le cas d’une application décentralisée, pour avoir accès aux métadonnées d’une conversation, il faut que les autorités piratent un serveur utilisé pour cette conversation. En piratant ce serveur, elles n’auront accès qu’aux métadonnées des utilisateur·ices de ce serveur et pas aux métadonnées d’autres conversations passant par d’autres serveurs. De plus les applications décentralisées sont moins sensibles aux attaques par déni de service21 pour bloquer les communications.
Une attaque spécifique aux applications utilisant un numéro de téléphone comme Signal, Telegram ou WhatsApp est la suivante. Les autorités pourraient demander à un opérateur une copie de votre carte SIM, installer Signal dessus et récupérer ainsi l’intégralité de vos messages sur un smartphone qu’ils possèdent22 si elles ont accès au code PIN que vous avez donné à Signal.
Pour vous protéger de cette attaque, pensez à choisir un code PIN long et unique à votre compte Signal. Choisissez de même un mot de passe sécurisé pour vos comptes XMPP ou Matrix.
5.3. Hébergeur d’adresse mails
Selon l’adresse mail que vous avez, vos données sont stockées sur des serveurs différents (les serveurs de riseup pour les adresses riseup, les serveurs de Google pour Gmail, etc.). Ces serveurs ont souvent accès au contenu de vos mails si vous n’utilisez pas le protocole PGP. Ils ont en tout cas accès aux métadonnées des mails, c’est-à-dire aux heures des communications et aux adresses mails qui communiquent.
Choisir un hébergeur mail, c’est choisir à quel serveur vous faites confiance. Faites vous plutôt confiance à riseup ou à Google ? La réponse n’est pas si évidente car vu que beaucoup de militant·es utilisent riseup, les serveurs de riseup sont surveillés et subissent des attaques régulières.
Pour se protéger face aux attaques sur les serveurs mails que vous utilisez, vous pouvez :
utiliser le protocole PGP de chiffrement des mails pour que même le serveur mail n’ait jamais accès à vos mails sans votre clé privée personnelle,
essayer de décentraliser vos données au maximum et ne pas tout mettre sur les mêmes serveurs (on devrait ainsi éviter de toustes utiliser riseup)23.
Un des dangers de la centralisation des adresses mails sur les mêmes serveurs par exemple riseup est l’attaque par déni de service (DoS). Un attaquant peut empêcher toustes les utilisateur·ices d’un même serveur d’accéder à leurs mails pendant un laps de temps en attaquant ce serveur. Cette attaque peut bloquer vos communications. Elle est similaire dans ce sens au brouillage d’antennes réseau pour la téléphonie mobile.
Une adresse mail peut tendre vers l’anonymat si vous compartimentez ses usages. Avoir plusieurs adresses mails pour notre vie personnelle, notre travail, notre activité militante est bénéfique. Sinon les autorités peuvent retrouver votre identité via votre adresse mail. On pourra aussi choisir d’avoir plusieurs adresses mails24 selon les lieux de lutte que l’on visite de la même manière qu’on pourra choisir différents pseudos selon les lieux de lutte sur lesquels on va.
5.4. Fiabilité des mécanismes de chiffrement
L’attaque frontale des mécanismes de chiffrement demande une puissance de calcul considérable. La seule menace concrète pour des particuliers est en cas d’évolution de technologie permettant de calculer beaucoup plus rapidement qu’avant ce qui compromettrait l’ensemble messages chiffrés du passé. Certains mécanismes ont intégré ce risque pour éviter qu’on puisse déchiffrer un vieux message après un certain temps25.
6. En pratique, que faire ?
6.1. Prendre au sérieux la surveillance numérique
Ce guide n’est pas uniquement pour les militant·es aguerri·es. La surveillance numérique est principalement mise en place grâce à de grandes bases de données26 récupérées via de nombreuses personnes y compris des personnes qui pensent n’avoir rien à cacher27. Ces données sont ensuite analysées par ordinateur.
Dans une conversation à plusieurs, c’est la personne la moins protégée qui détermine le niveau de sécurité de la conversation. Se protéger, c’est donc aussi protéger les autres. La surveillance est un enjeu collectif et non individuel.
6.2. Bien choisir son système d’exploitation pour son ordinateur
On pourra différencier les systèmes d’exploitation selon les usages que l’on fait (personnel, militant, travail, etc.). On pourrait ainsi avoir une clé Tails pour un usage militant et un ordinateur avec Linux pour un usage plus personnel (famille, achats en ligne, etc.).
Le système d’exploitation Tails est facilement utilisable par une personne ayant peu de connaissances informatiques28. Parmi les avantages qu’une clé Tails offre, on peut citer entre autres :
Tails propose un environnement qui vous protège contre un grand nombre d’attaques et vous empêche de faire certaines erreurs,
Tails vient équipé en applications pratiques,
Tails passe par Tor systématiquement pour l’intégralité de vos connexions à Internet,
les utilisateur·ices de Tails se ressemblent sur Internet ce qui procure une certaine forme d’anonymat,
vos données dans le stockage persistent d’une clé Tails sont chiffrées via Luks.
Les problèmes de Tails sont les suivants :
complexité d’installer d’autres applications que celles fournies de base,
le fait de passer par Tor systématiquement vous empêche parfois de vous connecter à des services que vous utilisiez d’habitude,
surveillance considérable de Tails et attaques quelques fois réussies contre Tails29. Tails peut donner un faux sentiment de sécurité ce qui peut être dangereux.
Linux, plus compliqué à protéger mais plus flexible
Linux est l’autre choix naturel pour la protection numérique. Il permet de chiffrer l’intégralité de votre disque dur via le système Luks ce qui n’est pas négligeable. De plus, peu de virus existent sur Linux.
Il faudra par contre installer vous-mêmes Tor et vous y connaître un peu pour protéger votre anonymat sur Internet.
Windows ou Mac plutôt à éviter
Beaucoup de virus sont présents sur Windows alors que les Mac et Linux sont moins sujets aux virus. Ces derniers sont en effet des systèmes d’exploitation plus rares ce qui rend le développement de virus moins rentable. Cela est un point positif mais n’empêche absolument pas des développeurs malveillants de créer des virus pour Linux, Mac ou même Tails.
On conseille d’éviter Windows et Mac aussi parce que les sociétés Microsoft et Apple sont des multinationales contre lesquelles de nombreux·ses militant·es luttent.
6.3. Faites des sauvegardes régulières de vos données
Les sauvegardes permettent de récupérer vos données en cas de perte de votre matériel informatique (accident, perquisition, etc.). Si vous utilisez Tails, il est possible de faire une copie conforme de votre clé Tails30. Pour les ordinateurs sur Linux, Windows ou Mac, vous pouvez avoir un disque dur chiffré où vous copiez les données que vous ne souhaitez pas perdre. Stockez vos sauvegardes dans des endroits à l’abri des perquisitions.
6.4. Sécuriser ses échanges mails et préférer les mails aux échanges via téléphone
On pourra faire attention à créer plusieurs adresses mails selon les usages : personnel, militant, etc.
Les mails sont globalement plus sécurisables que les téléphones à condition d’utiliser le protocole PGP et de ne jamais consulter ses mails sur son téléphone. Ce protocole n’est pas compliqué à mettre en place. Attention cependant à ne pas perdre vos clés de chiffrement en faisant des sauvegardes dans des lieux sûrs.
6.5. Les téléphones : utilisation minimale et applications de messagerie via Internet
On peut essayer au maximum de garder nos téléphones loin de nous la plupart du temps. Cela nous forcera à moins compter sur eux et limitera notre dépendance à cet outil dangereux31. Si on prend en plus l’habitude d’enlever sa carte SIM quand on n’utilise pas son téléphone, c’est encore mieux.
Pour éviter d’être trop facilement espionnables, on préfèrera utiliser des applications de messagerie par Internet comme Signal, Conversations pour le protocole XMPP ou Element pour Matrix tout en étant conscient·e que ces outils ne vous protègent pas contre tout les types d’attaques.
On pourra aussi choisir d’utiliser au maximum des cartes SIM prépayées pour compliquer la géolocalisation de notre identité. Pour coupler ça à l’utilisation d’applications de messagerie par Internet, on peut par exemple fonctionner par partage de connexions avec des cartes SIM prises par des prêtes noms qui acceptent d’être géolocalisés à un endroit où iels ne sont pas.
6.6. Bien gérer ses mots de passe et options de confidentialité
Si cela n’est pas déjà fait, on peut choisir un nouveau mot de passe fort pour créer une base de données de mots de passe et tendre vers le fait d’avoir des mots de passe uniques pour chaque service que l’on utilise.
On conseille de mettre au maximum les options de confidentialité des applications que l’on utilise et installer des modules supplémentaires de protection de la vie privée. Sur Firefox, on recommande les modules suivants : Privacy Badger, Ublock Origin, HTTPS everywhere, Cookie Autodelete.
6.7. Limiter l’utilisation des réseaux sociaux
Le mieux est évidemment de quitter les réseaux sociaux. Si cela est compliqué pour vous, limitez votre activité dessus au strict minimum. Pour aider collectivement les personnes quittant les réseaux sociaux, ne postez que des documents (articles, images, vidéos, etc.) déjà présents sur un autre support et en mettant un lien vers ce dernier.
Le logo de Tails a été oublié dans les images. Il sera ajouté dans la prochaine version
Dans la partie sur les clients mails, on a oublié de parler des interactions entre le protocole PGP et le client mail ou webmail.
Ajout d’ateliers pratiques à la fin du guide
Ajout de dispositions matérielles possibles et d’estimation des prix
Remplacement du terme schizophrène dans l’intro par incohérent pour ne pas stigmatiser les personnes souffrant de schizophrénie et éviter une confusion classique entre schizophrénie et trouble de dissociation de l’identité.
Changement de la partie mot de passes : vous êtes nombreux.ses à nous avoir signalé qu’utiliser des mots du dictionnaire baisse beaucoup l’entropie du mot de passe (cela veut dire approximativement que cela baisse la difficulté à attaquer le mot de passe par force brute). Nous changerons donc nos conseils dans cette partie.
Nous reformulerons la partie sur les métadonnées pour mieux distinguer la surveillance de masse (métadonnées) et la surveillance plus individualisée (écoutes).
Note 11 du pdf : erreur dans l’url du lien à corriger.
Nous développerons peut être un peu plus les conseils sur les hébergements de clients mails.
Le 3 novembre, nous avions fait une banderole de soutien à la Grande Ourse. La manifestation contre l’expulsion prévue initialement le 31 octobre avait été reportée le 9 janvier à Angers. C’est bientôt. On envoie tout notre soutien au squat de la Grande Ourse !!