La mobilisation pour défendre l’île du Carnet génère des frais, que ce soit sur la zone occupée, pour la communication ou juridiquement. Une cagnotte pour supplémenter les dons directs faits à Stop Carnet vient d’être lancée en ligne, n’hésitez pas à la diffuser, ou à donner si vous en avez les moyens !
Tous les gestes de soutien sont les bienvenus et le financier en est un parmi d’autres, vous pouvez aller suivre les besoins concrets du moment sur zone sur la page « nous soutenir« , ou nous contacter pour plus de précision (zadducarnet@riseup.net) !
Les aides logistiques (mise à disposition de camion, d’eau ou de matériels de construction) ou présentielles sont toujours les bienvenues. Lien vers la cagnotte :
C’est avec tristesse que nous apprenons que les expulsions pleuvent ces derniers jours. Hier, la Commune de Rezé a été évacuée par les forces de l’ordre. Aujourd’hui, depuis 7h30, la Zad de Roybon subit une attaque de gendarmes.
Des liens forts unissaient nos lieux. Par exemple, la Commune de Rezé prévoyait une soirée de soutien à la Zad du Carnet dans son squat. Ces derniers temps, de nombreuses personnes ont voyagé entre Roybon et le Carnet afin de se rencontrer, de partager nos expériences et tout simplement de changer d’air.
En soutien, les copaines de la Zad du Carnet ont pris une photo !
Lundi 12 Octobre 2020 Le Comité du Village du peuple, Donges.
À l’attention des co-président·es de la CARENE ;
Lettre ouverte : Invitation à une table ronde.
Bonjour,
Le Village du peuple doit devenir une zone d’équilibre naturel, la Petite Lande est un havre de paix où règnent l’harmonie et la symbiose. Comme un symbole historique, son vieux pressoir, son four à pain et son corps de ferme du 18ème siècle doivent être réhabilités afin de correspondre aux enjeux de notre siècle.
Pourquoi vouloir détruire ce lieu alors que ses occupant·es s’engagent dans la réalisation d’un projet convivial et solidaire envers toutes et tous ? À long terme nous envisageons une activité maraichère, la réhabilitation de la forge et la restauration du four à pain, afin d’appuyer l’économie locale dansun souci de résilience écologique.
Le Village du peuple se veut un lieu éducatif et d’accueil pour chacun·e, via des événements intergénérationnels fédérant associations et collectifs dans un objectif commun de partage. Le Village du peuple a besoin de l’appui de toutes et tous.Il est inadmissible que nous continuions à être traité·es comme des terroristes alors que nous agissons en faveur du vivant.
Notre objectif immédiat est de stopper toute activité néfaste sur cette zone humide, dans l’attente d’une concertation globale autour de l’avenir de ce bocage. Nous avons posé des barricades qui bloquent la route des engins, mais qui ouvrent la voie pour d’autres projets. Nous appelons aussi à ce que notre lieu de vie principal ne soit plus menacé d’expulsion. Nous sommes prêt·es à engager le dialogue afin de trouver un éventuel accord: nous appelons à une rencontre avec la CARENE, les élu·es locaux et tou·tes les acteur·ices concerné·es par l’aménagement de la Zone.
Nos différentes parties ont tout à gagner de cette rencontre. D’un point de vue médiatique, une entente serait intéressante pour l’image que vous véhiculez auprès de l’opinion publique. En cas de refus de dialogue, une fracture irrémédiable risque de se creuser, nuisant à l’intérêt général et écologique.
L’important pour nous est la préservation du vivant, le respect des dignités humaines, et la protection du Village du peuple. Nous ne lâcherons rien.
Dans l’attente d’une réponse, nous vous assurons de toute notre considération dans ce dossier.
Cordialement,
Le comité du Village du peuple. Contact : levillagedupeuple(à)riseup.net
Nous voilà donc mercredi 7 octobre au Village Du Peuple. Devant nous, 57 hectares de terres face à la furie des tractopelles: l’avenir est incertain. Nous voilà donc dans l’un des bastions qui résiste encore à la folie de la CARENE et du Grand-Port de Nantes-Saint-Nazaire, qui bétonne à tour de bras l’estuaire,souvent dans l’illégalité. Depuis bientôt deux ans, nous avons fait de ce Village inoccupé un lieu emblématique de luttes pour les dignités humaines, un rempart face à l’industrialisation du monde.
Son vieux four à pain, son pressoir historique et son ‘Free Shop’ coloré ont accueilli Gilets Jaunes, écologistes, féministes, citoyen.nes révolté.es et anarchistes chevronné.es, dans un joyeux brassage de nos diversités. Ce lieu extraordinaire a ainsi permis de fédérer des énergies dispersées et de tisser des liens de solidarité entre de multiples collectifs. Festoiements, débats endiablés, ce village déserté est progressivement devenu un espace d’expérimentation collective, une terre où les imaginaires de lutte grandissent et s’enrichissent.
Nous avons passé une grande partie du week-end à construire nos défenses, matérielles, juridiques et émotionnelles. Plus d’une centaine de personnes venues en soutien ont pu constater la vitalité de la résistance sur place, la détermination et l’énergie déployée pour la sauvegarde du lieu.
Nous avons organisé un concert, fait de la super bouffe végan de récup, nous avons tenu des ateliers sur l’organisation en groupes affinitaires, fait le point sur la répression, les risques légaux, et les stratégies collectives à adopter. Nous avons aménagé des espaces d’écoute et de repos, organisé des rondes de vigie jour et nuit. Nous avons noué des liens avec les voisin.es qui nous soutiennent, et qui ont décidé de nous proposer leurs douches chaudes. Nous continuons à affiner nos méthodes de prise de décision et d’organisation collective au fil de nos assemblées.
Nous continuons aussi à élaborer des projets de long-terme pour faire vivre cet éco-lieu militant, accueillir des personnes démunies et fédérer les luttes régionales. Notre stratégie défensive ne se veut pas que militante, mais aussi participative, artistique et populaire. Devenir un lieu d’activités artisanales et créatives peut aussi permettre de pérenniser l’occupation de ces terres pour continuer d’y implanter une résistance fertile.
Mardi 6 au matin, nous avons eu la visite de l’huissier. La procédure d’expulsion est lancée. Nous pouvons désormais nous attendre à une intervention policière à tout moment. Nous continuons à nous organiser et à prendre soin les un.es des autres, en sachant que notre nombre fera notre force.
Mercredi 7, nous avons eu le premier passage d’un hélicoptère qui a tourné de longues minutes au-dessus de nos têtes. La présence policière reste faible dans les environs, mais nous sommes conscient.es que tout peut arriver dans les jours et semaines à venir.
C’est pourquoi nous appelons à une convergence sur place, afin de régénérer les énergies déjà présentes depuis des semaines. Nous avons besoin de personnes pour continuer les barricades, mais aussi pour colorier les lieux et y rendre la vie agréable, cuisiner, proposer des soutiens juridiques ou émotionnels, mettre en place des formations sur l’auto-défense numérique, échanger avec les voisin.es, rédiger des communiqués de presse, animer des arpentages, monter un spectacle de cirque, faciliter des réunions, faire de la poésie-sur-barricade, etc…
Pas évident pour nous d’être à la fois sur et de se faire relai com’, alors on vous invite à partager ce communiqué largement autour de vous!
PS: Privilégiez le covoit et le stop pour venir !
Nous joindre : levillagedupeuple@riseup.net – 07 51 34 50 36 -si vous avez des infos à nous communiquer concernant une présence policière anormale sur la région. -si vous souhaitez vous rendre sur place au moment de l’expulsion -si vous avez d’autres questions (médias, collectifs alliés, etc..)
Réponse d’un.e zadiste aux critiques entendues sur les modes d’actions de la ZAD du Carnet
Vous promouvez des modes d’organisation horizontaux, mais vos méthodes sont un rapport de force créé par un petit nombre. C’est antinomique. Vous voulez imposer votre vision du monde à la majorité.
Nous ne vivons pas en démocratie : les partis politiques sont contrôlés par un petit nombre, tous les moyens d’expression réels sont bridés pour rester dans un cercle restreint tout en donnant l’illusion d’un jeu à part égale. Tout cela sous-entend que si les citoyens ne se mobilisent pas, c’est qu’ils acceptent la façon dont le monde est géré. C’est faux. Le jeu n’est pas équitable. A la ZAD du Carnet, nous ne croyons plus aux institutions, aux médias et en la justice de ce pays.
Alors quelles autres solutions avons-nous pour stopper des projets destructeurs ?
Nos modes d’action ne sont sans doute pas idéaux. Mais tant que nous n’aurons pas trouvé de modes d’action plus efficaces et démocratiques, nous les assumerons fièrement.
Vous critiquez, mais que proposez-vous ? Quand on voit vos modes de vie sur les barricades, vous ne faites pas rêver grand monde (personnes marginales, violentes, alcool, drogues, punks à chiens, désagréables, ils font peur, ils ont des armes)…
La ZAD du Carnet est un lieu ouvert à ceux qui souhaitent défendre ce territoire. C’est un lieu d’accueil, de soutien mutuel, basé sur un refus de la domination. Les personnes qui y passent du temps et les personnes qui y vivent proviennent de milieux sociaux et culturels très variés. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, loin de là, mais nous acceptons nos différences (qu’elles soient de manière d’être, de vivre ou de penser).
Il s’agit là de la plus grande richesse de la ZAD, de l’une de ses complexités majeure dans la vie quotidienne, de sa plus grande force dans la lutte sur le long terme, et sans aucun doute, de la plus grande difficulté pour des personnes extérieures à comprendre ce qui se passe sur place.
Oui, nous assumons fièrement le fait que nombre d’entre nous sortent des codes traditionnels imposés par la société dans laquelle nous vivons (manière de parler, codes vestimentaires et esthétiques, etc).
Oui, nous assumons que les décisions collectives liés à l’extérieur ne se prennent pas rapidement.
Oui, nous assumons que nous commettons des erreurs car l’organisation n’est pas encore rodée (et elle ne se sera probablement jamais).
Oui, nous assumons que les décisions prises par un groupe puissent ne pas convenir aux autres mais que nous les acceptons tant qu’elles n’engagent que ceux qui les réalisent.
Oui, nous assumons que puissent cohabiter des modes d’action qui semblent incompatibles.
Oui, nous assumons de ne pas pouvoir avoir de ligne politique clairement identifiée en dehors des principes généraux que nous énonçons sur nos auto-médias.
Oui, nous assumons de ne pas avoir de chef, de représentant, de leader, de porte-parole.
Oui, nous assumons tout cela fièrement et totalement.
Pourquoi ? Parce que, si vous trouvez cela chaotique et inorganisé, si la ZAD vous fait peur, c’est sans doute parce que vous vous arrêtez à des mensonges souvent colportés par les médias, à des préjugés et à des idées reçues.
Concernant l’idée reçue sur la violence
Les ZADistes de la ZAD du Carnet n’ouvriront jamais les hostilités les premiers.
« Nous ne défendons pas la Nature, nous sommes la Nature qui se défend ».
Nous prônons la légitime défense lorsqu’il s’agit d’empêcher le site du Carnet, ou un quelconque autre espace naturel, d’être massacré.
Si nous voulions des armes, des vraies, de celles que possèdent les forces de l’ordre qui se trouveront un jour ou l’autre face à nous, nous pourrions nous en procurer. Mais nous ne voulons pas de grenades, nous ne voulons pas de pistolets : nous ne voulons pas mutiler, nous ne voulons pas tuer.
Nous nous défendons avec des moyens artisanaux. Jamais nous ne prônons la violence pour la violence. Nous n’utilisons nos moyens de défense que pour nous protéger et protéger ce site qui est une partie de notre humanité.
Nous le répétons, même quand les forces armées de l’État seront face à nous, nous n’ouvrirons jamais les hostilités les premiers.
Concernant l’idée reçue sur les marginaux, alcooliques et drogués
Oui, nous sommes marginaux. Qui ne l’est pas ? Avez-vous toujours eu l’impression d’être dans la norme de la société, de correspondre à ses schémas, à ses codes, à ses a-priori ? N’avez-vous jamais eu l’envie de tout plaquer ? Chacun compose avec sa personnalité, son histoire, ses expériences et ses contraintes propres. Beaucoup d’entre nous ont réussit à sortir du carcan imposé par la société qui prône le boulot, loyer, consommation, crédits. Bien évidemment, car sinon, nous n’aurions pas la possibilité d’être ici, de mettre de côté nos autres activités pour venir défendre ce lieu.
Pour sortir de cette norme, nous avons appris à vivre de peu de choses : de quoi manger et un espace pour dormir. Ici sur la ZAD, chacun son histoire et ses contraintes. Mais celui qui vient est nourri grâce à tous ceux qui soutiennent à la cause, et si notre nouvel.le ami.e n’a pas une tente, on trouvera bien un moyen pour qu’il ou elle dorme à l’abri.
Alors notre campement et nos barricades ne font pas rêver ? On fait de notre mieux pour qu’elles soient belles, propres et rangées. Ce n’est pas assez ? On vous met au défi de faire mieux que nous avec les moyens que nous avons à notre disposition et dans les respect des sensibilités de tou.te.s 😉
Ah oui, j’oubliais l’histoire de l’alcool et des drogues. Venez donc voir par vous-même. Et je n’hésiterais pas à parier qu’il y a proportionnellement beaucoup plus de gens alcoolisés et drogués dans les bars des Grands Boulevards à Paris qu’à la ZAD du Carnet…
Alors pour reprendre la question initiale : que proposons-nous ?
Nous nous engageons pour un monde où l’on fait apparaître et où l’on essaie de limiter les dominations : les dominations de l’humain sur l’humain et les dominations de l’humain sur la nature, avec l’intime conviction que les deux sont liées.
Cela commence par prendre conscience de l’impact de chacune de nos actions quotidiennes. Au nom du confort et de la spécialisation des tâches, nous avons délégué tous les pouvoirs que nous avions entre nos mains. De la même manière que nous avons délégué la politique à des oligarques à qui nous donnons notre légitimité en allant voter de temps en temps, nous avons délégués tous les pouvoirs que nous avions aux multinationales qui nous fournissent de nos services fondamentaux : eau, électricité, gaz, transport, santé, alimentation.
En quelques générations, nous avons perdu une somme inimaginable de savoirs : nous ne savons plus produire notre nourriture, ni la trouver dans la nature, nous ne savons plus soigner les bobos du quotidien sans médecins ni industrie pharmaceutique, nous ne savons plus coudre, réparer ou fabriquer nos vêtements, nous ne savons plus bricoler, réparer, bidouiller. Nos mains ne servent plus qu’à attraper des objets et taper sur un clavier.
Les travaux « intellectuels » ont pris le dessus sur tout au point que nous avons oublié qu’un être libre ne peux pas être intégralement dépendant des autres pour tous ses besoins fondamentaux. Nous sommes devenus des êtres dépendants des multinationales.
Ce que nous proposons, et que nous faisons déjà à notre échelle, c’est de nous réapproprier les savoirs fondamentaux, c’est de recommencer à prendre conscience de ce dont nous avons réellement besoin, de recommencer à produire collectivement ce qui constitue les bases de notre existence. Nous souhaitons que les multinationales sortent de nos existences, et que l’on s’organise ensemble pour mettre en place les outils de notre liberté.
Texte personnel, rédigé par un.e habitant.e de la ZAD du Carnet
Ce texte a été mis en page pour une impression A4. Vous pouvez le télécharger ici.
Voici quelques textes qui feront partie du fanzine de la zad, le Carnet magique, en avant-première.
Sur la barricade
6H du mat’ sur la barricade du Saule, l’heure des flics mais rien à l’horizon. Rien sauf les lumières de ville dont je ne connais pas les noms. Celles qui, éclairant le ciel comme le soleil levant, m’ont donné le faux espoir de voir la lueur du jour en montant sur la vigie. Alors, j’attends. J’attends la venue du soleil. J’attends en écrivant dans le vent. J’attends confortablement posé sur cette vigie-palette de fortune, bercé par le Saule au rythme des courants d’air. J’attends de potentiels gyrophares, une alerte au talkie, un·e messagèr·e essouflé.e avec de mauvaises nouvelles. PAN ! PAN ! PAN! PAN ! 4 morts ? J’attends avec les coups de feu des chasseurs en arrière-plan. J’attends que 300 copaines débarquent : » Salut, on vient aider à construire la zone. On a 100 camions de palettes, de tôles et de bâches, de quoi tenir 6 mois en bouffe et on est disponibles pour les 6 prochaines années. » J’attends pensant à la cabane qu’on construit pour l’hiver et les innondations. J’attends et je m’ennuie, un ennui serein et pensif, calme et méditatif. Le temps passe vite quand on vit pleinement. J’attends, je pense, j’écris et j’imagine avec dépit que j’aurais pu rester devant mon ordi à attendre l’annonce du désastre, à regarder des inconnu·es tenter de sauver nos existences, à me morfondre dans un ennui torturé en cherchant une vidéo youtube qui donnerait un sens à mon existence. PAN ! Pan ! Pan. Et pendant ce temps les oiseaux ont commencé à chanter, des voitures ont démarré, un copaine s’est levé. Le ciel m’offre un dégradé du bleu foncé à l’orangé, la Loire son reflet. Les feuilles se mettent à scintiller et le chemin de la Saule apparait, comme éclairé par sa flore.
Le soleil s’est levé, mon tour de garde est terminé.
Skyland
Ici c’est Skyland. Dans un monde où la terre a explosé seules quelques îles survivent, vivent en autarcie et résistent encore face à l’oppression des puissants.
La Saule au Monde s’autossuffit grâce à la serre qui fournit des denrées alimentaires extraordinaires venant de partout et de nulle part, et se fournit en éléctricité grâce à l’éolienne en bois. Les plantes qui pendent dans les pots sont des filles de l’air et n’ont besoin ni d’eau ni de terre. Les feuilles des arbres et le compost servent comme terreau pour faire pousser les plantes et les légumes.
Il y a un poste de garde à la tourelle, un filet pour ne pas tomber du hamac et toute l’île est troglodyte. Il y a le petit olivier, le grand Saule, un pêcher et deux chênes. La photosynthèse produite par les arbres suffit à pouvoir respirer et l’eau de pluie est récupérée et filtrée, donc potable. Mais dans ce monde qui parait si beau et paisible, il y a quand même quelques problèmes: l’oppression est grande et les derniers militant·es doivent se cacher ou plier face aux puissants qui veulent construire une grande métropôle de béton qui flotte aussi, et veulent tout robotiser et instaurer un climat de régime totalitaire ultra strict, et qui ont construit une prison pour enfermer tout les derniers resistants. La plus grande menace constituée est donc BABYLONE, la prison du monde du futur. acab cependant
Un poème
Les prêtres ne seront prêtres qu’en paroles On fera de la bière sans alcool On pendra les amoureux pas les hérétiques Toute loi sera juste Fini les dettes pour les pauvres et les moins pauvres Fini les pick pockets dans la foule Les putes et les macs construiront des églises Alors grande confusion Au royaume d’Albion Ce temps viendra Et qui vivra verra Que pour marcher On peut aller A pied.
Le vent
Le vent est un déplacement de l’atmosphère, une agitation de l’air. Il modifie, modélise l’environnement : le vent, c’est le changement.
Elle nous surprend, cette brise douce qui nous séduit et qui, d’un coup, s’engouffre dans nos têtes pour balayer tous nos acquis. Où sommes-nous atterri·es ? Est-ce l’utopie ou son mirage ? Tout chavire depuis cette grande balançoire, les couleurs et les sourires sur les visages. Les questions viennent avec le tournis. Le vent se lève, le vent exulte, et emporte avec lui ce qui est encombrant. C’est instable ici, ça tient en équilibre – mais ça tient, bon sang !
Parce que nos fondations ne sont autres que les oiseaux, les roseaux, le ciel et les flots ;
Parce que nos murs et nos toits sont le parfum du pain grillé, l’émulation des chantiers, les notes de guitare et les conversations au creux de l’oreiller ;
Parce que l’âtre flamboyant est l’étreinte de tous les jours, celle qui efface les frontières entre le merci, le je t’aime et le bonjour. Et c’est quand la nuit tombe qu’on voit les flammes infernales là-bas ; comme une brûlure qui se ravive, on se rappelle que l’autre rive est bétonnée et que la vie ne tient qu’à un fil – celui de notre volonté.
Alors vas-y, élève la voix, joint ton souffle à celui du vent, aligne ta respiration sur celle, battante, de la Loire qui se défend ;
Si le vent souffle, c’est pour tourner…
Des terres à la zad
Dans un lieu où une heure peut durer une journée, deux kilomètres semblent être un océan à traverser. On a l’impression que deux réalités différentes se superposent, que deux manières de vivre se séparent. Les priorités ne sont pas tout à fait les mêmes et ne peuvent pas l’être quand d’un côté on peut se reposer sur un terrain prêté et que de l’autre, la vigie toute la nuit fatigue les esprits.
Mais tout ça, c’est bien sur complètement faux ! C’est les mêmes espoirs qui nous habitent à chaque extrémité de la route. Celui de voir ce projet de béton couler dans l’eau en emportant avec lui tout ce qui nous donne la rage et tout ce contre quoi on se bat. Cet espoir qui nous pousse à venir vivre sous des tentes, dans la boue, avec des moustiques, dans une zone inondable, harcelé·es par les keufs, menacé·es par les chasseurs et balayé·es par des tempêtes. Et qui nous pousse à prendre des risques pour notre propre liberté. Un espoir magnifique, qui redonne un peu de confiance en ce qui nous entoure.
Finalement, même si deux kilomètres nous séparent, on est deux facettes d’une même réalité qui s’exprime. Ce qui empêche ces deux facettes de se dissocier, c’est les liens qu’on entretient et qui sont plus profonds que n’importe où ailleurs, c’est le sourire d’une copaine qui nous prend dans ses bras comme si on ne s’était pas vu depuis un an alors qu’on a veillé ensemble quelques heures plus tôt.
C’est à force de traverser cette route que s’inscrit dans nos corps l’existence de ces liens. La route, on l’a peut être faite mille fois déjà et de toutes les manières que l’on pouvait imaginer. En voiture ou en cametar, tout droit jusqu’au bout pour se manier, ou en passant par la Pabus’ pour éviter les contrôles. A pied, déguisé.es en touristes, même si ça n’a jamais marché, ou bien en mode furtif prèt·es à se jeter dans un buisson dès qu’une bagnole passe. En vélo surtout, la nuit, le jour, tranquillement ou à fond, avec le soleil qui nous réchauffe ou en pleine tempête et qu’il faut se dépêcher parce qu’on a promis qu’on faisait la vigie à P1. Même avec un âne, on l’a traversée. Et à chaque fois qu’on la traverse, on est heureux.ses de retrouver les copaines.
Entretien avec une zadiste
20 septembre à 14h30
J’arrive à un lieu de vie. Ici l’ambiance est calme et sérieuse : pas de portables dans le lieu. Autour du feu, sous une bâche, quelques personnes préparent une salade concombre/pommes/poires/piment/curry/paprika, une recette soit-disant péruvienne. C’est étonnamment plutôt bon. Pendant ce temps, l’eau finit de bouillir sur le feu. Le reste du menu : pâtes-emmental. On sent la fatigue de 3 semaines d’occupation peser un peu partout.
Au programme de la journée de repos : cuisine-vaisselle-musique-discussions & vigie.
Quelqu’une accepte de répondre à quelques questions pour l’automédia de la zad.
Question : Comment tu te sens après 3 semaines d’occupation ?
Réponse : Enthousiaste et fatiguée. Fatiguée car il reste plein de choses à faire et enthousiaste car déjà plein de choses se sont faites !
Q: Qu’est ce qui te fait apprécier d’habiter sur zone ?
R: Je dirais que le mot qui décrit le mieux ce qu’on vit c’est intensité. Intensité du temps : les journées sont hyper denses et passent très vite. Intensité des relations et des rencontres aussi. J’ai rencontré et revu pas mal de gens ici. Le simple fait d’être présent.es ensemble sur une zone d’occupation, de partager une certaine vision donne lieu à des rapports assez fusionnels.
Q: Tu as déjà été à des zad en campagne ? Est-ce que les expériences sont similaires ?
R: Oui, c’était contre des projets différents mais l’intensité est similaire. Ce qui compte sur ces lieux, c’est qu’on combat le capitalisme qui se montre sous diverses formes.
Q: Ca t’a fait du bien d’être içi ?
R: C’est vital. On a l’impression de travailler, pas au sens productiviste mais avec un travail agréable. On réfléchit, on bâtit, on apprend. Je pense que ce qui nous pousse, notre moteur, c’est notre vision de la société. Il y a beaucoup d’adversités : on essaie de développer de nouvelles formes qu’on façonne et partage. Evidemment, ce qu’on fait est loin d’être parfait, mais on choisit ce qu’on fait et on essaie de s’améliorer.
Q: Tu es sur un lieu avec peu d’approvisionnement, est ce que c’est difficile ?
R: Ici, on est pas autonome, c’est la galère. On dort encore à la belle étoile mais j’apprécie le peu de confort de ce lieu de vie. Le manque d’autonomie en eau rend beaucoup de choses compliquées comme la vaisselle. On doit faire des km pour récupérer des bidons d’eau qu’on transporte à vélo, c’est une grosse mission. On se laisse vite dépasser du coup. En plus, je suis un peu maniaque ce qui n’arrange pas les choses ! Mais tout ça, ça soude le groupe : c’est des galères qu’on partage ensemble. La précarité c’est relou mais quand on la partage avec d’autres, ça partage à une certainse intensité dans nos relations. Quelque part, le fait de ne pas être confortable rend les relations plus vraies.
Q : De quoi as tu peur et qu’espères-tu ?
R: J’espère qu’il y aura du monde, que ça va durer, qu’on tiendra !J’espère qu’on arrivera à améliorer la communication entre nous et qu’on reste assez fort.es pour continuer à lutter contre le système et empêcher que cette zone soit bétonnée !
Investi par des personnes en précarité sociale il y a bientôt 2 ans, puis devenu lieu de vie collectif depuis plusieurs mois, l’ancienne ferme de la petite lande avec sa grange du XVIIIe sa presse, son four à pain, ses poules et ses béliers est menacée d’expulsion à partir de demain mardi 6 octobre. Celle-ci devrait être rasée pour permettre l’installation d’une nouvelle zone industrielle aux portes de Donges : la ZAC de Six Croix 2.
L’entreprise CarboLoire prévoit notamment d’y installer une usine de production industrielle de carbonate de calcium, via l’obtention d’une dérogation pour les rejets prévus de poussière, et le risque d’incendie. Les premiers travaux de remblais et de terrassement ont débuté non loin du corps de ferme historique.
57 ha de terres agricoles et de zones naturelles sauvages sont menacées par le projet au milieu d’un territoire déjà bien marqué par la main-mise industrielle liée au port de Nantes-Saint-Nazaire. Le bocage, avec ses chênes centenaires, ses mares, ses prairies pâturées et tous les écosystèmes qui leur sont liés risquent d’être bétonnés. Ce matin même, une Effraie des clochers chassait dans une parcelle autour du lieu dit de la Petite Lande.
Depuis son occupation, ce Village a vu se rassembler des centaines de personnes d’horizons et sensibilités différentes : Gilets jaunes, syndicalistes, défenseurs.ses du vivant, féministes… Le lieu a notamment accueilli la première journée d’éducation populaire sur l’estuaire qui a abouti à une Déclaration commune de l’estuaire, rédigée collectivement et synthétisant notre vision commune (ci-jointe).
Des ateliers de désobéissance civile s’y sont tenus tout le week-end et ce lundi 5 octobre afin de se préparer collectivement à protéger ce dernier rempart contre la bétonisation de la rive nord de la Loire. Ce lieu emblématique de la lutte face à l’industrialisation du monde s’est ainsi transformé en quelques jours en base arrière pour organiser la défense de la zone, avec le soutien de nombreux collectifs pour la justice sociale et écologique de la région.
Nous, habitant.es du lieu ou d’alentour venu.es en soutien, sommes convaincus de l’illégitimité de la CARENE à détruire ce lieu de vie et tout l’écosystème qui l’entoure.
Dans la lignée des réflexions sur la défense de l’estuaire, nous avons décidé de nous placer face à cette poignée d’industriels qui nous impose la dégradation généralisée de nos espaces de vie.
Notre résistance ici se nourrit des dégâts engendrés tout au long de l’estuaire par un modèle d’accaparement et de destruction capitaliste de ses riches milieuxde vie. Elle se nourrit de visions d’une autre société que celle qu’on nous impose à coup de bulldozers et répression policière.
Nous invitons donc toutes et tous les journalistes intéressé.es à se rendre sur place dès mardi matin 7h ou tout au long de la semaine, pour couvrir l’expulsion annoncée et constater la vitalité de la résistance sur place.
Vous pouvez prendre contact avec nous par mail sur la boite levillagedupeuple@riseup.net
Cette déclaration commune est le fruit du travail d’une cinquantaine de personnes rassemblées au Village du Peuple (Donges, 44) lors d’une journée d’apprentissage collectif sur les enjeux géopolitiques, industriels et écologiques autour de l’estuaire de la Loire. Elle a pour objectif de retranscrire toutes les contributions et de les assembler pour donner à voir et faire exister les nouveaux imaginaires de lutte qui émergent en cette fin d’année 2020.
Cette version est une première esquisse de synthèse, qui appelle des propositions de modification, jusqu’à ce qu’elle nous tienne ensemble, dans la diversité de nos luttes.
Considérant que :
– Les deltas, estuaires, zones humides, combinent une diversité de milieux et comptent parmi les zones les plus fertiles et riches en biodiversité au monde.
– Depuis quatre siècles, les logiques coloniales, productivistes et industrielles ont sculpté ces paysages, asséché les zones humides, figé la Loire et artificialisé ses berges.
– Le Grand Port de Nantes-Saint-Nazaire perpétue aujourd’hui l’appropriation de ressources des anciennes colonies : bois d’Afrique, soja et viandes d’Amériques du Sud, hydrocarbures
– Que les aménagements récents sont poussés par les intérêts financiers d’un cartel industriel et soutenus par des pouvoirs publics qui nient la pollution généralisée, méprisent le bien-être des populations locales, et organisent une désinformation généralisée en minimisant par exemple les risques de submersions futures et de catastrophes industrielles.
– L’industrie des énergies renouvelables, nouvelle vitrine verte du Port, se construit sur le même modèle extractiviste via l’appropriation exponentielle de terres arables, d’énergies fossiles, et de matériaux rares, issues principalement des anciennes colonies.
– Les récentes tentatives de communication des bétonneurs sur les « énergies vertes » ou encore leurs discours sur la « compensation écologique » et le « zéro artificialisation nette » dissimulent des pratiques d’exploitations toujours aussi toxiques pour les milieux, la poursuite d’une idéologie capitaliste et l’exclusion des populations locales des décisions concernant l’aménagement de leur territoire.
Nous déclarons:
Que cet héritage colonial du Port nous révolte, comme ses relents toujours présents sous de nouvelles formes : l’importation de productions industrielles délocalisées qu’elles soient agricoles, forestières ou technologiques, l’exploitation gazière et pétrolière qui constitue les 2/3 de la matière accostant au port, et l’exploitation minière, qui seraient impossibles sans une alliance entre les Etats au détriment des populations exploitées dans les anciens pays colonisés.
Qu’ensemble, nous voulons donc imaginer un territoire débarrassé de toutes ces activités néocoloniales et inventer collectivement d’autres relations maritimes.
Que nous voulons l’arrêt immédiat de la bétonisation, des importations de soja, gaz de schistes et bois tropicaux, de la fabrication d’engrais de synthèse. Que nous souhaitons l’arrêt à terme des activités gazières & pétrolières.
Nous rêvons:
D’une Loire ré-ensauvagée, où les activités humaines s’adaptent plus que ne s’imposent aux méandres, vagues et marées. De berges mouvantes, dynamiques, incontrôlables, à l’image du fleuve, et en opposition aux rives figées, sacralisées, dévitalisées que nous proposent les aménageurs.
De porter un autre regard sur les espaces qui nous entourent que celui, anxieux, du gestionnaire dominateur, de considérer autrement ces milieux que sur la seule base du profit que l’on peut en extraire.
D’une culture fleurissante, d’un foisonnement d’activités artisanales et artistiques. De maisons sur pilotis, de paquebots touristiques devenus théâtres, résidences universitaires et cantines populaires.
De mieux comprendre, de se relier et de s’intégrer affectivement aux différentes zones de l’estuaire.
De reconnaitre les richesses écologiques et les abondances naturelles de l’estuaire, de les valoriser grâce à des pratiques agricoles et piscicoles nourricières pour les populations locales.
De sortir des grandes villes, de s’organiser en archipel de communes libres, autonomes et résilientes.
Nous rêvons de rendre justice au fleuve, et de se battre pour sa libre-évolution, aux côtés d’autres espèces animales et végétales et à bord de radeaux pirates.
Nous décidons ensemble, dès maintenant :
D’inventer, localement, de nouvelles manières d’habiter l’estuaire, sans subir aucune décision d’aménagement venue de Paris, décidée dans les couloirs de multinationales.
D’orienter nos énergies vers la compréhension de toutes les richesses de ces milieux, et de les côtoyer pour développer des attachements sensibles à nos territoires.
De s’armer de connaissances intimes sur ces écosystèmes estuariens pour devenir capables de les défendre, d’y puiser des ressources rhétoriques et théoriques mais aussi d’y trouver des cachettes secrètes d’où lutter en guérilla, d’en faire des remparts mouvants et des marécages imprenables.
De nous réapproprier la gestion des forêts, des marais, des prairies, du fleuve et de ses berges. De défendre ces habitats précieux que sont la Loire et son estuaire, pour la faune et la flore qui s’y épanouit.
De refuser cette civilisation « hors-sol » qui nous est vendue, en s’enracinant sur ces territoires, vivant tels des roseaux et leurs oiseaux au rythme des crues, des récoltes et des migrations sauvages.
De décentraliser nos luttes pour être partout sur l’estuaire, dans une relation de défense-mutuelle.
De décoloniser nos imaginaires de lutte pour réinventer un nouveau rapport au monde et de nouveaux rapports sociaux émancipés de toutes formes de dominations et d’oppressions.
Face à cette poignée d’industriels qui nous impose la dégradation généralisée de nos espaces de vie :
Nous voulons être fortEs dans la lutte, tenuEs toustes ensemble dans nos diversités par les rives du même fleuve, et nourriEs par ses riches sédiments.
Nous voulons faire valoir nos intérêts communs d’êtres vivants fluviaux et terrestres et les défendre ardemment, comme la marée qui toujours revient.
Du Carnet à Donges, des quartiers de Saint-Nazaire aux fermes paysannes de Lavau, organisons l’auto-défense de l’estuaire !
– RDV à 14h devant Stellia Aerospace (bd des apprentis, quartier méan, st-nazaire) avec VAMP, puis 15h devant IDEA et Air Liquide (rue de la cordionais, montoir) avec l’ADZRP pour découvrir quelques sites industriels dangeureux et polluant sur lesquels ces deux associations ont des choses à nous raconter; – 16h – rassemblement sur le rond point de trignac (auchan) pour visibilité (banderoles) et tractage. Les thèmes abordés seront: urgence climatique, risques industriels, bétonnage des terres.
Un an après l’incendie de Lubrizol à Rouen, l’explosion de Beyrouth début août, les incendies massifs en Australie, Californie, Sibérie et Amazonie, les sécheresses historiques de ces deux derniers étés, la crise du Covid, … Il est clair que le monde dans lequel nous vivons change vite et dangereusement.
La France a connu en 2019 plus de 1000 accidents industriels contre 15 en Allemagne. Aujourd’hui, dans l’Hexagone et en Outre-mer, il y a 500 000 Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) et seulement 41 000 sont soumis à une réglementation et à des inspections spécifiques. Les 459 000 sites restants échappent à toute inspection et la plupart de leurs données ne sont pas publiques.
Pour préserver la « compétitivité » et « l’attractivité » des territoires, les conditions de travail des personnes chargées de la maintenance sont dégradées et la simplification des procédures de contrôle augmente les risques. Celles-ci sont en plus aggravés par le réchauffement climatique, la multiplication des sécheresses, l’intensification des tempêtes, des inondations, … et peuvent en retour renforcer ces phénomènes (incendies industriels, pollutions massives, rejets de gaz à effet de serre, etc…) dans une spirale infernale auto-entretenue.
Il est temps de nous organiser pour dénoncer les activités de ces entreprises qui cherchent toujours à optimiser leurs profits au détriment de l’environnement et des risques pour leurs employé.es comme pour les riverain.es.
>> Plus d’infos sur les possibilités d’auto-défense populaire face aux risques industriels sur http://www.notremaisonbrule.net
De part et d’autre de la Loire, à Donges, au Carnet, à Brais, à Savenay… il y a peu à Donges-est et à la vasière de Méan, l’estuaire continue d’être la cible des aménageurs industriels. Depuis plus d’un siècle, les autorités s’activent à la canalisation et à l’aménagement de ses rives contre la vie biologique, sédimentaire et populaire de ce fleuve.
Aujourd’hui que nous nous rendons compte collectivement et individuellement des drames impliqués par cette surproduction industrielle, ces accaparements de terres en cascade ou de la destruction des écosystèmes humides de ses rives, nous avons décidé de nous retrouver pour nous réapproprier notre territoire avec comme premier objectif : le comprendre pour mieux le défendre.
Cette première journée sur l’estuaire au Village du peuple a permis de creuser différents sujets précieux à nos yeux et tous liés à l’estuaire et à son activité potuaire sous forme d’arpentage. Sur la quarantaine de personnes présentes le matin, des petits groupes de 5 à 10 personnes se sont formés pour éplucher des documents préparés à l’avance et synthétiser ces lectures nourrissantes, afin de les transmettre au reste du groupe. L’idée était de se former collectivement à 4 sujets : la fonctionnalité écologique de l’estuaire et ses écosystèmes propres, l’histoire de son aménagement, les industries qui le composent (notamment celles à risque) et la gouvernance du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN), institution maîtresse dans l’aménagement de l’estuaire.
Sur la base de ces compréhensions collectives, nous avons ensuite échangé en petits groupes sur la vision que nous portons sur ce territoire aujourd’hui, ce qui nous révolte, ou nous donne de l’énergie pour lutter, ce qui nous ferait rêver ensemble et sur la stratégie que nous pourrions mettre en place pour défendre l’estuaire contre l’accaparement capitaliste industriel et tous ses effets.
L’équipe qui préparait la journée proposait d’utiliser les éléments sortis de ces discussions pour la rédaction d’une déclaration commune d’un estuaire en lutte, au Carnet, à Donges et sur tous les espaces sur lesquels le système a mis son dévolu oppressif. Ce texte devait décrire nos colères, nos envies, nos rêves et nos espoir. Il est toujours en chantier, finalement il le sera peut-être encore quelque temps jusqu’à ce qu’il nous lie toustes sur nos lieux estuairiens et que ses idées nous portent vers une lutte commune et multiple, créatrice et émancipatrice.
Du Carnet à Donges, des quartiers de Saint-Nazaire aux fermes paysannes de Lavau, organisons l’autodéfense de l’estuaire !
Nous sommes la Loire qui se défend !
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Les synthèses de la matinée seront bientôt affichées sur la ZAD du Carnet, peut-être dans une prochaine Cabane de l’estuaire !
La déclaration commune sera d’ici quelques jours publiée sur ce site !
Une liste mail de construction de la lutte de l’estuaire a été initiée, pour t’y mettre, inscris toi par ici !
Si tu es intéressé.e pour avancer sur l’enquête populaire de l’estuaire, envoie un mail à enqueteestuaire@riseup.net