Une Zad en Allemagne appelle à soutien

Le village de Lützerath en Rhénanie est menacé de destruction par l’accroissement de la mine de Garzweiler par RWE, une multinationale allemande d’énergie, et son appétit pécunier hors norme. La nouvelle Zad Rhineland à Lützerath nous a demandé de relayer leur appel à soutien.

Defendons Lützerath

Lützerath est un village du Rhineland dont la destruction est planifié à profit d’une entreprise international, RWE. 650 millions de tons de charbon brun sont destiné à être brûlé.  Ceci serait un ajout à la catastrophe climatique. 

 Ici nous combattons pour la justice climatique, nous nous rebellons contre le néocolonialisme, contre des systèms destructives qui mettent en péril la vie. 

 Cher.es ami.es et camarad.es

 Nous avons proclamé la Zad Rhineland à Lützerath !

Dans cette zone de résistance nous nous battons pour notre utopie contre ce système destructif. A partir de maintenant et tout particulièrement cet automne nous avons besoin de votre soutien !

Car à partir du 1 er Octobre RWE va commencer à couper les arbres de Lützerath et à partir de Novembre ils commenceront à attaquer notre village. 

Image issue de la vidéo de mobilisation disponible sur http://luetzerathlebt.info/en/

Date à venir :

29th Sep – 06th Oct:  Atelier pratique anti-coupe « les arbres restent ». 

01st Oct: La saison de la coupe à ras commence. Un sit-in est prévu par la campagne locale « Alle Dörfer bleiben ». ( tout le village reste)

29th Oct – 05th Nov: Atelier anti-démolition et « Unräumbar Festival » ( Festival non expulsable) 

 01st Nov: Probable expulsion

Venez nous rejoindre à la ZAD du Rhineland pour défendre Lüthzerath   

Contact :

email: kontakt@luetzerathlebt.info

site : http://luetzerathlebt.info/en/

chantiers collectifs de construction de la future maison du Carnet [Libre et Sauvage] tous les week ends à partir des 18/19 septembre!

Le Grand Port Maritime déterminé à relancer le projet industriel du Carnet ? On ne laissera pas faire !

Continuons à construire la résistance : bâtissons une maison d’accueil et de lutte sur un lieu privé près du Carnet ! 

Gros chantiers collectifs de construction de la future maison du Carnet [Libre et Sauvage] prévuent tous les week ends à partir des 18/19 septembre!

Le projet du Carnet n’est pas abandonné, malgré la communication officielle

Le Grand Port Maritime Nantes Saint-Nazaire annonçait à la suite de l’expulsion qu’il mettait en pause les travaux. Belle opération de comm’ visant à démobiliser et à faire croire à la population locale que le projet tombait à l’eau et qu’il n’y avait plus d’urgence.

Des nouvelles récentes montrent que le projet industriel du Carnet n’est toujours pas abandonné : 

– Le GPM a dépensé cette année pas moins de 30 000euros pour verdir sa communication sur le site du Carnet.

– Le GPM a contacté au moins un éleveur pour savoir s’il serait intéressé de faire pâturer ses chèvres et moutons sur les 110ha du projet, de quoi raser toute végétation sous un beau vernis écolo, vive l’éco destruction ! 

– Le GPM a passé un appel d’offre pour réaliser des relevés naturalistes, comme demandé par le conseil scientifique qui pointait du doigt ce manquement. Ces relevés devraient commencer à l’automne sur le site du Carnet. Ils ne sont en réalité pas nécessaires au Grand Port pour aménager l’île du Carnet puisque le GPM conserve toutes les autorisations et dérogations pour mener à bien son projet industriel ( arrêté préfectoral de 2017 qui a sonné l’arrêt de la vie sauvage au Carnet ). 

– Alerte : Carnage en cours sur l’ile du Carnet : 

La zone concernée par le projet industriel se voit défigurer régulièrement depuis un mois : débroussaillage au broyeur pour créer une bonne dizaine de Km de chemins à travers les roselières, les boisements, les prairies et les buissons.

Les chasseurs s’en donnent à coeur joie en effectuant des battues aux sangliers qui peuvent durer jusqu’à 20h de suite !

L’étang artificiel à l’ouest de l’ile, situé en bordure de zone à aménager a été asséché par le GPM en refermant l’écluse de la zone ! Cet étang accueillait de nombreux batraciens, était un lieu d’alimentation et de repos pour bon nombre d’espèces protégées !

Le fait d’effectuer ces relevés d’espèces sur un site saccagé, broyé, chassé, ne serait donc pas une bonne manière d’assurer à l’opinion publique que l’île du Carnet n’a plus rien de sauvage et que ses milieux naturels ne représentent pas un intérêt majeur ? 

Résistons à l’intimidation

Le lieu collectif proche du Carnet, ainsi que le paysan qui nous acceuille, ont été récemment victimes d’attaque / saccages de la part de voisins / fachos. Nous sommes actuellement un petit groupe à assurer une présence sur place, à ranger / réorganiser le lieu, montrer que l’on est là et n’avons pas peur. La situation s’est stabilisée et nous n’avons pas eu de nouvelle attaque.

Pourquoi on a besoin de monde et de construire une maison de la résistance?

La résistance au projet est plus que jamais nécessaire à relancer ! 

Et on a besoin de monde pour cela, d’autant qu’on a affaire au plus gros projet destructeur du grand ouest porté par le gouvernement Macron et nombre d’intérêts industriels !

Face à l’échéance des travaux qui se rapproche et à la nécessité d’avoir un lieu plus accueillant pour amplifier la résistance au projet, on prévoit de lancer le chantier d’un hangar pour en faire une maison de la résistance au projet du Carnet.

On ne pourra pas continuer à être tout le temps les mêmes à être présent-e-s sur le lieu pour organiser des évènements de soutien à la lutte, à informer la population locale des impacts du projet du Carnet, à préparer la résistance aux travaux à venir, à organiser le lieu pour en faire un lieu d’accueil et d’informations sur la lutte du Carnet.

On a besoin de monde sur place pour continuer à faire vivre la lutte contre ce projet destructeur ! 

Si tu as envie de passer quelques jours / semaines à la campagne, à faire un peu de bricolage (sur le chantier de la maison du Carnet mais pas seulement), de maraichage chez les copaines, participer à l’orga d’un infotour du carnet, créer du lien avec les voisin.es, tu es le.la bienvenu.e avec ta tente ou ton camion!

1er gros chantier collectif de construction de la future maison du Carnet [Libre et Sauvage] prévu le week-end du 18/19 Septembre et par la suite tous les week-end. 

Si tu veux nous rejoindre, avoir plus d’infos, nous ramener du matos, apporter ton soutien de quelconque manière, écris-nous à : horsdlaloire@riseup.net

Les besoins en matos sont les suivants :

    – bois en tout genre pour la construction dont pannes, chevrons.
    – outils de construction (barre à mine, pieds de biche, scies à bois / métaux, marteaux …)
    – échelles/escabots
    – tiges filetées, boulons …
    – cordes
    – tôles
    – bâches
    – plexiglass
    – isolant
    – visserie et mèches
    – Vélos
    – Brouettes
    – Kit de réparation de vélo
    – vêtements (notamment chauds et de pluie, bottes, chaussures de rando, chaussettes)
    – mais également caravanes et autre structure pouvant servir d’abri

    – bois pour se chauffer

    – poêle

    – chauffe-eau à gaz

    – génératrice

    – cables élec + rallonges + prises + tableau élec

https://stopcarnet.fr/52 min

Venez soutenir la résistance près du Carnet ces prochaines semaines !

Le Grand Port Maritime déterminé à relancer le projet industriel du Carnet ? On ne laissera pas faire !

Appel à soutien pour continuer de construire la résistance : chantiers collectifs pour une maison du Carnet sur un lieu privé près du Carnet !

Nous avons besoin d’être nombreux·ses ces prochains jours / semaines pour montrer un rapport de force face aux tentatives d’intimidation et notre détermination à continuer la résistance !

Si tu as envie de passer quelques jours / semaines à la campagne, à faire un peu de bricolage (sur le chantier de la maison de la résistance mais pas seulement), de maraichage chez les copaines, participer à l’orga d’un infotour du carnet, créer du lien avec les voisins, juste profiter de la campagne, souffler un peu de la ville ou prendre un peu de vacances en mode autogestion ( chacun·e fait sa vaisselle, participe aux taches collectives comme la cuisine, vider les toilettes séches, faire des récups …. On a personne pour le faire à notre place et on est contre le patriarcat) , tu es lea bienvenu avec ta tente ou ton camion!

Si tu veux nous rejoindre, avoir plus d’infos, nous ramener du matos, apporter ton soutien de quelconque manière, écris-nous à : horsdlaloire@riseup.net ou zadducarnet@riseup.net.

Plus d’infos sur la lutte au Carnet par ici : https://zadducarnet.org/https://stopcarnet.fr/

Le Matos est également le bienvenue pour le chantier de construction de la maison du Carnet et pour la vie quotidienne/évènements :

– bois en tout genre pour la construction – outils de construction (barre à mine, pieds de biche, scies à bois / métaux, marteaux …) – échelles/escabeaux – tiges filetées, boulons … – cordes – tôles – bâches – plexiglass – isolant – pointes – vis – Vélos – Brouettes – Kit de réparation de vélo – vêtements (notamment chauds et de pluie, bottes, chaussures de rando, chaussettes) – mais également caravanes et autre structure pouvant servir d’abri – bois pour se chauffer – poêle – chauffe-eau à gaz – génératrice – cables élec + rallonges + prises + tableau élec

Quand NDDL se prend pour le petit père des luttes – Entre récupération et autoritarisme

Ce texte est une réponse collective de la part de personnes ayant lutté à la Zad du Carnet, à la Zad de la dune et contre le Surf Park de Saint-Père-en-Retz suite à des tentatives de récupération politiques de la part d’habitant.es de la Zad de NDDL. Nous avons souhaité éclaircir en quoi les pratiques de certains groupes habitant actuellement la Zad de NDDL nous affaiblissent collectivement dans nos luttes horizontales et anti-autoritaires et pourquoi nous ne voulons pas d’elleux dans nos luttes.

Le texte ci-dessous est un texte de la confluence des luttes de l’Ouest et a été publié initialement sur leur site internet.

Le texte est aussi téléchargeable en format brochure (et imprimable) :

Introduction

Ce texte est né après de nombreuses rencontres de Zadistes, de militant·es, de locaux·ales habitant à proximité des projets de merde imposés dans l’ouest de la france et ailleurs.

Lors de nos rencontres, nous nous sommes rendues compte que les tensions que nous pouvions avoir séparément ou collectivement avec des habitant·es de l’ex-Zad de Notre-Dame-Des-Landes (NDDL) n’étaient souvent pas comprises. Il fallait alors prendre le temps long d’expliquer l’historique de ces tensions, les raisons de ces conflits. C’était quasiment impossible pour les personnes découvrant toutes ces histoires de digérer autant d’informations et cela pouvait nous bloquer collectivement.

Nous avons écrit ce texte pour présenter notre histoire collective, pour faciliter la transmission d’information et d’analyses à propos des pratiques de certain·es habitant.es de l’ex-Zad de NDDL.

Cette histoire commence autour de notre vécu collectif récent : celui de la Zad du Carnet et des nombreuses tensions que nous avons eues avec des habitant·es de l’ex-Zad de NDDL. Nous avons alors compris que loin d’être isolées ou d’être sans raisons, ces conflits avaient une histoire, avaient des raisons structurelles d’exister.

Depuis le processus de légalisation, des habitant·es de l’ex-Zad sont rentré·es dans un processus d’intégration au monde capitaliste. Iels utilisent l’image médiatique de la Zad de NDDL à leur profit personnel : pour les aider dans le rapport de force nécessaire aux processus de légalisation et pour accumuler de l’argent. Mais en plus d’utiliser l’image de l’ex-Zad, iels accaparent l’image de nos propres luttes actuelles : celles de la Zad de la Dune, de la lutte contre le Surf Park ou de la Zad du Carnet.

En faisant cela, iels affaiblissent nos luttes car iels accaparent nos imaginaires, nos luttes, nos vécus à des fins marchandes. Iels nous mettent en danger en ne relayant que leur communication sur nos luttes et non notre propre communication. Ainsi, iels ne relayent pas nos appels à soutien contre la répression que nous subissons tout en se félicitant de nos victoires comme ce que l’on peut constater lors du rassemblement intergalactique récent de juillet 2021.

Face à ces tentatives de récupération politique pour des profits personnels, nous appelons à continuer à lutter de manière horizontale et anarchiste. Nous appelons à nous relier par des liens interpersonnels et non à un niveau organisationnel vertical et centralisé. Nous appelons à nous soutenir mutuellement entre les luttes en se filant des coups de main et non en essayant de se parrainer les un·es les autres. Nous appelons à partager nos expériences communes, à partager nos différences et à s’enrichir mutuellement de nos pratiques. Tout cela pour renforcer nos luttes anticapitalistes, antiracistes, féministes, écologistes, anarchistes et radicales.

1. Les dernières tentatives de récupération politique de la part des personnes de NDDL

Toustes les habitant·es actuelles de l’ex-Zad de NDDL ne sont pas visées de la même manière par ce texte.

Nous pensons qu’actuellement des groupes comme le CMDO (le Comité de Maintien Des Occupations) ont un pouvoir considérable sur l’ex-Zad et c’est principalement leurs pratiques que nous dénonçons. De nombreux·ses habitant·es actuel·les de l’ex-Zad continuent de s’organiser avec le CMDO ou restent silencieux·ses vis-à-vis des pratiques autoritaires que nous dénonçons ce qui les rend complices de fait. Des habitant·es ont soutenu à titre individuel la lutte au Carnet via des coups de main, des dons et nous leur sommes reconnaissant·es. D’autres habitant·es de l’ex-Zad de NDDL continuent de lutter contre l’influence du CMDO et en subissent des conséquences et nous souhaitons leur apporter notre soutien.

Dans la suite, nous ne ferons plus de distinctions entre les personnes habitant l’ex-Zad de NDDL pour ne pas encombrer le texte même si nous ne souhaitons pas forcément mettre toustes dans le même sac.

Nous appelerons les personnes habitant NDDL avec lesquelles nous sommes en conflit les autoritaires de l’ex-Zad, les légalistes de l’ex-Zad, les appelistes de l’ex-Zad ou les appelos-autoritaires de l’ex-Zad. Ces habitant·es de l’ex-Zad sont en lien avec une association qui s’appelle NDDL Poursuivre Ensemble.

1.1. Pourquoi nous nous méfions des personnes habitant actuellement la Zad de NDDL

Un « bref » historique depuis 2018 des conflits parfois violents sur la Zad de NDDL

Avant de parler de tentatives de récupération politique plus récentes de la part des habitant·es de NDDL, il nous semble important de rappeler le contexte global. Nous avons sélectionné de manière non exhaustive quelques faits marquants, en renvoyant vers des sources plus précises.

· Fin janvier 2018, 200 personnes enlèvent les barricades situées sur une des routes de la Zad, la D281 dite route des chicanes, en bousculant les récalcitrant·es¹.

· Le 20 mars 2018, 5 personnes cagoulées armées de battes de baseball et de gazeuses tabassent des personnes dans un squat de la Zad de NDDL. Suite à cela, la legal team de la Zad dénonce le 30 mars 2018 des « actions de milice à la Zad » dans un communiqué paru sur Indymedia Nantes².

· En avril/mai 2018, les expulsions sur la Zad de NDDL ont rêvélé des dissenssions profondes entre les personnes défendant des stratégies légalistes et les autres personnes de la Zad. Ces dissenssions seraient dures à synthétiser en quelques lignes. Pour plus de détails, on vous invite à consulter la brochure « Réflexions à propos de la Zad : une autre histoire »³ qui dénonce de nombreuses pratiques autoritaires ayant eu lieu sur la Zad de NDDL de la part des personnes défendant des stratégies légalistes.

Par la suite, afin de récupérer les terres et lieux légalisables mais également de faire taire et briser les dernières copaines anars souhaitant résister à la gentrification de NDDL, les appelos-autoritaires de NDDL n’hésiteront pas à employer des moyens digne d’une milice : coffrages et tabassages (une personne aura même ses jambes et bras cassés !) et tentatives d’expulsion et d’incendies de lieux hors de contrôle des appelos.

· Le 21 mars 2020, une cabane du Rosier servant de sleeping est incendiée.

Nous dénonçons ces pratiques violentes de milices sur la Zad de NDDL. La liste est longue de pratiques dignes de milices, d’une justice expéditive tout aussi violente que la justice de classe étatique que nous souhaitons abolir.La liste est longue également de compromissions avec l’État, quitte à trahir et violenter les centaines de copaines qui ont donné une partie de leur vie (et en ont parfois payé le prix en étant blessé gravement ou fait de la tôle) pour défendre l’utopie anar de la Zad de NDDL et qui pour nombre d’entre elles/eux sont reparties traumatisées des prises de pouvoir et de la trahison des appelos de NDDL !

Si c’est ça leur nouveau monde, nous n’en voulons pas !

A cette « justice » violente et expéditive, servant d’ailleurs surtout leurs intérêts (justice de classe non assumée), nous revendiquons, même si nous sommes loin d’en avoir trouvé les solutions et qu’il est difficile de l’appliquer, la recherche de la parole en groupe, de trouver des solutions avant l’exclusion, d’écouter les différents partis engagés dans le conflit et de tenter de trouver une solution par le dialogue et d’autres solutions que l’exclusion. Et surtout pas d’en arriver à des méthodes violentes et autoritaires tel que le tabassage et le coffrage, pratiques dont la STASI serait bien fière !

1.2. Les contacts très tendus entre la Zad du Carnet et l’ex-Zad de NDDL

Quand l’ex-zad propose d’enlever des plantes à la main alors que nous galérons à trouver de la nourriture

Les tensions entre la Zad du Carnet et l’ex-Zad de NDDL commencent au tout début de la Zad du Carnet soit début septembre 2020. Le 11 septembre 2020, des personnes de l’ex-Zad demandent à organiser une action clé en main sur la Zad du Carnet. Cette action prévoyait d’enlever une plante dite invasive, le Baccharis, à la main à des fins de communication. En effet, l’installation de la Zad avait empêché la venue de pelleteuse qui aurait enlevé le Baccharis ainsi que 30cm de profondeur de terre tout le long des berges. Cela aurait complètement détruit la flore et la faune sur une zone considérable. Les ex-zadistes de NDDL souhaitaient faire cette action afin de gagner du soutien local. Le plan de communication était le suivant : on empêche les pelleteuses d’enlever le Baccharis de façon brutale et violente et à la place, on l’enlève à la main.

À cette période, les zadistes du Carnet étaient occupé·es à construire des cabanes, des barricades, à trouver de l’eau et de la nourriture pour survivre au jour le jour ! Face aux besoins vitaux de la Zad, la proposition de NDDL était complètement hors sol et deconnectée de la lutte. La façon de proposer l’action était presque méprisante envers les zadistes du Carnet. Sous prétexte d’avoir « gagné » à NDDL, les ex-zadistes du haut de leur tour d’ivoire militante pensaient-iels être omniscient·es et n’avoir pas besoin d’aller sur le terrain pour déterminer ce qu’il fallait faire ? De plus, l’action se voulait estampillée NDDL Poursuivre Ensemble et était pensée pour faire de la com’ positive sur le fait que NDDL aidait la Zad du Carnet ce qui concrètement n’était pas le cas. Au final, la demande est restée sans réponses et l’action n’a pas eu lieu. Par la suite, évidemment, aucun·e riverain·e ne nous reprocha de ne pas avoir enlevé le Baccharis…

Quand l’ex-zad de NDDL souhaite organiser la défense du Carnet sans y inviter les personnes luttant sur le terrain

Le 15 septembre, NDDL Poursuivre Ensemble envoie un mail intitulé « APPEL GÉNÉRAL POUR ORGANISER LA DÉFENSE DU SITE DU CARNET ». Le mail invite à une réunion pour contrer le projet industriel sur l’île du Carnet qui aurait lieu le 10 octobre à l’Ambazada, lieu à Notre-Dame-Des-Landes. Cet appel est pour nous symbolique de la volonté centralisatrice et autoritaire de NDDL ainsi que de leur déconnexion complète de la lutte sur place. D’ailleurs précisons qu’un « appel pour organiser », n’est pas un « appel pour soutenir », les intentions sont bien différentes.

En effet, ni les zadistes du Carnet, ni le collectif Stop Carnet très actif dans la lutte sur place n’ont été prévenus en amont de l’existence de cette réunion. L’appel est rédigé comme si les zadistes du Carnet n’existaient pas, comme si nous n’étions pas capables de nous organiser nous-mêmes… Et pourquoi choisir de faire une réunion à NDDL et non demander aux zadistes du Carnet de la faire sur l’île même du Carnet, située à seulement environ 1h de route si ce n’est pour prendre du pouvoir centralisateur et de faire de la com’ au profit de NDDL ?

Le collectif Stop Carnet a dénoncé cette initiative et demandé l’annulation de la réunion immédiatement. Sur la Zad, aucune position collective n’a été actée même si la tendance générale était de trouver l’initiative choquante. Seulement quelques zadistes du Carnet sont allé·es à titre personnels à cette réunion du 10 octobre afin d’observer le contenu des échanges.

Les autres participant·es à cette réunion étaient des assos environnementales ayant accompagné le projet d’agrandissement du port de Saint-Nazaire, ainsi que des représentant·es de partis politiques, de syndicats et d’assos légalistes. Après de longs débats houleux, rien de constructif ne sortira de cette réunion si ce n’est une tentative de se retrouver pour une « coordination de la défense de l’Estuaire » fin octobre au Village du Peuple.

Suite à cette première réunion et notamment à la présence de partis politiques et d’associations qui avaient accompagné le projet industriel, le collectif Stop Carnet et la Zad du Carnet communiquent ensemble qu’ils ne souhaitent pas participer à la coordination.

Nous pensons que NDDL Poursuivre Ensemble et l’ex-Zad de NDDL souhaitaient par cette réunion montrer au « grand public militant » qu’iels n’étaient pas juste centré·es sur elleux-mêmes et leurs éco-lieux à financer, mais également acteur·ices des luttes locales. Pourtant, étrangement, on ne les aura guère vu à la lutte contre le Surf Park (ZAP la vague) et à la Zad de la dune (Brétignolles sur mer)…

Malgré le refus explicite de la Zad du Carnet de participer à une coordination lancée par NDDL, NDDL continue d’essayer

Après l’expulsion du Village du Peuple le 14 octobre, la « coordination de la défense de l’Estuaire » se retrouve sans lieu où se retrouver. Nous découvrons alors que NDDL Poursuivre Ensemble décide, encore une fois de manière autoritaire et verticale, d’organiser la réunion à Paimboeuf, une ville située à deux pas de l’île du Carnet. Nous réitérons notre demande de stopper cette coordination en leur disant que si coordination il y a ou collectif global de défense du Carnet, cela partira de l’initiative des personnes et collectifs engagées sur le terrain au Carnet.

La réunion se fera quand même malgré nos mails et coups de téléphone répétés, comme si de plus nous n’avions pas à ce moment là d’autres énergies à mettre comme dans la construction urgente de cabanes en vue de l’hiver qui venait ou dans la communication auprès des habitant·es du coin… Mais l’ex-lutte de NDDL est une « sachante »: elle sait ce qui est bon pour nous !

Des membres du collectif Stop Carnet et des habitant·es de la ZAD du Carnet vont alors lire un communiqué commun au tout début de la réunion précisant tout ce que nous pensions de bien de cette initiative et repartent ensuite. Malgré la lecture de ce communiqué et malgré le boycott des principaux acteurs de la lutte à cette coordination de défense du Carnet, les participant·es (majoritairement de NDDL poursuivre Ensemble et des autoritaires de l’ex-Zad) vont continuer la réunion comme si de rien n’était…

La coordination a par la suite tourné court et n’a plus donné de nouvelles, le confinement ayant certainement joué dans l’arrêt de cette dynamique de tentative de récupération de la lutte du Carnet.

1.3. La dernière provocation en date : le débat sur les luttes territoriales lors du rassemblement intergalactique

Cet été 2021, nous apprenons que les victoires contre le projet du Surf Park de Saint-Père-en-Retz et contre le projet de port de Brétignolles vont être célébrées lors des rassemblements intergalactiques 2021. Le même événement prévoit une discussion sur « comment stopper […] une relance de la machine au Carnet ».

Nous rappelons que les ex-zadistes de NDDL n’ont aucunement participé ni aux luttes contre le Surf Park ni aux luttes contre le port de Brétignolles. Et que, encore une fois, ni les zadistes de la Dune qui ont lutté contre le projet de port, ni les collectifs engagés contre le Surf Park, ni les zadistes du Carnet n’ont été prévenu·es en amont de l’existence de cette réunion et qu’iels n’ont pas été invité·es…

Et quel moment pour célébrer nos victoires sans nous et avant nous ! En effet, ces derniers temps, suite à l’expulsion de la ZAD du Carnet et face à la répression intense qui a suivi, nous étions épuisé·es et n’avons pas pu organiser « la célébration » de ces récentes victoires. Il est étrange également de remarquer que ces trois luttes auxquels l’ex-ZAD de NDDL n’a pas participé ou dans laquelle nous ne voulions pas de leur chapeautage aient été rajoutées au dernier moment dans une mise à jour de cet atelier (3 jours environ avant l’organisation de l’atelier, au départ étaient seulement indiqué une discussion sur les luttes dans l’ouest sans évoquer ces trois luttes).

Si nous avions remarqué à l’avance que ces trois luttes étaient évoquées, nous nous serions organisé·es pour venir en nombre à cet atelier-discussion pour demander à ce que cette discussion et ces célébrations de victoires n’aient pas lieu à NDDL. Mais peut-être que l’ex-Zad de NDDL l’avait justement anticipé…

Notre colère est encore plus forte en sachant que des copaines de la Zad du Carnet n’ayant pas de solution de logement après l’expulsion, sont présent·es depuis à NDDL sur la zone Est et n’ont même pas été mis·es au courant une seconde de cette discussion évoquant le Carnet ! Cela démontre plus que tout la volonté de l’ex-Zad de NDDL d’organiser une discussion orientée par leurs soins, de récupérer la lutte et de ne pas avoir de voix dissonantes au chapitre…

Une colère encore plus forte également puisqu’iels se permettent d’organiser des célébrations de victoires sans les soutenir derrière (et sans avoir soutenu les luttes en amont). Des copaines subissent encore une forte répression liée à la lutte contre le projet de Surf Park sans que l’ex-Zad ne s’en soit fait le relais ! Célébrer une victoire tout en ne soutenant pas les principaux acteurs de cette lutte subissant la répression, quelle belle preuve de solidarité militante !

Mais s’il y a bien une chose qui démontre leur déconnexion totale de ces luttes qu’ils souhaitent coordonner et célébrer sans les soutenir, c’est bien la mention de « célébrer la victoire contre l’agrandissement du port de Brétignolles ! » Sic ! La lutte à Brétignolles a été gagnée notamment grâce à la Zad de la dune qui a empêché les travaux de destruction de la dune de la Normandelière. Elle n’était non pas contre l’agrandissement d’un port… puisqu’il n’y a pas de port à Brétignolles ! Il s’agissait justement de lutter contre la création insensée d’un port artificiel !

Célébrer une victoire sans même en connaître les fondements… bravo à l’ex-Zad pour cette belle preuve de lien avec les luttes locales !

1.4. Il ne s’agit pas que d’une histoire d’invitation, nous refusons l’aide de ces personnes

Mais la problématique ne se limite pas à une question d’invitation, nous refusons l’aide paternaliste de l’ex-Zad de NDDL, car nous souhaitons de l’horizontalité entre les luttes et non qu’elles soient chapeautées par une autorité « naturelle », qu’elle soit bienveillante ou non n’est pas la question. Plus précisément nous refusons l’aide de l’institution qu’est devenue l’ex-Zad de NDDL. Cela ne nous empêche pas par ailleurs de construire des liens et des solidarités avec certain·es des habitant·es de NDDL.

2. Nos différences de pratiques sont irréconciliables.

2.1. La Zad communique pour appuyer le rapport de force dans son processus de légalisation

Après les expulsions de 2018 et la volonté des autoritaires de NDDL de négocier avec l’État pour récupérer légalement des terres, l’ex-Zad de NDDL concentre toute son énergie à mobiliser du monde pour engager un rapport de force avec les institutions pour récupérer des baux légaux sur les terres de NDDL. Les mobilisations à Nantes s’essoufflent petit à petit ne rassemblant plus qu’une centaine de personnes. Le rapport de force est mal engagé et les soutiens à la lutte de moins en moins présents…

Le mouvement agir contre la réintoxication du monde et les soulèvements de la terre, ultra-centralisées autour de NDDL, ainsi que la relance du festival militant Zad envies à partir de 2020 permet à l’ex-Zad de NDDL de se remettre sur le devant des projecteurs… Mais pour que ces mouvements n’échappent pas à l’ex-Zad et à sa volonté de rester au centre de l’attention et sa volonté de chapeautage des luttes, il est nécessaire pour elle que l’organisation de ces mouvements reste centralisée à NDDL.

Cette volonté stratégique de la part de l’ex-Zad de rester au centre des luttes nécessite également de chapeauter les luttes, de faire constamment réseau, mais non pas réseau horizontal, mais bien réseau centralisé vers NDDL (le principe de « convergence »). Quitte à user de moyens autoritaires ou crades comme vous avez pu en avoir le récit en ce début de texte.

Cette stratégie nécessite également une communication importante autour de NDDL, quitte à éclipser en terme d’attention militante des luttes actuelles sur lesquelles les besoins humains/matériels/financiers sont pourtant urgents ! L’ex-Zad de NDDL n’est pourtant plus en lutte et est surtout toujours en voie de légalisation vers un vaste éco-lieu militant comme on peut en trouver partout en France…

Tout cela se fait à l’inverse même de toute idée de réelle convergence des luttes, partant du terrain pour aller vers de l’orga horizontale !

2.2. La Zad® communique pour financer ses éco-lieux légalistes au détriment d’autres luttes

Centraliser autour de NDDL® pour se faire de la comm’ et du fric

Image présentant la page HelloAsso de dons pour l’école des tritons

Nous avons l’impression que la volonté de centraliser les luttes de l’ouest à NDDL® résulte du besoin d’exister de l’ex-Zad nécessaire dans le bras de fer en cours, dans le processus de légalisation, avec la préfecture et le département. C’est aussi une manière de redonner du sens à leur présence sur cet ancien lieu de lutte à travers de grands événements qui rassemblent les luttes et personnes sensibles à ces luttes à l’image de Zad Envie® ou les rencontres intergalactiques®, ou comme base arrière qui sponsorise d’autres luttes, particulièrement en Loire-Atlantique, ou des actions comme les campagnes des soulèvements de la terre.

Cette manière d’être central dans les luttes est aussi un moyen d’exister et de communiquer sur ses importants besoins financiers pour le rachat des terres et celle des projets de la Zad® à l’image de l’école des Tritons®.

En effet, les besoins de l’éco-lieu NDDL® sont conséquents pour parvenir à récupérer les terres.

Un fonds de dotation est lancé à grands renforts de comm pour acheter des terres et les objectifs sont plus qu’ambitieux :  » 3 millions d’euros à moyen terme et de 1.5 millions d’euros dès le début 2020″

Et le problème n’est pas tant qu’il y ait eu cet appel à dons, car pas mal d’autres lieux en ont besoin partout en France pour s’installer, mais bien qu’il provienne de l’ex-Zad de NDDL® qui se revendique toujours en lutte contre le capitalisme, l’État, se revendiquant proche des luttes zapatistes et d’autres luttes en rupture avec le système capitaliste et étatique. Le problème est que cet appel à dons dantesque à grands renforts de comm version start up Zad 2.0® va à l’inverse de tout l’imaginaire véhiculé encore par la Zad de NDDL et des milliers de personnes qui se sont battues à NDDL pour un espace libéré justement de la propriété privée et du fric !

Au passage, 3 millions d’euros, c’est autant d’argent capté par la lutte de NDDL qui ne vont pas à d’autres luttes qui se retrouvent isolées et qui galèrent pour trouver des thunes pour soutenir des copaines en tôle ou pour des procès ! Tels que justement les luttes à 2 portes de chez eux !

Mais cet objectif ambitieux demande du coup d’être sans cesse sur le devant de la scène afin de récupérer suffisamment de dons. Face à l’essoufflement de la mobilisation liée à NDDL, il était sûrement nécessaire pour l’ex-Zad de NDDL de montrer qu’elle était toujours en lutte et de ne plus seulement rester centrée sur elle-même.

Cela n’est pourtant pas si compliqué de soutenir des luttes sans les accaparer à son profit

Si NDDL veut soutenir des luttes, iels ne sont pas obligé·es de le faire en organisant des choses à la place des collectifs et personnes les premières concernées et engagées dans ces luttes. Et iels ne sont pas obligé·es de le faire en se mettant en avant par rapport aux luttes concernées. Les moyens de soutenir ces luttes (sans demander de contreparties…) ne manquent pas : relayer les infos, proposer un soutien logistique ou partager leur grosse fortune, relayer les appels à dons pour aider des caisses antirep, partager leurs contacts…

2.3. Nous ne souhaitons pas réduire les luttes au spectacle de la communication

Légalisation et privatisation marchande

En fait, si on essaye de décaler le regard en ce qui concerne les agissements de ces écolieux dans le monde militant, on peut expliquer en partie pourquoi NDDL est effectivement dans une logique de récupération des luttes extérieures, à des fins de profit individuel (ou en tout cas à l’échelle locale de bande de potes sur leur terrain légalisé).

Les légalistes de NDDL ont sauté à pieds joints dans la bureaucratie professionnelle de l’État en acceptant de commencer à négocier, puis à se légaliser. Cela a nécessairement impliqué l’abandon des visées anticapitalistes des participant·es, au profit d’une libéralisation¹⁰ à marche forcée des lieux (on pourrait peut être plutôt dire une « privatisation »). Vraiment ! Comment la frange la plus bourgeoise et scolaire des habitants de la Zone a-t-elle pu se mettre à croire qu’en se légalisant, en dégageant (ou capitalisant) au minimum un smic par éco-lieu, ces gens là n’allaient pas s’engouffrer bouche ouverte dans une logique d’accumulation ? D’accumulation de richesses, d’une reconversion du temps de vie en temps salarial, et d’une sortie d’un fonctionnement majoritairement non marchand sur la ZAD ?

Ces écolieux, dont l’illustre future « école des tritons » (pour ne citer qu’elle), qui proposent des colonies de vacances à 500 balles la semaine par personnes avec une obligation de travail « […]à 15h par semaine de temps de chantiers »¹¹, sont-ils réellement autre chose que de la marchandise pour la société capitaliste ? Sont-ils capables d’inventer autre chose que de faire entrer leurs activités dans une démarche de production de valeur marchande ? On peut clairement en douter. En fait, on peut dire que NDDL, ou du moins les lieux ayant consciemment travaillé à se légaliser, se sont intégrés à l’état.

Lutte « contre l’aéroport », lutte contre « son monde », et société du spectacle¹²

Dans cette logique, découle nécessairement cet ensemble de stratégies de survies, cadrées par la préfecture, au risque de perdre les lieux si l’entreprise de légalisation n’est pas assez zélée : école des tritons payante prétextant la formation d’esprits proches de la nature, soulèvements de la terre très axés sur la comm, ou encore les « Zad envies », dont le fondement n’est plus la construction d’alternatives radicales dans un rapport de force direct avec l’état, mais plutôt l’utilisation désincarnée de tactiques qui définissent nos moyens de lutter (sabotage, occupations de lieux…), sur un mode spectaculaire. On s’explique.

Une des caractéristique de la libéralisation de nos luttes, c’est l’essentialisation (réduction du militantisme à une image) du militantisme, des luttes à l’image des luttes. Les luttes sont des processus, des regroupements vivants de collectifs et d’individualités diverses pour contrer des projets déterminés, et idéalement, inventer autre chose à la place. Qu’il s’agisse de la composition du Black Bloc, de l’évolution politique du mouvement des gilets jaunes ou même de la vivacité des forces politiques à l’époque de la réelle Zad de NDDL, les mouvements contestataires sont toujours en constante évolution. C’est parce qu’ils sont vivants qu’ils évoluent en permanence et qu’ils peuvent dans certains cas être difficile à définir.

Alors, privilégier, jusqu’à l’exclusivité, une lutte politique à une histoire de comm, d’approche spectaculaire de la lutte, c’est justement réduire une lutte à une image, un spectacle. Et, comme toutes les images, elles n’ont ni vies, ni profondeur mais surtout, sont récupérées voire générées par la société marchande du capitalisme : elles sont converties en marchandises.

NDDL se retrouve, particulièrement depuis la fin de la Zad, dans cette position désincarnée, puisqu’elle n’est plus en lutte, les gens qui habitent aujourd’hui ses écolieux n’ont d’autres choix que de surfer sur le souvenir de la Zad, en faisant constamment appel à ces images passées afin de gagner des thunes pour prouver à la pref qu’iels sont bien rentré·es dans le rang. À cela s’ajoute l’obligation de rester en vie via des modes d’organisation imposés par l’État.

Dans le cas de NDDL, le vécu de la lutte, (d’un territoire défini dans et par la lutte via un communisme de pratique dans une dynamique et des valeurs anarchistes), s’éloigne toujours un peu mieux de NDDL. Que ses agents d’état fraîchement convertis le veuillent ou non, qu’ils tentent de gé(né)rer les soulèvements de la terre ailleurs ou des rencontres intergalactiques ici n’y changera rien, l’ex-Zad de NDDL n’est, par ce genre de récupération, plus que la représentation de ce qu’elle fut jadis : elle n’est plus qu’un spectacle, plus qu’une image morte et figée. C’est pour cette raison qu’il est très grave que NDDL célèbre les victoires de luttes auxquelles elle n’a pas participé (ZAP la vague), voir tenté de saboter (Le Carnet), ou tenté de se faire de la pub dessus (ZAD de la Dune).

En fin de compte, y a-t-il encore une différence radicale entre les éco-lieux qui fleurissent un peu partout en france¹³ et ceux qui se trouvent effectivement sur l’ancienne Zad ? On peut en douter. Pour les lieux ayant participé au programme des rencontres intergalactiques, il n’y a donc plus aucun autre intérêt que financier à mimer le militantisme, parce que leur logique est toujours tournée vers leur propre sauvegarde personnelle, dans leur propre connerie, la tombe qu’iels ont creusé elleux mêmes en collaborant avec les institutions.

2.4. Nous préférons lutter sur la durée et le terrain

Au niveau de nos luttes, nous n’avons peut-être pas l’efficacité de la comm des autoritaires-appelistes de NDDL, mais nous préférons nous concentrer sur la durée en créant du lien entre les différentes luttes de manière horizontale. Ce n’est pas pour autant que nous rejettons en bloc des initiatives lancées par l’ex-Zad de NDDL tel qu’agir contre la réintoxication du monde et les soulèvements de la terre. Nous préférons simplement lutter d’une manière différente, non-centralisée, en réseau, horizontalement et sur des évènements moins orientés sur de la communication spectaculaire.

Cela nous permet également d’éviter un dogme stratégique et autoritaire tel que porté par l’ex-Zad de NDDL et auquel nous avons été confronté·es plusieurs fois notamment au Carnet mais aussi lors des expulsions de 2018 sur l’ex-Zad : « nous savons comment lutter, nous savons ce qui est bon pour la lutte, alors écoutez-nous et laissez-nous faire, nous avons gagné à NDDL donc nous savons comment faire » (sic!).

Les victoires contre le Surf Park de Saint Père en Retz et contre le port de Brétignolles, ainsi que l’arrêt temporaire du projet du Carnet vont justement à l’inverse du dogme porté par les appelos de NDDL c’est-à-dire la composition avec les structures légalistes et citoyennistes ainsi qu’une comm lissée de sa radicalité pour ne pas déplaire aux habitant·es et des évènements hyper-organisés de manière centralisée.

Sur ces trois zones, la lutte a, au contraire, été organique, parfois bordeline, mais n’a jamais perdu de sa radicalité et de son pouvoir de rapport de force en parvenant en peu de temps à mettre en échec les projets sans pour autant composer avec des structures plus citoyennistes. Ces luttes ne collent pas au schéma de lutte pré-conçu des appelistes de NDDL qui nous ont pourtant prévenu qu’il fallait composer pour gagner…

Nous préférons prendre le risque de la radicalité et cela peut payer (nous n’affirmons pas cependant que cela peut marcher dans toute lutte locale, nous n’avons pas non plus la prétention d’avoir la recette clé des luttes comme les appelistes).

2.5. L’émergence de la Confluence des luttes de l’Ouest, comme expérimentation d’une mise en lien horizontale

En automne 2019, l’idée d’une « confluence des luttes de l’ouest » a été lancée suite au constat que :

– les luttes étaient souvent isolées entre elles,

– les luttes locales étaient souvent présentes en campagne et manquaient de monde pour pouvoir y lutter de manière radicale,

– les habitant·es locaux·ales luttant contre les projets prennent la solution de facilité et la plus connue quand elles se confrontent au faible nombre de personnes engagées radicalement. Iels choisissent souvent la voie légale qui n’est pas forcement la plus payante et qui est réductrice au niveau des enjeux de ces projets,

– les enjeux des projets sont souvent réduits à des enjeux locaux alors qu’ils nous concernent toustes de par leurs impacts cumulés (pillage de l’eau, des terres, pollution, extractivisme, destruction du vivant,…) et de la volonté capitaliste et étatique de contrôle/exploitation des territoires qui est derrière.

Se mettre en lien pour se soutenir et se renforcer mutuellement

Face à cela, nous avons donc décidé de lancer l’initiative de relier nos luttes entre elles de manière horizontale pour engager également un rapport de force plus conséquent envers la machine étatique et capitaliste.

Un premier rendez-vous est donné à la maison du peuple de Nantes en Décembre 2019 auquel répondront plusieurs copaines participant à des luttes dans l’ouest. L’idée est ensuite de tourner régulièrement dans différentes luttes de l’ouest en organisant à l’occasion des discussions entre nous, des chantiers pour renforcer la lutte sur laquelle nous sommes. L’idée est également d’organiser des évènements communs pour visibiliser les luttes locales souvent peu connues dans les milieux militants urbains et auprès des citadin·es. Est ainsi organisée une manifestation de confluence des luttes de l’Ouest en Février 2020 à Nantes à laquelle participeront plusieurs luttes de l’ouest et 1500 personnes environ après plusieurs rencontres (maison du peuple de Nantes, Zad de la dune, à Rennes et au jardin des ronces à Nantes).

Cependant, suite au 1er confinement et à la lutte du Carnet qui demandera beaucoup d’énergie et mobilisera nombre des copaines engagé·es dans l' »orga » de cette confluence horizontale, la confluence des luttes s’essouffle. Mais nous n’avons pas abandonné cette « dynamique » horizontale de confluence des luttes que nous espérons voir s’essaimer un peu partout. Et peut-être qu’elle s’éteindra finalement pour renaître sous une autre forme avec d’autres luttes, et d’autres personnes, et tant mieux !

Nous privilégions des solidarités organiques entre les luttes à base de coups de main, de relais de communication, de renforts en cas de coups durs … moins médiatisés mais pérennes dans la durée. Bien sûr certaines luttes vont davantage bénéficier de solidarités qu’y contribuer mais nous ne tenons pas de comptabilité, et ces solidarités sont autant de participations aux luttes. À leur tour, les luttes qui ont bénéficié de solidarités en aideront d’autres lorsque leur situation le permettra.

Nous souhaitons relier les luttes entre elles et non les organiser

La confluence n’a pas la visibilité ni la force de frappe des soulèvements de la Terre ou de la réintoxication du monde, ni le soutien massif de collectifs citadins citoyennistes ou environnementalistes, avec lesquels nous sommes parfois en lien, lorsqu’iels partagent des valeurs communes et le respect de la diversité des tactiques. Les personnes qui la composent ne sont pas des spécialistes de la coordination des luttes ou de la stratégie, iels sont bien occupé·es par les luttes dans lesquelles iels sont investi·es, la répression ou les questions autour de l’organisation de la vie collective et du collectif. Toutes ces occupations sont prenantes et nous avons parfois peu de temps et d’énergie à y consacrer.

La Confluence se voit davantage comme un outil qui relie les luttes plus qu’elle ne les organise, elle propose un espace de rencontres, plus ou moins régulier où se mêlent discussions, réflexions autour de nos luttes avec des individu·es impliqué·es dans différentes luttes contre les projets inutiles mais aussi l’anti-capitalisme, le féminisme, l’anti-racisme … Cet espace vise à partager nos expériences individuelles et collectives et à faire émerger des projets collectifs de mutualisation ou d’entraide, mais il n’a aucunement la prétention de porter l’organisation hors des luttes. Il ne s’agit pas d’un collectif de collectifs visant à adopter une stratégie globale de lutte. Chacun·e conserve son autonomie et la Confluence n’a pas vocation à s’occuper de la manière dont les gens s’organisent, mais uniquement de faciliter l’entraide entre les luttes telles qu’elles sont!

Nous souhaitons construire une dynamique sur le long terme où le moyen compte davantage que le résultat et sans objectifs de résultats chiffrés.

Conclusion : Nos luttes ne sont pas des modèles ou des idéaux parfaits et ne souhaitent pas le devenir

Si nous avons écrit collectivement ce texte pour dénoncer et rendre visible les tentatives de récupération par des écolieux de NDDL depuis la fin de la Zad, si on a insisté sur leur autoritarisme, la violence interne grâce à laquelle les groupes appelos-autoritaires (ou tout simplement celleux qui adhéraient à la stratégie de normalisation des lieux pour sauver leurs culs) ont réussi à noyauter avec force mensonges et coups bas le futur de la Zone après projet, on doit rappeler que nous sommes clairement critiquables sur plusieurs points.

Ce « nous » rappelons-le, c’est la coagulation de zadistes, de militant·es, de locaux·ales habitant à proximité des projets de merde imposés dans l’ouest de la france et ailleurs, et de gens, autour de projets collectifs de mise en lien entre les luttes.

Il semble impératif de rester modestes et d’être vigilant·es sur les dérives autoritaires, qui apparaissent dans tout groupe qui s’organise pour accélérer la chute du vieux monde, dérives aussi présentes sur nos lieux de luttes et dans nos modes d’organisation. En partant du constat que nous sommes de simples personnes qui résistons à la folie d’un capitalisme d’où nous sommes toustes né·es, on peut aisément se faire à l’idée que nos expérimentations sont très loin d’être parfaites.

On rappelle que les luttes et les zones de luttes ne sont pas une utopie mais des constructions collectives très concrètes, qu’il n’existe pas de modèle parfait exempt de conflits, que nous ne voulons pas tomber dans le concours à la pureté militante ni cacher les conflits pour donner une bonne image de la lutte comme on invente une marque déposée, que le conflit est important et bénéfique parce que, lorsqu’il est cohérent, il nous fait avancer.

On doit donc aussi rappeler que, comme dans le vieux monde d’où nous venons toustes, à un niveau inter-relationnel nos luttes souffrent encore de violences sexistes, de violences racistes, spécistes, validistes, LGBTIQ+ophobes (cis-sexisme) etc. Le rappeler c’est essentiel, parce que nous sommes dans la réalité ; le rêve des militant·es ultra-radicaux·ales, déconstruit·es, parfait·es évoluant dans des espaces 100 % « safe » n’existe pas.

En revanche, on peut travailler ensemble, collectivement à s’en approcher. En veillant à garder en permanence une ligne éthique, anti-autoritaire, contre l’individualisme libéral, contre le patriarcat sous toutes ses formes, contre le classisme militant, contre toutes formes de domination venant du vieux monde, qu’elles s’appliquent entre nous ou envers les autres espèces, bref, une ligne éthique anti-capitaliste (anti-patriarcapitaliste).

Ce que nous espérons surtout à travers ce texte, c’est de montrer qu’il est important de rester critiques et vigilant·es sur nos mouvements, de dénoncer des pratiques qui s’immiscent discrètement dans nos luttes, et desquelles nous ne sommes jamais à l’abri : des pratiques qui peuvent nuire aux luttes et aux personnes. Il est également temps d’abandonner le mythe NDDL et d’expérimenter d’autres manières de lutter et de faire solidarité ensemble, avec si possible une éthique de lutte : horizontale, décentralisée, non-autoritaire, non-spectaculaire.

La Zad de NDDL est morte, vidée de toute sa radicalité, autoritaire et opportuniste, mais continue malgré tout de capter toute l’attention et l’imaginaire militant. Or il existe dès aujourd’hui et maintenant nombre de luttes qui ont besoin de vous et qui n’ont pas besoin du soutien de NDDL pour exister, alors on compte sur vous !

Contre les autoritaires de NDDL qui se servent des légalistes et des associations pour asseoir leur petit pouvoir et définir (par une violence interne incroyable) la manière dont les luttes écologistes et anticapitalistes devraient se mener, contre leur bureaucratie et leur monde, ON N’OUBLIE PAS, ON PARDONNE PAS!

LA ZAD (vous) VAINCRA !

Signataires

  • Des zadien·nes en lutte contre le projet de Surf Park de Saint Père en Retz,
  • Des zadien·nes en lutte contre le projet de Port de Brétignolles sur mer et ayant vécu sur la ZAD de la Dune,
  • Des zadien·nes en lutte contre le projet de zone industrielle du Carnet et ayant habité sur la ZAD du Carnet.

Co-signataires

  • Des zadien·nes en lutte contre le projet de Center Parks à Roybon et ayant vécu sur la Zad de Roybon,
  • Des zadien·nes en lutte contre le projet de Liaison Intercantonnale d’Evitement Nord de Montpellier (L.I.E.N.) et vivant sur la Zad du Lien,
  • Des zadien·nes en lutte contre le projet de Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO) et ayant vécu sur la Zad du Moulin.

Petite biblio choisie

Pour plus d’infos vous pouvez nous écrire à l’adresse mail suivante : laissebeton[at]riseup.net


Représentation d’une organisation décentralisée

Description des images sur l’image de la pieuvre (de haut en bas et de gauche à droite) : livre l’insurrection qui vient, logo de l’association NDDL Poursuivre Ensemble, logo des soulèvements de la Terre, billets de banque, préfète Nicole Klein buvant du jus de pomme sur la Zad pour fêter la libération de la D281, dessin sur la Zad de NDDL d’Alessandro Pignocchi, logo anarchiste, logo de la Zad de la Dune, visuel contre l’implantation d’Amazon à Montbert, logo de Extinction Rebellion, logo de la Zad du Carnet, logo des Jardins À Défendre d’Aubervilliers.

Notes de bas de page

¹ Voir le texte Quand Lama faché, lama cracher !

² Voir le texte Prise de position de la légal team sur les actions de milice à la ZAD

³ Réflexions à propos de la Zad : une autre histoire

Voir les textes Les attaques contre les habitant.e.s du Rosier continuent, le squat du Rosier colonisé, détruit et rasé

Voir la brochure Arguments contre le projet industriel du Carnet et le texte Au Carnet nous nous mobilisons aussi contre le mensonge de la transition écologique

Voir le programme du rassemblement intergalactique 2021

Pour aller plus loin sur l’histoire moins reluisante de la Zad de NDDL que voudrait bien cacher les autoritaires : https://archive.org/details/Cicatrice_Reflexions_a_propos_de_la_zad

Cf le célèbre passage télévisuel du thé pris entre la préfète Nicole Klein et certain·es « pontes » de la ZAD…

https://encommun.eco/faq

¹⁰ Cette vieille comptine bourgeoise selon laquelle l’enrichissement privé profiterait au développement de tous.

¹¹ Voir la description de ces colonies sur le site de la bidouillerie

¹² La Société du Spectacle de Guy Debord (qu’on a compris comme on peut) est un bouquin qui parle en gros de l’évolution du capitalisme. On a évolué d’un capitalisme de la transformation du monde matériel en objets marchands, à un capitalisme de la transformation de la réalité vécue en valeur marchande par le biais d’images rendues monnayables. Dans la société libérale du capitalisme, tout est monnayable, aussi bien les produits venant d’elle que les contestations qui sont récupérées. L’appellisme puise ses influences dans le mouvement situationniste dont Debord est une référence. Et dire que les appellistes de NDDL se vautrent précisément dans ce que Debord dénonçait…!

¹³ C’est en un sens réjouissant que des éco-lieux fleurissent si ceux-ci n’ont pas l’historique de compromission et de casseurs de lutte de ceux qui se sont implantés à NDDL et qu’ils sont dans une démarche collectiviste.

Une brochure sur la médiation dans la boîte à outils

Cette brochure propose quelques pratiques de désescalade dans des situations de conflits avec violence, de médiation dans des cas de conflits et de prise en charge d’agressions dans des situations d’agression. Il s’agit d’un retour d’expérience de la Zad du Carnet écrit individuellement suite à des discussions collectives sur zone.

Les brochures à télécharger (pour les formats cahier, imprimer recto verso bord court)

La brochure à lire ici

Conflits sur des lieux collectifs

Outils, pistes et analyses

Brochure élaborée sur la Zad du Carnet en 2020/2021
Pour toutes remarques, contactez brochuremediation@riseup.net

Comment cette brochure a été écrite

Cette brochure a été écrite individuellement suite à des discussions sur la Zad du Carnet à propos de la justice sur zone et de la médiation et des expériences directes de médiation et de prise en charge d’agressions. Les notes prises lors de ces réunions ont servi de base et les ressources présentées à la fin de la brochure ont permis de compléter certains points. Elle a été ensuite relue par plusieurs personnes ayant vécu sur la Zad du Carnet.

Cette brochure est donc située et ne prétend aucunement être l’expression publique des zadistes du Carnet.

Introduction

Notre société actuelle où l’entre-soi et l’individualisme sont la norme ne nous prépare pas à la gestion de conflits complexes au sein d’un collectif. On peut vite se retrouver complètement désarmé·es et se réfugier dans l’inaction ou la fuite.

L’autoformation en gestion de conflits passe par des expériences, des échecs, des réussites. Nous espérons que ces quelques conseils écrits suite à des expériences de conflits sur la Zad du Carnet vous seront utiles.

Chaque groupe est unique et a ses propres manières de fonctionner souvent non explicitées. On rassemble ici des retours d’expérience et conseils dans le cadre d’un collectif de lutte horizontal contre la société capitaliste et contre les oppressions systémiques (sexisme, classisme, racisme, etc.)

Selon nos origines, notre classe sociale, notre parcours, nous pouvons avoir des façons complètement différentes de réagir à un conflit ou d’entrer en conflit. Les méthodes proposées sont donc loin d’être universelles ou meilleures que d’autres. Il ne s’agit que d’un ensemble de réflexions et de propositions et c’est à vous de voir ce que vous souhaitez garder ou pas.

Nous avons choisi de mettre dans une même brochure les conflits légers (par exemple une petite engueulade) et les agressions pour bien marquer les différences de réactions que l’on peut avoir selon la gravité d’un conflit.

Bref lexique

On souhaite commencer par donner quelques définitions que l’on utilisera dans la suite du document pour être sûr·e qu’il n’y a pas de quiproquos.

On parle de désescalade quand un conflit est en cours et on souhaite le mettre en pause afin de réfléchir à comment procéder le lendemain à tête reposée. On parle de médiation pour la gestion de petits conflits de manière discrète. La notion de conflits graves est variable selon les personnes. Les agressions rentrent dans ce cadre. Dans ce cas on préférera ne pas utiliser le terme de conflits qui est trop symétrique entre la personne agressée et la personne agresseuse.

1. La désescalade

1.1. Quelques histoires du Carnet

Au carnet, nous sommes quelques un.es à avoir remarqué que les événements qui ramenaient beaucoup de gens amenaient aussi leurs lots de problèmes sur le long terme pour les personnes vivant sur place.

Qui dit beaucoup de personnes dit souvent soirée qui finit tard. Lors de quasiment chacune de ces soirées, une altercation ou une agression a eu lieu. Ces altercations ou agressions devenaient dès le lendemain un enjeu collectif à régler et prenaient beaucoup d’énergie aux personnes vivant sur place sur du long terme.

C’est dans ce cadre là qu’on s’est mis à penser à constituer des équipes pour désescalader les conflits les soirs de fêtes afin d’éviter que ces conflits ne s’enveniment. Cela n’a jamais été appliqué pour des questions d’organisation.

Mais soyons clair·es sur un point : nous n’avions absolument pas besoin de la présence de personnes extérieures pour nous engueuler sur la Zad du Carnet. La vie sur la zone a été ponctuée de manière très régulière par de nombreux conflits.

1.2. Comment séparer un conflit entre personnes

On conseille qu’une équipe de personnes se sentant lucides et en forme tente de séparer les personnes en situation de conflit. L’objectif principal dans un premier temps est de mettre en pause le conflit avant qu’il ne s’aggrave trop et de prendre soin des personnes qui en ont besoin (psychologiquement et physiquement).

1.3. Quelques conseils

  • Ne jamais être seul·e et appeler à l’aide : il vaut mieux éviter de se mettre en danger.
  • Soyez réalistes : êtes vous actuellement en capacité de tenter quelque chose ? La situation est-elle très grave ?
  • Parler doucement et calmement peut aider à calmer les gens.
  • S’interposer physiquement est quelques fois malheureusement nécessaire mais dangereux car on peut se prendre un coup.
  • Il vaut mieux demander aux personnes ayant trop consommé (alcool, autres drogues, etc.) de ne pas essayer de s’impliquer afin de ne pas aggraver le conflit. Attention cependant à la toxicophobie : ce n’est pas parce qu’une personne a consommé de l’alcool ou des drogues qu’elle n’est pas lucide. Et inversement, ce n’est pas parce qu’une personne n’a pas consommé qu’elle est lucide.
  • Écouter les personnes en conflit en les éloignant peut aider à la désescalade.
  • N’hésitez pas à encourager les gens à aller se reposer pour réfléchir à la situation à tête reposée.
  • Trouvez un endroit calmeoù les personnes pourront se reposer et donnez leur de l’eau et de la nourriture.
  • Renseignez vous sur les substances et médicaments consommés pour être certain.es que personne n’est en danger. Après réflexions collectives entre membres de l’équipe, appelez l’hôpital si vous pensez qu’il y a des risques graves. L’hôpital n’est à appeler qu’en dernier recours.
  • Essayer de prendre en charge le fond du conflit sur le moment serait irréaliste tant que les personnes ne sont pas en pleine possession de leurs capacités.
  • Préparer le terrain pour le lendemain : proposer aux personnes de prendre un temps ensemble le lendemain montre qu’on prend au sérieux le conflit et qu’elles seront écoutées.

1.4. Prévention particulière pour les gros événements

Quand on sent qu’une teuf se prépare, il peut être utile de s’organiser en conséquence. Quelques questions que l’on peut se poser :

  • Qui veut bien ne pas prendre trop de substances pour être présent.e de manière lucide en cas de besoin de désescalades ?
  • Est-ce qu’on fait des créneaux de vigie pour se séparer les heures ? Avec talkies ?
  • Qui est prêt.e à se faire réveiller par téléphone ou physiquement pour aider en cas de gros problème ?
  • L’équipe qui s’organise est-elle mixte et non-affinitaire ?
  • Annonce-t-on un numéro de secours à contacter en cas de situation de conflits ou de violence ? Si oui, il est important de l’afficher à de nombreux endroits.
  • A-t-on annoncé publiquement que l’on s’organise pour désescalader les conflits afin d’être légitimes dans ce cadre et encourager les gens à nous rejoindre ? Quand le faire et combien de fois ?
  • Y a-t-il des bouteilles d’eau disséminées sur le site de la teuf ? Y a-t-il un stand au calme et avec de la nourriture où les personnes ne se sentant pas bien peuvent aller ?

2. La médiation

2.1. Histoires de médiations au Carnet

Le terme de médiation a longtemps été utilisé sur la Zad dans le cadre de gestion de conflits grave (harcèlement, agression sexuelle, etc.). Cela a prêté à confusion et le mot médiation a pu faire peur, être sujet de blagues (« fais attention à ce que tu dis ou je vais demander une médiation »).

Dans ce texte, on essaye de clarifier le terme de médiation en le cantonnant aux petits conflits. Certaines personnes font souvent des médiations discrètes dans nos vies sans forcément les nommer ainsi. Quand deux potes s’engueulent dans un groupe de potes, on cherche une sortie de crise, à arrondir les angles. Quand on assiste à la colère d’une personne dirigée contre une autre, on peut essayer de décortiquer les enjeux, écouter, discuter, etc.

Ces formes de médiations spontanées sont-elles suffisantes ? A-t-on vraiment besoin de formaliser les médiations en les instituant et en nommant des médiateur·ices ?

Au Carnet, la formalisation de la médiation n’a jamais eu un grand succès. Quand on a un petit conflit avec une personne, il ne nous vient pas naturellement à l’esprit l’idée de demander de l’aide à une autre personne pour aider à avancer sur le sujet.

Pourtant, un lieu de lutte est très différent d’une collocation ou d’un groupe d’ami.es. On se connaît depuis moins longtemps, on n’a pas choisi avec qui on vit et on peut ne pas apprécier toutes les personnes avec qui on partage son quotidien.

Dans ce cadre, les médiations dites spontanées ont tendance à moins se faire et les conflits, même légers, à rester latents. À force de s’accumuler, ces petits conflits peuvent considérablement impacter la puissance collective, l’organisation ainsi que l’ambiance générale.

Un exemple que l’on a vu au Carnet est l’existence de tensions entre groupes de personnes qui se revendiquaient d’un lieu de vie. Ces tensions entre lieux de vie peuvent vite prendre des proportions importantes pour le collectif : refus de participer aux mêmes réunions ou construction de groupes via la critique ou l’exclusion d’autres personnes. Ces tensions inter-lieux pouvaient aller jusqu’à une certaine forme de séparatisme. Le propos ici n’est pas de critiquer l’existence de tensions entre des groupes. Ces dernières peuvent être bénéfiques par exemple en cas de différent politique. Par contre, il nous semble que l’absence de réaction vis-à-vis de ces tensions peut faire escalader silencieusement des conflits qui auraient pu être résolus de manière positive pour le collectif.

En tout cas, au vu de l’expérience au Carnet, la forme de médiation dont l’on va parler ne semble pas suffisante pour gérer les tensions du groupe. Elle a rarement été mise en pratique faute de volontaires et même quand des personnes se disaient disponibles, il y a eu peu de demandes. Et on voit mal qui pourrait être légitime à demander une médiateur·ice dans le cas de conflits impliquant des groupes de personnes.

Le caractère artificiel de la médiation tel qu’il est proposé semble en effet peu adapté à un lieu de lutte avec beaucoup de passage et donc de nouvelles personnes à qui il faudrait réexpliquer le principe d’une médiation. Un lieu avec des personnes plus stables pourrait probablement expérimenter plus facilement.

2.2. La médiation, qu’est ce que c’est ?

Chacun·e a sa définition de ce que peut être une médiation. Ici on parlera de médiation lors de la prise en charge de petits conflits. Dans une médiation, il y a plusieurs personnes en conflits et un·e ou plusieurs médiateur·ices qui essayent d’aider les personnes en conflit à trouver une sortie du conflit qui leur convient. Ces médiateur·ices peuvent également demander leurs avis à d’autres personnes si ielles se trouvent dans une impasse.

On a sélectionné quelques mots clés pour décrire la position de médiateur·ice.

Confidentialité
Quand des personnes demandent une médiation, cela est important de conserver leur anonymat si elles le souhaitent. Cela permet de donner confiance en le processus de médiation et d’éviter que des rumeurs parcourent tout le collectif.

La confidentialité, cela signifie qu’on ne parle pas même à ses meilleur·es ami·es de l’existence d’un conflit ou des faits. Cela signifie aussi qu’une fois que le processus de médiation est terminé, on ne reparle plus du conflit à moins qu’une des parties nous y invite.

On verra cependant plus tard qu’en cas d’impasse dans la médiation ou de besoin de relève, on peut lever une partie de la confidentialité. Il vaut mieux prévenir les personnes impliquées et demander leur accord.

Impartialité
Pour être impartial·e, il vaut mieux ne pas avoir trop d’affinités avec un·e des membres du conflit. On essaie de ne pas juger la situation en cherchant qui a tort dans le conflit. Lors d’une médiation, il n’y a pas un·e agresseur·se et un·e victime mais deux personnes en conflit.

Non-intervention
Un·e médiateur·ice devrait intervenir le moins possible dans le conflit. L’objectif d’une médiation est de rétablir le dialogue entre deux personnes en conflit et non de trouver des solutions.
Un·e médiateur·ice ne devrait pas agir sans l’accord des deux parties.

Objectifs : rétablissement du dialogue et désescalade
Quand une médiation est nécessaire, c’est que les deux parties ne peuvent pas discuter directement de manière sereine. Le médiateur ou la médiatrice pourra essayer de rétablir un dialogue en allant voir séparément les membres du conflit et en reformulant les propos de chacun·e.
Un des objectifs d’une médiation est qu’un conflit léger ne devienne pas un conflit grave. Permettre aux personnes de s’exprimer, d’être écoutées et rétablir le dialogue permet quelques fois la désescalade.

Accord des parties
Une médiation ne peut avoir lieu que si les membres du conflit sont toustes d’accord avec le principe de médiation et avec l’identité du médiateur ou de la médiatrice.

2.2. Mise en place pratique

Les personnes qui se sentent l’énergie de faire des médiations peuvent se signaler via un petit bandeau autour du bras ou le dire. Quand on voit une situation de conflits, on peut proposer son aide en demandant si les parties veulent d’une médiation en expliquant clairement ce que cela signifie.

On peut aussi demander des volontaires afin de mandater deux médiateur·ices régulièrement.

2.3. Exemples de cas où une médiation peut être utile

La colère
Quand on est en colère contre quelqu’un·e, on n’est souvent pas capable de discuter sereinement directement avec la personne. La conversation risque de tourner au conflit et d’escalader. Aller voir une personne tierce pour expliquer les raisons de sa colère et laisser cette personne effectuer une médiation permet d’avancer sur la résolution du conflit.

Être en colère, ce n’est pas négatif. Cela signifie souvent que quelqu’un·e n’a pas respecté nos limites. Ne pas exprimer ces limites risque d’escalader le conflit si la personne qui nous a énervé redépasse nos limites.

Dans certains cas, la meilleure solution pour exprimer ces limites est de s’énerver et de laisser notre colère s’exprimer. Dans d’autres cas, on peut essayer de faire en sorte que ces limites soient exprimées de manière posée, calme et de manière non conflictuelle afin de tenter une désescalade du conflit. Mais s’exprimer de manière non conflictuelle quand on est en colère peut vite devenir mission impossible d’où l’intérêt d’un·e médiateur·ice pour le faire à notre place.

La fatigue
Quand on est fatigué·e, on n’est souvent pas capable de discuter de manière calme et posée avec des personnes avec qui on a des petits conflits. Notre patience est vite à bout. Une personne tierce peut le faire pour nous afin d’avancer vers une résolution du conflit.

Il ne faut pas hésiter à aller se reposer quand on en sent le besoin sans avoir l’impression d’abandonner la lutte.

Façons de s’exprimer différentes
Les manières de s’exprimer sont déterminantes pour se faire comprendre. Quand deux personnes s’expriment de manière trop différentes, cela peut vite escalader.

En reformulant, un·e médiateur·ice peut permettre à des personnes en conflit d’avancer vers une compréhension mutuelle.

2.4. Techniques de médiations possibles

Écouter
Une oreille attentive peut faire du bien à de nombreuses personnes. La principale technique de médiation, c’est d’écouter les personnes. Cela n’est pas évident de bien écouter et demande pour certaines personnalités un travail sur soi.

Ainsi on ne devrait jamais interrompre la personne en face de soi. On devrait laisser les blancs de réflexion notamment en ne finissant pas les phrases de l’autre. Ces blancs permettent aux personnes de réfléchir à la formulation précise qu’elles souhaitent utiliser et sont importants.

Plutôt qu’être dans l’affirmation, on préférera poser des questions. Les types de phrases en « il faudrait », « tu devrais », « tu dois », « il faut que » sont à proscrire.

Allers-retours nombreux
Si une personne A a un conflit avec une personne B, le médiateur ou la médiatrice pourrait commencer par aller voir A et B séparément pour leur demander si A et B sont d’accords avec la médiation et leur demander leurs points de vue sur la situation, les faits, etc.

Ensuite, on pourra essayer de faire autant d’allers-retours entre A et B qu’il le faudra pour avancer vers une résolution du conflit. Une fois que A et B peuvent discuter ensemble directement sans un·e médiateur·ice, la médiation peut souvent se terminer.

Reformulation
Lors de ces allers-retours, on pourra reformuler les propos entre A et B. Il faudra faire attention à ne pas transformer ces propos. On pourra demander aux personnes si elles sont d’accords avec cette manière de reformuler pour éviter la transformation. Atténuer les propos d’une personne peut faire avancer à court terme sur la résolution du conflit mais peut avoir des conséquences néfastes à long terme.

On fera cependant attention à être dans une reformulation calme et posée. On évitera ainsi les insultes et on préfèrera décrire que A est très énervé·e si c’est le cas. Les techniques de communication non violentes peuvent être utiles dans ce cadre.

Communication non violente
Les outils de la communication non violente peuvent être utiles en médiation. Cependant, attention à ne pas l’imposer comme norme. Si des personnes ne souhaitent pas s’exprimer de cette façon, il s’agit d’un choix qui doit être respecté.

La communication non violente passe par 4 étapes : Observation, Sentiments, Besoin, Demandes (OSBD). Ainsi, si l’on suit ces étapes, on commence par décrire la situation (observation). On exprime ensuite ses ressentis par rapport à la situation (sentiments). Finalement, on exprime nos besoins en étant le plus clair possible et nos demandes. Ces demandes devraient être concrètes, réalisables, précises et formulées sans être dans la conflictualité.

Confiance et confidence
Pour que la médiation se passe bien, il est important que les deux parties se sentent en confiance avec le médiateur ou la médiatrice. Les parties seront alors plus prêtes à se confier et cela permettra d’avancer sur le conflit. Attention à ne pas répéter les confidences que des personnes nous font. Si les personnes ne sont pas à l’aise avec un·e médiateur·ice, on peut soit abandonner la médiation soit essayer de trouver une autre médiateur·ice.

Histoires passées
Les conflits apparaissent rarement de nul part. Il peut être intéressant de fouiller un peu le passé et voir si le conflit en cours n’est pas lié à un passif entre les deux personnes. Détricoter tous les mini-conflits passés peut aider à avancer vers une résolution du conflit en cours.

Etat physique et psychique des parties du conflit
Quelques fois, on s’engueule parce qu’on a pas assez dormi ou qu’on vient de subir une pression émotionnelle. Il est important de faire attention à cela.

Faire preuve d’initiatives
Il n’y a pas de techniques miracles pour résoudre des conflits entre êtres humain·es tant ils peuvent être variés. Tout en faisant attention à intervenir le moins possible et à rester impartial·e, il faudra peut-être trouver des idées originales pour avancer. Bonne chance !

Accord
Vers la fin de la médiation, on peut essayer d’obtenir un accord entre les parties. Cet accord devrait être formulé clairement et précisément. On pourra aussi envisager ce qu’il se passerait en cas de non respect de l’accord. Le mieux est que les personnes arrivent à discuter directement avec la présence du médiateur ou de la médiatrice au moment de cet accord pour être certain·es que la reformulation à distance ne modifie pas le contenu de l’accord.

Groupe de réflexion
Quand on ne sait pas comment agir face à une situation complexe ou quelles questions poser, on peut se tourner vers d’autres personnes en leur expliquant dans les grandes lignes le conflit et en réfléchissant collectivement.

Cette réflexion devrait être faite en préservant l’anonymat des personnes impliquées dans le conflit. Ce n’est que quand on se trouve dans une impasse que l’on doit partager des détails du conflit afin de respecter au maximum la confidentialité des informations que l’on obtient de par la position de médiateur·ice.

On devrait éviter que le groupe de réflexion soit affinitaire afin d’avoir une réelle pluralité des points de vue. N’hésitez pas à demander conseils à des personnes avec qui vous n’êtes pas proches.

Remarques à propos des conflits entre groupes de personnes

Les mêmes techniques peuvent s’appliquer en organisant des groupes de discussion entre personnes ayant la position A et des groupes de discussion entre personnes ayant la position B.

2.5. Avertissements

Savoir quand s’arrêter et comment le faire
On devrait envisager d’arrêter une médiation quand :

  • on n’a plus assez d’énergie ou on se sent fatigué·e,
  • on sent que le conflit est trop grave pour être géré de cette façon (demander conseil au groupe de réflexion dans ce cas),
  • on se sent dans une impasse (demander conseil au groupe de réflexion dans ce cas),
  • une personne ne nous fait plus confiance ou même nous demande de ne plus être médiateur·ice du conflit,
  • on commence à ne plus être impartial·e.

Ce n’est pas facile d’arrêter une médiation car il faut trouver du relais. Pour cela, on devrait :

  • prévenir que l’on va arrêter d’être médiateur·ice,
  • demander aux parties si elles veulent continuer avec un·e autre médiateur·ice et si elles ont une idée de qui,
  • avec l’accord des parties, demander à cette personne si elle est d’accord pour relayer et lui transmettre toutes les informations que l’on a.

Rester impartial·e
C’est loin d’être facile d’être impartial·e : on ne le sera jamais complètement. L’important est d’essayer au maximum d’agir de manière impartiale et de ne pas exprimer son opinion. Pour éviter de devenir partial·e, on pourra essayer de se mettre à la place de chacun·e des membres du conflits plutôt que d’être dans le jugement.

Ne pas refuser la conflictualité
Les conflits font partie des rapports humains et sont importants. Essayer de dédramatiser ou de minimiser les conflits est une erreur. Il faut au contraire respecter l’existence de ces conflits et essayer de trouver des moyens de cohabitation. Quelques fois, des personnalités sont incompatibles et ne pourront jamais devenir ami·es. Cela n’empêche pas pour autant qu’elles fassent partie d’un même collectif.

Abus de pouvoir
Un médiateur ou une médiatrice peut détenir des informations confidentielles. Ces informations confèrent un pouvoir considérable qu’il s’agit de ne pas utiliser pour son intérêt. Dans certains cas, on peut choisir de divulguer les informations obtenus. Cependant cela doit être fait uniquement dans des cas extrêmes car cela trahit la parole que l’on a donnée sur la confidentialité en début de médiation.

Conflits graves
La médiation ne concerne que les conflits légers. En cas de conflits graves, on devrait s’orienter vers un autre type de prise en charge du conflit. Attention cependant car la gravité d’un conflit dépend du ressenti des personnes impliquées. Si les personnes impliquées ont le sentiment que leur conflit peut être résolu uniquement en discutant, c’est leur droit même si les faits nous semblent graves. On pourra cependant demander confirmation au groupe de réflexion si on a un doute.

Par exemple, il est probablement temps de penser à sortir d’une médiation discrète si des personnes envisagent une expulsion d’un lieu collectif.

Transition vers un autre type de prise en charge du conflit
Si le conflit perdure ou si le conflit semble être trop grave pour être géré selon des techniques de médiation (confidentialité, impartialité et non-intervention notamment), il faudra penser à changer de techniques. Chaque conflit sérieux est unique et il faudra réfléchir avec le groupe de réflexion à comment procéder.

2.6. Autres techniques pour faciliter la communication

Les petits conflits qui sont susceptibles de faire l’objet de médiations sont souvent liés à des problèmes de communication.

Au sein d’un collectif, on peut avoir d’autres techniques pour éviter que les ressentiments, les émotions négatives restent des non-dits : moments dits « vide-sac » où l’on parle de nos ressentiments de la semaine, équipes d’écoute, etc. Quelques fois, on a pas tant besoin de régler un conflit léger avec une autre personne que de juste sortir sa frustration par exemple pendant un moment d’écoute.

3. La prise en charge des agressions

Chaque agression est unique et il n’y aura pas de protocoles parfaits pour chaque situation. On ne gérera évidemment pas de la même manière un viol, une situation de harcèlement et un conflit qui en vient à la bagarre avec blessures. Il faudra donc s’adapter. On peut cependant donner quelques pistes. Ces pistes peuvent aussi être utilisées dans le cas de conflits sérieux qui impliquent tout le collectif et qui ne peuvent être pris en charge via une médiation neutre et impartiale

Quand il y a une agression, l’objectif principal est de soutenir les personnes agressées. Un deuxième objectif est d’accompagner les personnes agresseuses pour qu’ielles reconnaissent la gravité de leurs actes et, si cela semble nécessaire, entament un processus de changement.

3.1. Agressions au Carnet

On ne reviendra pas en détails dans cette brochure sur des agressions ayant eu lieu au Carnet. De nombreux textes ont déjà été écrits sur le sujet et cela demanderait un énorme travail de recherche et d’écriture collective pour que différents points de vue sur chacun de ces conflits ait droit à la parole.

En tout cas, les agressions ont fortement impacté l’ambiance sur la Zad et ont marqué les personnes y vivant. Il est quasiment impossible de ne pas s’impliquer émotionnellement dans des situations d’agressions ou d’agressions sexuelles ayant lieu entre des personnes que l’on rencontre régulièrement.

À la Zad du Carnet, il n’y avait pas de cloisonnement de ces conflits à des petits groupes et les ragots voyageaient à grande vitesse sur la Zad (on parlait de « Radio Zad »). Dès que deux personnes se disputaient, toute la Zad pouvait être au courant extrêmement rapidement. Certains conflits ont pu être le centre de la plupart des discussions se déroulant sur zone (discussions informelles avec tes ami.es, pendant le repas, pendant la vigie, etc.) durant plusieurs jours ou même plusieurs semaines.

Citons quelques exemples d’agressions à la Zad du Carnet.

Une expulsion a été décidée en mixité choisie en octobre suite à une situation d’agression sexuelle. Cette expulsion a fait ensuite l’objet de nombreuses discussions et des réflexions ont été engagées autour la justice sur zone et sur les agressions liées à des oppressions systémiques.

Suite à ces réflexions, une boîte à outils a été proposée en petit groupe dans le cas d’agressions liées à des oppressions systémiques. Cette boîte à outils prévoyait d’utiliser le terme de riposte plutôt que celui plus neutre et symétrique de prise en charge du conflit et des groupes en non-mixité pouvaient jouer un rôle important pour déterminer ce qu’il fallait faire. Cette boîte à outils a été peu utilisée par la suite pour diverses raisons (non-transmission d’informations, renouvellement des personnes, oubli, etc.). Les conseils présents dans cette brochure ont été écrits en partie suite à des discussions avec les personnes ayant élaboré cette boîte à outils.

Une situation de harcèlement a abouti en décembre à l’expulsion d’une personne. Deux textes ont été écrits à ce sujet : Zad de merde¹ par la personne harcelée suite à son départ de la zone et Pistes pour la gestion de conflits à l’échelle collective² suite à l’expulsion.

Une autre agression sexuelle a fait l’objet de textes parus sur Internet comme la place de la femme et des minorités de genre en milieu anti-autoritaire³.

Un groupe de personnes MINT (Meuf Intersexes, Non-binaires, Trans) a écrit également un texte parlant de différentes agressions sexuelles ayant eu lieu sur la Zad : Zad et violences patriarcales⁴.

3.2. Pistes pour les agressions

Soutenir la personne agressée, accompagner la personne agresseuse
De nombreuses ressources sont disponibles dans la brochure « Jour après jour, violences entre proches » sur ces questions.

Prise en charge de conflits en groupe de mixité choisie
Dans certains cas d’oppressions ou agressions liées à des oppressions systémiques, une prise en charge du conflit peut être réalisée par un groupe en mixité choisie (par exemple de genre ou de race). On pourra aussi aller chercher des retours d’expérience dans la littérature selon l’oppression systémique. Par exemple, de nombreux écrits féministes parlent de gestion de conflits liés à des agressions sexuelles. Attention cependant à ne pas faire porter toute la charge émotionnelle

Ne pas agir seul.e ni en groupe affinitaire
Si on agit seul.e ou en groupe affinitaire, on risque de manquer de diversités d’opinions et donc de commettre des erreurs de jugement et de prendre trop de pouvoir.

Essayer d’en apprendre le plus possible sur l’historique du conflit
Pour pouvoir réfléchir à comment procéder, il faut avoir des éléments clairs et non flous. Fouiller le passé pour aller plus en arrière que la situation actuelle peut être utile.

Prendre le temps de la réflexion
Une situation d’agression n’est jamais évidente à prendre en charge. Il va falloir réfléchir en essayant d’éviter d’avoir des personnes émotionnellement trop impliquées dans le conflit présentes. Encourager la liberté d’opinion et de ton tout en faisant attention à ce qui est dit et sans avoir peur de faire du mal à des gens, c’est permettre à la réflexion de s’effectuer. Cependant attention à l’attentisme car une question importante et urgente se pose de suite : y a-t-il un risque que le conflit s’aggrave ou qu’une situation d’agression se reproduise ?

Impliquer les proches des membres du conflit
On essayera d’organiser des groupes de soutien pour les membres du conflit. On préférera le terme de groupe d’accompagnement pour la personne agresseuse au terme de groupe de soutien.

Annoncer publiquement l’existence de la gestion d’une agression et qui travaille dessus
Il est souvent utile de désigner publiquement qui a accepté de travailler sur la gestion d’une agression : cela permet de centraliser les informations et d’éviter trop d’initiatives individuelles non coordonnées.

Annoncer publiquement une partie des faits
Selon les cas, on pourra choisir de rendre le conflit anonyme ou public, de donner l’intégralité des faits ou une partie, etc.

S’intéresser aux histoires personnelles des personnes
Sans minimiser la responsabilité ou la gravité, le passif et les oppressions subies par des membres du conflit peuvent permettre de comprendre certaines parts du conflit. Attention à ne pas reproduire un schéma oppressif (sexiste, raciste, classiste, toxicophobe, transphobe psychophobe, validiste …) dans le cadre de la prise en charge d’un conflit.

Prendre en compte les spécificités du collectif et du lieu
Selon les contextes, un lieu de lutte peut ne pas être adapté pour être un lieu de soin. Par exemple, si il est difficile d’avoir des moments calmes sans pression (policière ou autre). Il faudra peut-être organiser un endroit spécifique à l’extérieur du lieu collectif pour les personnes souhaitant se reposer.

Faire des bilans d’avancement
Pour être sur.es que l’on est pas en train de laisser pourrir la situation, il vaut mieux se revoir régulièrement pour faire le point de ce qu’on a fait, partager les informations, déterminer ce qu’il faudrait faire et qui le fait.

3.3. Avertissements

Ne pas remettre en cause la parole de la victime tout en cherchant à avoir des faits concrets pour réfléchir
Notre société a l’habitude de douter des paroles des victimes. Il faudra lutter contre cette tendance que l’on a apprise socialement. Cependant attention à ne pas sacraliser la parole de la victime et à lui demander quand même des faits concrets pour déterminer comment agir. Dans un collectif, la victime n’est pas la seule personne qui doit déterminer comment on doit gérer le conflit ; il est important que d’autres personnes s’impliquent pour aider à prendre les bonnes décisions.

Écouter ses limites pour éviter le burn out ; organiser des relais. Être réalistes sur nos capacités. Appeler du soutien.
Est-on vraiment capables actuellement de gérer ce conflit ? Si la réponse vous semble être non, il est temps de réfléchir à comment s’en sortir sans finir en burn out.

Déterminer quand on a échoué, savoir s’arrêter.
Quand on se rend compte lors des bilans d’avancement que rien ne bouge, il est peut-être temps d’acter publiquement l’échec de la gestion de conflits et d’expliquer aux autres ce qu’on a tenté et pourquoi on pense que cela n’a pas marché.

Se perdre dans l’accompagnement de l’agresseur.se et oublier la victime.
Dans une situation idéale, il faudrait accompagner les agresseur.ses en les aidant à changer. On a cependant pas toujours l’énergie pour le faire et la priorité reste de soutenir la victime.

Ne pas impliquer assez de monde dans la gestion de conflits ; garder trop d’informations confidentielles
Essayer de tout faire en petits groupes, cela peut être plus efficace pour le partage d’informations et la coordination. Mais cela pose de nombreux risques : prises de pouvoirs, fatigue, erreurs, etc. Souvent il vaut mieux partager des informations claires à tout le monde plutôt que de laisser des rumeurs se propager. Cela encouragera d’autres personnes à aider.

Ne pas minimiser ou légitimer l’agression lors de l’accompagnement de l’agresseur.se.
L’accompagnement d’un.e agresseur.se surtout par des proches n’est pas évident à faire. Il est important de ne jamais créer de complicité via la minimisation ou la légitimation de l’agression. L’accompagnement devrait être bienveillant tout en restant ferme sur certains points.

Savoir accepter les non-solutions radicales quand on a pas le choix (expulsions, internement en hôpital psychiatrique, etc.).
Comme on n’est pas dans une situation idéale tout le temps, il va falloir quelques fois accepter des non-solutions que l’on regrette. Accepter l’échec, c’est aussi permettre de sauver les meubles en n’échouant pas sur toute la ligne.

Suivre les personnes qui s’éloignent physiquement.
Quand les personnes s’éloignent, on a tendance à les oublier. Une victime a quelques fois besoin de changer d’air, cela n’est pas pour ça qu’il faut la laisser sans groupe de soutien. Quelqu’un qui va en hôpital psychiatrique a besoin d’un réseau de soutien pour l’aider à en sortir, etc. On peut aussi essayer de continuer à accompagner les agresseur·euses qui partent de la zone. Cela peut être complexe à distance.

Trop politiser un conflit
Les conflits peuvent avoir une dimension politique qu’il est important de prendre en compte. Cependant attention à ne pas aller dans l’excès inverse⁵ en ne réfléchissant que selon l’angle politique et en oubliant le caractère unique du conflit en cours.

4. Quelques ressources utiles

  • Accounting for ourselves- Sortir de l’impasse autour des agressions et des abus dans les milieux anarchistes. Si vous avez trouvé la partie parlant des conflits graves de cette brochure trop légère, consultez cette brochure. Elle approfondit la question des agressions en pointant les problèmes récurrents que l’on rencontre et en détaillant quelques pistes. Elle est disponible sur infokiosques.net.
  • Jour après jour, violences entre proches. En commençant par quelques cas concrets, cette brochure parle des situations de violence. Elle détaille comment soutenir concrètement une personne victime d’une agression et ce qu’on peut tenter pour accompagner un·e agresseur·euse dans un processus de changement et de réparation. Elle est disponible sur infokiosques.net.
  • L’autogestion c’est pas de la tarte. Cette brochure aborde de nombreuses thématiques que l’on peut se poser dans un groupe de squatteur·euses de manière claire et synthétique. Cela va de la communication des sentiments à comment se débarrasser des chef·fes en passant par les différents formats de discussions. Elle est disponible sur le site Internet du collectif l’ayant écrit : garas.free.fr
  • Micropolitique des groupes – pour une écologie des pratiques collectives. Ce livre souhaite participer à créer une culture des précédents sur les groupes, leurs pratiques, leurs façons de s’organiser, leurs points de tensions. Si vous vous posez des questions suite à la dissolution d’un collectif dans un conflit, ce livre vous parlera probablement. Il est disponible sur Internet https://micropolitiques.collectifs.net.
  • Comment traverser une crise. On s’est largement inspiré·es de cette brochure du projet Icarus pour la première partie de la brochure sur la désescalade. Elle est disponible sur le site du projet Icarus.
  • Soutenir une survivante d’agression sexuelle disponible sur infokiosques.net.

Crédits des images :
Sans titre (1940), par Vassily Kandinsky, domaine public
Illustration de Sans Remède n°4

Les conflits font partie intégrante de la complexité des relations humaines. Si on souhaite qu’un collectif arrive à fonctionner sans que les conflits interpersonnels ne prennent une dimension trop importante, l’autoformation en gestion de conflits est primordiale. Des expériences récentes de conflits sur la Zad du Carnet nous ont amenés à compiler quelques ressources, différents conseils et des avertissements.

Boîte à outils de la Zad du Carnet
Pas de copyright, reproduction vivement conseillée

¹ https://nantes.indymedia.org/articles/54252

² https://zadducarnet.org/index.php/2020/12/12/pistes-pour-la-gestion-de-conflits-a-echelle-collective/

³ https://blogs.mediapart.fr/pomme-puis-alma-je-suis-lola/blog/290121/la-place-de-la-femme-et-des-minorites-de-genre-en-milieu-anti-autoritaire-partie-2

https://zadducarnet.org/index.php/2021/04/01/zad-et-violences-patriarcales/

⁵ On pourra lire les Chroniques du bord de l’amer sur Infokiosques pour avoir une vision glacante de la surpolitisation de certains conflits.

SOS Stocamine – Bétonnage imminent pour un héritage empoisonné !

Dans le sud de l’Alsace, à Wittelsheim près de Mulhouse, 44000 tonnes de déchets toxiques ont été enfouis à la fin des années 90 dans le site Stocamine. Les industriels ont creusé de nouvelles galeries sous les cavités des anciennes mines de potasse d’Alsace afin de se débarrasser de déchets ultimes contenant de l’arsenic, du cyanure, du mercure, des pesticides… Certains contiendraient même probablement des déchets radioactifs d’après Cécile Germain-Ecuer, élue à la région grand est.
Cet enfouissement était censé être provisoire. En effet, le préfet du Haut-Rhin, en 1997, avait signé un arrêté stipulant que « l’autorisation est accordée pour une durée maximale de 30 ans et qu’à l’expiration de cette durée, les déchets doivent être retirés ».

Puis un dangereux incendie s’est déclaré en 2002 occasionnant la fermeture du site. Entre 2014 et 2017, 2000 tonnes de déchets mercuriels ont été déstockés, ramenant la quantité de déchets actuels à 42000 tonnes.

Le 18 janvier dernier, la ministre de l’écologie Barbara Pompili a décidé de sceller la mine, condamnant ainsi la nappe phréatique à une pollution d’ici 70 à 300 ans d’après des études d’hydrogéologie. Cette réserve d’eau alimente des millions de personnes en eau en Alsace, en Suisse et en Allemagne.

Le 12 juillet dernier avait lieu la réunion du Comité de Suivi de Site (CSS) à laquelle un nombre limité de militant.e.s a pu participer. Les autres restant devant la salle avec banderoles et sous surveillance de la gendarmerie ainsi que des services de renseignements. Le préfet n’a « pas souhaité la présence de la presse pour avoir un débat apaisé sans effet de manche ». Pourtant l’objectif d’une CSS est de « Promouvoir l’information du public sur les conséquences en matière d’environnement et de santé humaine » ! Les élus pro enfouissement et le préfet ne veulent donc pas que ce dossier soit médiatisé… Cette réunion composée du vice-président de la région, du préfet, du sous-préfet, des assos environnementales et de la directrice de Stocamine a abouti à la conclusion que la mine va être scellée…

D’après des infos, le chantier pour sceller la mine doit avoir lieu en septembre et durer 6 mois. Sur le site, aujourd’hui, l’entreprise Bouygues – qui a remporté le marché – est en train de monter la centrale à béton, afin de couler 130 000 M3 de béton qui serait produit sur place.

Mais le béton n’est pas encore coulé ! Et le projet n’est même pas approuvé par la région grand est, la collectivité européenne d’Alsace et la majorité des élu.e.s alsacien.ne.s ! La ministre et son bras armé le préfet veulent passer en force mais nous ne les laisserons pas faire ! Il faut que l’etat prenne ses responsabilités et organise le déstockage de ces déchets afin de les traiter en surface et ainsi protéger la réserve d’eau souterraine.

Rencontrons-nous aux rayonnantes à Bure, organisons-nous pour préserver une des plus grandes réserves d’eau potable d’Europe ! Ne laissons pas ces taré.e.s empoisonner nos petits enfants !

Besoin de relais presse, besoin d’aide à l’écriture, à la propagande visuelle, à l’organisation d’actions etc…

Pour aller plus loin dans la compréhension du dossier:
https://www.rue89strasbourg.com/destockage-nappe-phreatique-alsace-polluee-stocamine-164008

https://reporterre.net/En-Alsace-des-dechets-toxiques-sous-la-plus-grande-reserve-d-eau-potable-d-Europe

https://www.destocamine.fr/les-enjeux/

Camp autogéré, appel à actions et block queer du 16 au 26 août à Bure! Comment rejoindre les rayonnantes depuis l’ouest ?

Le projet Cigéo mené par l’ANDRA à Bure en Meuse (55), c’est la promesse d’enfouir 85 000m³ de déchets radioactifs dans 270 km de galeries pour des milliers d’années. C’est la promesse d’un avenir nucléarisé et d’un système néocolonial et capitaliste qui persiste et se développe. Depuis 27 ans les populations locales luttent contre ce projet gigantesque à l’échelle de son impact. Depuis des mois cependant ça s’organise pour un camp qui se voudrait déclencheur, rêveur, et destabilisateur. Bure et ses habitant.es en lutte appellent à les rejoindre du 16 au 26 août pour réaffirmer nos oppositions au projet ! C’est le moment pour nous de l’ouest de faire rayonner cette lutte !

Mauvaise prise en compte des enjeux environnementaux, minimisations des impacts sur le plan sanitaire ou encore manque d’analyse des risques accidentels… c’est en ces termes que l’Autorité Environnementale a très récemment jugé le projet. Au point de conseiller de limiter le développement des populations aux alentours! Populations qui manifestent leurs oppositions depuis 27 ans.

L’année dernière une demande de déclaration d’utilité publique (DUP) a été déposée pour Cigéo, si elle est acceptée par le gouvernement, les chances de stopper le projet s’amenuiseront. La déclaration d’utilité publique est une étape clé pour les promoteurs du projet : elle ouvrira la porte à l’expropriation des terres que l’Andra n’a pu acheter et au défrichage du Bois Lejuc, plusieurs fois occupé ; elle autorisera la rénovation et la construction de dizaines de kilomètres de voies ferrées. Rendant ainsi le territoire Cigéo-compatible pour une éternité.

Il est encore temps d’empêcher ce projet !

Du 16 aux 26 août, un camp antinucléaire ouvert à toustes

Des habitant.es en lutte dans la région invitent toutes les personnes intéressé.es et/ou prêt.es à soutenir la lutte à rejoindre les environ de Bure du 16 au 26 août pour un camp autogéré !

Aux enfant·es, révolté·es de tous âges, glandeur·ses, paysan·nes, squatteur·ses, nomades, habitant·es d’ici et d’ailleurs on a besoin de tout le monde pour soutenir cette  lutte !

Se feront ça et là des rencontres, des formations, des ateliers d’artivisme, des temps en mixités choisies, des moments déters et autres fêtes subversives. (Tu pouras aussi proposer des temps si tu en as envie.) Le pré-programme est déjà en ligne par ici !

« Nous allons marcher, nous allons voler pour informer, prévenir et défendre ce territoire. Que ce soit en parcourant le tracé des voies ferrées ou par d’autres échappées, nos créatures volantes ne resteront pas dociles face à l’Andra. »

Appel à venir du 20 au 23 août pour des actions de masse

Un appel à rejoindre Bure en nombre du 20 au 23 août a été publié sur indymedia (disponible ici) pour manifester contre le projet CIGEO, et kiffer ensemble. Ce sera un moment pour toustes les personnes, expérimenté.es et en team OU PAS. Ce sera aussi un moment pour s’organiser en mixité choisie, se former à l’action et prendre soin des un.es des autres.

Nous ne dénonçons pas seulement une mauvaise « solution » pour stocker les déchets nucléaires, mais toute l’industrie nucléaire, son extractivisme colonial, sa place dans l’économie capitaliste, son poids dans une société militaire.

Les mois qui viennent sont cruciaux. Si le projet de poubelle nucléaire est déclaré d’utilité publique cette année, des travaux connexes et des procédures d’expropriations visant des habitant.es, des paysan.nes et certains lieux collectifs d’opposant.es pourraient commencer.

« Imaginons des cortèges divers, colorés et festifs qui se réapproprient le territoire. Bloquons l’avancée des travaux, refusons les expropriations, et construisons à nouveau ! Pour maintenir la pression, il y a besoin de tout le monde. Et tout le monde est bienvenu ! Articuler nos diversités de luttes ne nous rendra que plus fort.e.s. Malgré la répression, reprenons confiance. Confiance en nous, confiance les un.e.s envers les autres. »

Un appel à un block Queer du 20 au 23 août a aussi été publié, disponible ici.

« Il est annoncé sur le programme un espace et des ateliers en mixité choisie queer. Profitons-en pour se retrouver, se rencontrer et s’organiser. »

« Le nucléaire colonial français a toujours tout détruit et continue à détruire par son extractivisme d’uranium, ses essais de bombes nucléaires et ses déchets radioactifs. […] Les peuples du pacifique et notamment des atolls de Mururoa et de Fangataufa, îles bétonisées et ayant subies 193 essais nucléaires sousterrains, marins et en surface entre 1966 et 1996, ont manifesté à Papeete (tahiti) le 2 juillet dernier pour demander le retraits des déchets radioactifs. »

En tant que personnes queer, nous considérons que le nucléaire est le symbole d’un monde que nous rejetons. Alors retrouvons nous, créons nos espaces, donnons nous ensemble la force de lutter, approprions nous la lutte antinucléaire, proposons nos ateliers autogérés, formons des blocks qui nous ressemblent, dégenrés, pailletés (ou pas), déterminés…!

Comment partir de Nantes et des environs ?

Déjà ! si tu penses partir, c’est cool que tu remplisses le formulaire de pré-inscription pour aider les copaines qui s’organisent à avoir une jauge des personnes et des besoins… C’est anonyme et non-engageant ! >> par ici

Et aussi : si tu as un.e chien.ne à tes côtés sache que ça sera plus facile sur place s’il y a le moins de chiens possible. Donc si c’est possible de venir sans ton pote waf, c’est bien, et sinon, on fait avec !

En VOITURE

Il y a un pad de covoit accessible en s’inscrivant aux rayonnantes par ici !

En BUS ou TRAIN

Des billets de bus depuis Nantes sont disponibles sur internet (flixbus) entre 20 et 30 € à l’aller comme au retour. Les gares d’arrivée à viser sont au mieux, Saint-Dizier ou Ligny-en-barrois et sinon Bar-le-Duc, Neufchâteau (30 min du camp) ou Nancy (1h15 du camp).

En STOP

Départ de Nantes route de Paris, depuis l’arrêt de tram haluchères batignolles (demander à un feu par exemple à vous avancer jusqu’à l’entrée d’autoroute en direction de carquefou Angers et là c’est super au niveau du feu d’entrée). Sinon au rond point bld de la prairie des mauves (pour celui-là source hitchwiki nantes). Carte pdf des lignes bus de nantes si jamais par ici

Ensuite, deux trajets possibles, souvent empruntés chacun :

  • passer par Paris : arrivée coté ouest, RER A jusqu’à Noisy-le-grand Mont d’est et stopper au rond point d’entrée vers Reims (première aire avant Meaux, Ferrière. 10-30 min max), sinon rejoindre l’aire de ferrière directement à pieds depuis bussy saint george (source hitchwiki Paris). Autoroute jusqu’à Chalons puis N4 jusqu’à Saint-Dizier puis Joinville ou Ligny. Il est possible aussi de prendre directement la nationale 4 depuis Paris (Champigny, Pontault Combault) : c’est plus direct. Au retour, stop depuis le rond point de Massy Palaiseau.
  • éviter Paris : suivre l’autoroute jusqu’à Chaumont et remonter ensuite vers Joinville.

Si besoin tu peux écrire à bus_bure@riseup.net pour ce qui concerne la venue de l’Ouest. Sinon direct aux rayonnantes mobilisation-rayonnante@riseup.net.

En VÉLO

Au départ de Nantes le plus simple c’est de suivre la Loire à Vélo jusqu’à Orléans (c’est assez bien indiqué!)
Une fois à Orléans, il n’y a pas d’itinéraire vélo, il va falloir improviser à travers les campagnes via Montargis, Sens et Troyes puis au Sud de Saint-Dizier pour arriver à Bure!
Ça fait un peu plus de 600kms, prévoir un peu plus d’une semaine si on roule tranquille (moins si vous avez l’habitude) !)

A l’arrivée

Un numéro devrait être transmis pour l’adresse précise et pour les navettes. Suivre peut-être pour ça le site des Rayonnantes… Visez Joinville voie Bure tant que vous le pouvez 🙂

N’oublie pas le formulaire de préinscription si jamais tu viens, et sinon les hibou seront deg’…

Pour relayer la mobilisation (ouii)

Supports de mobilisations sur rayonnantes2021.noblogs.org

Vidéo pour appeler aux Rayonnantes par ici

Suivre sur les réseaux :

Il est possible et très bienvenu de rejoindre le camp avant les dates officielles (du 16 au 26 août) pour aider au montage et aussi de rester ensuite vivre sur place !

à tout vite !

Soutien aux copaines de la MDP de Nantes <3

La Maison du Peuple de Nantes vient d’être expulsée hier. Un lieu d’acceuil inconditionnel et aux nombreuses activités, où le collectif nantais de défense du carnet faisait ses réunions et qui nous avait accueilli chaleureusement après l’expulsion.

Courage les copaines ❤

Rendez-vous vendredi 30 Juillet à 14h devant la fondation la Providence, 7 rue Cardinal Richard à Nantes, pour exprimer au propriétaire notre mécontentement et notre colère.

Plus d’infos sur la situation et les prochains rassemblements sur la page Facebook de la MDP

BRÛLE DGR

Trigger Warning : transphobie

On est dans le camps Hors Dla Loire organisé autour et proche de l’île du Carnet. Ce texte est un retour d’expérience par rapport à la venue d’un membre de Deep Green Résistance (DGR) Bretagne dans ce camp.

DGR Bretagne suit la ligne de DGR France qui a une vision transphobe TERF (trans exclusionary radical feminist) et SWERF (sexual worker exclusionary radical feminist) de la lutte et du monde (voir liens).

« DGR France prône l’autonomie des groupes locaux et des individues, l’équité, la diversité des tactiques, l’abolition du genre, de la prostitution, de la pornographie, de la domestication, de toutes les techniques autoritaires. »

On a tej le gars c’était cool.

Leur vision du genre suit une ligne Radical Feminist (radfem) attaquant les théories « queer » et du genre. Iels veulent des espaces en non mixités « femelles » et réfléchissent en terme d’organes génitaux.

Le type nous a même dit « on a l’habitude de se faire jeter de tous les espaces et des réseaux sociaux à cause de transphobie, putophobie et validisme ».

Il y a environ 2 ans et aussi plus récemment en janvier 2021, sur le site de DGR ont été publiés des textes se défendant d’être transphobe, sauf que le texte est encore plus transphobe, ils sont toujours accessibles et trouvables sur le site.

Leur coté anti-civ, anti-tech à tendance primitiviste les oppose aux prises d’hormones pour les personnes trans, ça en fait des cis qui parlent sur si les trans doivent/peuvent prendre des hormones. Ces mêmes cotés anti-civ, anti-tech sont validistes mais n’étant peu/pas concernéxs, nous ne développeront pas sur cette thématiques (renseignez vous vous verrez).

Nous tenons à insister sur le fait que ce n’est pas une position individuelle mais bien la ligne politique et idéologique qui est transphobe, iels ont réfléchi et leur conclusion a été une conclusion transphobe. Ce n’est pas « juste » des personnes pas au fait des dynamiques de la transidentité.

On a appris l’arrivée d’un gars venant représenter et au nom de DGR Bretagne vers 11h pour 16h, on a commencé à en parler en interperso puis en mini réu mixtes entraînant une vraie reu MINT (Meuf Intersex Non binaire Trans). On a discuté de sa venue et du fait que DGR est connu pour etre entre autre une organisation transphobe, on avait pas d’infos pour savoir si le groupe de Bretagne était ok avec les positions du groupe français (on écrit le texte aussi pour ça → iels sont 100 % ok avec toutes ses positions). On ne voulait pas exposer personne à de la transphobie donc on a décidé de lui demander à son arrivée de ne pas parler en tant que DGR et aussi pour son avis et sa position mais aussi celle du groupe Breton sur les positions transphobes de DGR France.

A son arrivée, 3 MINTs sont alléxs discuter avec lui.

Il a dit être en accord personnellement mais que le groupe de Bretagne l’était aussi avec DGR France, même qu’il est cadre DGR et que « si je n’étais pas d’accord je ne serais pas à DGR ». C’était assez rigolo, on s’attendait à ce qu’il réfutent les positions transphobes du groupe (ou alors on l’espérait) mais il était d’accord et l’a dit cash.

Il nous a dit pouvoir se taire sur son opinion si il voyait qu’il n’était pas partagé mais que de toutes façons il le penserait quand même, qu’il voulait bien dialoguer mais qu’en tant que cadre DGR il était au fait de toutes ces thématiques et donc qu’il ne changerait pas d’avis (il a même dit être triste car il savait qu’il ne pourrait pas nous convaincre « ouin ouin »).

On le quitte sur ça et on se réunit entre MINTs une deuxième fois pour prendre une décision, on arrive assez vite à la conclusion qu’on ne veut pas de sa présence dans le camp et qu’on va le tej, on dit qu’on lui file des brochures sur les dynamiques trans.

On décide également de prévenir les autres cismecs et les MINTs n’étant pas à la réu en interperso/petits groupes plutôt qu’en plénière pour éviter de qu’ils le défendent etc.

Un petit groupe va donc lui dire de partir et lui file les brochures, il dit ok et part, mais aussi qu’il lira les brochures mais ne changera pas d’avis (du coup on a gâché quasi toutes nos brochures trans pour rien).

C’était hyper empouvoirant et on a bien géré pour trouver un consensus. On vous invite par ailleurs a tej DGR de nos lieux et de nos luttes. Pas de transphobes, validistes, putophobes, oppresseureuses dans nos luttes !!

Adelphité <3

Des MINTs de Hors Dla Loire

https://deepgreenresistance.fr/2021/01/05/dgr-validiste-et-transphobe-reponse-aux-accusations-et-menaces-du-groupuscule-beaulieu-ecologiste/

https://deepgreenresistance.fr/2021/05/12/communique-2/