Pour rappel l’occupation de l’Ile du Carnet qui a commencé fin août 2020 avec un week-end de mobilisation et s’est terminé avec son expulsion le 23 mars 2021 c’est :
une lutte pour préserver de la bétonisation 110ha (dont 51 ha de zone humide) sur une île de près de 400ha dans l’Estuaire de la Loire contre un projet d’extension du Port de Saint-Nazaire, dissimulé en projet de parc éco-technologique,
L’occupation de la ZAD a permis un répit de 7 mois pour les écosystèmes du Carnet ainsi mis en défens et maintenus en libre évolution sans chasse ni nuisances d’engins motorisé !!! Les herbivores sauvages ont pu reprendre une place sur cette île, les amphibiens ont pu se déplacer sans se faire écraser, les migrateurs et espèces hivernantes ont pu s’alimenter et se reposer.
Des centaines de personnes mobilisées pour occuper, construire des cabanes, expérimenter l’auto-organisation collective, d’autres manières de vivre et défendre le Carnet en plein hiver et malgré la répression, aux côtés de Stop Carnet et avec le soutien de collectifs locaux comme à Rennes et Nantes!
De chouettes et intenses moments de vie et de luttes collectives mêlées, mais aussi des moments moins chouettes et difficiles que nous avons vécus / affrontés ensemble,
Des liens forts qui se sont créés et perdurent ici et là avec l’envie et l’énergie de continuer les luttes qui nous ont réunies au Carnet. Si nous étions là pour défendre le Carnet, la ZAD ne peut pas se résumer à la lutte contre un projet, elle est le lieu d’expression de nombreuses luttes !
Mais que s’est-il passé au Carnet depuis tout ce temps ?
Du côté du Grand Port, l’état et les flics
La période post-expulsion a été marquée par une forte présence policière les premiers mois qui s’est réduite au fil du temps jusqu’à quasi-nulle aujourd’hui
Les copaines de Stop Carnet ont eu leur procès qui s’est soldé par l’acquittement de 2 des membres et des amendes pour les deux autres qui font appel de cette décision
Ginette, l’éolienne offshore expérimentale a été démontée durant plusieurs mois
Les chasseurs ont repris leurs activités au Carnet creusant des tranchées dans la végétation et perturbant faune et flore
Un relevé naturaliste, achevé en janvier 2023, laisse penser que la bétonisation de la zone n’est pas définitivement abandonnée à défaut d’être imminente.
La situation économique et politique du Port Nantes-Saint-Nazaire (qui pâtit de sa forte dépendance aux énergies fossiles) mais aussi social (il y a eu de nombreux cas de burn-out à la direction du Port) n’est pas favorable à de nouveaux projets d’extension du port. Des rapports sont défavorables à une bétonisation sud-loire qui préconise de construire sur les nombreuses friches du Port Nord-Loire.
Le Port fait régulièrement des annonces régulières comme quoi il n’y aurait actuellement pas de projet au Carnet mais que ça reste une réserve foncière sous entendant qu’il est possible qu’un nouveau projet voit le jour au Carnet un jour. Nous nous méfions toujours de la communication institutionnelle qui est aussi peu fiable que la parole politique mais la répétition de cette communication laisse penser à une vraie info même si nous restons méfiant·es.
Et côté lutte du Carnet
Devant l’absence de menace imminente au Carnet, la lutte a connu un ralentissement avec quelques temps forts et bonnes nouvelles :
L’expulsion a été suivie d’un week-end de mobilisation contre le projet en juin 2021 qui a réuni plus d’une centaine de personnes malgré une forte présence policière pour empêcher la mobilisation et un copain violemment interpellé lors de la manifestation
Des copaines ont organisé le camp d’été Hors d’la Loire en juillet 2021 et un concert antirep des Ramoneurs de Menhirs a été organisé en mars 2022.
Le copain en tôle est sorti il y a presque un an !!
Des chantiers collectifs ont eu lieu pour construire un lieu collectif proche du Carnet !
Le Grand Port Maritime déterminé à relancer le projet industriel du Carnet ? On ne laissera pas faire !
Continuons à construire la résistance : bâtissons une maison d’accueil et de lutte sur un lieu privé près du Carnet !
Gros chantiers collectifs de construction de la future maison du Carnet [Libre et Sauvage] prévuent tous les week ends à partir des 18/19 septembre!
Le projet du Carnet n’est pas abandonné, malgré la communication officielle
Le Grand Port Maritime Nantes Saint-Nazaire annonçait à la suite de l’expulsion qu’il mettait en pause les travaux. Belle opération de comm’ visant à démobiliser et à faire croire à la population locale que le projet tombait à l’eau et qu’il n’y avait plus d’urgence.
Des nouvelles récentes montrent que le projet industriel du Carnet n’est toujours pas abandonné :
– Le GPM a dépensé cette année pas moins de 30 000euros pour verdir sa communication sur le site du Carnet.
– Le GPM a contacté au moins un éleveur pour savoir s’il serait intéressé de faire pâturer ses chèvres et moutons sur les 110ha du projet, de quoi raser toute végétation sous un beau vernis écolo, vive l’éco destruction !
– Le GPM a passé un appel d’offre pour réaliser des relevés naturalistes, comme demandé par le conseil scientifique qui pointait du doigt ce manquement. Ces relevés devraient commencer à l’automne sur le site du Carnet. Ils ne sont en réalité pas nécessaires au Grand Port pour aménager l’île du Carnet puisque le GPM conserve toutes les autorisations et dérogations pour mener à bien son projet industriel ( arrêté préfectoral de 2017 qui a sonné l’arrêt de la vie sauvage au Carnet ).
– Alerte : Carnage en cours sur l’ile du Carnet :
La zone concernée par le projet industriel se voit défigurer régulièrement depuis un mois : débroussaillage au broyeur pour créer une bonne dizaine de Km de chemins à travers les roselières, les boisements, les prairies et les buissons.
Les chasseurs s’en donnent à coeur joie en effectuant des battues aux sangliers qui peuvent durer jusqu’à 20h de suite !
L’étang artificiel à l’ouest de l’ile, situé en bordure de zone à aménager a été asséché par le GPM en refermant l’écluse de la zone ! Cet étang accueillait de nombreux batraciens, était un lieu d’alimentation et de repos pour bon nombre d’espèces protégées !
Le fait d’effectuer ces relevés d’espèces sur un site saccagé, broyé, chassé, ne serait donc pas une bonne manière d’assurer à l’opinion publique que l’île du Carnet n’a plus rien de sauvage et que ses milieux naturels ne représentent pas un intérêt majeur ?
Résistons à l’intimidation
Le lieu collectif proche du Carnet, ainsi que le paysan qui nous acceuille, ont été récemment victimes d’attaque / saccages de la part de voisins / fachos. Nous sommes actuellement un petit groupe à assurer une présence sur place, à ranger / réorganiser le lieu, montrer que l’on est là et n’avons pas peur. La situation s’est stabilisée et nous n’avons pas eu de nouvelle attaque.
Pourquoi on a besoin de monde et de construire une maison de la résistance?
La résistance au projet est plus que jamais nécessaire à relancer !
Et on a besoin de monde pour cela, d’autant qu’on a affaire au plus gros projet destructeur du grand ouest porté par le gouvernement Macron et nombre d’intérêts industriels !
Face à l’échéance des travaux qui se rapproche et à la nécessité d’avoir un lieu plus accueillant pour amplifier la résistance au projet, on prévoit de lancer le chantier d’un hangar pour en faire une maison de la résistance au projet du Carnet.
On ne pourra pas continuer à être tout le temps les mêmes à être présent-e-s sur le lieu pour organiser des évènements de soutien à la lutte, à informer la population locale des impacts du projet du Carnet, à préparer la résistance aux travaux à venir, à organiser le lieu pour en faire un lieu d’accueil et d’informations sur la lutte du Carnet.
On a besoin de monde sur place pour continuer à faire vivre la lutte contre ce projet destructeur !
Si tu as envie de passer quelques jours / semaines à la campagne, à faire un peu de bricolage (sur le chantier de la maison du Carnet mais pas seulement), de maraichage chez les copaines, participer à l’orga d’un infotour du carnet, créer du lien avec les voisin.es, tu es le.la bienvenu.e avec ta tente ou ton camion!
1er gros chantier collectif de construction de la future maison du Carnet [Libre et Sauvage] prévu le week-end du 18/19 Septembre et par la suite tous les week-end.
Si tu veux nous rejoindre, avoir plus d’infos, nous ramener du matos, apporter ton soutien de quelconque manière, écris-nous à : horsdlaloire@riseup.net
Les besoins en matos sont les suivants :
– bois en tout genre pour la construction dont pannes, chevrons. – outils de construction (barre à mine, pieds de biche, scies à bois / métaux, marteaux …) – échelles/escabots – tiges filetées, boulons … – cordes – tôles – bâches – plexiglass – isolant – visserie et mèches – Vélos – Brouettes – Kit de réparation de vélo – vêtements (notamment chauds et de pluie, bottes, chaussures de rando, chaussettes) – mais également caravanes et autre structure pouvant servir d’abri
Le Grand Port Maritime déterminé à relancer le projet industriel du Carnet ? On ne laissera pas faire !
Appel à soutien pour continuer de construire la résistance : chantiers collectifs pour une maison du Carnet sur un lieu privé près du Carnet !
Nous avons besoin d’être nombreux·ses ces prochains jours / semaines pour montrer un rapport de force face aux tentatives d’intimidation et notre détermination à continuer la résistance !
Si tu as envie de passer quelques jours / semaines à la campagne, à faire un peu de bricolage (sur le chantier de la maison de la résistance mais pas seulement), de maraichage chez les copaines, participer à l’orga d’un infotour du carnet, créer du lien avec les voisins, juste profiter de la campagne, souffler un peu de la ville ou prendre un peu de vacances en mode autogestion ( chacun·e fait sa vaisselle, participe aux taches collectives comme la cuisine, vider les toilettes séches, faire des récups …. On a personne pour le faire à notre place et on est contre le patriarcat) , tu es lea bienvenu avec ta tente ou ton camion!
Si tu veux nous rejoindre, avoir plus d’infos, nous ramener du matos, apporter ton soutien de quelconque manière, écris-nous à : horsdlaloire@riseup.net ou zadducarnet@riseup.net.
Le Matos est également le bienvenue pour le chantier de construction de la maison du Carnet et pour la vie quotidienne/évènements :
– bois en tout genre pour la construction – outils de construction (barre à mine, pieds de biche, scies à bois / métaux, marteaux …) – échelles/escabeaux – tiges filetées, boulons … – cordes – tôles – bâches – plexiglass – isolant – pointes – vis – Vélos – Brouettes – Kit de réparation de vélo – vêtements (notamment chauds et de pluie, bottes, chaussures de rando, chaussettes) – mais également caravanes et autre structure pouvant servir d’abri – bois pour se chauffer – poêle – chauffe-eau à gaz – génératrice – cables élec + rallonges + prises + tableau élec
Ce texte est une réponse collective de la part de personnes ayant lutté à la Zad du Carnet, à la Zad de la dune et contre le Surf Park de Saint-Père-en-Retz suite à des tentatives de récupération politiques de la part d’habitant.es de la Zad de NDDL. Nous avons souhaité éclaircir en quoi les pratiques de certains groupes habitant actuellement la Zad de NDDL nous affaiblissent collectivement dans nos luttes horizontales et anti-autoritaires et pourquoi nous ne voulons pas d’elleux dans nos luttes.
Le texte ci-dessous est un texte de la confluence des luttes de l’Ouest et a été publié initialement sur leur site internet.
Le texte est aussi téléchargeable en format brochure (et imprimable) :
Ce texte est né après de nombreuses rencontres de Zadistes, de militant·es, de locaux·ales habitant à proximité des projets de merde imposés dans l’ouest de la france et ailleurs.
Lors de nos rencontres, nous nous sommes rendues compte que les tensions que nous pouvions avoir séparément ou collectivement avec des habitant·es de l’ex-Zad de Notre-Dame-Des-Landes (NDDL) n’étaient souvent pas comprises. Il fallait alors prendre le temps long d’expliquer l’historique de ces tensions, les raisons de ces conflits. C’était quasiment impossible pour les personnes découvrant toutes ces histoires de digérer autant d’informations et cela pouvait nous bloquer collectivement.
Nous avons écrit ce texte pour présenter notre histoire collective, pour faciliter la transmission d’information et d’analyses à propos des pratiques de certain·es habitant.es de l’ex-Zad de NDDL.
Cette histoire commence autour de notre vécu collectif récent : celui de la Zad du Carnet et des nombreuses tensions que nous avons eues avec des habitant·es de l’ex-Zad de NDDL. Nous avons alors compris que loin d’être isolées ou d’être sans raisons, ces conflits avaient une histoire, avaient des raisons structurelles d’exister.
Depuis le processus de légalisation, des habitant·es de l’ex-Zad sont rentré·es dans un processus d’intégration au monde capitaliste. Iels utilisent l’image médiatique de la Zad de NDDL à leur profit personnel : pour les aider dans le rapport de force nécessaire aux processus de légalisation et pour accumuler de l’argent. Mais en plus d’utiliser l’image de l’ex-Zad, iels accaparent l’image de nos propres luttes actuelles : celles de la Zad de la Dune, de la lutte contre le Surf Park ou de la Zad du Carnet.
En faisant cela, iels affaiblissent nos luttes car iels accaparent nos imaginaires, nos luttes, nos vécus à des fins marchandes. Iels nous mettent en danger en ne relayant que leur communication sur nos luttes et non notre propre communication. Ainsi, iels ne relayent pas nos appels à soutien contre la répression que nous subissons tout en se félicitant de nos victoires comme ce que l’on peut constater lors du rassemblement intergalactique récent de juillet 2021.
Face à ces tentatives de récupération politique pour des profits personnels, nous appelons à continuer à lutter de manière horizontale et anarchiste. Nous appelons à nous relier par des liens interpersonnels et non à un niveau organisationnel vertical et centralisé. Nous appelons à nous soutenir mutuellement entre les luttes en se filant des coups de main et non en essayant de se parrainer les un·es les autres. Nous appelons à partager nos expériences communes, à partager nos différences et à s’enrichir mutuellement de nos pratiques. Tout cela pour renforcer nos luttes anticapitalistes, antiracistes, féministes, écologistes, anarchistes et radicales.
1. Les dernières tentatives de récupération politique de la part des personnes de NDDL
Toustes les habitant·es actuelles de l’ex-Zad de NDDL ne sont pas visées de la même manière par ce texte.
Nous pensons qu’actuellement des groupes comme le CMDO (le Comité de Maintien Des Occupations) ont un pouvoir considérable sur l’ex-Zad et c’est principalement leurs pratiques que nous dénonçons. De nombreux·ses habitant·es actuel·les de l’ex-Zad continuent de s’organiser avec le CMDO ou restent silencieux·ses vis-à-vis des pratiques autoritaires que nous dénonçons ce qui les rend complices de fait. Des habitant·es ont soutenu à titre individuel la lutte au Carnet via des coups de main, des dons et nous leur sommes reconnaissant·es. D’autres habitant·es de l’ex-Zad de NDDL continuent de lutter contre l’influence du CMDO et en subissent des conséquences et nous souhaitons leur apporter notre soutien.
Dans la suite, nous ne ferons plus de distinctions entre les personnes habitant l’ex-Zad de NDDL pour ne pas encombrer le texte même si nous ne souhaitons pas forcément mettre toustes dans le même sac.
Nous appelerons les personnes habitant NDDL avec lesquelles nous sommes en conflit les autoritaires de l’ex-Zad, les légalistes de l’ex-Zad, les appelistes de l’ex-Zad ou les appelos-autoritaires de l’ex-Zad. Ces habitant·es de l’ex-Zad sont en lien avec une association qui s’appelle NDDL Poursuivre Ensemble.
1.1. Pourquoi nous nous méfions des personnes habitant actuellement la Zad de NDDL
Un « bref » historique depuis 2018 des conflits parfois violents sur la Zad de NDDL
Avant de parler de tentatives de récupération politique plus récentes de la part des habitant·es de NDDL, il nous semble important de rappeler le contexte global. Nous avons sélectionné de manière non exhaustive quelques faits marquants, en renvoyant vers des sources plus précises.
· Fin janvier 2018, 200 personnes enlèvent les barricades situées sur une des routes de la Zad, la D281 dite route des chicanes, en bousculant les récalcitrant·es¹.
· Le 20 mars 2018, 5 personnes cagoulées armées de battes de baseball et de gazeuses tabassent des personnes dans un squat de la Zad de NDDL. Suite à cela, la legal team de la Zad dénonce le 30 mars 2018 des « actions de milice à la Zad » dans un communiqué paru sur Indymedia Nantes².
· En avril/mai 2018, les expulsions sur la Zad de NDDL ont rêvélé des dissenssions profondes entre les personnes défendant des stratégies légalistes et les autres personnes de la Zad. Ces dissenssions seraient dures à synthétiser en quelques lignes. Pour plus de détails, on vous invite à consulter la brochure « Réflexions à propos de la Zad : une autre histoire »³ qui dénonce de nombreuses pratiques autoritaires ayant eu lieu sur la Zad de NDDL de la part des personnes défendant des stratégies légalistes.
Par la suite, afin de récupérer les terres et lieux légalisables mais également de faire taire et briser les dernières copaines anars souhaitant résister à la gentrification de NDDL, les appelos-autoritaires de NDDL n’hésiteront pas à employer des moyens digne d’une milice : coffrages et tabassages (une personne aura même ses jambes et bras cassés !) et tentatives d’expulsion et d’incendies de lieux hors de contrôle des appelos.
· Le 21 mars 2020, une cabane du Rosier servant de sleeping est incendiée⁴.
Nous dénonçons ces pratiques violentes de milices sur la Zad de NDDL. La liste est longue de pratiques dignes de milices, d’une justice expéditive tout aussi violente que la justice de classe étatique que nous souhaitons abolir.La liste est longue également de compromissions avec l’État, quitte à trahir et violenter les centaines de copaines qui ont donné une partie de leur vie (et en ont parfois payé le prix en étant blessé gravement ou fait de la tôle) pour défendre l’utopie anar de la Zad de NDDL et qui pour nombre d’entre elles/eux sont reparties traumatisées des prises de pouvoir et de la trahison des appelos de NDDL !
Si c’est ça leur nouveau monde, nous n’en voulons pas !
A cette « justice » violente et expéditive, servant d’ailleurs surtout leurs intérêts (justice de classe non assumée), nous revendiquons, même si nous sommes loin d’en avoir trouvé les solutions et qu’il est difficile de l’appliquer, la recherche de la parole en groupe, de trouver des solutions avant l’exclusion, d’écouter les différents partis engagés dans le conflit et de tenter de trouver une solution par le dialogue et d’autres solutions que l’exclusion. Et surtout pas d’en arriver à des méthodes violentes et autoritaires tel que le tabassage et le coffrage, pratiques dont la STASI serait bien fière !
1.2. Les contacts très tendus entre la Zad du Carnet et l’ex-Zad de NDDL
Quand l’ex-zad propose d’enlever des plantes à la main alors que nous galérons à trouver de la nourriture
Les tensions entre la Zad du Carnet et l’ex-Zad de NDDL commencent au tout début de la Zad du Carnet soit début septembre 2020. Le 11 septembre 2020, des personnes de l’ex-Zad demandent à organiser une action clé en main sur la Zad du Carnet. Cette action prévoyait d’enlever une plante dite invasive, le Baccharis, à la main à des fins de communication. En effet, l’installation de la Zad avait empêché la venue de pelleteuse qui aurait enlevé le Baccharis ainsi que 30cm de profondeur de terre tout le long des berges. Cela aurait complètement détruit la flore et la faune sur une zone considérable⁵. Les ex-zadistes de NDDL souhaitaient faire cette action afin de gagner du soutien local. Le plan de communication était le suivant : on empêche les pelleteuses d’enlever le Baccharis de façon brutale et violente et à la place, on l’enlève à la main.
À cette période, les zadistes du Carnet étaient occupé·es à construire des cabanes, des barricades, à trouver de l’eau et de la nourriture pour survivre au jour le jour ! Face aux besoins vitaux de la Zad, la proposition de NDDL était complètement hors sol et deconnectée de la lutte. La façon de proposer l’action était presque méprisante envers les zadistes du Carnet. Sous prétexte d’avoir « gagné » à NDDL, les ex-zadistes du haut de leur tour d’ivoire militante pensaient-iels être omniscient·es et n’avoir pas besoin d’aller sur le terrain pour déterminer ce qu’il fallait faire ? De plus, l’action se voulait estampillée NDDL Poursuivre Ensemble et était pensée pour faire de la com’ positive sur le fait que NDDL aidait la Zad du Carnet ce qui concrètement n’était pas le cas. Au final, la demande est restée sans réponses et l’action n’a pas eu lieu. Par la suite, évidemment, aucun·e riverain·e ne nous reprocha de ne pas avoir enlevé le Baccharis…
Quand l’ex-zad de NDDL souhaite organiser la défense du Carnet sans y inviter les personnes luttant sur le terrain
Le 15 septembre, NDDL Poursuivre Ensemble envoie un mail intitulé « APPEL GÉNÉRAL POUR ORGANISER LA DÉFENSE DU SITE DU CARNET ». Le mail invite à une réunion pour contrer le projet industriel sur l’île du Carnet qui aurait lieu le 10 octobre à l’Ambazada, lieu à Notre-Dame-Des-Landes. Cet appel est pour nous symbolique de la volonté centralisatrice et autoritaire de NDDL ainsi que de leur déconnexion complète de la lutte sur place. D’ailleurs précisons qu’un « appel pour organiser », n’est pas un « appel pour soutenir », les intentions sont bien différentes.
En effet, ni les zadistes du Carnet, ni le collectif Stop Carnet très actif dans la lutte sur place n’ont été prévenus en amont de l’existence de cette réunion. L’appel est rédigé comme si les zadistes du Carnet n’existaient pas, comme si nous n’étions pas capables de nous organiser nous-mêmes… Et pourquoi choisir de faire une réunion à NDDL et non demander aux zadistes du Carnet de la faire sur l’île même du Carnet, située à seulement environ 1h de route si ce n’est pour prendre du pouvoir centralisateur et de faire de la com’ au profit de NDDL ?
Le collectif Stop Carnet a dénoncé cette initiative et demandé l’annulation de la réunion immédiatement. Sur la Zad, aucune position collective n’a été actée même si la tendance générale était de trouver l’initiative choquante. Seulement quelques zadistes du Carnet sont allé·es à titre personnels à cette réunion du 10 octobre afin d’observer le contenu des échanges.
Les autres participant·es à cette réunion étaient des assos environnementales ayant accompagné le projet d’agrandissement du port de Saint-Nazaire, ainsi que des représentant·es de partis politiques, de syndicats et d’assos légalistes. Après de longs débats houleux, rien de constructif ne sortira de cette réunion si ce n’est une tentative de se retrouver pour une « coordination de la défense de l’Estuaire » fin octobre au Village du Peuple.
Suite à cette première réunion et notamment à la présence de partis politiques et d’associations qui avaient accompagné le projet industriel, le collectif Stop Carnet et la Zad du Carnet communiquent ensemble qu’ils ne souhaitent pas participer à la coordination.
Nous pensons que NDDL Poursuivre Ensemble et l’ex-Zad de NDDL souhaitaient par cette réunion montrer au « grand public militant » qu’iels n’étaient pas juste centré·es sur elleux-mêmes et leurs éco-lieux à financer, mais également acteur·ices des luttes locales. Pourtant, étrangement, on ne les aura guère vu à la lutte contre le Surf Park (ZAP la vague) et à la Zad de la dune (Brétignolles sur mer)…
Malgré le refus explicite de la Zad du Carnet de participer à une coordination lancée par NDDL, NDDL continue d’essayer
Après l’expulsion du Village du Peuple le 14 octobre, la « coordination de la défense de l’Estuaire » se retrouve sans lieu où se retrouver. Nous découvrons alors que NDDL Poursuivre Ensemble décide, encore une fois de manière autoritaire et verticale, d’organiser la réunion à Paimboeuf, une ville située à deux pas de l’île du Carnet. Nous réitérons notre demande de stopper cette coordination en leur disant que si coordination il y a ou collectif global de défense du Carnet, cela partira de l’initiative des personnes et collectifs engagées sur le terrain au Carnet.
La réunion se fera quand même malgré nos mails et coups de téléphone répétés, comme si de plus nous n’avions pas à ce moment là d’autres énergies à mettre comme dans la construction urgente de cabanes en vue de l’hiver qui venait ou dans la communication auprès des habitant·es du coin… Mais l’ex-lutte de NDDL est une « sachante »: elle sait ce qui est bon pour nous !
Des membres du collectif Stop Carnet et des habitant·es de la ZAD du Carnet vont alors lire un communiqué commun au tout début de la réunion précisant tout ce que nous pensions de bien de cette initiative et repartent ensuite. Malgré la lecture de ce communiqué et malgré le boycott des principaux acteurs de la lutte à cette coordination de défense du Carnet, les participant·es (majoritairement de NDDL poursuivre Ensemble et des autoritaires de l’ex-Zad) vont continuer la réunion comme si de rien n’était…
La coordination a par la suite tourné court et n’a plus donné de nouvelles, le confinement ayant certainement joué dans l’arrêt de cette dynamique de tentative de récupération de la lutte du Carnet.
1.3. La dernière provocation en date : le débat sur les luttes territoriales lors du rassemblement intergalactique
Cet été 2021, nous apprenons que les victoires contre le projet du Surf Park de Saint-Père-en-Retz et contre le projet de port de Brétignolles vont être célébrées lors des rassemblements intergalactiques 2021⁶. Le même événement prévoit une discussion sur « comment stopper […] une relance de la machine au Carnet ».
Nous rappelons que les ex-zadistes de NDDL n’ont aucunement participé ni aux luttes contre le Surf Park ni aux luttes contre le port de Brétignolles. Et que, encore une fois, ni les zadistes de la Dune qui ont lutté contre le projet de port, ni les collectifs engagés contre le Surf Park, ni les zadistes du Carnet n’ont été prévenu·es en amont de l’existence de cette réunion et qu’iels n’ont pas été invité·es…
Et quel moment pour célébrer nos victoires sans nous et avant nous ! En effet, ces derniers temps, suite à l’expulsion de la ZAD du Carnet et face à la répression intense qui a suivi, nous étions épuisé·es et n’avons pas pu organiser « la célébration » de ces récentes victoires. Il est étrange également de remarquer que ces trois luttes auxquels l’ex-ZAD de NDDL n’a pas participé ou dans laquelle nous ne voulions pas de leur chapeautage aient été rajoutées au dernier moment dans une mise à jour de cet atelier (3 jours environ avant l’organisation de l’atelier, au départ étaient seulement indiqué une discussion sur les luttes dans l’ouest sans évoquer ces trois luttes).
Si nous avions remarqué à l’avance que ces trois luttes étaient évoquées, nous nous serions organisé·es pour venir en nombre à cet atelier-discussion pour demander à ce que cette discussion et ces célébrations de victoires n’aient pas lieu à NDDL. Mais peut-être que l’ex-Zad de NDDL l’avait justement anticipé…
Notre colère est encore plus forte en sachant que des copaines de la Zad du Carnet n’ayant pas de solution de logement après l’expulsion, sont présent·es depuis à NDDL sur la zone Est et n’ont même pas été mis·es au courant une seconde de cette discussion évoquant le Carnet ! Cela démontre plus que tout la volonté de l’ex-Zad de NDDL d’organiser une discussion orientée par leurs soins, de récupérer la lutte et de ne pas avoir de voix dissonantes au chapitre…
Une colère encore plus forte également puisqu’iels se permettent d’organiser des célébrations de victoires sans les soutenir derrière (et sans avoir soutenu les luttes en amont). Des copaines subissent encore une forte répression liée à la lutte contre le projet de Surf Park sans que l’ex-Zad ne s’en soit fait le relais ! Célébrer une victoire tout en ne soutenant pas les principaux acteurs de cette lutte subissant la répression, quelle belle preuve de solidarité militante !
Mais s’il y a bien une chose qui démontre leur déconnexion totale de ces luttes qu’ils souhaitent coordonner et célébrer sans les soutenir, c’est bien la mention de « célébrer la victoire contre l’agrandissement du port de Brétignolles ! » Sic ! La lutte à Brétignolles a été gagnée notamment grâce à la Zad de la dune qui a empêché les travaux de destruction de la dune de la Normandelière. Elle n’était non pas contre l’agrandissement d’un port… puisqu’il n’y a pas de port à Brétignolles ! Il s’agissait justement de lutter contre la création insensée d’un port artificiel !
Célébrer une victoire sans même en connaître les fondements… bravo à l’ex-Zad pour cette belle preuve de lien avec les luttes locales⁷ !
1.4. Il ne s’agit pas que d’une histoire d’invitation, nous refusons l’aide de ces personnes
Mais la problématique ne se limite pas à une question d’invitation, nous refusons l’aide paternaliste de l’ex-Zad de NDDL, car nous souhaitons de l’horizontalité entre les luttes et non qu’elles soient chapeautées par une autorité « naturelle », qu’elle soit bienveillante ou non n’est pas la question. Plus précisément nous refusons l’aide de l’institution qu’est devenue l’ex-Zad de NDDL. Cela ne nous empêche pas par ailleurs de construire des liens et des solidarités avec certain·es des habitant·es de NDDL.
2. Nos différences de pratiques sont irréconciliables.
2.1. La Zad communique pour appuyer le rapport de force dans son processus de légalisation
Après les expulsions de 2018 et la volonté des autoritaires de NDDL de négocier avec l’État pour récupérer légalement des terres⁸, l’ex-Zad de NDDL concentre toute son énergie à mobiliser du monde pour engager un rapport de force avec les institutions pour récupérer des baux légaux sur les terres de NDDL. Les mobilisations à Nantes s’essoufflent petit à petit ne rassemblant plus qu’une centaine de personnes. Le rapport de force est mal engagé et les soutiens à la lutte de moins en moins présents…
Le mouvement agir contre la réintoxication du monde et les soulèvements de la terre, ultra-centralisées autour de NDDL, ainsi que la relance du festival militant Zad envies à partir de 2020 permet à l’ex-Zad de NDDL de se remettre sur le devant des projecteurs… Mais pour que ces mouvements n’échappent pas à l’ex-Zad et à sa volonté de rester au centre de l’attention et sa volonté de chapeautage des luttes, il est nécessaire pour elle que l’organisation de ces mouvements reste centralisée à NDDL.
Cette volonté stratégique de la part de l’ex-Zad de rester au centre des luttes nécessite également de chapeauter les luttes, de faire constamment réseau, mais non pas réseau horizontal, mais bien réseau centralisé vers NDDL (le principe de « convergence »). Quitte à user de moyens autoritaires ou crades comme vous avez pu en avoir le récit en ce début de texte.
Cette stratégie nécessite également une communication importante autour de NDDL, quitte à éclipser en terme d’attention militante des luttes actuelles sur lesquelles les besoins humains/matériels/financiers sont pourtant urgents ! L’ex-Zad de NDDL n’est pourtant plus en lutte et est surtout toujours en voie de légalisation vers un vaste éco-lieu militant comme on peut en trouver partout en France…
Tout cela se fait à l’inverse même de toute idée de réelle convergence des luttes, partant du terrain pour aller vers de l’orga horizontale !
2.2. La Zad® communique pour financer ses éco-lieux légalistes au détriment d’autres luttes
Centraliser autour de NDDL®pour se faire de la comm’ et du fric
Nous avons l’impression que la volonté de centraliser les luttes de l’ouest à NDDL® résulte du besoin d’exister de l’ex-Zad nécessaire dans le bras de fer en cours, dans le processus de légalisation, avec la préfecture et le département. C’est aussi une manière de redonner du sens à leur présence sur cet ancien lieu de lutte à travers de grands événements qui rassemblent les luttes et personnes sensibles à ces luttes à l’image de Zad Envie® ou les rencontres intergalactiques®, ou comme base arrière qui sponsorise d’autres luttes, particulièrement en Loire-Atlantique, ou des actions comme les campagnes des soulèvements de la terre.
Cette manière d’être central dans les luttes est aussi un moyen d’exister et de communiquer sur ses importants besoins financiers pour le rachat des terres et celle des projets de la Zad® à l’image de l’école des Tritons®.
En effet, les besoins de l’éco-lieu NDDL® sont conséquents pour parvenir à récupérer les terres.
Un fonds de dotation est lancé à grands renforts de comm pour acheter des terres et les objectifs sont plus qu’ambitieux : » 3 millions d’euros à moyen terme et de 1.5 millions d’euros dès le début 2020″⁹…
Et le problème n’est pas tant qu’il y ait eu cet appel à dons, car pas mal d’autres lieux en ont besoin partout en France pour s’installer, mais bien qu’il provienne de l’ex-Zad de NDDL® qui se revendique toujours en lutte contre le capitalisme, l’État, se revendiquant proche des luttes zapatistes et d’autres luttes en rupture avec le système capitaliste et étatique. Le problème est que cet appel à dons dantesque à grands renforts de comm version start up Zad 2.0® va à l’inverse de tout l’imaginaire véhiculé encore par la Zad de NDDL et des milliers de personnes qui se sont battues à NDDL pour un espace libéré justement de la propriété privée et du fric !
Au passage, 3 millions d’euros, c’est autant d’argent capté par la lutte de NDDL qui ne vont pas à d’autres luttes qui se retrouvent isolées et qui galèrent pour trouver des thunes pour soutenir des copaines en tôle ou pour des procès ! Tels que justement les luttes à 2 portes de chez eux !
Mais cet objectif ambitieux demande du coup d’être sans cesse sur le devant de la scène afin de récupérer suffisamment de dons. Face à l’essoufflement de la mobilisation liée à NDDL, il était sûrement nécessaire pour l’ex-Zad de NDDL de montrer qu’elle était toujours en lutte et de ne plus seulement rester centrée sur elle-même.
Cela n’est pourtant pas si compliqué de soutenir des luttes sans les accaparer à son profit
Si NDDL veut soutenir des luttes, iels ne sont pas obligé·es de le faire en organisant des choses à la place des collectifs et personnes les premières concernées et engagées dans ces luttes. Et iels ne sont pas obligé·es de le faire en se mettant en avant par rapport aux luttes concernées. Les moyens de soutenir ces luttes (sans demander de contreparties…) ne manquent pas : relayer les infos, proposer un soutien logistique ou partager leur grosse fortune, relayer les appels à dons pour aider des caisses antirep, partager leurs contacts…
2.3. Nous ne souhaitons pas réduire les luttes au spectacle de la communication
Légalisation et privatisation marchande
En fait, si on essaye de décaler le regard en ce qui concerne les agissements de ces écolieux dans le monde militant, on peut expliquer en partie pourquoi NDDL est effectivement dans une logique de récupération des luttes extérieures, à des fins de profit individuel (ou en tout cas à l’échelle locale de bande de potes sur leur terrain légalisé).
Les légalistes de NDDL ont sauté à pieds joints dans la bureaucratie professionnelle de l’État en acceptant de commencer à négocier, puis à se légaliser. Cela a nécessairement impliqué l’abandon des visées anticapitalistes des participant·es, au profit d’une libéralisation¹⁰ à marche forcée des lieux (on pourrait peut être plutôt dire une « privatisation »). Vraiment ! Comment la frange la plus bourgeoise et scolaire des habitants de la Zone a-t-elle pu se mettre à croire qu’en se légalisant, en dégageant (ou capitalisant) au minimum un smic par éco-lieu, ces gens là n’allaient pas s’engouffrer bouche ouverte dans une logique d’accumulation ? D’accumulation de richesses, d’une reconversion du temps de vie en temps salarial, et d’une sortie d’un fonctionnement majoritairement non marchand sur la ZAD ?
Ces écolieux, dont l’illustre future « école des tritons » (pour ne citer qu’elle), qui proposent des colonies de vacances à 500 balles la semaine par personnes avec une obligation de travail « […]à 15h par semaine de temps de chantiers »¹¹, sont-ils réellement autre chose que de la marchandise pour la société capitaliste ? Sont-ils capables d’inventer autre chose que de faire entrer leurs activités dans une démarche de production de valeur marchande ? On peut clairement en douter. En fait, on peut dire que NDDL, ou du moins les lieux ayant consciemment travaillé à se légaliser, se sont intégrés à l’état.
Lutte « contre l’aéroport », lutte contre « son monde », et société du spectacle¹²
Dans cette logique, découle nécessairement cet ensemble de stratégies de survies, cadrées par la préfecture, au risque de perdre les lieux si l’entreprise de légalisation n’est pas assez zélée : école des tritons payante prétextant la formation d’esprits proches de la nature, soulèvements de la terre très axés sur la comm, ou encore les « Zad envies », dont le fondement n’est plus la construction d’alternatives radicales dans un rapport de force direct avec l’état, mais plutôt l’utilisation désincarnée de tactiques qui définissent nos moyens de lutter (sabotage, occupations de lieux…), sur un mode spectaculaire. On s’explique.
Une des caractéristique de la libéralisation de nos luttes, c’est l’essentialisation (réduction du militantisme à une image) du militantisme, des luttes à l’image des luttes. Les luttes sont des processus, des regroupements vivants de collectifs et d’individualités diverses pour contrer des projets déterminés, et idéalement, inventer autre chose à la place. Qu’il s’agisse de la composition du Black Bloc, de l’évolution politique du mouvement des gilets jaunes ou même de la vivacité des forces politiques à l’époque de la réelle Zad de NDDL, les mouvements contestataires sont toujours en constante évolution. C’est parce qu’ils sont vivants qu’ils évoluent en permanence et qu’ils peuvent dans certains cas être difficile à définir.
Alors, privilégier, jusqu’à l’exclusivité, une lutte politique à une histoire de comm, d’approche spectaculaire de la lutte, c’est justement réduire une lutte à une image, un spectacle. Et, comme toutes les images, elles n’ont ni vies, ni profondeur mais surtout, sont récupérées voire générées par la société marchande du capitalisme : elles sont converties en marchandises.
NDDL se retrouve, particulièrement depuis la fin de la Zad, dans cette position désincarnée, puisqu’elle n’est plus en lutte, les gens qui habitent aujourd’hui ses écolieux n’ont d’autres choix que de surfer sur le souvenir de la Zad, en faisant constamment appel à ces images passées afin de gagner des thunes pour prouver à la pref qu’iels sont bien rentré·es dans le rang. À cela s’ajoute l’obligation de rester en vie via des modes d’organisation imposés par l’État.
Dans le cas de NDDL, le vécu de la lutte, (d’un territoire défini dans et par la lutte via un communisme de pratique dans une dynamique et des valeurs anarchistes), s’éloigne toujours un peu mieux de NDDL. Que ses agents d’état fraîchement convertis le veuillent ou non, qu’ils tentent de gé(né)rer les soulèvements de la terre ailleurs ou des rencontres intergalactiques ici n’y changera rien, l’ex-Zad de NDDL n’est, par ce genre de récupération, plus que la représentation de ce qu’elle fut jadis : elle n’est plus qu’un spectacle, plus qu’une image morte et figée. C’est pour cette raison qu’il est très grave que NDDL célèbre les victoires de luttes auxquelles elle n’a pas participé (ZAP la vague), voir tenté de saboter (Le Carnet), ou tenté de se faire de la pub dessus (ZAD de la Dune).
En fin de compte, y a-t-il encore une différence radicale entre les éco-lieux qui fleurissent un peu partout en france¹³ et ceux qui se trouvent effectivement sur l’ancienne Zad ? On peut en douter. Pour les lieux ayant participé au programme des rencontres intergalactiques, il n’y a donc plus aucun autre intérêt que financier à mimer le militantisme, parce que leur logique est toujours tournée vers leur propre sauvegarde personnelle, dans leur propre connerie, la tombe qu’iels ont creusé elleux mêmes en collaborant avec les institutions.
2.4. Nous préférons lutter sur la durée et le terrain
Au niveau de nos luttes, nous n’avons peut-être pas l’efficacité de la comm des autoritaires-appelistes de NDDL, mais nous préférons nous concentrer sur la durée en créant du lien entre les différentes luttes de manière horizontale. Ce n’est pas pour autant que nous rejettons en bloc des initiatives lancées par l’ex-Zad de NDDL tel qu’agir contre la réintoxication du monde et les soulèvements de la terre. Nous préférons simplement lutter d’une manière différente, non-centralisée, en réseau, horizontalement et sur des évènements moins orientés sur de la communication spectaculaire.
Cela nous permet également d’éviter un dogme stratégique et autoritaire tel que porté par l’ex-Zad de NDDL et auquel nous avons été confronté·es plusieurs fois notamment au Carnet mais aussi lors des expulsions de 2018 sur l’ex-Zad : « nous savons comment lutter, nous savons ce qui est bon pour la lutte, alors écoutez-nous et laissez-nous faire, nous avons gagné à NDDL donc nous savons comment faire » (sic!).
Les victoires contre le Surf Park de Saint Père en Retz et contre le port de Brétignolles, ainsi que l’arrêt temporaire du projet du Carnet vont justement à l’inverse du dogme porté par les appelos de NDDL c’est-à-dire la composition avec les structures légalistes et citoyennistes ainsi qu’une comm lissée de sa radicalité pour ne pas déplaire aux habitant·es et des évènements hyper-organisés de manière centralisée.
Sur ces trois zones, la lutte a, au contraire, été organique, parfois bordeline, mais n’a jamais perdu de sa radicalité et de son pouvoir de rapport de force en parvenant en peu de temps à mettre en échec les projets sans pour autant composer avec des structures plus citoyennistes. Ces luttes ne collent pas au schéma de lutte pré-conçu des appelistes de NDDL qui nous ont pourtant prévenu qu’il fallait composer pour gagner…
Nous préférons prendre le risque de la radicalité et cela peut payer (nous n’affirmons pas cependant que cela peut marcher dans toute lutte locale, nous n’avons pas non plus la prétention d’avoir la recette clé des luttes comme les appelistes).
2.5. L’émergence de la Confluence des luttes de l’Ouest, comme expérimentation d’une mise en lien horizontale
En automne 2019, l’idée d’une « confluence des luttes de l’ouest » a été lancée suite au constat que :
– les luttes étaient souvent isolées entre elles,
– les luttes locales étaient souvent présentes en campagne et manquaient de monde pour pouvoir y lutter de manière radicale,
– les habitant·es locaux·ales luttant contre les projets prennent la solution de facilité et la plus connue quand elles se confrontent au faible nombre de personnes engagées radicalement. Iels choisissent souvent la voie légale qui n’est pas forcement la plus payante et qui est réductrice au niveau des enjeux de ces projets,
– les enjeux des projets sont souvent réduits à des enjeux locaux alors qu’ils nous concernent toustes de par leurs impacts cumulés (pillage de l’eau, des terres, pollution, extractivisme, destruction du vivant,…) et de la volonté capitaliste et étatique de contrôle/exploitation des territoires qui est derrière.
Se mettre en lien pour se soutenir et se renforcer mutuellement
Face à cela, nous avons donc décidé de lancer l’initiative de relier nos luttes entre elles de manière horizontale pour engager également un rapport de force plus conséquent envers la machine étatique et capitaliste.
Un premier rendez-vous est donné à la maison du peuple de Nantes en Décembre 2019 auquel répondront plusieurs copaines participant à des luttes dans l’ouest. L’idée est ensuite de tourner régulièrement dans différentes luttes de l’ouest en organisant à l’occasion des discussions entre nous, des chantiers pour renforcer la lutte sur laquelle nous sommes. L’idée est également d’organiser des évènements communs pour visibiliser les luttes locales souvent peu connues dans les milieux militants urbains et auprès des citadin·es. Est ainsi organisée une manifestation de confluence des luttes de l’Ouest en Février 2020 à Nantes à laquelle participeront plusieurs luttes de l’ouest et 1500 personnes environ après plusieurs rencontres (maison du peuple de Nantes, Zad de la dune, à Rennes et au jardin des ronces à Nantes).
Cependant, suite au 1er confinement et à la lutte du Carnet qui demandera beaucoup d’énergie et mobilisera nombre des copaines engagé·es dans l' »orga » de cette confluence horizontale, la confluence des luttes s’essouffle. Mais nous n’avons pas abandonné cette « dynamique » horizontale de confluence des luttes que nous espérons voir s’essaimer un peu partout. Et peut-être qu’elle s’éteindra finalement pour renaître sous une autre forme avec d’autres luttes, et d’autres personnes, et tant mieux !
Nous privilégions des solidarités organiques entre les luttes à base de coups de main, de relais de communication, de renforts en cas de coups durs … moins médiatisés mais pérennes dans la durée. Bien sûr certaines luttes vont davantage bénéficier de solidarités qu’y contribuer mais nous ne tenons pas de comptabilité, et ces solidarités sont autant de participations aux luttes. À leur tour, les luttes qui ont bénéficié de solidarités en aideront d’autres lorsque leur situation le permettra.
Nous souhaitons relier les luttes entre elles et non les organiser
La confluence n’a pas la visibilité ni la force de frappe des soulèvements de la Terre ou de la réintoxication du monde, ni le soutien massif de collectifs citadins citoyennistes ou environnementalistes, avec lesquels nous sommes parfois en lien, lorsqu’iels partagent des valeurs communes et le respect de la diversité des tactiques. Les personnes qui la composent ne sont pas des spécialistes de la coordination des luttes ou de la stratégie, iels sont bien occupé·es par les luttes dans lesquelles iels sont investi·es, la répression ou les questions autour de l’organisation de la vie collective et du collectif. Toutes ces occupations sont prenantes et nous avons parfois peu de temps et d’énergie à y consacrer.
La Confluence se voit davantage comme un outil qui relie les luttes plus qu’elle ne les organise, elle propose un espace de rencontres, plus ou moins régulier où se mêlent discussions, réflexions autour de nos luttes avec des individu·es impliqué·es dans différentes luttes contre les projets inutiles mais aussi l’anti-capitalisme, le féminisme, l’anti-racisme … Cet espace vise à partager nos expériences individuelles et collectives et à faire émerger des projets collectifs de mutualisation ou d’entraide, mais il n’a aucunement la prétention de porter l’organisation hors des luttes. Il ne s’agit pas d’un collectif de collectifs visant à adopter une stratégie globale de lutte. Chacun·e conserve son autonomie et la Confluence n’a pas vocation à s’occuper de la manière dont les gens s’organisent, mais uniquement de faciliter l’entraide entre les luttes telles qu’elles sont!
Nous souhaitons construire une dynamique sur le long terme où le moyen compte davantage que le résultat et sans objectifs de résultats chiffrés.
Conclusion : Nos luttes ne sont pas des modèles ou des idéaux parfaits et ne souhaitent pas le devenir
Si nous avons écrit collectivement ce texte pour dénoncer et rendre visible les tentatives de récupération par des écolieux de NDDL depuis la fin de la Zad, si on a insisté sur leur autoritarisme, la violence interne grâce à laquelle les groupes appelos-autoritaires (ou tout simplement celleux qui adhéraient à la stratégie de normalisation des lieux pour sauver leurs culs) ont réussi à noyauter avec force mensonges et coups bas le futur de la Zone après projet, on doit rappeler que nous sommes clairement critiquables sur plusieurs points.
Ce « nous » rappelons-le, c’est la coagulation de zadistes, de militant·es, de locaux·ales habitant à proximité des projets de merde imposés dans l’ouest de la france et ailleurs, et de gens, autour de projets collectifs de mise en lien entre les luttes.
Il semble impératif de rester modestes et d’être vigilant·es sur les dérives autoritaires, qui apparaissent dans tout groupe qui s’organise pour accélérer la chute du vieux monde, dérives aussi présentes sur nos lieux de luttes et dans nos modes d’organisation. En partant du constat que nous sommes de simples personnes qui résistons à la folie d’un capitalisme d’où nous sommes toustes né·es, on peut aisément se faire à l’idée que nos expérimentations sont très loin d’être parfaites.
On rappelle que les luttes et les zones de luttes ne sont pas une utopie mais des constructions collectives très concrètes, qu’il n’existe pas de modèle parfait exempt de conflits, que nous ne voulons pas tomber dans le concours à la pureté militante ni cacher les conflits pour donner une bonne image de la lutte comme on invente une marque déposée, que le conflit est important et bénéfique parce que, lorsqu’il est cohérent, il nous fait avancer.
On doit donc aussi rappeler que, comme dans le vieux monde d’où nous venons toustes, à un niveau inter-relationnel nos luttes souffrent encore de violences sexistes, de violences racistes, spécistes, validistes, LGBTIQ+ophobes (cis-sexisme) etc. Le rappeler c’est essentiel, parce que nous sommes dans la réalité ; le rêve des militant·es ultra-radicaux·ales, déconstruit·es, parfait·es évoluant dans des espaces 100 % « safe » n’existe pas.
En revanche, on peut travailler ensemble, collectivement à s’en approcher. En veillant à garder en permanence une ligne éthique, anti-autoritaire, contre l’individualisme libéral, contre le patriarcat sous toutes ses formes, contre le classisme militant, contre toutes formes de domination venant du vieux monde, qu’elles s’appliquent entre nous ou envers les autres espèces, bref, une ligne éthique anti-capitaliste (anti-patriarcapitaliste).
Ce que nous espérons surtout à travers ce texte, c’est de montrer qu’il est important de rester critiques et vigilant·es sur nos mouvements, de dénoncer des pratiques qui s’immiscent discrètement dans nos luttes, et desquelles nous ne sommes jamais à l’abri : des pratiques qui peuvent nuire aux luttes et aux personnes. Il est également temps d’abandonner le mythe NDDL et d’expérimenter d’autres manières de lutter et de faire solidarité ensemble, avec si possible une éthique de lutte : horizontale, décentralisée, non-autoritaire, non-spectaculaire.
La Zad de NDDL est morte, vidée de toute sa radicalité, autoritaire et opportuniste, mais continue malgré tout de capter toute l’attention et l’imaginaire militant. Or il existe dès aujourd’hui et maintenant nombre de luttes qui ont besoin de vous et qui n’ont pas besoin du soutien de NDDL pour exister, alors on compte sur vous !
Contre les autoritaires de NDDL qui se servent des légalistes et des associations pour asseoir leur petit pouvoir et définir (par une violence interne incroyable) la manière dont les luttes écologistes et anticapitalistes devraient se mener, contre leur bureaucratie et leur monde, ON N’OUBLIE PAS, ON PARDONNE PAS!
LA ZAD (vous) VAINCRA !
Signataires
Des zadien·nes en lutte contre le projet de Surf Park de Saint Père en Retz,
Des zadien·nes en lutte contre le projet de Port de Brétignolles sur mer et ayant vécu sur la ZAD de la Dune,
Des zadien·nes en lutte contre le projet de zone industrielle du Carnet et ayant habité sur la ZAD du Carnet.
Co-signataires
Des zadien·nes en lutte contre le projet de Center Parks à Roybon et ayant vécu sur la Zad de Roybon,
Des zadien·nes en lutte contre le projet de Liaison Intercantonnale d’Evitement Nord de Montpellier (L.I.E.N.) et vivant sur la Zad du Lien,
Des zadien·nes en lutte contre le projet de Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO) et ayant vécu sur la Zad du Moulin.
Petite biblio choisie
Cicatrice: réflexion à propos de la ZAD. Ce site Internet recense de nombreuses ressources liées à la construction d’une histoire alternative de la Zad de Notre-Dame-Des-Landes loin de la communication du CMDO. On notera notamment la lecture audio de la brochure traduite du site Crimethink Réflexions à propos de la Zad. Un regard en arrière un an après les expulsions.
A propos du mépris de classe, 2013. Un texte de 2013 qui peut expliquer une des origines des conflits qui ont explosés lors des expulsions de 2018.
Économie verte et contre-insurrection. Ce texte explique comment l’état mexicain essaie d’imposer la propriété individuelle dans une logique de limitation des usages communaux et de contre-insurrection.
L’impasse citoyenniste (2001). Texte de 2001 prévenant des dangers du citoyennismes qui peut servir de ressources pour comprendre l’impasse dans laquelle se sont mises les stratégies légalistes sur la Zad.
Zadissidences 1, 2 et 3 (janvier-juin 2018) Ces trois brochures compilent des voix off de la zad, à retrouver sur Infokiosques.net.
Le milieu est pavé de bonnes intentions (octobre 2019). Cette brochure parle des mécanismes de normalisation qui se sont joués sur la zad de NDDL lors de la fin de la lutte contre l’aéroport.
Description des images sur l’image de la pieuvre (de haut en bas et de gauche à droite) : livre l’insurrection qui vient, logo de l’association NDDL Poursuivre Ensemble, logo des soulèvements de la Terre, billets de banque, préfète Nicole Klein buvant du jus de pomme sur la Zad pour fêter la libération de la D281, dessin sur la Zad de NDDL d’Alessandro Pignocchi, logo anarchiste, logo de la Zad de la Dune, visuel contre l’implantation d’Amazon à Montbert, logo de Extinction Rebellion, logo de la Zad du Carnet, logo des Jardins À Défendre d’Aubervilliers.
¹²La Société du Spectacle de Guy Debord (qu’on a compris comme on peut) est un bouquin qui parle en gros de l’évolution du capitalisme. On a évolué d’un capitalisme de la transformation du monde matériel en objets marchands, à un capitalisme de la transformation de la réalité vécue en valeur marchande par le biais d’images rendues monnayables. Dans la société libérale du capitalisme, tout est monnayable, aussi bien les produits venant d’elle que les contestations qui sont récupérées. L’appellisme puise ses influences dans le mouvement situationniste dont Debord est une référence. Et dire que les appellistes de NDDL se vautrent précisément dans ce que Debord dénonçait…!
¹³ C’est en un sens réjouissant que des éco-lieux fleurissent si ceux-ci n’ont pas l’historique de compromission et de casseurs de lutte de ceux qui se sont implantés à NDDL et qu’ils sont dans une démarche collectiviste.
Le projet Cigéo mené par l’ANDRA à Bure en Meuse (55), c’est la promesse d’enfouir 85 000m³ de déchets radioactifs dans 270 km de galeries pour des milliers d’années. C’est la promesse d’un avenir nucléarisé et d’un système néocolonial et capitaliste qui persiste et se développe. Depuis 27 ans les populations locales luttent contre ce projet gigantesque à l’échelle de son impact. Depuis des mois cependant ça s’organise pour un camp qui se voudrait déclencheur, rêveur, et destabilisateur. Bure et ses habitant.es en lutte appellent à les rejoindre du 16 au 26 août pour réaffirmer nos oppositions au projet !C’est le moment pour nous de l’ouest de faire rayonner cette lutte !
Mauvaise prise en compte des enjeux environnementaux, minimisations des impacts sur le plan sanitaire ou encore manque d’analyse des risques accidentels… c’est en ces termes que l’Autorité Environnementale a très récemment jugé le projet. Au point de conseiller de limiter le développement des populations aux alentours! Populations qui manifestent leurs oppositions depuis 27 ans.
L’année dernière une demande de déclaration d’utilité publique (DUP) a été déposée pour Cigéo, si elle est acceptée par le gouvernement, les chances de stopper le projet s’amenuiseront. La déclaration d’utilité publique est une étape clé pour les promoteurs du projet : elle ouvrira la porte à l’expropriation des terres que l’Andra n’a pu acheter et au défrichage du Bois Lejuc, plusieurs fois occupé ; elle autorisera la rénovation et la construction de dizaines de kilomètres de voies ferrées. Rendant ainsi le territoire Cigéo-compatible pour une éternité.
Il est encore temps d’empêcher ce projet !
Du 16 aux 26 août, un camp antinucléaire ouvert à toustes
Des habitant.es en lutte dans la région invitent toutes les personnes intéressé.es et/ou prêt.es à soutenir la lutte à rejoindre les environ de Bure du 16 au 26 août pour un camp autogéré !
Aux enfant·es, révolté·es de tous âges, glandeur·ses, paysan·nes, squatteur·ses, nomades, habitant·es d’ici et d’ailleurs on a besoin de tout le monde pour soutenir cette lutte !
Se feront ça et là des rencontres, des formations, des ateliers d’artivisme, des temps en mixités choisies, des moments déters et autres fêtes subversives. (Tu pouras aussi proposer des temps si tu en as envie.) Le pré-programme est déjà en ligne par ici !
« Nous allons marcher, nous allons voler pour informer, prévenir et défendre ce territoire. Que ce soit en parcourant le tracé des voies ferrées ou par d’autres échappées, nos créatures volantes ne resteront pas dociles face à l’Andra. »
Appel à venir du 20 au 23 août pour des actions de masse
Un appel à rejoindre Bure en nombre du 20 au 23 août a été publié sur indymedia (disponible ici) pour manifester contre le projet CIGEO, et kiffer ensemble. Ce sera un moment pour toustes les personnes, expérimenté.es et en team OU PAS. Ce sera aussi un moment pour s’organiser en mixité choisie, se former à l’action et prendre soin des un.es des autres.
Nous ne dénonçons pas seulement une mauvaise « solution » pour stocker les déchets nucléaires, mais toute l’industrie nucléaire, son extractivisme colonial, sa place dans l’économie capitaliste, son poids dans une société militaire.
Les mois qui viennent sont cruciaux. Si le projet de poubelle nucléaire est déclaré d’utilité publique cette année, des travaux connexes et des procédures d’expropriations visant des habitant.es, des paysan.nes et certains lieux collectifs d’opposant.es pourraient commencer.
« Imaginons des cortèges divers, colorés et festifs qui se réapproprient le territoire. Bloquons l’avancée des travaux, refusons les expropriations, et construisons à nouveau ! Pour maintenir la pression, il y a besoin de tout le monde. Et tout le monde est bienvenu ! Articuler nos diversités de luttes ne nous rendra que plus fort.e.s. Malgré la répression, reprenons confiance. Confiance en nous, confiance les un.e.s envers les autres. »
Un appel à un block Queer du 20 au 23 août a aussi été publié, disponible ici.
« Il est annoncé sur le programme un espace et des ateliers en mixité choisie queer. Profitons-en pour se retrouver, se rencontrer et s’organiser. »
« Le nucléaire colonial français a toujours tout détruit et continue à détruire par son extractivisme d’uranium, ses essais de bombes nucléaires et ses déchets radioactifs. […] Les peuples du pacifique et notamment des atolls de Mururoa et de Fangataufa, îles bétonisées et ayant subies 193 essais nucléaires sousterrains, marins et en surface entre 1966 et 1996, ont manifesté à Papeete (tahiti) le 2 juillet dernier pour demander le retraits des déchets radioactifs. »
En tant que personnes queer, nous considérons que le nucléaire est le symbole d’un monde que nous rejetons. Alors retrouvons nous, créons nos espaces, donnons nous ensemble la force de lutter, approprions nous la lutte antinucléaire, proposons nos ateliers autogérés, formons des blocks qui nous ressemblent, dégenrés, pailletés (ou pas), déterminés…!
Comment partir de Nantes et des environs ?
Déjà ! si tu penses partir, c’est cool que tu remplisses le formulaire de pré-inscription pour aider les copaines qui s’organisent à avoir une jauge des personnes et des besoins… C’est anonyme et non-engageant ! >> par ici
Et aussi : si tu as un.e chien.ne à tes côtés sache que ça sera plus facile sur place s’il y a le moins de chiens possible. Donc si c’est possible de venir sans ton pote waf, c’est bien, et sinon, on fait avec !
En VOITURE
Il y a un pad de covoit accessible en s’inscrivant aux rayonnantes par ici !
En BUS ou TRAIN
Des billets de bus depuis Nantes sont disponibles sur internet (flixbus) entre 20 et 30 € à l’aller comme au retour. Les gares d’arrivée à viser sont au mieux, Saint-Dizier ou Ligny-en-barrois et sinon Bar-le-Duc, Neufchâteau (30 min du camp) ou Nancy (1h15 du camp).
En STOP
Départ de Nantes route de Paris, depuis l’arrêt de tram haluchères batignolles (demander à un feu par exemple à vous avancer jusqu’à l’entrée d’autoroute en direction de carquefou Angers et là c’est super au niveau du feu d’entrée). Sinon au rond point bld de la prairie des mauves (pour celui-là source hitchwiki nantes). Carte pdf des lignes bus de nantes si jamais par ici
Ensuite, deux trajets possibles, souvent empruntés chacun :
passer par Paris : arrivée coté ouest, RER A jusqu’à Noisy-le-grand Mont d’est et stopper au rond point d’entrée vers Reims (première aire avant Meaux, Ferrière. 10-30 min max), sinon rejoindre l’aire de ferrière directement à pieds depuis bussy saint george (source hitchwiki Paris). Autoroute jusqu’à Chalons puis N4 jusqu’à Saint-Dizier puis Joinville ou Ligny. Il est possible aussi de prendre directement la nationale 4 depuis Paris (Champigny, Pontault Combault) : c’est plus direct. Au retour, stop depuis le rond point de Massy Palaiseau.
éviter Paris : suivre l’autoroute jusqu’à Chaumont et remonter ensuite vers Joinville.
Au départ de Nantes le plus simple c’est de suivre la Loire à Vélo jusqu’à Orléans (c’est assez bien indiqué!) Une fois à Orléans, il n’y a pas d’itinéraire vélo, il va falloir improviser à travers les campagnes via Montargis, Sens et Troyes puis au Sud de Saint-Dizier pour arriver à Bure! Ça fait un peu plus de 600kms, prévoir un peu plus d’une semaine si on roule tranquille (moins si vous avez l’habitude) !)
A l’arrivée
Un numéro devrait être transmis pour l’adresse précise et pour les navettes. Suivre peut-être pour ça le site des Rayonnantes… Visez Joinville voie Bure tant que vous le pouvez 🙂
Il est possible et très bienvenu de rejoindre le camp avant les dates officielles (du 16 au 26 août) pour aider au montage et aussi de rester ensuite vivre sur place !
Près de Montpellier, le dimanche 6 juin soir, des militant.e.s se sont installé.e.s sur le tracé du L.I.EN : l’occupation s’est lancée, une Zad s’est ouverte !
Gros besoins de monde en soutien, de matos et de véhicules, venez filer la main et rencontrer les gens !
Et pour éviter toute confusion, on vous annonce dès à présent que nous allons adopter le nom de Gare aux Garrigues et qu’une nouvelle adresse mail sera lancée très prochainement.
Les dernières nouvelles de la Zad du lien :
SOIRÉE DE SOUTIEN – samedi 19 dès 19h Chez Oit
Une première soirée de soutien à la ZAD-tout-juste-déclarée. Ambiance guiguette festi-engagée => viens avec tes copain.es boire des coups, rencontrer de nouvelles têtes, te mettre à jour sur les actus et apporter… ton soutien 🙂 iels en ont besoin !
19h : Chorale queer de Montpellier 20h : Concert des Saxifrages (duo poétique, ambiance slam tradi-punk – le fameux groupe du week-end féministe) 22h : DJ.e surprise
Pour aider les copaines installé.e.s, n’hesite pas à venir chargé.e.s de victuailles ! Besoin globalement de tout, mais surtout dans les prochains jours:
de quoi bricoler : palettes, matériaux en tout genre, outils, visserie
de quoi se protéger du chaud : foulard, vêtements, chapeau, lunette de soleil
de quoi dormir bien : tente, moustiquaire, duvet, matelas de sol
de quoi vivre bien : bidon d’eau, casseroles, cafetières,
de quoi manger l’été : conserves, légumes, thé, café, sucre, charcuterie et friandise (tout ce qui se conserve)
et …. des €€€ pour l’antirep ! Et un générateur électrique !
APÉRO-DÉBAT- vendredi 18 à 18h au Château de Grabels « Les villages périphériques, condamnés à être des cités dortoirs des métropoles ? »
Autour d’un verre de l’amitié musical, suivi de la conférence sur le phénomène de métropolisation et plus précisément sur les enjeux et conséquences du L.I.E.N rd68 et son rôle dans l’extension de Montpellier. Organisé par le SOS Oulala et Grabels en Transition et avec la présence de :
Guillaume Faburel, Professeur d’études urbaines à l’université Lumière Lyon 2, auteur des Métropoles Barbares (2019) et Pour en finir avec les grandes villes (2020)
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RDV devant le commissariat de Pornic : lundi 7 juin à 16h
La terreur d’Etat monte en puissance au pays de Retz
Nous nous sommes retrouvé.es ce dimanche 6 juin pour une manifestation joyeuse et pacifique autour de la commune de Frossay, pour exiger l’abandon définitif du projet destructeur au Carnet.
Un dispositif démesuré nous attendait sud Loire pour encadrer cette manifestation pourtant jugée « bon enfant » : la zone était cadrillée par les gendarmes de Vue à Saint Brevin… Tout ça pour 150 personnes qui défilaient dans la joie et la bonne humeur, en chantant.
Alors que la manifestation se dispersait, dans le calme et que les participant.es regagnaient leurs vehicules, cinq fourgons de gendarmerie mobile se sont déployés aux abords de la route, le long du parking.
Les manifestant.es n’osaient pas sortir en sortir en voiture de peur de se retrouver bloque.es ou interpellé.e.s . Un membre du collectif stop carnet s’est alors avancé pour s’assurer que tout le monde allait pouvoir quitter les lieux sans contrôles. Les gendarmes lui ont affirmé que la voie était libre et lui ont garanti qu’ils n’allaient pas contrôler les personnes présentes.
La voiture qui conduisait ce copain de stop carnet s’est alors engagée et s’est retrouvée bloquée immédiatement par une ligne de gendarmes qui ont immobilisé le véhicule.
Les gendarmes ont ouvert les portes et ont saisi violemment le camarade de Stop Carnet pour l’arracher de la voiture. Ils l’ont plaqué brutalement au sol, lui ont passé les menottes, l’ont traîné sur plusieurs mettre pour le jeter a plat ventre dans une camionnette de gendarmerie, qui s’est empressée de déguerpir sur le champs, alors même qu’il n’était ni attaché ni même assis.
Mais qu’est ce qui justifie l’usage d’une telle violence ? Qu’est ce qui justifie une interpellation si brutale ?
Le membre du collectif Stop Carnet est toujours en garde a vue a l’heure où nous écrivons ces lignes.
Un médecin a attesté la présence de coups et de blessures sur le prévenu.
Nous dénonçons ce climat de terreur qui règne contre les lanceurs d’alerte et militante.s écologistes au Pays de Retz depuis quelques années et qui ne fait que de semplifier.
Plus d’info a retrouver bientôt !
RDV devant le commissariat de Pornic : lundi 7 juin à 16h
Merci par avance pour votre soutien et votre solidarité.
Ce texte est un témoignage de quelques zadistes du Carnet après le procès d’un de leur pote. Il est à partager autant que possible !
Depuis maintenant plus d’un mois, notre ami Pty Loup est en prison. Il a pris 18 mois ferme pour avoir brisé la vitre d’une voiture de la gendarmerie. Plus que l’acte, c’est la personne qui a été jugée, parce qu’elle refuse de correspondre aux critères de bienséance de cette société qu’elle vomit et qu’on vomit aussi d’ailleurs. Avec beaucoup de rage et d’amertume, nous voulons revenir sur son procès et témoigner de la violence répressive qui s’est abattue sur lui et sur celles et ceux qui sont venues le soutenir.
Nous savons depuis longtemps que la Justice et la Police sont les complices d’une même association de malfaiteurs, mais nous sommes quand même choqué.e.s par ce qui s’est passé devant le tribunal de Saint-Nazaire le 12 avril 2021 : procès politique* surveillé et filtré par la police, matraquage, gazage et tabassage gratuit des soutiens.
23 Janvier
Comme toutes les nuits, plusieurs d’entre nous, on se relaie pour faire la vigie à la Guitoune, lieu de vie/barricade d’entrée de la ZAD du Carnet. Pour contextualiser, c’est une période où les keufs viennent souvent, alors on est tou.te.s un peu tendu.e.s. Là, ils sont venus la nuit, en « mission » comme on l’apprendra plus tard par la proc’, pour faire du repérage et prendre quelques photos. Consensus assez global sur zone, on ne laisse pas les keufs approcher trop près et relever les plaques d’immatriculation des voitures des copaines qui ne peuvent pas se garer ailleurs que devant la barricade.
Mais la nuit, quand on n’est pas nombreux.ses, c’est pas si facile de réagir. Tout va un peu vite et notre ami Pty Loup fait fuir les gendarmes en donnant un coup de marteau dans leur voiture, en pétant la vitre au passage. On apprendra plus tard que la personne au volant n’était autre que la commandante de la gendarmerie de Pornic. Les condés ne pourront pas pardonner cet acte de rébellion qui aura remis en cause quelques secondes leur autorité et aura fait fuir une gradée et sa troupe. Et on sait très bien pourquoi. La Police, c’est un système de domination totale qui ne supporte pas être défié, alors même qu’il est tout puissant et que les quelques moments où il semble vaciller sont souvent purement symboliques. En tout cas, une vitre brisée en réaction à une surveillance continue et oppressante, c’est beaucoup trop grave pour eux. Notre ami qui n’avait pas eu le temps de bien se masquer et qui était connu des services de police se fait prendre en photo. Il sera mis sur les fichiers des personnes recherchées.
23-24 Mars
Ça fait deux jours qu’on est au courant qu’on va se faire expulser et on est grave à cran. On avait cherché des solutions depuis plusieurs semaines pour évacuer Pty Loup, mais c’était compliqué, parce qu’il était accompagné de trois chiens. Et puis en vrai il était pas si chaud de partir et de nous laisser. Juste après les expulsions, il a réussi à passer la nuit sur la ZAD sans se faire chopper. C’est le lendemain, alors qu’il avait réussi à quitter la zone, en traversant le bras du Migron, qu’il s’est fait interpelé. Plusieurs d’entre nous, on s’était réfugié à Nantes. La nouvelle nous arrive assez tôt via une soutien : Pty Loup est en train de se faire contrôler par plusieurs fourgons et y a des renforts qui arrivent. On essaye de réagir, d’aller sur place, mais en vrai c’est trop tard.
Pour bien capter les enjeux de son procès qui va suivre, il faut comprendre que c’était sa personne même qui était visée, et non ses actes. Le pouvoir public s’est vanté d’avoir réalisé une expulsion pacifique. Une espèce d’éco-expulsion à l’image de leur projet éco-technologique de merde contre lequel on se mobilisait. Manifestement, il ne fallait pas faire trop de vagues. À part Pty Loup, y a presque pas eu d’interpel’ et les autres gardes-à-vue (GAV) ont été sans suite. Même le pote avec qui il s’est fait attrapé n’a pas été embarqué. Finalement, à cause de son action du 23 janvier, notre pote a pris pour nous tou.te.s. Parce que la Justice cherche toujours à individualiser les peines et les punitions, à trouver les personnes qui méritent le plus d’être sanctionnées. Soit parce qu’ils ou elles sont identifiées comme des têtes pensantes, soit parce qu’ils ou elles sont jugées vraiment trop radical.e.s. Pty Loup a pris pour nous tou.te.s et ça, ça fait mal.
Après une journée en GAV, il passe au tribunal. Il refuse la compa immédiate. Commence alors le réquisitoire de la proc’ qui réclame l’incarcération immédiate en préventive. Et là, il faut dire que c’est difficile de trouver plus représentatif de la justice punitive de classe. Tout y est : • « Cet individu n’est pas inséré dans la société. » • « Il n’a pas de logement, mais seulement une adresse où il va chercher son RSA. » • « Pas de travail non plus. » • « Il déteste l’État et la Police. » • « Il a un casier long comme le bras. »
Tout ça justifie, d’après la proc’, la nécessité de l’enfermer. À nouveau, un peu de contexte. On est quelques zadistes dans la salle d’audience, mais y a aussi beaucoup de gendarmes et on les voit sourire puis se foutre de notre gueule pendant le délibéré. C’est vrai que c’est rigolo de voir quelqu’un de « pas inséré » dans la société se faire piétiner, humilier et anéantir par une bourgeoise qui va rentrer chez elle après avoir fini sa journée au boulot, c’est-à-dire après avoir envoyé en zonz’ des gen.te.s qui sont pas des bourgeois.e.s. On se marre bien au tribunal.
Le but, c’est pas de faire dans ce texte une propagande anarchiste, mais quand même, il y a quelques trucs à dire : malgré la pluralité des horizons politiques sur la ZAD, il y avait plusieurs personnes qui n’avaient pas de logement, pas de taf et surtout qui détestaient l’État et la Police. C’était même plutôt revendiqué. Pour certain.e.s par choix, pour d’autres par contrainte, on était plein à pas être inséré.e.s dans la société. Et on a passé du temps, comme sur d’autres lieux d’occupation, à se questionner sur nos rapports à la propriété et au loyer, à l’emploi et au salaire et à essayer d’imaginer d’autres imaginaires. Encore une fois, ça fait mal parce que Pty Loup a pris pour nous tou.te.s et aussi pour nos idéaux.
Après le délibéré, la sanction. Prison préventive jusqu’au procès le 12 avril. Les commentaires de la juge sont pas mieux que ceux de la proc’, même s’ils sont exprimés avec le sourire mielleux de la Justice. « Est-ce que vous fumez vraiment 30 joints par jour ? Vous y voyez encore clair le soir ? ». Nouvelles humiliations, en prétextant de vouloir lui rendre la vie moins difficile en prison. La vie moins difficile en prison ! La bonne blague. Par contre, quand elle demande à Pty Loup s’il pense avoir des problèmes avec les autres détenus au centre pénitentiaire de Nantes et qu’il répond « ça va pas le faire », elle s’en fout complètement, elle lui dit qu’elle a pas compris ce qu’il a dit et elle ne lui donne pas l’occasion de répéter. Merci pour la bienveillance ! Il faut dire que celleux d’entre nous qui étaient déjà dans la salle l’avaient vue juste avant condamner des personnes à du ferme, sans même sourciller, alors que les gens en question éclataient en sanglots en constatant leur vie brisée.
On repart tou.te.s carrément sonné.e.s en se demandant comment on pourrait aider à préparer le procès trois semaines plus tard.
12 Avril
La journée va être longue. La Justice est bien organisée, il y a cinq convocations liées au Carnet le même jour, dont le procès de Pty Loup, à 14h. Avant ça, il y a plusieurs copaines qui passent devant le délégué du proc’ pour d’autres affaires. Du coup, on est plusieurs à se pointer devant le tribunal dès le matin. On le remarque pas tout de suite, même si on s’en doutait, mais il y a des flics en civil qui nous prennent en photo. On se faisait pas trop d’illusions et on savait qu’ils allaient nous faire chier, mais on s’attendait pas à ce qui allait suivre. On s’imaginait quand même que la Police allait faire semblant de ne pas être une milice politique devant un palais de Justice. Parfois, on est naïf.
Le fourgon pénitentiaire arrive. On espère que Pty Loup nous voit derrière les vitres teintées. Nous, on peut pas le voir, alors on crie un peu. On veut rentrer dans la salle d’audience. Normalement, on devrait avoir le droit. Mais bon, on est zadistes et eux, ils ont des excuses bien pratiques avec le COVID. Ils nous ont vu.e.s manger des sandwichs et nous faire des câlins, on n’est pas des personnes assez responsables, clairement ! Pour être sûr qu’on rentre pas, il y a trois flics qui protègent l’entrée du tribunal et qui ne laissent entrer les gen.te.s que s’ils ou elles ont une convocation, ou pas trop une gueule de marginal.e. Et puis, on finit par repérer la banalisée qui nous filme. On n’ose pas trop s’isoler non plus parce qu’un pote a croisé des flics qui lui ont fait un signe amical en passant la main devant le cou, en mode « t’es mort mec ».
L’attente est interminable, et on n’a pas de nouvelles de l’intérieur. Au bout de quelques heures, on a l’info que la délibération est en cours. C’est pas que l’ambiance était cool jusqu’à présent, mais on se met d’un coup à stresser après ce petit rappel à la réalité. La proc’ a demandé deux ans. L’avocat sort enfin, au même moment que le fourgon pénitentiaire. Il a l’air en panique et nous dit qu’on ferait mieux de partir parce que ça risque de chauffer. On imagine le climat qui devait être assez électrique dedans. Il a le temps de nous expliquer en quelques mots ce qu’il s’est passé et il nous annonce la peine. Pty Loup a pris 18 mois ferme. Un an et demi ! Il nous répète que ça va dégénérer et il s’éclipse en s’excusant.
Pendant ce temps, il y a quelques copaines qui ont suivi le fourgon pénitentiaire en criant et en chantant des slogans. C’est là que tout part en vrille. Les keufs en profitent pour prétendre qu’on a attaqué le fourgon, et la BAC déboule avec plein d’autres flics. On n’a pas le temps de capter ce qu’il se passe et on se fait charger. Ils sortent direct les matraques et les gazeuses. Le premier rang se fait tabasser. Une pote est mise à terre et ils la rouent de coup en gazant les autres. Ils continuent de la frapper et ils l’embarquent. On a failli la sortir du truc et empêcher l’interpel’, mais ils ont donné plein de coups et on a lâché. On se disperse trop frustré.es et trop vener.es, parce que là, ça craint.**
Le lendemain, la même proc’ demande six mois ferme pour la pote embarquée. Les charges : outrage et menace de mort. La deuxième est inventée. Finalement, elle prend six mois d’obligation d’insertion dans la société, toujours la même rengaine : avoir un hébergement, chercher un taf et soigner ses addictions. Avec aussi deux ans de mise à l’épreuve. Tout ça pour un outrage. Le message est clair : vous êtes des parasites, votre copain est en prison et vous êtes tou.te.s concerné.e.s et menacé.e.s.
C’est quand même cool de finir sur une note pas trop pessimiste. Pty Loup est vraiment une personne trop chouette. Il a trois chiens dont on essaye de s’occuper et il aime beaucoup en parler. Il a pris trop cher dans la vie à cause de la prison, mais il a toujours en tête, à tout moment, le collectif et les copaines. Il nous a écrit une lettre en nous disant qu’au moins, les gendarmes avaient pas pu relever les plaques d’immatriculation cette nuit du 23 janvier.
Il est d’accord pour qu’on transmette son numéro d’écrou et son identité. C’est le numéro 72420 et il s’appelle Jean Noël Lefèvre, même s’il continue de signer Pty Loup. Si vous voulez lui écrire***, hésitez pas à ajouter une enveloppe timbrée avec une adresse pour qu’il puisse vous répondre.
On a beau être dégouté.e.s, on continue de lutter. Plus que jamais, crève l’État, crève la Prison, crève la Justice et crève la Police. Plus que jamais ils nous méprisent. Plus que jamais on les emmerde et on vise à les détruire.
*On pense que tous les prisonniers et tous les procès sont politiques, mais on veut dire ici que c’est explicitement à cause de ses idées politiques que notre pote a été condamné.
**Voir la vidéo de l’interpellation ici. Cimer aux copaines des invendu.e.s de la ZAD de l’avoir mise en ligne.
*** il est enfermé au centre pénitentiaire de Nantes. l’adresse complète de la maison d’arret c’est centre pénitentiaire de nantes, 2 rue de la mainguais, 44321 nantes
Nous avons été expulsé.es de la ZAD du Carnet, 400 hectares de zone humide et sauvage [1], mardi 23 mars dès 5h00 du matin avec une débauche de moyens : 800 gendarmes sur zone et aux alentours, 3 zodiacs 2 hélicos, 2 blindés…. le tout après un mois de pression psychologique causée par la menace d’expulsion et la présence accrue de gendarmes. A la suite de l’évacuation des humain.es, des gendarmes mobiles restent sur zone ainsi qu’une entreprise de sécurité privée pour empêcher une réoccupation. Un tel déploiement de forces policières nous semble être une grotesque mise en scène de la toute puissance de l’état autoritaire, qui vise à décourager par avance la moindre contestation.
Dans ce communiqué nous souhaitons partager notre analyse de la situation entre colère, optimisme et détermination car la lutte pour un Carnet libre et sauvage continue !
Cette expulsion s’inscrit dans un contexte autoritaire
L’Etat réprime et fiche des militant.es, surveille et contrôle les citoyen.nes aux dépens des libertés individuelles et collectives, qu’il s’agisse d’une menace d’attentat ou d’une crise sanitaire. La législation [2] suit le même mouvement, et donne sur le terrain un pouvoir démesuré aux forces de l’ordre, amoindrissant de plus en plus les différentes formes de mouvements populaires possibles (manifestations, grèves, associations d’aide en tout genre … et ZAD, évidemment)
Pour rappel, voici un petit inventaire des (ré)pressions subies au Carnet depuis notre arrivée : les amendes, les caméras posées illégalement destinées au fichage massif des opposant.es politiques, les hélicos qui survolent quotidiennement la zone pour nous observer, les zodiacs, la tentative d’homicide (en mettant le feu à un camion avec une personne à l’intérieur) et le tabassage de trois camarades à la barre de fer par des fachos du coin, les interdictions de circuler librement aux alentours et harcèlement policier (notamment pour les riverain.nes), les drônes, les appels à la haine, au meurtre sur les réseaux sociaux, l’acharnement (larmoyant) des maires réactionnaires de la communauté de commune, et une expulsion dans le plus grand des calmes … apparemment ?
La Préfecture revendique une expulsion pacifique, vraiment ?
Non, la préfecture n’est pas subitement devenue magnanime et compréhensive, elle fait simplement de la communication.Ils finissent par comprendre que la stratégie de « désescalade de la violence », toute relative, et du fichage massif leur permet de médiatiser l’image de la maîtrise extrême du contexte. Et si il n’y a pas de spectacle, il n’y a pas d’images, pas d’indignation, pas de soutien.
S’il y a eu peu de violences physiques, cette expulsion n’en est pas moins violente et une démonstration de domination inhérente à l’État :
Car oui, c’est violent de se faire expulser de son lieu d’habitation, de foutre de façon délibérée des personnes dehors, d’écraser toute contestation et tentative d’altérité, d’imposer des gardes à vue, de priver de liberté des gens qui défendent une zone naturelle et luttent contre la répression à venir … On n’oubliera pas la gestion désastreuse de la crise sanitaire et les répercussions néfastes sur la vie des gens. Ainsi, oui, la violence n’est pas toujours physique.
Nous, habitant·e·s humain·e·s du Carnet, sommes en colère
Des copaines ont subi des violences et de la répression, nous avons perdu notre maison, un lieu de vie commun, un des rares espaces où tout est possible et où nous tentons de vivre en accord avec nos valeurs anti-capitaliste, d’autogestion et d’entraide, contre toute forme d’oppressions et de domination.
Nous sommes également choqué.es et tristes que notre lutte, malgré sa légitimité en période de crise sanitaire et écologique [3], provoque autant d’incompréhension et de haine sur les réseaux sociaux et dans les médias. Élu.es et préfecture se vantent d’avoir nettoyé le Carnet, mais le béton du projet industriel aurait eu, lui, un impact irréversible sur le sol et l’environnement qu’il détruit.
On assiste à une criminalisation des luttes écologistes au moment où on en aurait le plus besoin.
Les ZAD de la Colline, Gonesse, Arlon ont été expulsées … , à cela s’ajoute les interdictions notamment des habitats légers, des enseignements alternatifs, des free party ou encore les accusations de terrorisme visant des collectifs libertaires, rappelant que l’État n’accepte pas de vision différente de la sienne.L’expulsion a d’ailleurs eu lieu le jour du procès de camarades militants ( procès qui consiste à les incriminer d’avoir reçu des coups par une milice de fachos, sous le regard bienveillant des gendarmes, sous prétexte qu’ils devaient s’y attendre) avec des peines encourues importantes. [4]
Pour autant, ce n’est pas une victoire de leur part, d’arriver a plusieurs centaines armés, avec des milliers d’euros d’argent public retiré aux hôpitaux, aux retraites, et aux écoles contre une cinquantaine de militant.es ayant passé l’hiver dans des cabanes (on sait pas, on sait pas compter). Ce n’est pas une victoire mais une honte. L’État se radicalise et s’enferme dans son dogme ultra libéral, il a choisi ses priorités et objectifs : ce ne sont pas les retraites, la santé, l’hébergement des personnes à la rue, la précarité, l’accueil des réfugiés de guerre et climatique, la sécurité sociale… mais la répression et la défense de l’intérêt du capitalisme et ses privilégié.es.
Ce n’est pas une défaite, car tant qu’on n’a pas perdu, on gagne.
On ne peut pas en dire autant des élu.es des villes voisines qui ont perdu la ZAD, le projet et dont les villes retrouvent leur anonymat, dans l’ombre de la métropole nantaise. On propose d’ailleurs un suivi psychologique pour les élu.es qui risquent de s’ennuyer et de déprimer sans nous !
La zone n’est toujours pas bétonnée, les élu.es, membres du conseil de surveillance du port, ont reconnu la vacuité du projet, aucune entreprise n’a manifesté d’intérêt pour le projet et les habitant·e·s du coin sont alerté.es sur les impacts et nuisances que nous avons permis d’éviter.
D’ailleurs rappelons que la ZAD n’a pas été expulsée, ce sont ses habitant·e·s humain·e·s qui l’ont été mais la zone humide, les espèces animales et végétales sont toujours là !
Et puis on vous avoue que plus qu’une évacuation, on redoutait la présence des moustiques. Ça tombe à point nommé.
Rappelons aussi ce qu’a permis la ZAD : on a créé des liens et réseaux, on a appris à travers des ateliers, chantiers et discussions, on a partagé de l’amour et des câlins, on s’est bien amusés avec des fêtes à l’image du Carnazad ou de celle du solstice d’hiver.
Maintenant on sait réparer son vélo, sortir du système de justice conventionnelle, faire du pain, chanter, lire collectivement, s’écouter et se réconforter, construire avec n’importe quoi sa propre maison ou des toilettes sèches [5], retransformer les déchets en matériaux, aliments et œuvres d’art, lire l’heure avec le soleil, grimper aux arbres, survivre au froid …
La vie sur ZAD n’est pas parfaite, nous n’avons pas choisi d’y vivre par plaisir mais par nécessité, pour protéger ce qui peut encore l’être. La vie collective peut être intense de bien des façons, il est important de le rappeler. [6]Pour autant, on vous encourage à venir les rejoindre ou en créer vers chez vous , on y vit des expériences épanouissantes et rigolotes, qui nous rendent plus vivant.es.
On remercie tou.tes celles et ceux qui font la lutte : gens de passage et moins de passages, soutiens et camarades de Stop Carnet et des collectifs de soutien pour leur participation à ce premier round de lutte contre le projet du Grand Port !
merci pour les nouvelles barricades (la déco laisse à désirer, mais on s’en occupera), elles nous seront bien utiles pour la suite!
Tant qu’il y aura des projets inutiles et mortifères, il y aura des ZAD et des zadistes pour les faire vivre !
Car s’il n’y a plus de projet actuellement, il n’est que suspendu et non pas annulé. Le grand port a demandé des inventaires naturalistes cet été, pour relancer le projet dans un an ou deux ! La lutte continue et nous invitons citoyen·ne·s et militant·e·s de tous horizons à ne plus être conciliant.es et dans le compromis avec les destructeurs de la nature et à nous rejoindre ici et ailleurs !
En ce qui concerne la lutte au Carnet, un week-end de mobilisation festif et familial pour enterrer le projet du Grand Port est prévu en mai, les infos seront disponibles bientôt sur notre site et les réseaux sociaux !
D’ailleurs la saison 2 [des zads], c’est toujours la meilleure !
On a caressé l’utopie, ça nous suffit pour lutter !