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Caisse de soutien hivernale à la Zad du Carnet

Le lien vers la cagnotte de la Zad :

Cela fait maintenant plus de 2 mois que nous sommes présent.es sur l’île du Carnet afin de bloquer les travaux et notre installation avance à grand pas. De nombreuses cabanes ont été construites et notre fonctionnement en autogestion progresse !

Depuis le 31 août dernier, la résistance contre la bétonisation en marche forcée s’est implantée au Carnet. Des barricades se sont dressées pour protéger l’île du Carnet contre les ravages au bulldozer qui y étaient programmés.

Cette occupation de l’espace public à l’entrée de l’île du Carnet constitue le dernier recours pour défendre les roselières et leurs habitants de toutes peaux : à écailles, poils ou plumes. C’est toute l’île du Carnet qui a besoin de nous pour la défendre aujourd’hui.

Mais pour que la lutte continue, nous avons encore besoin de vous !

La Zad du Carnet est un lieu de résistance, de résilience et d’accueil pour toutes les personnes qui souhaitent la rejoindre !

Ni l’annonce du report des travaux d’un an par le Grand Port de Nantes Saint-Nazaire ni le confinement n’entament notre détermination à rester sur place pour installer la lutte localement et dans la durée.

L’hiver arrive à grand pas et nos besoins matériels sont conséquents : isolation des cabanes, installation de chauffages des cabanes et construction de nouveaux lieux pour accueillir toutes les personnes souhaitant habiter sur place.

La menace continue et persiste avec notamment l’hélicoptère et des patrouilles de gendarmerie fréquentes autour de la zone.

Nous vous remercions pour la première cagnotte de soutien de la Zad du Carnet qui a recueilli plus de 2500 euros et appelons de nouveau à votre aide !

Cet argent a servi et servira pour faire des impressions, acheter du matériel collectif qu’on n’arrive pas à récupérer et remplir la caisse de solidarité.

Plusieurs façons de nous aider s’offre à vous sur notre site web.

La solidarité est une arme !

Nous sommes la Loire qui se défend !

N’hésitez pas à nous contacter à zadducarnet@riseup.net pour toute question

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Quel que soit le montant, chacun.e peut participer à cette cagnotte. Pas besoin de créer un compte ou de s’inscrire, c’est rapide et les paiements par Carte Bancaire sont 100% sécurisés.

Si tu ne peux pas participer financièrement, n’hésite pas à partager cette cagnotte autour de toi ! Merci les copaines ! à tout bientôt sur zone peut-être !

Un premier pas vers un recours contentieux sur le projet du Carnet

Le 20 octobre 2020, l’association MNLE Environnement, l’association Notre Affaire A Tous, le collectif Stop Carnet ainsi qu’une vingtaine de particuliers ont accompli le premier pas faire le recours contentieux.

Ce premier pas consiste en une lettre adressée au Préfet de la Région des Pays de la Loire  lui demandant de bien vouloir mettre en demeure le Grand Port Maritime de Nantes Saint Nazaire de régulariser les travaux qui ont lieu sur le site du Carnet.

En faisant cette lettre les requérants s’exposent à un refus, ce refus pourra alors être attaqué devant le juge.


La lettre envoyée au préfet

Pourquoi les travaux sur le site du Carnet doivent être considérés comme illégaux ? 

D’une part les travaux ont lieu sans déclaration de projet, au titre de l’article L 126-1 du code de l’environnement, la déclaration de projet est obligatoire afin de définir le projet comme étant d’intérêt général : 

“Lorsqu’un projet public de travaux, d’aménagements ou d’ouvrages a fait l’objet d’une enquête publique en application du chapitre III du présent titre, l’autorité de l’Etat ou l’organe délibérant de la collectivité territoriale ou de l’établissement public responsable du projet se prononce, par une déclaration de projet, sur l’intérêt général de l’opération projetée.”

En l’espèce le projet Carnet rentre bien dans cette définition et comme celui ci ne fera pas l’objet d’un permis de construire une telle déclaration est essentielle. 

En effet le projet étant mené par le Grand Port il est dispensé de procédure au titre du code de l’urbanisme, néanmoins dès qu’un projet a une influence direct sur la qualité de l’environnement, celui ci doit faire l’objet d’une déclaration de projet. Cet acte permet de prévoir les installations et travaux qui auront lieu et donc possiblement d’émettre des contestations en amont de la réalisation. 

Or ce document est introuvable et le grand port lui-même ne semble pas pouvoir répondre aux nombreuses demandes que nous avons faites. 

D’autre part, l’autorisation dérogation espèces protégées a été obtenue pour un nombre d’espèces très faible. Or certaines espèces semblent avoir été mise de côté sans raison, elles seront manifestement impactées par le projet et les mesures ERC mises en place sont clairement insuffisantes. 

Ce sont notamment le campagnol, plusieurs chiroptères, la vipère aspic et 7 espèces d’oiseaux, qui malgré leur protection à l’échelle nationale se verront supprimés ou déplacés sans qu’aucune autorisation à ce titre n’ait été obtenue.

Ces documents sont des pré-requis au commencement des travaux. 

Donc les travaux de biotope, prélude au bétonnage, ont d’ores et déjà commencé dans l’illégalité.

Contacts : 
MNLE Jean Paul Martel : jpmartel44[at]outlook.fr
NAAT Chloé Gerbier : gerbierchloe[at]gmail.com
Collectif Stop Carnet : stopcarnet[at]retzien.fr


D’autres infos sur le recours

Même confiné·es, nous continuons la lutte au Carnet

Depuis le début de la pandémie du Covid-19, les dirigeants capitalistes ont montré leur incompétence. Nous pouvons constater encore plus clairement aujourd’hui avec le confinement que leur société n’est faite que de nombres, de répression, de discipline et d’autoritarisme.

La destruction des milieux naturels a favorisé la transmission de maladies des animaux vers les humain·es. L’économie de flux, basée sur les échanges mondiaux, et la concentration des populations en métropoles a favorisé une diffusion extrêmement rapide du virus. Toutes les décisions gouvernementales ont été pensées avec le but avoué de protéger au maximum l’économie au détriment des personnes les plus vulnérables. Ils ont agi tardivement pour lutter contre le virus et, ce n’est que face au mur c’est-à-dire à l’engorgement des hôpitaux, qu’ils ont pris par deux fois la décision du confinement.

Et quel confinement? En choisissant de garder les écoles ouvertes, un des principaux vecteurs de transmission du virus, dans l’objectif de permettre aux parent·es de continuer à travailler, les dirigeants montrent leurs vraies priorités. Bien installés dans leurs maisons bourgeoises, ils préfèrent ignorer les conséquences du confinement pour les personnes vivant dans des quartiers populaires, les personnes isolées, précaires, âgées, victimes de violence ou de discrimination, sans ressources, etc.

C’est pourquoi nous ne mettrons pas en pause nos luttes avec le confinement. Au contraire, cette pandémie nous renforce dans nos convictions anticapitalistes, féministes, LGBTQIA+, anticoloniales et écologistes. Concrètement, en empêchant un grand port de s’agrandir et la bétonisation de l’île du Carnet, nous espérons être un des nombreux cailloux qui enrayera l’engrenage économique.

Depuis la Zad du Carnet, nous essayons également de construire collectivement un avenir plus souhaitable contre toutes les formes d’oppression en discutant, en construisant et en inventant de nouveaux imaginaires.

Si l’État décide de nous expulser pendant le confinement, il montrera en nous dispersant, comme pour la Zad de la Dune, que la lutte contre le Covid-19 n’est pas sa priorité et qu’il utilise des prétextes de santé publique pour étouffer les luttes sociales et écologiques.

Si vous vous reconnaissez dans ces valeurs et ce discours, venez vivre au Carnet pour le confinement et après. Si vous le pouvez, venez avec vos tentes, vos camions, vos couchages, du matériel de construction et de la nourriture. Nous avons également des cabanes chauffées, des espaces en mixité ou en mixité choisie pour vous accueillir. Nous réfléchissons et réfléchirons collectivement à comment vivre ensemble en perturbant le moins nos copain·es les animaux et les plantes de l’île du Carnet.

Si vous le pouvez et que le coeur vous en dit, ne restez pas confiné·es dans des petits appartements au milieu de villes surpeuplées et venez profiter de 400 hectares de liberté avec nous.

A bientôt,

Des habitant·es de la Zad du Carnet

Lettre des roselières en lutte au Carnet

Bienvenue à tou.te.s sur l’infolettre de la ZAD – Octobre 2020

— DES NOUVELLES DE L’OCCUPATION ET DE LA LUTTE –

L’occupation

L’occupation sur le site du Carnet se structure depuis le mois de septembre ! Le site comprend désormais un stand info/accueil devant les chicanes, un atelier de réparation de vélos, un stand cuisine, un espace en mixité choisie avec une cabane en construction, une tente d’infokiosque « Chez Mamie Zad », une cabane collective, des espaces de vie et de dodo. Tout cela est agrémenté de superbes banderoles et panneaux de toutes les couleurs ! Les lieux de vie et de lutte se structurent petit à petit. L’objectif est d’empêcher l’entrée d’éventuels bulldozers, de la gendarmerie mobile et de tentatives d’accostages de la gendarmerie qui menaceraient les occupant.e.s.

La pression policière reste importante et nous mettons en place des outils de communication et d’action juridique pour y résister. Nous aurons besoin de soutien pour prendre en charge collectivement les amendes des copaines qui en ont eu injustement…! (cagnotte en ligne ?)

L’organisation collective elle-aussi se construit avec des AG et des réunions de groupes qui permettent de coordonner la vie collective : logistique, commodités, lien avec les voisin.e.s et la lutte contre toutes les formes d’oppressions.

Malgré le froid et l’humidité qui s’installe, nous restons motivé.e.s à occuper le site. Les repas près du feu, les instruments de musique et les chansons rythment nos soirées.

La lutte politique

De nombreux groupes et associations se sont aujourd’hui placés en soutien à la lutte, localement et nationalement. Le relais médiatique est très important jusqu’à mettre en doute les associations environnementales locales (Bretagne Vivante, la LPO, France Nanture Environnement et SOS Loire Vivante) sur leur ancien positionnement. Celles-ci ont publié une tribune où elles présentent à demi mot leur opposition au projet (visible ici). EELV national s’est également positionné en opposition au projet (voir ici).

Le terrain juridique

Sachant l’avancement du projet, les recours contre le projets sont pour la plupart trop tardifs pour ralentir la réalisation des travaux. Cependant, le Mouvement National de Lutte pour l’Environnement (MNLE) et Notre Affaire à Tous devraient publier le 20 septembre un recours au fond sur les travaux du projet. D’autres pistes sont à l’étude ! A suivre…

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— PROCHAINES DATES —

OCTOBRE

Week-end du 24 et 25 octobre : Soirée estuaire. Présentation de ressources sur l’île du Carnet à travers des cartes d’implantation de la faune et la flore, présentation du projet du GPMSN, retour sur le Village Du Peuple.

À Nantes :


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— PUBLICATIONS RÉCENTES (de nous et/ou des copaines) —

Appel local aux collectifs copains à soutenir la mobilisation

Appel national à rejoindre l’estuaire de la Loire

Article sur l’évacuation du Village Du Peuple (Basta mag ou Reporterre)


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— NOS ARTICLES PRÉFÉRÉS —


Accéder au bassin versant – TERRESTRES

« Un bassin-versant est quelque chose de merveilleux à prendre en compte : ce processus (pluie, cours d’eau, évaporation des océans) fait que chaque molécule d’eau sur terre fait le grand voyage tous les deux millions d’années. La surface est sculptée en bassins-versants – une sorte de ramification familiale, une charte relationnelle et une définition des lieux. Le bassin-versant est la première et la dernière nation dont les limites, bien qu’elles se déplacent subtilement, sont indiscutables. Les races d’oiseaux, les sous-espèces d’arbres et les types de chapeaux ou les habits de pluie se répartissent souvent par bassins-versants. Pour le bassin-versant, les villes et les barrages sont éphémères et ne comptent pas plus qu’un rocher qui tombe dans la rivière ou qu’un glissement de terrain qui bouche temporairement la voie. » (à retrouver en intégralité ici)

Les 78 sites clefs en main de Macron – INDYMEDIA

« Le 20 janvier dernier au Château de Versailles, le président Macron accueillait lors du sommet « Choose France » 200 grandes fortunes industrielles, dont les PDG de Total, Coca-Cola, Netflix ou encore General Electric. Le projet est simple : les inviter à participer à la « reconquête industrielle » des territoires français en leur offrant douze sites dits « clés en main ». En clair, offrir un « prêt-à-construire » au nom de l’attractivité et de la compétitivité. L’idée est de court-circuiter les procédures environnementales pour permettre aux industriels d’implanter leurs projets rapidement et à moindre coût. Notre environnement est encore une fois bradé aux patrons » (à retrouver ici, article plus complet sur actu-environnement mais en accès limité, à retrouver ici)


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– ZOOM SUR UNE ESPÈCE OCCUPANTE avec nous SUR LA ZONE –


Le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus)

Ces individus fréquentent les zones humides. Il est en danger d’extinction en France du fait notamment de la chute des habitats humides depuis le début du XXème siècle et au niveau local quasi menacée suite aux destructions des roselières sur l’estuaire de la Loire.

Cet oiseau se retrouve souvent en groupe après la période reproductive dans les roselières et chante un gazouillis assez typique, qui crée une ambiance sonore palpitante ! Lorsqu’il chante, il étale largement sa queue et met ainsi en évidence les bords blancs contrastant avec la partie centrale noire. Il est identifiable grâce à son chant typique ainsi que par le masque noir des mâles lorsqu’il est perché sur les branches des phragmites (roseaux). En période hivernale, où des populations nordiques viennent séjourner en France, on trouvera les individus de cette espèce aussi en zones agricoles (prairies et cultures). Il apprécie les insectes, araignées, mollusques, crustacées et graines des phragmites notamment. Le vol du bruant est ondulant quand il évolue au-dessus de la phragmitaie.

Rejoins le chantier enchanté en mixité choisie à la clairière !

Le chantier enchanté du Carnet, c’est le début d’un projet de cabane en mixité choisie à la Clairière sur le site de la Zad. La cabane sera construite par les minorités de genre. Nous appelons donc toutes les femmes, les personnes non binaires, les personnes transgenres à nous rejoindre.

L’objectif de la mixité choisie sur le chantier est de s’approprier des savoirs et savoirs-faire autour de la construction, de se transmettre nos connaissances mutuelles en apprenant ensemble sans masculinité toxique et sans jugement.
L’objectif de la mixité choisie dans cet espace est de bénéficier d’une certaine zone de confort et d’un lieu d’organisation de luttes intersectionnelles (anti-sexisme, anti-racisme, anti-homophobie, anti-transphobie,…).

Nous appelons aussi aux dons de matériaux : palettes, bois de charpente, tôles, isolants, bâches, chevrons, tasseaux, fenêtres, porte, OSB, poutres, visserie. Si tu as des outils, n’hésite pas à en amener aussi (visseuse, perceuse sur batterie car pas d’électricité).

Au-delà de la construction, c’est aussi l’occasion pour toi de découvrir la Zad Du Carnet et ses luttes.

Infos pratiques : il y a un terrain pour les tentes, un parking pour les voitures et les camions et un dortoir. Il y a des fringues chaudes si tu en manques. Les repas s’organisent collectivement, mais n’hésite pas à ramener de la bouffe.

On a besoin de toi, tes envies, tes blagues, tes lectures, tes idées, tes mains et ton smile !

Besoin de soutien à la Zad du Carnet

Après cette semaine chargée en expulsions et dure émotionnellement et physiquement, la Zad du Carnet demande des soutiens importants sur place dès vendredi 16 octobre matin.

L’hélicoptère de la gendarmerie est passée de nombreuses fois au-dessus de la zone, dont une fois à 20h30 aujourd’hui, et le déploiement en gendarmes mobiles dans les environs est impressionnant. Plus de 300 gendarmes pour l’expulsion du Village du Peuple et la manifestation de soutien à Saint-Nazaire de ce jeudi 15 octobre à 18h a été très surveillée : gendarmes mobiles, bac, etc.

Des chantiers constructions pour finir la nouvelle cabane collective sont prévus ce week-end.

Pour être tenu au courant en cas d’expulsion, un article mis à jour très régulièrement sera publié sur ce site internet.

Pour toute information concernant la présence de gendarmes ou toute question, n’hésitez pas à contacter zadducarnet[at]riseup.net.

La caisse de soutien en ligne est lancée !

La mobilisation pour défendre l’île du Carnet génère des frais, que ce soit sur la zone occupée, pour la communication ou juridiquement. Une cagnotte pour supplémenter les dons directs faits à Stop Carnet vient d’être lancée en ligne, n’hésitez pas à la diffuser, ou à donner si vous en avez les moyens !

Tous les gestes de soutien sont les bienvenus et le financier en est un parmi d’autres, vous pouvez aller suivre les besoins concrets du moment sur zone sur la page « nous soutenir« , ou nous contacter pour plus de précision (zadducarnet@riseup.net) !

Les aides logistiques (mise à disposition de camion, d’eau ou de matériels de construction) ou présentielles sont toujours les bienvenues. Lien vers la cagnotte :

Retour rapide sur le chantier collectif du 9-10 octobre

Sur un week-end, nous avons bien avancé sur une cabane collective de 35m2 en plein milieu de la zone ! On a fini le plancher, la charpente, les murs (avec baies vitrées) et on a commencé la volige et le bardage. Bientôt nous ferons des chantiers terre-paille pour faire l’isolation et nous ferons la toiture (probablement en tôles). N’hésitez pas à passer la voir 🙂

Voici une photo :

Déclaration Commune de l’estuaire de la Loire

Cette déclaration commune est le fruit du travail d’une cinquantaine de personnes rassemblées au Village du Peuple (Donges, 44) lors d’une journée  d’apprentissage collectif sur les enjeux géopolitiques, industriels et écologiques autour de l’estuaire de la Loire. Elle a pour objectif de retranscrire toutes les contributions et de les assembler pour donner à voir et faire exister les nouveaux imaginaires de lutte qui émergent en cette fin d’année 2020.

Cette version est une première esquisse de synthèse, qui appelle des propositions de modification, jusqu’à ce qu’elle nous tienne ensemble, dans la diversité de nos luttes.

Considérant que :

– Les deltas, estuaires, zones humides, combinent une diversité de milieux et comptent parmi les zones les plus fertiles et riches en biodiversité au monde.

– Depuis quatre siècles, les logiques coloniales, productivistes et industrielles ont sculpté ces paysages, asséché les zones humides, figé la Loire et artificialisé ses berges.

– Le Grand Port de Nantes-Saint-Nazaire perpétue aujourd’hui l’appropriation de ressources des anciennes colonies : bois d’Afrique, soja et viandes d’Amériques du Sud, hydrocarbures

– Que les aménagements récents sont poussés par les intérêts financiers d’un cartel industriel et soutenus par des pouvoirs publics qui nient la pollution généralisée, méprisent le bien-être des populations locales, et organisent une désinformation généralisée en minimisant par exemple les risques de submersions futures et de catastrophes industrielles.

– L’industrie des énergies renouvelables, nouvelle vitrine verte du Port, se construit sur le même modèle extractiviste via l’appropriation exponentielle de terres arables, d’énergies fossiles, et de matériaux rares, issues principalement des anciennes colonies.

– Les récentes tentatives de communication des bétonneurs sur les « énergies vertes » ou encore leurs discours sur la « compensation écologique » et le « zéro artificialisation nette » dissimulent des pratiques d’exploitations toujours aussi toxiques pour les milieux, la poursuite d’une idéologie capitaliste et l’exclusion des populations locales des décisions concernant l’aménagement de leur territoire.

Nous déclarons:

Que cet héritage colonial du Port nous révolte, comme ses relents toujours présents sous de nouvelles formes : l’importation de productions industrielles délocalisées qu’elles soient agricoles, forestières ou technologiques, l’exploitation gazière et pétrolière qui constitue les 2/3 de la matière accostant au port, et l’exploitation minière, qui seraient impossibles sans une alliance entre les Etats au détriment des populations exploitées dans les anciens pays colonisés.

Qu’ensemble, nous voulons donc imaginer un territoire débarrassé de toutes ces activités néocoloniales et inventer collectivement d’autres relations maritimes.

Que nous voulons l’arrêt immédiat de la bétonisation, des importations de soja, gaz de schistes et bois tropicaux, de la fabrication d’engrais de synthèse. Que nous souhaitons l’arrêt à terme des activités gazières & pétrolières.

Nous rêvons:

D’une Loire ré-ensauvagée, où les activités humaines s’adaptent plus que ne s’imposent aux méandres, vagues et marées. De berges mouvantes, dynamiques, incontrôlables, à l’image du fleuve, et en opposition aux rives figées, sacralisées, dévitalisées que nous proposent les aménageurs.

De porter un autre regard sur les espaces qui nous entourent que celui, anxieux, du gestionnaire dominateur, de considérer autrement ces milieux que sur la seule base du profit que l’on peut en extraire.

D’une culture fleurissante, d’un foisonnement d’activités artisanales et artistiques. De maisons sur pilotis, de paquebots touristiques devenus théâtres, résidences universitaires et cantines populaires.

De mieux comprendre, de se relier et de s’intégrer affectivement aux différentes zones de l’estuaire.

De reconnaitre les richesses écologiques et les abondances naturelles de l’estuaire, de les valoriser grâce à des pratiques agricoles et piscicoles nourricières pour les populations locales.

De sortir des grandes villes, de s’organiser en archipel de communes libres, autonomes et résilientes.

Nous rêvons de rendre justice au fleuve, et de se battre pour sa libre-évolution, aux côtés d’autres espèces animales et végétales et à bord de radeaux pirates.

Nous décidons ensemble, dès maintenant :

D’inventer, localement, de nouvelles manières d’habiter l’estuaire, sans subir aucune décision d’aménagement venue de Paris, décidée dans les couloirs de multinationales.

D’orienter nos énergies vers la compréhension de toutes les richesses de ces milieux, et de les côtoyer pour développer des attachements sensibles à nos territoires.

De s’armer de connaissances intimes sur ces écosystèmes estuariens pour devenir capables de les défendre, d’y puiser des ressources rhétoriques et théoriques mais aussi d’y trouver des cachettes secrètes d’où lutter en guérilla, d’en faire des remparts mouvants et des marécages imprenables.

De nous réapproprier la gestion des forêts, des marais, des prairies, du fleuve et de ses berges. De défendre ces habitats précieux que sont la Loire et son estuaire, pour la faune et la flore qui s’y épanouit.

De refuser cette civilisation « hors-sol » qui nous est vendue, en s’enracinant sur ces territoires, vivant tels des roseaux et leurs oiseaux au rythme des crues, des récoltes et des migrations sauvages.

De décentraliser nos luttes pour être partout sur l’estuaire, dans une relation de défense-mutuelle.

De décoloniser nos imaginaires de lutte pour réinventer un nouveau rapport au monde et de nouveaux rapports sociaux émancipés de toutes formes de dominations et d’oppressions.

Face à cette poignée d’industriels qui nous impose la dégradation généralisée de nos espaces de vie :

Nous voulons être fortEs dans la lutte, tenuEs toustes ensemble dans nos diversités par les rives du même fleuve, et nourriEs par ses riches sédiments.

Nous voulons faire valoir nos intérêts communs d’êtres vivants fluviaux et terrestres et les défendre ardemment, comme la marée qui toujours revient.

Du Carnet à Donges, des quartiers de Saint-Nazaire aux fermes paysannes de Lavau, organisons l’auto-défense de l’estuaire !

Retour sur les 1ères rencontres pour la défense de l’estuaire

De part et d’autre de la Loire, à Donges, au Carnet, à Brais, à Savenay… il y a peu à Donges-est et à la vasière de Méan, l’estuaire continue d’être la cible des aménageurs industriels. Depuis plus d’un siècle, les autorités s’activent à la canalisation et à l’aménagement de ses rives contre la vie biologique, sédimentaire et populaire de ce fleuve.

Aujourd’hui que nous nous rendons compte collectivement et individuellement des drames impliqués par cette surproduction industrielle, ces accaparements de terres en cascade ou de la destruction des écosystèmes humides de ses rives, nous avons décidé de nous retrouver pour nous réapproprier notre territoire avec comme premier objectif : le comprendre pour mieux le défendre.

Cette première journée sur l’estuaire au Village du peuple a permis de creuser différents sujets précieux à nos yeux et tous liés à l’estuaire et à son activité potuaire sous forme d’arpentage. Sur la quarantaine de personnes présentes le matin, des petits groupes de 5 à 10 personnes se sont formés pour éplucher des documents préparés à l’avance et synthétiser ces lectures nourrissantes, afin de les transmettre au reste du groupe. L’idée était de se former collectivement à 4 sujets : la fonctionnalité écologique de l’estuaire et ses écosystèmes propres, l’histoire de son aménagement, les industries qui le composent (notamment celles à risque) et la gouvernance du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN), institution maîtresse dans l’aménagement de l’estuaire.

Sur la base de ces compréhensions collectives, nous avons ensuite échangé en petits groupes sur la vision que nous portons sur ce territoire aujourd’hui, ce qui nous révolte, ou nous donne de l’énergie pour lutter, ce qui nous ferait rêver ensemble et sur la stratégie que nous pourrions mettre en place pour défendre l’estuaire contre l’accaparement capitaliste industriel et tous ses effets.

L’équipe qui préparait la journée proposait d’utiliser les éléments sortis de ces discussions pour la rédaction d’une déclaration commune d’un estuaire en lutte, au Carnet, à Donges et sur tous les espaces sur lesquels le système a mis son dévolu oppressif. Ce texte devait décrire nos colères, nos envies, nos rêves et nos espoir. Il est toujours en chantier, finalement il le sera peut-être encore quelque temps jusqu’à ce qu’il nous lie toustes sur nos lieux estuairiens et que ses idées nous portent vers une lutte commune et multiple, créatrice et émancipatrice.

Du Carnet à Donges, des quartiers de Saint-Nazaire aux fermes paysannes de Lavau, organisons l’autodéfense de l’estuaire !

Nous sommes la Loire qui se défend !

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Les synthèses de la matinée seront bientôt affichées sur la ZAD du Carnet, peut-être dans une prochaine Cabane de l’estuaire !

La déclaration commune sera d’ici quelques jours publiée sur ce site !

Une liste mail de construction de la lutte de l’estuaire a été initiée, pour t’y mettre, inscris toi par ici !

Si tu es intéressé.e pour avancer sur l’enquête populaire de l’estuaire, envoie un mail à enqueteestuaire@riseup.net